Avis à
ceux que la musique des années 90 évoque de bons souvenirs. Des groupes actuels
font revivre cette époque qui, en France, a vu l’apogée de Noir Désir et
l’apparition de No One Is Innocent, et Rage Against The Machine aux USA. Un de
ces groupes du renouveau du rock français revendicatif s’appelle Undervoid. Ils
viennent de Strasbourg et après 4 EP qui ne sont pas passés inaperçus, le
quatuor, composé d’Arnaud au chant, Marc à la guitare, Mathias à la basse et
Alexandre à la batterie, sort son premier album au doux nom de « Le Noir
Se Fait ». La galette toute chaude sortie des presses le 23 octobre,
comporte dix titres, autant d’uppercuts et de de droites pleines face qui vous
cueillent aussi surement que le ferait un Mohamed Ali sur le ring.
Côté
style musical, on navigue entre Noir Désir, plusieurs titres et la façon de
chanter y font penser, comme « Addict », « On Va On Vient »,
« Le Noir Se Fait » ou « Un Regard A Suffi », ou No One Is
Innocent avec « Bouffon de Roi » ou « Alea Jacta Est »,
mais aussi Rage Against The Machine comme sur « Je Suis Né Peuple ».
Mais en fait pas seulement. Malgré ces références 90s, l’ensemble reste
imprégné de heavy rock plus classique des 70s. Impossible en effet de ne pas
penser à Led Zeppelin par exemple. On est donc dans un mélange des genres qui
pourrait affirmer une identité propre à ce nouveau groupe. Petite mention
spéciale pour le titre un peu moins énervé que les autres, « Un Regard A
Suffi », et son rythme lancinant, qui apporte un peu de calme tout en
étant puissant. On aime particulièrement la guitare qui sonne juste sur le
solo, les notes sont choisies, ce n’est pas la rapidité mais l’intention qui
est mise en avant, et ça fait mouche !
Pour
les paroles Undervoid est un groupe qui ne mâche vraiment pas ses mots, comme
savaient si bien le faire Noir Désir ou No One Is Innocent, pour ne garder que
des références françaises. Côté musique on apprécie le guitariste qui vous
envoie des riffs en veux-tu en voilà, et des petits solos bien sentis qui
restent courts et évitent ainsi de nous ennuyer. La basse est bien présente, et
c’est elle d’ailleurs qui rythme magnifiquement le dernier titre de l’album « La
Machine », en martelant le tempo de la trotteuse du travail à la chaine,
sujet de la chanson. On retient d’ailleurs la capacité du groupe d’illustrer
musicalement le propos des paroles et c’est peut-être ça qui le rend
particulièrement intéressant. Pour parachever cette adéquation parfaite entre
le propos et la musique, l’enregistrement est très organique, très proche du
live. Pas de fioriture, c’est du brut. Energique sans être brutal. Il faut dire
que le quatuor strasbourgeois s’est adjoint les services d’un autre Alsacien de
qualité pour la réalisation, en la personne de Rémi Gettliffe qui s’occupe
aussi, entre autres, de Last Train et Dirty Deep, belles références pour ceux
qui aiment le rock français. Plusieurs titres seront à n’en pas douter repris
en chœur par le public lors des sessions live, quand celles-ci auront la bonne
idée de reprendre.
La pochette est très réussie aussi, belle comme une pochette
des Pixies, avec cet œil qui vous fixe et semble fouiller le fond de votre âme,
et une étude anatomique qui, on ne sait pourquoi, vous évoque Metropolis de
Fritz Lang.
Avec ce premier album Undervoid s’affirme comme un
groupe qui va compter dans le paysage du rock français engagé.
La ville d'Epernay est bien connue pour être la capitale mondiale du champagne, et risque bien d'être connue aussi pour son death métal représentée avec le groupe Nebulizar. Leur nouvel album intitulé "Apprehension", commence par une intro de 47s avec des chants de moines tibétains, et dès les premières notes du groupe sur la 2ème piste "A Distant Area", on sait ce que l'on écoute, du Death ... et du très bon. Avec cet album, Nebulizar vous prend et vous retourne dans tous les sens, et même les personnes qui ne sont pas fans de death métal, pourraient bien être conquises. Les influences et les références sont très vastes chez eux, et le résultat est juste incroyable. Déjà qu'avec leur premier ep très prometteur sortir en 2018 "Near Death Experience", certaines sonorités nous faisaient penser parfois à du Cure ou du Killing joke. Et sur ce nouvel opus certaines parties de chant, tenues par Guillaume (guitare) et Robin (basse), nous font penser à du Serj Tarkian de SOAD ou à du Till Lindemann de Rammstein. Mais il serait bien regrettable de s'arrêter à de si simples comparaisons, car Nebulizar a bel et bien son ADN, et le prouve dans un superbe album de 9 titres, sortie chez Klonosphère aujourd'hui. Avec Apprehension, Nebulizar est tel un char d'assaut, prêt à partir à la conquête du métal en France avec ses 9 titres chargés dans son canon, et ça va faire mal.
RAN : Salut les gars, comment ça va ?
Guillaume : Ça va super, merci beaucoup !
Rodolphe : Impeccable !
Robin : On se fait chier! Mais ouais ça va.
Cette année a été vraiment compliquée pour que les groupes puissent se réunir et enregistrer de nouveaux morceaux. Quand est-ce que votre nouvel album a été enregistré/mixé et masterisé ?
Guillaume : Il a été enregistré fin 2019, courant 2020 et mixé, masterisé courant septembre !
Rodolphe : Les prises de l’album datent d’il y a presque un an, effectivement avec la situation actuelle nous avons pris du retard. Mais l’album va enfin pouvoir sortir, et nous étions impatient !
Il s'est passé 1 an et demi entre la sortie de votre 1er ep, Near Death Experience, et la sortie de votre 1er album, Apprehension. J'imagine que le groupe a grandi et appris pas mal de choses depuis. Quelles sont les évolutions que vous avez remarquées entre les deux?
Guillaume : Beaucoup de choses, on veut aller plus loin dans les démarches de compositions et d’écriture ! Ce qui nous a demander de travailler d’avantage nos instrus et paroles ! Obtenant ainsi quelque chose de plus technique et plus sincère qu’auparavant!
Robin : Oui et l'on aspire à toujours grandir dans ce sens, apprendre de nouvelles choses, vivre de nouvelles expériences, et déchirer le cul de la scène.
On est capable d'être d'avantage patient, et avoir une meilleure communication.
Rodolphe : Comme tout le monde nous restons bloqués chez nous, et forcément cela laisse plus de temps pour se recentrer sur ses passions. Donc oui, la situation est propice à la création.
Quels sont les sujets abordés dans vos textes ?
Guillaume : Des sujets qui nous questionnent comme la mort, le deuil, le profit, la colère, l’incompréhension, les énergies …....
Robin : Le meilleur des moyens pour ne pas s'emmerder en musique, est de parler de sujet triste, ou violent, la joie et les choses accomplis, c'est ennuyeux pour ma part.
Rodolphe : Tout est basé sur la nature humaine, ses sentiments, sa condition… ce n’est pas forcément voulu, mais forcé que constater que c’est le cas !
Comment se déroulent l'écriture et la composition chez vous ?
Guillaume : Tout le monde apporte sa patte a la chanson, Robin a pas mal de demos dans le placard, moi également ! On s’en sert et on les réadapte à notre niveau, en les modifiants dans le sens évolutif du groupe !
On enregistre chacun des riffs ou démos, dans notre coin a la maison et on se les balance dans Dropbox, chacun apporte son avis et ses idées dessus et hop, au boulot !
Robin : On a usé de plusieurs méthodes, soit en répète, tous ensemble, soit à deux, soit tout seul, des fois, j'écris, des fois c'est l'autre etc... Pas vraiment de rôles pré-définis, car on test tout de tout le monde, même les trucs pourris, c'est une sorte de démocratie.
Rodolphe : Effectivement, Robin et Guillaume apporte en général le squelette de base du morceau. Puis nous retravaillons tout ca en répète, on modifie, on change des riffs, on discute, bref, c’est un travail d’équipe.
Est-ce les zones de chaos, comme on en connait depuis plusieurs mois, sont propices dans la composition et l'écriture pour un groupe ?
Guillaume : Je pense personnellement que ça va jouer, ça été le cas pour nous, le premier confinement est tombé avant nos prises voix ! D’où une énergie plus accentuée que sur l’ep ! Pour ce qui est question d’écriture on a “No Choices” qui est tout indiqué pour ce qui se passe en ce moment ! (Privé de liberté …...) donc oui c’est propice !
Robin : Bof, on savait la plupart des gens complètements aliénés et cons avant tout ça, mais alors la, c'est pire!
J'ai tellement d'histoires ahurissantes à raconter que s'en est pas croyable, pour contre balancer, il y a des gens qu'on aime aussi.
Rodolphe : Comme tout le monde nous restons bloqués chez nous, et forcément cela laisse plus de temps pour se recentrer sur ses passions. Donc oui, la situation est propice à la création.
Sur certains de nouveaux titres, j'ai ressenti des références ou influences à des mecs comme Serj Tarkian de System Of A Down, ou Till Lindemann de Rammstein. Tout comme avec votre premier ep, il y a des passages qui me font penser à The Cure ou Killing Joke. Est-ce des groupes qui comptent pour vous ?
Guillaume : Alors pour Serj Tankian on a de la chance d’avoir Robin qui chante pratiquement comme lui (rires), Till Lindemann de Rammstein est un chanteur qui nous inspire beaucoup tous les trois mais ce n’est pas voulu ! On essaie d’avoir notre propre style sans trop piocher dans nos influences ! Mais merci des comparaisons (rires)
Robin : Vous avez trouvé tout ça?
C'est sans doute inconscient, rien n'ai copié, mais l'inspiration, oui elle est là, forcémment, "créer", c'est partir du néant...
J'adore mes influences, mais pour "the cure", je les connais dans le sketch des inconnus, et "killing joke", seulement de nom, nan vraiment ces deux derniers, je n'y est jamais tendu l'oreille.
Quand à Serj et Till, ouais Serj est un grand influenceur de mon univers musical, Till moins, même si j'aime ce qu'il fait.
Rodolphe : Que du beau monde ! mais comme Guillaume je dirai qu’on ne cherche pas à sonner comme tel ou tel personne, on fait ce qu’on aime, simplement.
Revenons à vos débuts, depuis quand et comment est né Nebulizar ?
Guillaume : Pour faire court, Nebulizar est né vraiment devant le jeu Vidéo “Metal Slug” (rires) ou Robin m’a proposé de monter un projet, c’était en janvier 2014, pour être exact !
On a composé un morceau a deux, derrière son bureau, avec protools, on a fait un clip Home Made, et hop “The Borders of Space” est né, ce qui nous a permis d’embaucher Rodo l’année d’après !
Robin : Ouais pas mieux que Guillaume pour la réponse, putain Metal Slug, try hard à mort!
Rodolphe : Personnellement, j’ai rejoint le groupe en 2015 via une annonce sur internet. Je cherchais à évoluer dans un style un peu plus « chaotique » que les codes du metal que je jouais alors.
Avec seulement 1 ep, vous avez réussis à entrer dans le prestigieux label du groupe Klone, la Klonosphère. Ça doit être quelque chose de dingue d'entrer dans un label de cette renommée ?
Guillaume : Carrément, je connais “Klone” et la “Klonosphere” depuis mes débuts à la gratte (rires) ça fait un peu bizarre d’être contacté par eux, dans le sens de savoir que ma musique sort de ma chambre (rires) ça nous fait super plaisir car on est enfin dans une spirale positive pour le groupe et ça continue de grossir ! On peut en être fier !
Robin : Pour moi c'est un pas en avant, un bon pas même!
C'est ce que l'on souhaite, encore une fois, grandir, évoluer, s'investir.
Rodolphe : C’est vraiment dingue, la klonosphère a toujours su faire connaitre des groupes de qualité, et nous somme fier aujourd’hui d’en faire partie !
Ça doit vous ouvrir des portes et offrir des opportunités qui ne se seraient peut-être jamais présentées ?
Guillaume : Tout à fait, même si la culture niveaux concert est à l’arrêt complet en ce moment, on peut se faire remarquer et peut être programmer quelques futurs live ! On y croit !
Robin : Pour l'instant le pays est un peu à l'arrêt, tâchons de garder la tête froide jusqu'à la reprise, et de toujours être créatif.
Rodolphe : Nous verrons bien, il faut avouer que cette année est compliqué pour le monde du spectacle. Nous espérons simplement pouvoir défendre cet album sur scène le plus tôt possible.
Même si l'album s'appele Appréhension, vous devez être assez confiant pour la suite des événements ?
Guillaume : On n'a pas le choix que de l’être, ce que j’espère c’est reprendre les live et le contact au public le plus rapidement possible ! In wait ….
Robin : C'est vrai qu'il est en lien avec un certain état d'esprit ce titre, on a vue simple et juste devant nos yeux pour ça, c'est comme une énigme ou tu cherche une réponse non-évidente.
Confiant, oui entre nous, on emet une certaine réserve quand à l'appréciation de la culture en France.
Rodolphe : C’est vrai que le nom de l’album fait écho à la situation actuelle, mais ce n’est qu’une coïncidence. Au moins nous somme raccord !
Malgré la période que nous traversons tous, quels sont vos projets pour les semaines et mois à venir ?
Guillaume : Le prochain album, on commence l’écriture et la composition de celui-ci ! Plus un clip mais confinement oblige, on remet ça quand on pourra se réunir à nouveau !
Robin : Des compos, des compos!
Du clip, du playthrough, merde pour moi, se sera aussi du repos de doigt, je me suis ouvert l'index gauche façon boucherie, le muscle le nerf, tout y est passé, donc la pratique, c'est pas simple, mais je me remet vite.
Et peut-être du live en ligne, si on nous à l'opportunité d'offrir quelque chose de propre (niveau son et image).
Rodolphe : Oui, nous avons commencé la composition de nouveaux morceaux. Et un clip est en projet pour un titre d’apprehension. Plus qu’à attendre de pouvoir se réunir de nouveau.
Vous écoutez quoi en ce moment ?
Guillaume : J’écoute Car Bomb, Jesus Piece, Nevermore, Devin Townsend et un groupe pas top et pas connu qui s’appelle NebuliZar (rires)
Robin : Pas grand chose, mais y'a le nouveau Deftones qui cartonne bien mes feuilles, du Daughters, du Cult Leader, l'univers Ipecac records, Leprous, Mastodon, toujours Ten years after, les Creedences, Otis redding, et Slayer bien sûr.
Rodolphe : Hum… j’essaye de me tenir informé des nouvelles sorties. Le dernier album de Kataklysm m’a bien retourné la tête notamment. Sinon un peu de prog, un peu de death, de black… bref selon l’humeur du jour.
Vous êtes originaire de Epernay, la capitale mondiale du champagne qui se trouve dans la Marne. Comment est la scène locale là-bas ? Est ce qu'il y a d'autres groupes de death ?
Guillaume : Heu, niveau local sur Epernay ce n’est pas foufou ! Ça ne bouge pas tellement, ça fait plus vieillir des futs que de taper dessus (rires) soit on ne les connait pas !
Robin : Il y avait un truc, je me souviens plus du nom, Rodo le sortira peut-être, mais ouais, pas dingue la scène local dans nos trous.
Rodolphe : Oui, Epernay n’est pas connu pour être la ville des concerts metal. Mais Reims et Châlons en champagne ne sont pas loin, ces villes ont des scènes locales fourni et des lieux cool ou se produire.
On termine avec la question qui tue. Êtes vous un groupe de death ou de métal ?
Guillaume : On est un groupe de metal “progressif” je dirais sans vouloir mettre d’étiquettes, le death metal, même si on est des gros fans surtout Rodolphe et moi, on ne se qualifie pas comme du death !
Robin : Non, on se colle pas d'étiquette, on fait du NebuliZar, sans prétention, mais avec fierté, on mélange des tas de trucs ensemble, donc difficile de catégoriser, je dirais plus "progressif" pour coudre l'étiquette.
Rodolphe : Je ne sais pas ce qu’on est… en vrai on s’en fiche un peu… Il y a du death, oui, mais pas que
Et une petite dernière pour rigoler, quelle est la différence entre le bon et le mauvais death ?
Guillaume : Le bon death c’est des gars sympas qui sont méchants sur scène !
Le mauvais Death c’est Renaud (rires)
Robin : Le mauvais death, le mec il a pas de Spector!
Le bon Death, le mec il a une moustache, il joue vite, fort et bien, et il bois du Vitriol si tu connais.
Rodolphe : Haha regarde les inconnus et adapte tu auras ta réponse !
Merci les gars pour cette interview.
Merci Rock Alternative News !
Ecoutez le premier ep Near Death Experience sur Bandcamp