mercredi 24 juillet 2019

Album Review : "Parcels" de Parcels (Sortie le 12.10.2018)

Credits Photo : © Rock en Seine
Si vous êtes un(e) assidu(e) de notre page, que vous avez couru les festivals depuis 1 an et demi, ou que vous avez assisté au concert de Phoenix à l’AccorHotels Arena en septembre 2017, le nom Parcels ne vous est sans doute pas complètement inconnu.

Composé de 5 membres - Louie Swain et Patrick Hetherington aux claviers & aux choeurs, Noah Hill à la basse & aux choeurs, Jules Crommelin à la guitare & au chant et Anatole Serret à la batterie -, le groupe Parcels est originaire de Byron Bay en Australie et a été fondé en 2014, puis - intéressé par le son qui s’y produit - a rapidement émigré vers l’Europe, Berlin plus précisément, afin d’affiner son son kaléidoscopique. Remarqué par les Daft Punk lors de la sortie de son 2ème EP “Hideout” en 2017, Parcels a sorti l’an passé le single tubesque “Overnight” - produit par le duo casqué de la French Touch - qui a permis au quintet de se faire connaître du grand public, et de signer un joli contrat avec le label français Kitsuné.

Credits Photo : © Voir.ca

Décrivant leur style comme “fortement influencé par les années 70”, les membres de Parcels créent un son unique en combinant électro-pop et disco-soul. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette filiation ne peut guère être contestée avec leur 1er album éponyme. Alors que leurs premiers EP - “Clockscared” en 2015 et “Hideout” en 2017 - étaient essentiellement électro-pop ou disco-pop, ce nouvel album leur permet d’explorer de nouveaux territoires sonores, donnant une part prépondérante aux instruments, de la batterie d’Anatole aux guitares de Jules & Noah.

Tout d’abord, je me débarrasse d’un petit regret - mon seul regret ? - : ne pas retrouver “Overnight” dans cet album. En effet, ce morceau disco-funk original, produit et co-écrit par Daft Punk, a propulsé le quintet au rang de stars des dancefloors. En renonçant à intégrer ce tube à son 1er album, le groupe a certainement voulu limiter les comparaisons que certains spécialistes ne manqueront pas de faire avec les Daft Punk, et de facto, s’affranchir de cette figure tutélaire. Pourtant, avec d’attaquer la review de cet opus, je peux vous le garantir : (re)découvrir “Random Access Memories” est sans doute le meilleur préambule à l’écoute de “Parcels”...

Credits Photo : © Clique

Allez, je me jette à l’eau. Tout d’abord, cet album éponyme “Parcels” réussit à transcender les ingrédients historiques de la pop. Avec ses accents disco 70’s, l’écoute de “Lightenup” et “IknowhowIfeel” risque de transformer votre salon en dancefloor, tandis que “Withorwithoutyou” et “Yourfault” ne manqueront pas de vous rester en tête avec en arrière-plan l’ombre de mastodontes de la pop des années 80 comme Hall & Oates ou Giorgio Moroder. À l'aide de techniques de production modernes, les Australiens combinent les parties électroniques et acoustiques dans un rendu qui couvre délicatement les oreilles des auditeurs.

“Comedown” est sans doute la meilleure chanson d'ouverture possible pour attirer l’auditeur et décliner le ton décontracté de cet album, avec ses guitares soft rock, ses synthétiseurs rétros flottants et son chant classieux. Le tout créant un mélange instrumental harmonieux et lumineux, avec un son funky qui vous donne envie de danser, et qui colle à merveille avec l’été indien que nous vivons actuellement. Le morceau suivant “Lightenup” est la chanson la plus proche de l’oeuvre de Daft Punk à mon sens, avec une guitare funk qui rappelle en de nombreux points “Get Lucky”. De “Tape” à “Exotica”, vous avez l’impression que les mélodies de Parcels sont comme des feuilles qui tournoient dans les airs en automne au gré des bourrasques de vent, et cela vous rappelle que quelque soit son instrumentation, une bonne chanson - des bonnes chansons en l’occurrence - peut faire vagabonder votre esprit le temps de quelques minutes. Ces morceaux vous permettent une évasion salutaire, tout en combinant un son riche en instruments, en rythmes électros, en sons naturels et en harmonies, le tout combinée à une voix aérienne et un solo surprise. Bref, un régal pour les oreilles, qui donne au titre une sensation de fraîcheur.

Credits Photo : © Villa Schweppes

Chaque chanson se fond et s’imbrique à merveille dans la suivante, tout en jouant avec les parti-pris & les conventions de la musique pop traditionnelle. Les rythmes se jouent de nos attentes et nous donnent ainsi envie de continuer dans cette aventure d'un album intriguant et excitant. Le grandiloquent et orchestral “Everyroad” - sans doute l’un de mes morceaux préférés de l'album - en est peut-être le meilleur exemple durant ses 8mn36, qui illustrent le microcosme évolutif qui habite ce disque du début à la fin : 3mn de textes parlés qui progressivement coulissent vers une ambiance électro-funk au tempo plus élevé. Peut-être l'une des écoutes les plus intéressantes que j'ai eues depuis un certain temps, qui démontre les talents de musiciens des membres du combo pop australien… Parmi les autres titres remarquables, vous trouverez “Yourfault”, la chanson la plus lente de l'album, pleine d'harmonies savoureuses et même d'un solo de... xylophone. A mon sens, cette chanson à l’effet d’un câlin pour nos oreilles délicates.

Credits Photo : © Le Rocher de Palmer

Quant au single “Tieduprightnow”, il se présente comme le prolongement naturel du hit de 2017 “Overnight”, avec ses guitares géniales, percutantes et incandescentes. Sur ce 1er album de Parcels, l’élément le plus “perturbant” est le dernier titre “Credits” avec Dean Dawson en featuring. Ce n’est pas réellement une chanson. Cela ressemble davantage au message de remerciement du capitaine de bord après l’atterrissage d’un avion. Même s’il s’agit d’un ajout assez inhabituel, c’est toutefois une clôture amusante et rafraîchissante, qui annonce la fin de ce beau voyage.

En définitive, cet album éponyme est un 1er album qui tue. La production est parfaite, les enchaînements fluides et avant que vous ne vous en rendiez compte, le disque est terminé. Chaque morceau est contagieux avec son son génial qui vous ramène à l’époque des Beach Boys, même si Parcels ajoute sa touche personnelle, mélange de sons pop électroniques et contemporains. “Tieduprightnow” et “IknowhowIfeel” rappellent les morceaux disco intemporels des années 70, tandis que des morceaux plus lents comme “Withorwithout” et “Yourfault” ont tout pour plaire avec des aspects qui rappellent le rock psychédélique de Tame Impala. Encore une petite bombe venue des Antipodes… Parcels apporte une brise chaude sur la pop avec son son rétro-futuriste, provoquant un indéniable côté addictif, et nous suggérant qu’avec cet album dans les oreilles, l’été peut vite devenir éternel. Aujourd’hui, pour vous réconforter l’âme et le coeur, vous avez bien plus efficace que le réchauffement climatique : vous avez Parcels.

Credits Photo : © Cocy.fr

Même si un petit sentiment de “déjà vu” pourrait parfois vous envahir, rappelant certains titres des pionniers de la French Touch - Phoenix & Daft Punk en tête - ou des britanniques de Metronomy, le combo vous délivre un groove génial, qui érige Parcels comme le nouveau phénomène pop mondial. Avec cet opus éponyme, les 5 Australiens ont tenu leur promesse avec un disque effronté, intemporel et accrocheur. Chaque composition y est exceptionnelle, et chaque titre pourrait quasiment être un single en force.

Pour finaliser cet album, le groupe se réunissait chaque 4 du mois pour enregistrer un morceau. À une époque où de nombreux groupes ou artistes se lancent dans la course à la performance - ou à la productivité -, il est louable que Parcels ait pris son temps, plutôt que de livrer une oeuvre imparfaite produite à la va-vite. Un an après, nous tenons entre les mains cette pépite de la pop contemporaine, dont la durée de vie a de fortes chances de dépasser largement son temps de conception…

Source : © Facebook Officiel Parcels

A une époque où le revival 70’s a le vent en poupe, le 1er LP de Parcels n'aurait guère pu arriver à un meilleur moment. L'infusion électro-pop funk de Parcels atteint de nouveaux sommets dans cet album sans faille et sans vergogne. Placés sous le saint parrainage des papes de la French Touch - les Daft Punk -, il serait toutefois réducteur de limiter les Australiens de Parcels à une bande de pistonnés. En effet, leur disco-pop est bien davantage... addictive et en passe de devenir un phénomène de société. Un son suranné et un brin désuet (veuillez excuser ce pléonasme !), un chanteur au look improbable qui rappelle un peu Freddie Mercury ou George Harrison... Jules chante “Iknowhowifeel” (“Je sais ce que je ressens” en VF). Après avoir écouté cet album, je serai bien incapable de vous dire clairement ce que je ressens pour lui… mais ce qui est certain, c'est que je l’aime et que le monde n'a pas fini de danser sur les tubes de Parcels.


La Note de Manu : 9/10

Pochette de l'album "Parcels" de Parcels (Sortie le 12.10.2018)

“Parcels” de Parcels, LP 12 titres sorti le 12 octobre 2018 chez Kitsuné / Because Music

Tracklist :
1. Comedown (3:09)
2. Lightenup (3:57)
3. Withorwithout (3:25)
4. Tape (3:44)
5. Everyroad (8:36)
6. Yourfault (3:39)
7. Closetowhy (5:31)
8. Iknowhowifeel (5:27)
9. Exotica (5:12)
10. Tieduprightnow (3:01)
11. Bemyself (2:28)
12. Credits (Feat. Dean Dawson) (3:36)

Source : © Facebook Officiel Parcels

Credits Photo : © DarkRoom
Credits Photo : © Les InRockuptibles
Credits Photo : © DarkRoom

Manu de RAN

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