jeudi 25 juillet 2019

Album Review + Interview : Hands Off Gretel, le grunge made in UK ...


Est-ce que les Britishs de Hands Off Gretel vont enfoncer le clou est devenir un groupe de référence grunge avec leur deuxième album intitulé (pour le fait) I Want The World?
HOG est originaire du Sud du Yorkshire en Angleterre et est composé de Lauren Tate (chant et guitare), de Seán Bon (guitare), Sam Hobbins (batterie) et Becky Baldwin Bass (basse) qui a rejoint le groupe depuis peu. Après avoir sorti deux premiers EP en 2015 et 2016 : My Size et Be Mine ont planté tout de suite le décor en nous replongeant du coté du Seattle des 90’s.
                       
En 2016, sort leur premier album Burn The Beauty Queen, très attendu par les fans de Lauren mais aussi par la presse anglaise et qui reçoit même les éloges du magazine Louder Than War: “Il s’agit d’un grand album qui marque le début d’une grande carrière ...”. L’album contient plusieurs singles : One Eyed Girl, World Against She, Bad Egg et Plasters et le groupe enchaîne les concerts en Angleterre et traverse même la Manche pour quelques concerts en Allemagne mais aussi en Belgique.
Quelques mois après la sortie de leur premier album, sort Bedroom Sessions, au nom de Lauren Tate, issu de démos, de titres inédits et de versions acoustiques du premier album et des deux ep, qui font de cet album une véritable pépite à posséder par les fans.
HOG est avant tout un groupe live et chaque concert est une véritable explosion d’énergie, et si vous avez la possibilité de les voir sur scène, n’hésitez pas une seconde.
Avec I Want The World, HOG a remis le grunge des ‘90s au goût du jour et a trouvé de nouvelles pistes à explorer. On s’attendait à un bon album, mais pas de cette qualité. Le groupe a mis la barre haute avec des compos qui vous vous mettre dans tous vos états, et le son du mastering est vraiment très bon. C’est l’album idéal pour les beaux jours à venir de l’été 2019 qui saura mettre l’ambiance dans toute circonstance. Le groupe a gagné en assurance et, si vous les connaissez depuis le début, vous allez vous en rendre compte très vite. Lauren a travaillé ses textes pour qu’ils vous reste dans la tête, Sean s’éclate sur la Jag-Stang d’un de ses mentors nommé Kurt Cobain, Tom tabasse les fûts comme jamais, et l’arrivée de Becky a mis encore plus de piquant dans cette joyeuse troupe. Ce 2ème opus vous livrera 40mn de pur bonheur et si vous commandez directement l’album sur le site du groupe, ils vous laisseront un petit mot de remerciements avec. Allez donc faire un tour sur leur site : https://www.handsoffgretel.co.uk/
Lauren (artiste complète) ne fait pas qu’écrire les textes, chanter, composer et jouer de la guitare, elle s’occupe aussi du graphisme du groupe et nous plonge dans son univers coloré. Quelques jours avant la sortie de leur nouveau clip “It’s My Fault”, Lauren a répondu à nos questions pour la sortie de “I Want The World”.
L'interview
L'Alternative : Salut Lauren, est-ce que ta rencontre avec Sean a été l’élément déclencheur pour le lancement du groupe ?
Lauren : Sean et moi avions déjà travaillé sur beaucoup de titres chacun de notre côté en solo. À ce moment-là, nous avons tissé des liens de différentes façons et son style musical a eu une influence considérable sur moi. Quand je l’ai rencontré pour la première fois, je pensais que c’était le mec le plus cool que j’avais jamais rencontré. Il était ma muse pour créer une musique plus alternative. Avant de le rencontrer, je n’avais jamais rencontré quelqu'un qui comprenne mon amour pour le grunge et avec lui, cela ne fait que grandir. Je lui ai dit que je voulais créer mon propre groupe et nous avons partagé l’excitation de chercher un nom de groupe et d’improviser ensemble avec juste deux guitares et un microphone. Je pense que si cela n’avait pas été pour Sean, il aurait été beaucoup plus difficile d’écrire la musique que je fais maintenant. Il a une manière si unique de jouer de la guitare que personne ne pourra jamais le remplacer.
Comment s'est passé le processus de création et d'écriture du nouvel album ? Était-ce la même chose que pour le premier ?
En ce qui concerne l'écriture de cet album, j'ai beaucoup réfléchi au flux. Je savais que je voulais au moins une demi-douzaine de singles avec des refrains accrocheurs, qu'il me fallait des chansons pleines de sensibilité, presque des ballades, et des chansons bizarres. J’avais plus d’un plan en ce qui concerne l’ordre de classement de l’album, ce qui m’a vraiment aidé à l’écrire car je n’y suis pas allé sans but. J'avais l'impression d'être en mission lors de l'écriture de cet album. Les chansons me sont venues naturellement et surtout, je me suis beaucoup amusé à faire des démos et ensuite à les jouer avec le groupe. C'était assez facile en studio parce que je l'ai fait avec une idée très précise de la manière dont je voulais que ça sonne avec la production et avec les effets pour chaque instrument et toutes les harmonies imaginées. Avant tout, j’avais une compréhension très claire de ce dont parlait l’album et c’était ce qui m’a permis de me concentrer.
Est-ce que le groupe est plus girly depuis l’arrivée de Becky ?
J’ai toujours voulu une autre fille dans le groupe. Dynamiquement, ça fonctionne totalement avec les choeurs féminins aussi et j'étais sur un petit nuage quand Becky m'a dit qu'elle voulait rejoindre le groupe parce qu'elle est incroyable! Je pense qu’elle est un bonus, car il n’y a pas beaucoup de bassistes sur la scène. Indépendamment du fait qu’elle soit une femme, elle est badass* et l’une des meilleurs bassistes que je connais, bien plus badass* que la plupart des bassistes masculins que j’ai connus. Elle m’aide à me dépasser à la guitare, je regarde ses doigts à la basse et je me demande comment elle fait? haha!
*Badass = une personne qui déchire, qui a la classe
Avec le titre "I Want The World", êtes-vous prêt à conquérir le monde ?
Oh Oui! J'ai tellement appris sur moi-même et sur les autres au cours des dernières années. J’ai été blessée par beaucoup de gens et laissée tomber, me sentant souvent comme si le monde entier était contre moi. Maintenant, je sens que plus que jamais il est temps pour moi de rayonner et de chanter pour les exclus et d'être la voix de ma propre génération. Sans avoir la grosse tête, j'ai toujours su depuis mon enfance que j'allais devenir célèbre un jour et je consacre chaque jour de ma vie à la réalisation de tous mes rêves.
Certains médias prétendent que le rock serait mort, qu’as-tu envie de leur répondre ?
Je sens qu’il y aura toujours une place pour la musique rock. Surtout quand les gens veulent évacuer la colère. Le rock est aussi un genre très soul et sexy que les gens reviennent ou découvrent quand ils en ont assez de la musique plus douce. Quand j’ai découvert le rock, j’en écoutais à fond dans mes écouteurs et je me promenais dans l’école avec une sensation extraordinaire. Je me souviens de ce sentiment en écoutant des groupes très lourds comme Korn. En écoutant cette musique, je ressentais un sentiment de puissance que je ne comprenais pas en écoutant de la musique pop ou plus douce. Le rock donne vraiment du pouvoir et entendre des femmes crier dans le rock est l’un des sentiments les plus incroyables de liberté.
On t’a comparé à la “future Courtney Love” sur la fanpage de Courtney il y a 2 ans. Serait-ce l'un de vos rêves les plus fous que de faire un duo avec elle ? Haha! Je pense que je serais tellement timide si je rencontrais Courtney à coup sûr. Je ne suis pas vraiment fan de duos, ils me rendent vraiment nerveuse. Un de mes rêves les plus fous avec Courtney serait d’être réellement amie avec elle, de parler avec désinvolture de la musique sans paniquer comme une fan. Je déteste me sentir comme une fan haha, ça me rend si maladroite et c’est si embarrassant.
Avez-vous prévu des dates en France pour la promo du deuxième album ?
Nous aimerions beaucoup faire quelques dates en France et nous en examinons quelques-unes, mais rien n’a encore été confirmée. Nous avons beaucoup de fans en France qui me demandent de venir chez vous, alors je pense que nous devons vraiment le faire. Peut-être que sur le chemin pour l’Allemagne nous pourrions nous arrêter et faire quelques concerts!
Merci à Helen Tate de nous avoir donné la possibilité de réaliser cette interview avec Lauren.
Gian, mars 2019.

mercredi 24 juillet 2019

Album Review : "Fill The Silence With Your Desires" de Shoefiti (Sortie le 19.10.2018)

Credits Photo : © Sasha Ivanovic

Shoefiti est un groupe originaire de Paris créé à la fin des années 2000 et composé - pour cet album - de Henri à la guitare & au chant, Raphaël à la guitare (qui a mis depuis sa participation au groupe en stand by), Charles à la basse & aux choeurs, Robin & Clémennt à la batterie & aux choeurs. Il serait long et fastidieux de vous exposer les rotations de batteur au sein du groupe, chacun étant accaparé par d’autres projets parallèles, il a été difficile pour Shoefiti de “titulariser” un percussionniste jusqu’ici. Mais bonne nouvelle : il semblerait que Henri & Charles aient trouvé la perle rare pour les accompagner, en la personne de Lucas. Affaire à suivre... même si une participation de Clément - ou d’autres copains batteurs - n’est pas à exclure dans l’avenir, loin de là...

Pour expliquer en partie cette “garde alternée” des différents batteurs, il est à noter que Clément sévit également du côté d'un autre groupe parisien à suivre de très près, les révérés The Psychotic Monks. Avec leurs prénoms de premier de la classe, on les imaginerait davantage user leurs fonds de culotte sur les bancs d'une prestigieuse grande école parisienne, qu'à distiller un rock pur et dur dans la bière, la sueur et le sang. Pourtant, ils ont fait ce choix, et nous ne pouvons que nous en féliciter ! Repéré depuis quelques années comme étant un groupe prometteur dont l'évolution est à suivre très attentivement, le quatuor indie rock possède des accointances du côté du son des années 70, 80 & 90, particulièrement le courant rock noisy personnifié par Sonic Youth, Nirvana et Nine Inch Nails. Vous retrouverez cette filiation - mais aussi bien d’autres - dans leurs travaux précédents, à commencer par leur album prometteur de 2015, “Coriolis”.


Credits Photo : © Lucien Rousset
Credits Photo : © Daniel Frank Stindt

Après avoir apporté leur expertise à d’autres gangs - Henri était par exemple préposé à la réalisation du dernier EP des Deputies -, les voici de retour. Trois trop longues années plus tard, le groupe retourne enfin en studio pour nous livrer un nouvel album / EP, “Fill The Silence With Your Desires”. A vrai dire, on ne sait guère comment qualifier cette nouvelle production des 4 Dandys Parisiens... 7 titres, donc bien trop conséquent pour un EP mais pas vraiment un album non plus. Mais qu'importe... Car si le format peut déconcerter, le fond n’en demeure pas moins inattaquable. On retrouve le quatuor biberonné au garage rock sans concession de Ty Segall avec un plaisir non feint !

Credits Photo : © Jessica Coppola

Après “Only Mountains Never Meet” en 2012 & “Coriolis” en 2015, “Fill The Silence With Your Desires” est donc le 3ème album de Shoefiti. Infusé d'un indéniable esprit 70's, mais oscillant entre un rock indé typique des années 90 et un noise rock sale mais néanmoins harmonique, cet opus renoue avec l'audace et l'énergie qui caractérisaient les monstres sacrés du rock des années 60 & 70, comme les Sex Pistols ou The Rolling Stones.


Credits Photo : © Daniel Frank Stindt

Si l’on en croit le dossier de presse du groupe, “Fill The Silence With Your Desires” fut enregistré live en 1 petite semaine dans des circonstances rocambolesques, en l’occurrence “dans une ferme normande durant une tempête hivernale, avant qu’un arbre ne tombe sur la ligne électrique et coupe le courant, mettant ainsi fin à la session”. Alternant morceaux noisy addictifs aux riffs ciselés comme le morceau d’ouverture “Spotlight” - peut-être mon favori de l’album - ou “Victorious”, ballade 70’s avec “She Undress”, titres audacieux où les solos tiennent une place prépondérante - comme dans “Catcall Addiction” & “Maura1982” - et rock alternatif brutal riche en distorsions façon Sonic Youth - notamment sur la piste de clôture “Fill The Silence” -, cet opus recèle de véritables pépites et me rappelle à bien des égards certaines productions audacieuses d’institutions du rock qui ont surpris à leur sortie. La diversité du cultissime “Souljacker” de Mark Oliver Everett, plus connu sous le patronyme de Mister E. ou sous le pseudonyme de The Eels, est celui qui - à mon sens - s'en rapproche le plus avec ce son noisy, ciselé et inattendu qui émane de l'ADN même du rock, plaçant la guitare au centre du processus créatif, mais où le chanteur - véritablement possédé par la tâche qui lui incombe - ne donne vraiment pas sa part aux chiens, lui non plus. Bref, cela perturbe l’auditeur parfois, l’enchante toujours, et l’invite quoi qu'il en soit à faire fi des idées reçues en sortant de sa zone de confort.


Credits Photo : © Jessica Coppola
Credits Photo : © Daniel Frank Stindt

Il paraît que les plus courtes sont les meilleurs… Pourtant, ma principale réserve résulte du fait que l’album s’arrête brusquement après le 7ème titre. Il en ressort une frustration évidente pour l'auditeur, tant on avait envie de poursuivre ce voyage noisy, comme un doux rêve qui s'interrompt brusquement et dont on cherche sempiternellement à reprendre le fil, en vain... Gageons que pour retrouver cette frénésie et reprendre le cours de cet état de lévitation musicale, il nous faudra patienter jusqu'à la prochaine livraison de Shoefiti... que l'on espère arriver le plus vite possible !

Credits Photo : © Daniel Frank Stindt
Credits Photo : © Lucien Rousset

Vous connaissez sans doute cette publicité pour une célèbre chaîne de fast-foods qui invite ses clients à “venir comme ils sont”. Il en va de même pour Shoefiti, qui n’a pas souhaité édulcorer son rock noisy sur l’autel de la reconnaissance, et qui est - peut-être - en train de gagner son pari en assumant pleinement cette identité sonore singulière. Fort du chant habité de Henri et typique du psych rock californien - Ty Segall ou à un degré moindre Thee Oh Sees - et de ses diverses inspirations 70’s & 90’s, Shoefiti nous livre un album remarquable et addictif, qui sonne comme une déclaration d’intention de la part de l’un des groupes les plus talentueux, mais aussi les plus mésestimés de sa génération.

Credits Photo : © Thomas Terrien

S’il semble - de l’aveu même des principaux intéressés - que les chansons de “Fill The Silence With Your Desires” soient le fruit de blagues et de défis, ce qui est certain c’est qu’Henri et sa bande ne plaisantent pas avec la musique, eux. Avec cet album magnifique - bien que beaucoup trop court à mon goût - où plane régulièrement l’ombre de Pavement, Shoefiti nous confirme que dans le monde actuel, Nashville, Londres ou Manchester doivent désormais compter avec Paris comme place forte du rock indé. Et au milieu de cela, Shoefiti mène la résistance et nous mitonne un son fuzzy à souhait, qui semble avoir le prix du sang entre les cordes. Un son qui prend sa pleine mesure lorsque Henri et sa bande distillent leur frénésie scénique aux fans de rock du monde entier.


Depuis le début de cette chronique, il n'est question que du fond. Il serait pourtant criminel de ne pas relever la beauté et la grandiloquence de la forme… En effet, pour cet album réalisé par François Clos - membre éminent de la publication musicale digitale La Blogothèque - et masterisé par Mathieu Bameulle - ingé son qui collabore également avec les Psychotic Monks et Pogo Car Crash Control -, Shoefiti a fait l'impasse sur son habituel pressage vinyle et bénéficie d’un format inédit, audacieux et tout aussi élégant : un livre audio grand format de 40 pages aux photos soignées d’inspiration surréaliste, en série très limitée et numérotée. Je l'ai commandé en avant-première et je peux vous dire que je n'en regrette rien, moi l'activiste du vinyle, tant ces photos sont sublimes et illustrent à merveille l'univers créatif déjanté de Shoefiti. Voilà qui complète à merveille cet album classe à la production épurée… Avec un son vénère - mais néanmoins toujours d'une précision sans failles - combiné à ce format de toute beauté, le quatuor parisien nous livre un véritable objet de culte à la hauteur de l'entreprise. Un disque qui augure d'une glorieuse carrière, j'en suis convaincu !

Credits Photo : © Daniel Frank Stindt
Credits Photo : © Rock Alternative News
Credits Photo : © Rock Alternative News
Credits Photo : © Rock Alternative News

Après plusieurs tournées américaines passées par des places fortes du rock des années 90 - Portland & Seattle en tête - et couronnées de succès, les Parisiens vont désormais défendre cet album sur scène dans l’Hexagone cet automne, à commencer par le 22 novembre prochain à l’Irish Pub de Metz (57). Si vous avez des kilos à perdre ou des litres de sueur à évacuer, soyez au rendez-vous de Shoefiti car ce disque de rock abrasif instinctif aux mélodies ciselées au couteau prendra sa pleine mesure à l’épreuve du live. Entre son contenu quasi-parfait et son support original, ce “Fill The Silence With Your Desires” s’avère être une expérience esthétique hédoniste de toute beauté, et a tout pour devenir un objet iconique.


Credits Photo : © Rock Alternative News

La coolitude incarnée, avec leur aspect un brin débraillé, mais la sape toujours impeccable, le cheveu saillant, le verbe haut et le rock n’ roll chevillé au corps, Shoefiti rebranche ses instruments, fait chauffer les enceintes et nous régale en un clin d’oeil comme aux plus belles heures du rock & du punk des années 70, avec son rock noisy et fuzzy du plus bel effet. Soyons clair : ils nous avaient manqué !


La Note de Manu : 8.5/10

Pochette de l'album "Fill The Silence With Your Desires" de Shoefiti (Sortie le 19.10.2018)

“Fill The Silence With Your Desires” de Shoefiti, LP 7 titres sorti le 19 octobre 2018 en Autoproduction

Tracklist :
1. Spotlight (2:34)
2. Victorious (2:26)
3. She Undress (4:06)
4. Catcall Addiction (6:10)
5. Maura 1982 (7:21)
6. Atlas (3:11)
7. Fill The Silence (4:14)





Credits Photo : © Rock Alternative News
Credits Photo : © Rock Alternative News
Credits Photo : © Thomas Terrien
Credits Photo : © Thomas Terrien
Credits Photo : © Thomas Terrien
Credits Photo : © Rock Alternative News

Manu de RAN

Album Review : "Young & Dangerous" de The Struts (Sortie le 19.10.2018)

Credits Photo : © Consequence Of Sound

Avec la résurgence actuelle du rock classique, comme en témoigne le succès de groupes comme The Temperance Movement, Monster Truck ou Greta Van Fleet et la sortie du biopic événement “Bohemian Rhapsody”, c'est sans doute le moment idéal pour une nouvelle livraison de The Struts. Formé en 2010, ce groupe de rock originaire de Derby en Angleterre est composé de 4 membres - Luke Spiller au chant, Adam Slack à la guitare, Jed Elliott à la basse & Gethin Davies à la batterie - et s’inspire profondément de Queen, The Darkness et The Rolling Stones.

Le groupe de glam rock anglais The Struts a connu une année 2018 incroyable. Alors que la bande menée par le chanteur androgyne Luke Spiller était en pleine tournée américaine et européenne, elle a eu l’opportunité d'effectuer quelques dates en soutien des Foo Fighters et pour couronner le tout, The Struts a sorti le 19 octobre dernier chez Interscope Records son - excellent - 2ème album studio, “Young & Dangerous”. Voilà qui nous promet une année 2019 à la hauteur de l'avenir radieux de cette troupe hyper talentueuse…

Credits Photo : © Consequence Of Sound

Pour le plus grand plaisir de nos papilles auditives, “Young & Dangerous” reprend là où nous avions laissé la petite tribu, après la sortie de leur 1er opus “Everybody Wants” en 2016. Composé d'hymnes rock époustouflants, l'album démarre sur les chapeaux de roue avec “Body Talks” & “Primadonna Like Me”. En débutant avec le single “Body Talks”, The Struts a de suite donné le ton du disque. La chanson deviendra sans doute un classique et me rappelle de grands groupes de rock britanniques comme The Who et The Rolling Stones. La version avec Kesha qui clôture l’opus est également très bonne. Elle a une voix fantastique et le fait de la voir se mettre en danger en chantant sur un morceau plus rock montre vraiment son talent et la palette vocale dont elle dispose. Sa voix complète vraiment bien celle de Luke, le chanteur des Struts, et cette collaboration est fantastique et sonne très bien.

Credits Photo : © High Voltage Magazine

Débordante de style et tout simplement glorieuse, “Primadonna Like Me” est une piste des plus contagieuses, qui sonne comme si le glam de Mott The Hoople s’était mélangé avec le psych rock de The Dandy Warhols dans une sorte de fatras rock du plus bel effet. Les Anglais se sont même payé le luxe de mettre en scène Alice Cooper dans le clip de ce morceau. Voilà qui vous pose un groupe… Le morceau suivant “In Love With a Camera” sonne comme le “Girls On Film” de Duran Duran avec un solo de guitare époustouflant, la voix de Luke Spiller qui se démarque avec des notes incroyablement hautes, et certaines des mélodies les plus contagieuses que le groupe ait jamais produites. Alors que l’album continue, le combo britannique prouve que s’il fait partie des jeunes groupes de rock les plus talentueux à l'épreuve du live, ses membres savent aussi écrire certains des titres les plus accrocheurs du rock contemporain.

Credits Photo : © High Voltage Magazine

Presque chaque chanson de “Young & Dangerous” est alimentée par des grooves addictifs, des guitares enchanteresses, ainsi que par des paroles contagieuses et la voix puissante de Luke Spiller, ce qui en fait un album riche et très réussi. L'influence de Queen devient évidente lorsque le groupe laisse libre cours à sa sensibilité pop sur des titres tels que “Bulletproof Baby”, “Who Am I ?”, le funk rock sale de “I Do It So Well”, ou encore la ballade en grande partie acoustique, “Somebody New”. Cependant, “Tatler Magazine”, qui propose une gamme d’harmonies vocales luxuriantes sur une ambiance très rock, est peut-être le titre le plus influencé par Freddie Mercury et Brian May, avec la performance vocale énergique de Spiller, ainsi que les tonalités et les solos de guitare élégants d’Adam Slack, en faisant presque une suite spirituelle au tube du groupe “Could Have Been Me”, sorti en 2016 sur leur 1er album “Everybody Wants”. Naturellement, cette voix forte et originale permet à The Struts de tirer la quintessence de l'oeuvre de Queen et contribue ainsi à renforcer mon attrait pour “Young & Dangerous”.

“Bulletproof Baby” présente un excellent travail de guitare d'Adam Slack et va indéniablement sonner comme un moment fort de la tournée à venir, quand les performances scéniques de The Struts seront sublimées par les 5.000 spectateurs qui reprendront ce titre à l’unisson. J’en ai d’avance la chair de poule… Le titre suivant “Who Am I ?” est l’un de mes favoris sur l’album, ajoutant un peu de funk et de soul au son rock n’ roll du groupe. Si vous y prêtez bien attention, vous pourrez sans doute entendre l’influence de Michael Jackson sur ce morceau, mais c’est incontestablement le son de The Struts et je ne m’en lasse pas ! Sur “Who Am I ?”, le jeu du bassiste Jed Elliot est particulièrement mis en lumière avec une ligne de basse super funky. Quant au batteur Gethin Davies, c’est sur la sexy “I Do It So Well” qu’il trouve sa pleine mesure et s'attaque aux rythmes hip hop & punk. Ainsi, les titres accrocheurs s’enchaînent à une vitesse folle : “People” est un hymne édifiant, tandis que “Somebody New” est une ballade classic rock moderne au piano avec des notes qui rappellent les Beatles.

Credits Photo : © Last FM

“Fire Part 1” et sa suite logique “Ashes Part 2” illustrent à merveille l'incroyable ambition qui anime le groupe, se terminant par un clin d’œil aux Who, avant de s’effacer par une nouvelle version de “Body Talks” en duo avec Kesha. Le mélodrame somptueux des premiers succès tels que “Black Swan” et “Only Just Call Away” est développé dans “Fire (Part 1)” et “Ashes (Part 2)”. Le premier cité développe toute la fureur de Bruce Springsteen à la grande époque de leur faste dans les années 70, tandis que le 2ème nommé est exultant, et s’annonce comme un hymne alimenté par la fureur, digne de My Chemical Romance. Mais l’un des points culminants du disque était arrivé juste avant cela avec “Freak Like You”, qui deviendra incontestablement un moment privilégié des prochains sets live avec ses couplets percutants, son solo de saxophone onirique, son piano et sa guitare ressemblant à s’y méprendre à du Queen, et ce qui constitue sans doute le meilleur refrain de tout l'album.

Si “Bulletproof Baby” sonne comme un dérivé évident des travaux précédents du groupe et que “Who Am I ?” est un délice sucré inspiré par le disco avec une ligne de basse hypnotique, leur très attendu second album - “Young & Dangerous” nous offre le même glam rock qu’à leurs débuts, mais avec toutefois davantage de riffs, et bien plus de fun. Avec sa puissance vocale inspirée par Freddie Mercury et son talent pour raconter des histoires captivantes, Luke Spiller nous attrape à la gorge dès les premières notes, pour ne plus nous lâcher. En fait, le charisme unique du chanteur, combiné au son distinctif du guitariste Adam Slack - un peu à la Mick Ronson de Mott The Hoople - apporte une allure inoubliable à cet album. Ajoutez à cela les lignes de basse chirurgicales de Jed Elliot et la batterie déchirante de Gethin Davies, et vous obtenez toutes les composantes nécessaires à un disque de rock de classe mondiale, qui sonnera sûrement comme un must de cette année 2018.

Credits Photo : © High Voltage Magazine

Même si “Young & Dangerous” reste très proche de la zone de confort du quatuor britannique, The Struts continue son petit bonhomme de chemin. En effet, dans la mesure où c’est fait avec moult talent, un groupe de rock peut réussir une carrière solide en enregistrant des albums similaires. Prenons un exemple… Même si certain(e)s risquent de crier au blasphème et de m’intenter un procès en sorcellerie, le meilleur exemple en est une des institutions du hard rock : AC/DC, qui a régulièrement sorti quasiment le même album sans chercher à se renouveler outre mesure, et sans pour autant que sa notoriété ne s’en ressente.

Toutefois, ayant découvert ce groupe avant même qu'il ne s'établisse au line up des principaux festivals, j'ai pu suivre l'évolution de The Struts, et ce serait une énorme lapalissade que de dire qu'avec “Young & Dangerous”, ils deviennent l’un des étendards de ces nouveaux groupes de rock actuels qui renouvellent le genre et nous montrent qu'ils ont les dents longues. “Young & Dangerous” est un disque à la hauteur de leurs performances live (si vous les avez déjà vus en live, vous comprendrez le sens de mon propos). Il ne fait aucun doute que The Struts a adopté le rock classique et son élégance, en particulier celui des années 1970-1980, et l’a revisité pour lui redonner son éclat et sa splendeur d'antan. Avec son sens de l’amusement et son penchant pour les riffs d’envergure et mélodies, “Young & Dangerous” est un disque rock énergique, rétro mais néanmoins moderne, sexy, édifiant, gigantesque et sans doute l’antidote idéal contre les périodes sombres que nous traversons actuellement.

Credits Photo : © Gratefulweb.com

Pour une raison obscure, on a beaucoup parlé ces dernières années de la mort du rock n’ roll. De nombreuses personnalités de l’industrie musicale publient à tour de rôle une diatribe sonnant le glas de la guitare, et érigent certains rappeurs au rang de nouvelles stars du rock. Foutaise ! Car s’il est de fait que le rock est sans doute redevenu underground, il demeure de nombreux groupes prêts à reprendre le flambeau du rock pur et dur. A ce titre, les médias - y compris Rock Alternative News - ont souvent cité ces dernières semaines les Américains de Greta Van Fleet comme les nouveaux Messies du rock classique. Toutefois, si nous sommes vraiment honnêtes, il faut reconnaître - malgré leur immense talent - que nous n’avions pas nécessairement besoin de GVF pour “sauver” le rock n’ roll… Car nous avons déjà The Struts. Et leur nouveau LP “Young And Dangerous” nous confirme qu’il va falloir compter avec eux dans les prochaines années, et qu’avec leur son, ils incarnent la relève du classic rock : c’est gros, pétillant et brillant. Bref, c'est du rock sans fioritures comme on l’aime !


La Note de Manu : 9/10

Pochette de l'album "Young & Dangerous" de The Struts (Sortie le 19.10.2018)

“Young & Dangerous” de The Struts, LP 13 titres sorti le 19 octobre 2018 chez Interscope Records / Polydor Records

Tracklist :
1. Body Talks (2:58)
2. Primadonna Like Me (3:24)
3. In Love With A Camera (3:22)
4. Bulletproof Baby (3:13)
5. Who Am I ? (3:16)
6. People (3:28)
7. Fire - Part 1 (4:12)
8. Somebody New (3:58)
9. Tatler Magazine (3:05)
10. I Do It So Well (3:18)
11. Freak Like You (3:18)
12. Ashes - Part 2 (4:37)
13. Body Talks [Feat. Kesha] (2:57)

Credits Photo : © Interscope Records
Credits Photo : © Emerging Indie Bands
Credits Photo : © Roxx 2 Metal

Manu de RAN