dimanche 16 juillet 2023

CONCERT DEAD CHIC AU BACKSTAGE BTM LE 8 JUIN 2023: LE ROCK BISONTIN STRIKES AGAIN

C’est au Backstage by The Mill que le groupe franco-anglais Dead Chic nous avait donné rendez-vous le 8 juin 2023 pour la release party de leur nouvel EP « The Venus Ballroom ». Dead Chic est né de la rencontre entre un Londonien, Andy Balcon, et un Jurassien, Damien Félix qui seront rejoints par Rémi Ferbus et Mathis Akengin. Damien Félix, rappelez-vous, nous vous l’avions présenté avec son groupe Catfish il y a quelques années. On pouvait déjà déceler à l’époque le potentiel du groupe formé par le guitariste inspiré. L’arrivée d’Andy Balcon fut décisive pour transformer ce potentiel en un formidable nouveau fleuron du rock de l’Est de la France, qui commence à compter bon nombre de groupes originaux et de qualité comme nous l’avons déjà dit dans des précédentes chroniques. Comme quoi aussi, une association franco-anglaise peut produire d’excellents résultats. Encore une bonne raison de regretter le Brexit imposé par des tristes sires peu intéressés par les arts et les artistes ! 



Le Backstage BTM s’est quelque peu rempli mais est loin d’être complet. C’est dommage (mais malheureusement habituel) car la suite de la soirée va donner raison à ceux qui sont venus : c’était probablement une des soirées du mois de juin qu’il ne fallait pas manquer. Non, nous n’exagérons pas. Des le début du set, on est tout d’abord hypnotisés par Andy et son regard transperçant, sa voix rocailleuse à souhait, comme un Joe Cocker des temps modernes. Il semble cabotiner un peu, certes, mais avec élégance et authenticité. Il en fait parfois des tonnes, mais plus parce qu’il est réellement habité par les textes et la musique, que par jeu de séduction. 




Mais il faut arriver à s’extraire de cet envoûtement, pour ne pas manquer les autres musiciens, ce serait vraiment dommage. Tout d’abord Damien, bien sûr, dont la guitare est une véritable prolongation de son corps. Celle-ci ne fait qu’une avec le musicien, et les sons qui en sortent ne semblent être que les exhortations et les cris de plaisirs de ce dernier. Mathis ensuite, qui nous montrera à plusieurs occasions la maîtrise qu’il a de ses claviers, un excellent musicien. Rémi n’est pas en reste et assure avec brio sa place derrière les fûts. 



Cette équipe d’excellents musiciens explique certainement la qualité de titres proposés. Aucun morceau faible dans la salve qui nous est servie ce soir. Les titres s’enchaînent et à aucun moment l’intensité ne faiblit. Andy, ce merveilleux conteur, joue avec nous tout au long du set et on admire aussi ses talents d’acteur, car nous vivons carrément les chansons avec lui. 




Le mélange des genres musicaux est aussi une des raisons qui expliquent pourquoi nous avons été sous le charme toute la soirée. On est dans un registre blues rock mêlé de soul, avec des textures hispaniques, le tout plein de reverb de la guitare de Damien. Une bande son digne aussi des meilleurs westerns spaghettis parfois, comme avec la fabuleuse « Ballad of Another Man », que d’aucuns auront appelée « A Man in the Mirror ». Vous l’avez compris, nous n’avons pas seulement été charmés, nous avons carrément rendus les armes et succombés à cette déferlante musicale qu’on aurait souhaité voir se prolonger tout au long de la nuit !





Nous avons de la chance d’avoir en France des groupes de cette qualité, ne la gâchons pas et courrons les voir dans les salles de concert. Ne nous précipitons pas que sur les groupes majeurs et déjà établis, mais allons découvrir ces nouvelles pépites, nom de Zeus !


Setlist

  1. Pain Love Joy
  2. You Got It
  3. Fleurs Séchées
  4. All Seasons
  5. Ballad of Another Man (The Man in the Mirror)
  6. Good God
  7. Manchester
  8. The Bells and the Fists
  9. Too Far Gone
  10. It Takes A long Road
  11. The Belly Of The Jungle


Jean-O de R.A.N.






BRUCE SPRINGSTEEN A LA NANTERRE ARENA LE 15 MAI 2023 : LE BOSS EST TOUJOURS LE BOSS


Il y a des concerts qu’on ne veut pas manquer, et ceux de Bruce Springsteen en font partie. C’est pourquoi l’attrait modéré que la Nanterre Arena peut représenter pour un concert, nous nous sommes précipités pour aller voir le Boss en ce lundi 15 mai. C’est le second concert à Paris après celui de samedi. L’attente est longue et mouillée pour ceux qui comme nous se sont insérés dans la file assez tôt pour espérer être bien placés dans la fosse.



Pas de surprise, il n’y a pas de première partie, et c’est tant mieux. On attaque donc, après une longue attente il faut dire, directement avec le Boss. Pas de surprise non plus avec la setlist, ce n’est pas tout à fait la même chaque soir mais les variations sont limitées. Les titres s’enchaînent sans temps mort, le rythme est donc soutenu, c’est vraiment appréciable.



Mais du coup on perd en échanges avec le public, les moments où Bruce Springsteen s’adresse à celui-ci sont intégralement retranscrits sur les écrans, ceux qui ne comprennent pas bien l’anglais y gagnent donc au change. Le concert est donc bien huilé, un show millimétré qui ne laisse pas trop de place à l’improvisation. Mais néanmoins, il n’a rien de mécanique et d’artificiel. 



Et c’est bien cela qui continue de nous faire aimer le Boss comme on l’aime. Le propos est toujours honnête, sincère, véritable. Son âme est restée pure. Il aime son public comme celui-ci l’aime. Bruce Springsteen a vieilli, bien certes car il se maintient en forme avec une discipline de fer, mais il a vieilli. L’énergie est toujours là, mais la fougue d’avant est remplacée par un propos plus mélancolique. Les paroles sont retranscrites à l’écran, comme on l’a déjà dit, et elles sont là pour expliquer l’histoire, l’origine d’une chanson, avec toute la sensibilité de l’artiste. Une lettre à nous en somme, au public, au monde, « A Letter to You » donc. Et ça fait du bien à l’âme de l’exprimer, à lui comme au public.



Une des réussites du show, c’est aussi l’alternance bien dosée de ses différentes phases. Les passages festifs où le Boss met en avant ses amis du E Street Band, et ces moments où le Boss, seul avec sa guitare acoustique, nous délivre ses messages plus personnels et plein de sensibilité. Ce sont d’ailleurs les moments que nous avons préférés finalement. Ce Springsteen nouvelle formule, pourrait-on dire, nous laisse entrevoir un avenir où les shows se feront peut-être plus intimistes finalement, avec des temps plus calmes. Mais on s’en réjouit car cela signifie qu’on pourra voir encore longtemps le Boss sur scène, et ça c’est une magnifique perspective ! 


Bon pas de panique cependant pour ceux qui aiment les titres plus énergiques : comme on l’a dit plus haut l’énergie est toujours là même si Bruce Springsteen n’est plus aussi virevoltant qu’avant, et le concert dure encore 2h45 !

Setlist

  1. My Love Will Not Let You Down
  2. Death to My Hometown
  3. No Surrender
  4. Ghosts
  5. Prove It All Night
  6. Darkness on the Edge of Town
  7. Letter to You
  8. The Promised Land
  9. Out in the Street
  10. Kitty's Back
  11. Nightshift
  12. Mary's Place
  13. Pay Me My Money Down
  14. The E Street Shuffle
  15. Last Man Standing
  16. Backstreets
  17. Because the Night
  18. She's the One
  19. Wrecking Ball
  20. The Rising
  21. Badlands
Rappel:

  1. Born in the U.S.A.
  2. Born to Run
  3. Bobby Jean
  4. Glory Days
  5. Dancing in the Dark
  6. Tenth Avenue Freeze-Out
  7. I'll See You in My Dreams


Jean-O de R.A.N.
















 Arctic Monkeys à Paris Bercy le 9 mai 2023




Deux shows sold out à Bercy pour les Arctic Monkeys, le rock attire encore du public et c’est tant mieux. Malgré la semi-déception du concert à Rock en Seine, où nous n’avions pas été totalement convaincus par la prestation du groupe britannique, ne nous avait pas empêché de vouloir revenir les voir même si on aurait préféré un Zénith comme en 2018, plutôt qu’une grande salle comme Bercy.

Nous tenions de nouveau à voir comment les Britanniques de Sheffield défendraient leur nouvel album « The Car », dans un autre contexte que celui d’un festival. Eh bien nous avons eu raison.

Dès le début de l’après-midi, les fans ont investi l’arrière de l’arène de Bercy afin d’attendre pour entrer dans la fosse. La foule est composite, des quadras et quinquas qui ont été séduits par le rock sophistiqué des Britanniques, des trentenaires qui ont découvert le groupe à l’adolescence, et des plus jeunes pour qui c’est le premier concert des Arctic Monkeys. Tout ce beau monde est impatient de voir les portes s’ouvrir afin de s’installer le mieux possible dans la fosse.


La première période d’attente est récompensée, pour un nombre assez important de fans présents ce soir, par la prestation du groupe irlandais Inhaler. Pour rappel, un des membres du groupe n’est autre que le fils de Bono, chanteur de U2. Nous avions eu l’occasion de les voir lors d’un de leurs premiers concerts parisiens à La Maroquinerie en mars 2020 peu de temps avant le 1er confinement Covid19. Nous avions trouvé leur set agréable et sympathique, celle d’un groupe en potentiel devenir. Nous espérions donc constater quelle avait été la progression du groupe depuis cette période. Disons le d’emblée, nous avons été déçus. En effet, cette prestation dans une grande salle comme Bercy fut correcte mais, à aucun moment, totalement convaincante. Les compositions du groupe sont toujours agréables, certes, mais il n’y a rien de vraiment renversant ou même réellement enthousiasmant. Il va falloir que le groupe nous surprenne un peu plus, qu’il soit moins conventionnel dans ses compositions, s’il veut mener une carrière comme celle de leurs aînés !



Après cette entrée en matière un peu mitigée pour nous (mais attention à ne pas s’y tromper, un grand nombre de fans ont paru être comblés), nous attendons donc de pied ferme nos chers Singes de l’Arctique (bel exemple que la traduction de nom propre est une hérésie). Et c’est donc après un titre de Barry White que les Arctic Monkeys investissent la scène de Bercy. Signe de l’orientation de plus en plus crooner d’Alex Turner ? Peut-être. En tout cas c’est avec « Sculpture of Anything Goes » tiré du dernier album The Car que le concert commence.

 



Une belle entrée en matière en vérité, la chanson tient la route et permet à Alex de prendre possession de la scène et séduire l’audience. Mais on se demande quelle va être la suite du show. A Rock en Seine c’était avec « Do I wanna Know » que le concert avait débuté, et on avait eu pourtant droit à une prestation assez tiède, même si le public avait largement compensé. L’enchaînement est sans surprise puisqu’identique en fait à celui de Rock en Seine, avec « Brianstorm », « Snap Out of It », « Crying Lightning » et « Teddy Pecker ». Mais cette fois le groupe est vraiment présent. Ce n’est pas que le public qui met l’ambiance. 



Et il faut bien avouer que cet enchaînement est diablement efficace. Tout ceux qui voulaient se dépenser dans la fosse ont pu le faire, et sur scène les musiciens sont vraiment impliqués cette fois. L’énergie est bien présente et cela se ressent dans l’audience. Après la tempête, les Arctic Monkeys calment un peu le jeu, on ne va pas s’en plaindre finalement car nous ne pourrons pas tenir tout le concert à ce rythme. C’est avec « Four Out of Five » que la température redescend. « Big Ideas” qui suit nous confirme le retour à une phase plus calme du concert.



Puis le concert repart sur un rythme plus soutenu avec des titres comme « Pretty Visitors » ou « Fluorescent Adolescent » qu’on voit revenir avec plaisir sur les setlists du groupe après une disparition de presque 10 ans. La fin du concert se fait de nouveau dans la douceur. Et contrairement à Rock en Seine, tout cela passe bien, on n’a pas cette impression de presqu’absence du groupe qu’on avait pu ressentir. Alex Turner et les autres musiciens sont bien plus impliqués et investis dans leur prestation. Bon, cela reste tout de même un peu léger quant aux interactions avec le public mais on sait que ce n’est pas le point fort du groupe, ni d’Alex, ni des autres musiciens. On se contentera donc, sur ce plan, des quelques paroles de remerciement d’Alex Turner. 



Par ailleurs, on aime ce dernier dans la peau d’un crooner, cela lui va bien en fait, et incontestablement il tient bien ce rôle. Mais la discographie des Arctic Monkeys lui permettrait de passer, dans le même show, de crooner à rocker possédé, à l’image d’un Nick Cave, le maître en la matière, par exemple. Mais ne soyons pas trop gourmands, n’est pas Nick Cave qui veut, et le concert de ce soir nous aura réconciliés avec ceux qui sont, sans conteste, un des groupes les plus intéressants des ces quinze dernières années. Nous avons pris, à l’instar de tout le public présent, un immense plaisir, et avons pu constater que les derniers titres en date passent finalement mieux en live que ce que à quoi nous nous attendions. Le rappel est propre et sans bavure, le show se terminant avec le toujours excellent « R U Mine ». Nous reviendrons donc les voir les Arctic Monkeys, en espérant une salle pas trop grande, et pas un stade ou un festival, car c’est finalement ce qui leur convient le mieux.


Setlist :

  1. Sculptures of Anything Goes
  2. Brianstorm
  3. Snap Out of It
  4. Crying Lightning
  5. Teddy Picker
  6. The View From the Afternoon
  7. Four Out of Five
  8. Big Ideas
  9. Why'd You Only Call Me When You're High?
  10. Arabella
  11. Pretty Visitors
  12. Suck It and See
  13. Fluorescent Adolescent
  14. Do I Wanna Know?
  15. There'd Better Be a Mirrorball
  16. Star Treatment
  17. 505
  18. Body Paint

Rappel:

  1. I Wanna Be Yours (John Cooper Clarke cover)
  2. I Bet You Look Good on the Dancefloor
  3. R U Mine?

Jean O de R.A.N.