jeudi 3 mars 2022

Live Report : IDLES + Witch Fever & Bambara @ Elysée-Montmartre, Paris / 01.03.2022

Credits Photo : © Mowno

Voilà bien - trop - longtemps que nous n’avions pas pris le chemin des salles de spectacles parisiennes dans l’optique d’une soirée placée sous le signe du Rock N’ Roll. Cette anomalie est désormais réparée et on ne peut que s’en réjouir vu la merveilleuse soirée que nous avons passée ce mardi à l’Elysée-Montmartre en compagnie des Britanniques d’IDLES !

Près de 3 ans après les avoir vus sur la scène du Club de la Cartonnerie de Reims pour un concert frénétique en compagnie de leurs homologues de LIFE, il était donc écrit que notre « rentrée des classes » se ferait au son de l’un des groupes britanniques les plus furieux et déjantés de la scène rock / punk actuelle. Et si l’on ajoute le cadre Art Déco majestueux de l’Elysée-Montmartre, les 2 années de frustration à tourner en rond en attendant la reprise de la musique live, ainsi que - surtout - les pas moins de 3 reports de cette date parisienne, cette soirée avait tout de l’événement.

Credits Photo : © Mowno

Pour cette 2nde date parisienne consécutive, l’ordre des concerts ayant été inversé après le report de juin 2021, le quintet originaire de Bristol avait choisi de s’adjoindre les services des Britanniques de Witch Fever et des Américains de Bambara pour ouvrir les hostilités. Si nous ne pouvons - malheureusement - vous dire que peu de choses sur la prestation du girls band grunge / punk originaire de Manchester du fait de notre arrivée tardive, il semblerait que celle-ci ait quelque peu peiné à convaincre une assistance encore clairsemée, davantage occupée à déposer son vestiaire, à siroter une bonne bière ou à dépenser ses devises au merch. Toutefois, nous restons persuadés qu’en accumulant de l’expérience, les belles promesses aperçues sur disque pourront rapidement se concrétiser sur scène pour les demoiselles de Witch Fever.

Credits Photo : © Jean-O de Rock Alternative News

Après une petite pause fraîcheur, c’est au tour des New Yorkais de Bambara de monter sur scène sur le coup de 20h. Si nous connaissions le groupe chargé d’ouvrir cette soirée - Witch Fever - il n’en était en revanche rien pour le trio mené par les frangins Reid & Blaze Bateh, respectivement chanteur / guitariste et batteur du groupe, si ce n’est quelques réactions désobligeantes suite à leur set de la veille. Et nos impressions ont malheureusement confirmé ces échos peu flatteurs.

On ne peut pas réellement dire que le post-punk survolté du trio originaire de Brooklyn soit vraiment mauvais, il est simplement trop répétitif, monotone et surtout, manque cruellement d’inspiration. Quant au chanteur, on se dit qu’un petit détour par un cours de chant ne serait pas du luxe… N’est pas Nick Cave ou Jay Buchanan qui veut. En réalité, ça pourrait vraiment le faire si le chanteur n’était pas sans cesse dans la surenchère. Bref, Bambara c’est clairement surjoué. Voilà qui nous fait attendre avec impatience le début réel des hostilités… Sans mauvais jeu de mots, ça va être la guerre…

Credits Photo : © Mowno

Credits Photo : © Mowno


Un changement de backline plus tard, à 21h pétantes, le grand moment est arrivé… À l'entrée des photographes à la crash barrière, l’évidence saute à nos yeux : ça sourit, ça rigole et ça « checke » avec les habitués des concerts parisiens. Oui décidément, ce mardi soir, il y a comme un petit air de rentrée scolaire à l’Elysée-Montmartre. Un plaisir de se retrouver confirmé par l’arrivée successive sur scène des 5 Britanniques objets de toutes les attentions ce soir : Jon, Lee, Adam, Mark et Joe (par ordre d’apparition).

Bien décidés à en découdre et à chauffer à blanc un public qui semble n’en avoir nul besoin, les Britanniques le font rugir de plaisir en surprenant d’entrée. En effet, habitués à ouvrir leurs sets depuis 4 ans par le crescendo de “Colossus”, les membres d’IDLES attaquent en douceur avec le titre qui ouvre leur dernier effort “Crawler”, “MTT 420 RR”. Suivra l’un des titres également issu de ce dernier opus, “Car Crash”. Finalement, nous aurons bien droit à un crescendo… mais différent de la veille. Jusqu’ici, Joe - impeccablement cintré dans une chemise blanche immaculée - semble étonnamment calme. Le changement serait-il pour maintenant ?

Credits Photo : © Mowno

« TWO FUCKING YEARS »

Mais il ne nous faudra pas longtemps pour retrouver le Joe que l’on connaît… Dès le titre suivant “Mr. Motivator”, on retrouve le chanteur vénère qui faisait une partie du charme d’IDLES dans ses « jeunes » années. Des envolées vocales de Joe, ainsi que de la musique brutale des instrumentistes partent quasi instantanément les 1ers pogos de la soirée. Premiers d’une très longue série. Car il faut reconnaître que l’on a rarement connu le public parisien en aussi grande forme. Et manifestement, nous ne sommes pas les seuls à apprécier cet aspect, puisque les musiciens s’interrompirent à tour de rôle pour profiter du spectacle dans la fosse. En même temps, quoi de plus naturel puisque, comme le soulignait Joe en préambule, cela faisait « 2 fucking years » que le public parisien attendait cela !


S’ensuit une alternance de titres furieux, tels que “Mother” ou “Divide And Conquer”, et de caresses plus mélodiques - on notera notamment la superbe “The Beachland Ballroom” - qui témoignent bien de la nouvelle identité « bipolaire » cultivée par IDLES. Ces dernières permettant aux fans collés à la crash barrière de respirer et de préserver un peu de leur espace vital, ce qui n’est pas toujours évident lorsque Joe lance - en français dans le texte - le 1er moment d’hystérie collective totale, un « Wall of Death », sur “Never Fight a Man With a Perm”.


Si - durant tout le set - Mark et Lee se relaient aussi bien aux riffs qu’aux soli, ils n’en oublieront pour autant pas leurs habituels bains de foule, à tel point que l’on a failli perdre Lee Kiernan dans la foule de l’Elysée-Montmartre, submergé par les fans, Joe hurlant à qui veut l’entendre (toujours en français dans le texte) « où est mon guitariste ? Qui a vu mon guitariste ? Au revoir, Lee… ». Quant à Mark Bowen, s'il semblait un peu moins remuant que dans nos expériences précédentes avec IDLES, son jeu est toujours aussi juste et musclé. Mais ce qui fait la brutalité, la « massivité » du son du groupe de Bristol, c’est la frappe opulente de Jon Beavis derrière ses fûts, ainsi que le jeu puissant d’Adam Devonshire, véritable métronome discret de l’ensemble.

Credits Photo : © Mowno

Credits Photo : © Mowno

Alors que l’on s’achemine petit à petit vers la fin du set, l’actualité s’invite sur la scène de l’Elysée-Montmartre avec l’un des sommets du 2ème album “Danny Nedelko”, dont l’interprétation et le paroxysme émotionnel résonnent forcément de manière particulière en cette période de conflit armé en Ukraine. Si le groupe s’abstiendra de prendre clairement position à ce sujet, on ressent malgré tout l’émotion de Joe au moment d’entendre le public parisien reprendre à l’unisson « Yeah, yeah, yeah, yeah… Daannyy Nedeeeelllkooo !! ». Ce titre nous permet également d’apprécier la nouvelle sérénité du frontman d’IDLES, celui-ci s’arrêtant de chanter pendant un bon moment pour profiter de la communion avec le public parisien, comme apaisé.


Credits Photo : © Jean-O de Rock Alternative News

A l’issue d’un set clôturé par un beaucoup plus « classique » “Rottweiler”, tout de même ponctué par un final à 4 mains derrière les fûts, Joe venant rejoindre Jon, on ne peut que se rendre compte que ce changement de setlist était en réalité annonciateur d’un autre changement, bien plus profond celui-ci. Si IDLES est parvenu à élargir son spectre musical et à gagner en notoriété, ce groupe est définitivement gaulé pour boxer, chaque note ayant l’effet d’un uppercut au foie.

UN FRONTMAN DEVENU CHANTEUR

Ce concert nous a également permis de constater que l’arrêt de l’alcool et de la drogue avait permis à Joe Talbot de décupler ses capacités vocales. Avant, il rappait et éructait, parfois maladroitement. Dorénavant, il chante vraiment - et bien en plus, le bougre ! -, toujours d’une voix rauque mais il dégage maintenant une émotion nouvelle très prometteuse. Pourtant, si le quintet a évolué et s’est bonifié grâce à la maturité acquise au gré de ses tournées monstres, IDLES est toujours aussi sauvage et a tout retourné sur son passage durant cette 2nde soirée parisienne.

Credits Photo : © Jean-O de Rock Alternative News

Credits Photo : © Mowno

Bien sûr, certain(e)s ne manqueront pas de regretter de ne pas avoir eu droit - contrairement à la veille - à des classiques du répertoire du groupe de Bristol, tels que “Colossus”, “Samaritans”, “Well Done” ou à un degré moindre, “Ne Touche pas Moi”, mais également de n’avoir pu « se rincer l’oeil » - comme la veille - devant un Mark Bowen en jupe blanche à fleurs, ce dernier arborant cette fois un costard bleu canard agrémenté d’une chemise orange d’un goût douteux. Mais nous préférerons nous souvenir que cette soirée fut un moment mémorable parce qu’elle nous a permis de retrouver cet univers propre à IDLES, et au rock en général : ces centaines d’inconnus majeurs tendus sur “Mother”, sautant les uns sur les autres, suant et dansant.


Finalement, le meilleur résumé de cette soirée à l’Elysée-Montmartre, c’est probablement sur les tee-shirts arborés par de nombreux spectateurs, ainsi que par Jon Beavis qu’on le trouve : « Joy as an act of Resistance » et « To Love is to Live ». Oui décidément, que c’est bon d’être ensemble, collés, debout, jeunes ou plus âgés, parisiens ou provinciaux, avec ou sans masque… bref, riches de nos différences. Finalement, c’est loin d’être naze la rentrée… c’est même la VIE qui reprend son cours !


Credits Photo : © Mowno


IDLES + WITCH FEVER & BAMBARA - LIVE IN PARIS, FRANCE


Lieu : L’Elysée-Montmartre, Paris (75)

Date : Mardi 1er Mars 2022

Setlist :

1. MTT 420 RR

2. Car Crash

3. Mr. Motivator

4. Grounds

5. Mother

6. Faith in The City

7. Meds

8. Divide And Conquer

9. The Beachland Ballroom

10. Never Fight a Man With a Perm

11. Crawl!

12. 1049 Gotho

13. The Wheel

14. Television

15. When The Lights Come On

16. War

17. I’m Scum

18. Reigns

19. Danny Nedelko

20. The End

21. Rottweiler


Credits Photo : © Jean-O de Rock Alternative News

Credits Photo : © Jean-O de Rock Alternative News

Credits Photo : © Jean-O de Rock Alternative News

Credits Photo : © Jean-O de Rock Alternative News


La composition d’IDLES :

Joseph Talbot (chant)

Mark Bowen (guitare & choeurs)

Lee Kiernan (guitare & choeurs)

Adam Devonshire (basse & choeurs)

Jon Beavis (batterie)



Le concert, filmé et produit par La Blogothèque, est disponible en streaming gratuit sur Culturebox :



Manu de RAN