vendredi 26 mars 2021

Nouveau clip pour Gojira

 


Les rois du métal français viennent de nous sortir leur nouveau single "Amazonia", dont les bénéfices iront à l'association The Articulation Of Ingenious People Of Brazil (APIB), qui défend la cause environnementale en Amazonie, mais aussi les tribus indigènes qui y vivent et qui sont les premières victimes de cette déforestation massive, mais aussi de travaux forcés et de harcèlement en tout genre.



Gojira nous avait déjà offert un premier single intitulé "Born For One Thing" le mois dernier, et qui comptabilise déjà plus de 3M de vues sur You Tube.




A noter aussi la présence du titre Another World sorti au d'août l'année dernière.




Le nouvel album du groupe sortira le 30 avril prochain chez Roadrunner Records, et a été mixé par Andy Wallace (Nirvana, Rage Against The Machine ...)


Fortitude tracklist : 


Born For One Thing

Amazonia

Another World

Hold On

New Found

Fortitude

The Chant

Sphinx

Into The Storm

The Trails

Grind


Gian, mars 2021.

vendredi 19 mars 2021

Album Review : "CARNAGE" de Nick Cave & Warren Ellis (Sortie le 25.02.2021)

Credits Photo : © Rolling Stone Magazine

Tout au long de sa carrière, Nick Cave a donné vie à différents projets : de la frénésie de The Birthday Party aux guitares furieuses des Bad Seeds, en passant par les morceaux primitifs de Grinderman. Mais sur son nouvel album “Carnage”, c’est en compagnie de son compère de longue date Warren Ellis que l’australien est de retour. Habitués à fonctionner en duo pour la composition de musiques de films, comme pour “Comancheria”, “Des Hommes Sans Loi” ou “Wind River”, les 2 sociétaires des Bad Seeds nous proposent cette fois une oeuvre passionnante et dérangée, qui clôture magnifiquement la trilogie discographique consécutive au décès tragique d’Arthur, le fils de Nick Cave, en 2015 : “Skeleton Tree” en 2016, “Ghosteen” en 2019 & “Carnage” en 2021.

Credits Photo : © Dave MacIntyre

LE DERNIER VOLET D'UNE TRILOGIE ?

Jusqu’où ira Nick Cave ? La question mérite d’être posée. A peine 3 mois après le sublime “Idiot Prayer”, disque live au piano enregistré dans la solitude de l’Alexandra Palace de Londres, et 18 mois après “Ghosteen”, suite profonde au magnifique, obsédant, spectral, lugubre et torturé “Skeleton Tree”, avec ce “Carnage”, Nick Cave nous propose une nouvelle fois une oeuvre sublimée par le désespoir d’un père. Un disque à la beauté sans égal où les douleurs de l’existence côtoient aussi parfois une forme de résilience éthérée. Une oeuvre très symptomatique du virage pris par Nick Cave dans son approche en matière d'écriture après “Push The Sky Away” en 2013, passant de la narration à l'abstraction, avec des structures de chansons fluides portées par les boucles de synthé hypnotiques de Warren Ellis.

Credits Photo : © NME

Fauché en plein vol par la pandémie, le songwriter australien a dû se résoudre à reporter sa tournée mondiale prévue en 2020 et a mis à profit cette période de repos forcé pour écrire et mettre en boîte un nouvel album aux côtés de son acolyte de plus de 25 ans, Warren Ellis. « Il y a ceux qui essaient de savoir qui… Il y a ceux qui essaient de savoir pourquoi… Il y a ceux qui n'essaient pas de trouver quoi que ce soit, à part ce royaume dans le ciel », annonce Nick Cave dans la piste d’ouverture “Hand of God”. Une fois passée la joie intense de la sortie inopinée de ce nouvel album, il convient de se pencher sur ce disque pour tenter d’obtenir des réponses. Que peut bien chercher Nick Cave ? Que lui reste-t-il à prouver ?

Credits Photo : © Matt Kent

Evoluant dans un registre davantage autobiographique sur ses derniers efforts, Nick Cave profite de ce “Carnage” pour dresser une sorte de bilan des conséquences de la pandémie actuelle. En résulte un disque « brutal, mais très beau, niché au coeur d’une catastrophe collective », comme le décrit lui-même le principal intéressé. Même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’un album des Bad Seeds, “Carnage” n’en demeure pas moins un retour aux affaires bien plus mordant, mais pas moins aventureux. L’impulsion électro-trance de l’ouverture “Hand of God” voit un Nick Cave submergé par la puissance des éléments. Ce rythme sombre se poursuit dans le mélange jazzy de “Old Time”, qui dépeint un cauchemar déchirant où « les arbres sont noirs ». Arrive ensuite la piste titre, douloureuse et tendre, où Nick Cave semble retrouver la lumière.


Vient ensuite “White Elephant”, probablement l’un des titres les plus politiques de l’australien. Warren Ellis parvient à y créer une tension cinématographique, tandis que Nick Cave y évoque le mouvement Black Lives Matter à travers l’histoire d’un chasseur. L'ambiance devient franchement nocive avant que l'espoir ne renaisse dans un blues gothique rappelant certains titres de l’album des Bad Seeds “Abattoir Blues / The Lyre of Orpheus”, mais surtout avec la promesse que « l’heure de rejoindre le royaume des cieux est proche ». En parallèle à ces textes parfois très sombres, presque maniaques, on retrouve également un côté romantique dans ce “Carnage”. Par exemple, avec ses cordes flottant sur un joli piano, la méditative “Albuquerque” vous invitera à l’évasion et éclairera l’obscurité et la tristesse provoquées par les confinements successifs. De même, certaines des chansons d’amour les plus intenses de la carrière de Nick Cave - comme “The Ship Song” ou “Into My Arms” - trouveront un écho avec la fantomatique mais magnifique “Shattered Ground”.


LA BANDE-SON IDEALE DE NOTRE EPOQUE TOURMENTEE

Si la plupart des titres évoque la solitude, la mort, la souffrance et l’amour et reste donc dans la même veine que les opus précédents des Bad Seeds, “Carnage” s’avère être un album atmosphérique dans lequel le crooner rock ténébreux semble en lévitation et déclame ses textes avec une voix gorgée d’émotions. De l’introduction spectrale d’un “Hand of God” aux cordes insaisissables de “Old Time”, de la solennité de la piste-titre à la noirceur de “White Elephant”, ce nouveau disque parvient à semer le trouble dans notre esprit et à créer une sorte de passerelle entre l’introspection libre des travaux récents des Bad Seeds et le chaos furieux qui habite l’oeuvre de Grinderman et The Birthday Party.


Réunis pour la première fois en duo dans un autre exercice que la composition d’une musique de film, Nick Cave & Warren Ellis nous livrent avec “Carnage” leur meilleur album depuis “Push The Sky Away” et nous confirment l’étendue de leurs pouvoirs mélodramatiques. Et c’est probablement la piste de clôture de ce disque qui illustre le mieux le perpétuel paradoxe qui habite le songwriter australien : “Balcony Man” où résonnent ses espoirs autant que ses mirages. Finalement, avec ce nouvel album, les 2 compères ont bien composé une bande originale… mais pas celle d’un film. Ils sont parvenus à écrire la bande-son idéale de cette époque tourmentée.


La Note de Manu : 9.5/10

Pochette de l'album "Carnage" de Nick Cave & Warren Ellis (sortie le 25.02.2021)

“CARNAGE” de Nick Cave & Warren Ellis, LP 8 titres sorti le Jeudi 25 Février 2021 chez Awal Recordings Limited

Tracklist :

1. Hand of God (5:17)

2. Old Time (5:16)

3. Carnage (4:47)

4. White Elephant (6:08)

5. Albuquerque (3:57)

6. Lavender Fields (4:34)

7. Shattered Ground (5:35)

8. Balcony Man (4:30)



Credits Photo : © The Guardian

Credits Photo : © Consequence of Sound


Manu de RAN

jeudi 18 mars 2021

Coal Sun : le retour du grunge des 90's


La sortie grunge du jour s'appelle Coal Sun avec la sorti de leur premier ep 5 titres, qui va vous embarquer dans le meilleur du son grunge des '90s. Il est vrai que lorsqu'on écoute ces 5 titres, on ne peut s'empêcher de penser à la période No Code/Vitalogy de Pearl Jam, mais aussi à ce  bon vieux Neil Young et ses Crazy Horses. Coal Sun est un super a lui tout seul, car il est composé de 4 membres qui officient actuellement au sein d'autres groupes comme Addyct pour Gaëtan qui tient le chant, Guillaume de The Hell Yet Specials à la gratte mais aussi à la basse, Sylvain de White Moss également à la gratte, et Nicolas de Noiseless se tient derrière les fûts. Les 4 membres du groupe se sont tous rencontrés lors de scène partagées ces derniers années dans le nord de la France, et se sont découverts une passion commune pour le grunge. Les premières répétitions ont eu lieu il y a 1 an, et très vite les idées, les riffs et finalement les compos sont arrivées, et les 4 zikos sont partis après quelques mois de répét' en studio nous enregistrer tout ça, tant que l'énergie était présente. Le son de l'ep a été capturé "live" à La Baraque A Sons à l'automne 2020 par Olivier Bourdrez, qui a tout de suite été emballé par ce nouveau projet. 


Strange Lights, premier single.


Le groupe en répét' "at home", en été 2020.


L'ep autoproduit est disponible en digital sur toutes les plateformes de streaming habituelles, mais aussi en cd pour 5€. Dirigez vous sur la page fb de Coal Sun pour vous le procurer.


Tracklist :

Lost Your Mind
Deep Valley
Strange Lights
New Life
Quest For Fire


Gian, mars 2021.

jeudi 11 mars 2021

Album Review : "Sand" de Balthazar (Sortie le 26.02.2021)

Credits Photo : © FIP

Je vous en avais parlé lors de la publication de “Fever” en 2019 : la sortie d'un nouvel album des belges de Balthazar est toujours marquée pour moi par un mélange d’impatience et d'allégresse… Il faut dire que le quintet avait frappé fort il y a 2 ans… en marquant son retour par un album qui dicte la fièvre pour tous les soirs de la semaine.

Deux ans plus tard, les flamands nous montrent avec l’arrivée de leur nouvel opus “Sand” qu'ils n’ont en rien perdu leur sens aiguisé de la mélodie et du contre-pied. Les 11 titres groovy, élégants et sexy de ce disque sont - certes - loin des guitares indie-rock de leurs débuts mais dans la parfaite lignée des 11 chapitres précédents.

Credits Photo : © Lorient le Jour

Avec “Sand”, le 5ème album des dandys belges, les alchimistes Maarten Devoldere et Jinte Deprez aiguisent à nouveau leur sens de la chanson contagieuse, juxtaposant leurs voix de manière éminemment séduisante tout en approfondissant leurs paysages sonores rythmés - entre indie-rock & dance-rock - explorés tout au long de leur discographie, à commencer par leur opus précédent, “Fever” sorti en 2019.

UN ALBUM PORTE PAR LES ALCHIMISTES MAARTEN DEVOLDEERE & JINTE DEPREZ

Ce LP s’ouvre sur “Moment” et ses percussions, dont les battements et les textes nous plongent directement dans le thème principal de l’album : le temps. Ce temps dont paradoxalement nous semblons cruellement manquer ou que nous peinons à savourer dans le contexte sanitaire actuel. Mais pour autant, Balthazar continue de nous inonder des bonnes vibrations dont il est coutumier, souvent portées par des choeurs enivrants et une ligne de basse incisive.

Credits Photo : © Tim Van Kleunen

Ouvrant sur ce 1er temps fort, “Sand” poursuit sur la même lancée avec le single “Losers”, où Maarten Devoldere s’inspire de sa discographie en solo sous l’alias Warhaus, offrant une voix sulfureuse et prophétique, qui n’est pas sans rappeler Leonard Cohen. Le refrain tendu est irrésistiblement porté par le fausset contrasté de Jinte Deprez, soutenu par une ligne de basse tourbillonnante et des rythmes largement inspirés du jazz. Le titre suivant “On a Roll” vous séduira immédiatement, avec son chant à la Alex Turner - le chanteur des Arctic Monkeys - et un refrain aigu et surtout ultra-accrocheur, aux accents pop dansants, qui vous conduira tout droit au Nirvana.


Avec sa basse synthétique, ses rythmes soutenant une ambiance très dance et la voix légèrement sinistre de Maarten, “I Want You” évoque le Arcade Fire de l’album “Reflektor”. C’est délicieusement mélancolique et cela nous donne une impression d’apesanteur. Tandis qu’avec “You Won't Come Around”, le groupe originaire de Courtrai explore plus profondément ses accointances dance-rock, et parvient à créer une alchimie entre la disco pop des Bee Gees, le “Oracular Spectacular” de MGMT et les récentes incursions psychédéliques de Kevin Parker avec Tame  Impala, “Hourglass” pourrait rappeler à certains auditeurs les derniers travaux de Cage The Elephant, le couplet maussade cédant la place à un refrain propulsé par un contre-ténor, bouillonnant et instantanément séduisant.

Credits Photo : © Rock N' Fool

Avec “Passing Through”, Balthazar ralentit le rythme et nous offre une piste plus spacieuse et texturée, imprégnée d’une belle énergie dramatique grâce - notamment - à l’ajout de cordes tremblantes dans les ultimes instants de la piste. Ensuite, une chose frappe à la (re)découverte du refrain de “Halfway” : celui-ci sonne comme une réinterprétation de la mélodie de l’immense tube des Rolling Stones “Miss You”, la voix aux accents R&B de Jinte Deprez en plus. Ce R&B si typique de son album solo “Running Days”, publié en 2017 sous le pseudonyme de J. Bernardt. Puis l’album se termine avec “Powerless” et son piano qui ne détonerait guère dans l’ambiance enfumée d’un bar lounge en fin de soirée. D’ailleurs, les rythmes EDM rétros de ce morceau donnent sûrement le titre le plus atmosphérique de l’album.


Difficile de ne pas apprécier ce disque dès lors que vous l’avez ouvert, puisque vous aurez fait le plus dur, c’est-à-dire passer la pochette hideuse : une photographie d’une sculpture de l’artiste hollandais Magriet Van Breevort, “The Man Who Waits”, censée illustrer la gêne que l’on peut ressentir dans une salle d’attente. Chez nous, la gêne est plutôt provoquée par ce visuel car - soyons honnêtes - on peut difficilement faire plus moche !

Credits Photo : © RTS

UN DISQUE GROOVY & SOPHISTIQUE

Mais revenons à l’essentiel… Avec “Sand”, les 2 chanteurs nous proposent des performances vocales très captivantes. Développant encore davantage le style dynamique de Balthazar, savant mélange de pop, d’indie-rock et de dance-rock, “Sand” capitalise sur le potentiel évident du quintet originaire de Courtrai et nous montre que Maarten Devoldere & Jinte Deprez constituent probablement l’un des duos créatifs les plus talentueux du rock contemporain.


Digne successeur du très bon “Fever” et porté par ses influences éclectiques et sensuelles, ce 5ème album nous emmène dans un rock indé encore plus groovy et sophistiqué - avec cette fois une touche jazzy -, nous confirme tout le bien que l’on pense de nos dandys flamands et souligne la vitalité de la scène rock belge. Habitué à nous chanter l’amour et la solitude, Balthazar nous parle cette fois du temps et de l’incapacité à jouir de l’instant présent - comme une fenêtre sur nos vies depuis 1 an - et parvient néanmoins à nous charmer avec ce disque élégant, sexy et prophétique.


La Note de Manu : 8.5/10

Pochette de l'album "Sand" de Balthazar (sortie le 26.02.2021)

“Sand” de Balthazar, LP 11 titres sorti le 26 février 2021 chez Play It Again Sam / PIAS Records

Tracklist : 

1. Moment (3:28)

2. Losers (3:26)

3. On a Roll (3:59)

4. I Want You (4:17)

5. You Won’t Come Around (5:20)

6. Linger On (4:21)

7. Hourglass (3:56)

8. Passing Through (3:32)

9. Leaving Antwerp (4:01)

10. Halfway (2:48)

11. Powerless (4:10)




Credits Photo : © David Tabary

Credits Photo : © Ferdy Damman


Manu de RAN

[INTERVIEW] Patrón : "Je ne me suis imposé aucune barrière, aucune limite."


Imposé dans le milieu du stoner avec Loading Data depuis les années 2000, Patrón (et faite rouler le r à la mexicaine svp), vient de montrer qu'il ne peut y avoir qu'un seul roi du stoner en France en sortant un premier album solo époustouflant, digne des plus grosses prod américaines. Dès les premières notes de l'album avec le titre "Room With A View", le ton est donné avec une guitare sonnant comme une alarme, et va vous embarquer loin, très loin même, jusque dans le désert du Nouveau Mexique quelque part entre Albuquerque (connu avec la série Breaking Bad) et Roswell. 

Êtes vous prêt pour le voyage ? Embarquement immédiat.


"Room With A View", 1er single sorti le 17 avril 2020.

RAN : Salut Patrón, on t'as connu avec Loading Data bien évidemment. Et l'année dernière, tu arrives avec ton nouveau projet solo, intitulé simplement Patròn. Comment est né ce projet?

Patròn : Le projet est né de l’envie de sang neuf. Ca faisait 20 ans que j’avais monté Loading Data et il était temps de tenter autre chose sans pour autant abandonner Loading Data qui reste mon bébé. J’avais composé un tas de morceaux dont je ne savais pas quoi faire. J’ai fait écouter les maquettes autour de moi. J’ai eu beaucoup de réactions enthousiastes donc je me suis décidé à les envoyer à Alain pour lui proposer de produire l’album. Il a accepté et je me suis envolé pour L.A. 


Quelles différences y a-t-il entre Patrón et Loading Data alors ? Que t'apporte ce nouveau projet ?

Dans Loading Data je me suis enfermé dans un genre et je ne m’autorisais pas à divaguer. Avec Patrón je fais ce que je veux. Je ne me suis imposé aucune barrière, aucune limite. J’ai enregistré ce qui me venait. Et curieusement tout est venu très vite et a rapidement formé un tout homogène et cohérent. Ca a été une forme de libération.



Combien de temps ça t'as pris pour faire cet album ?

J’ai mis 1 an je pense. Mais il y a eu 6 mois très prolifiques où tout m’est venu naturellement, comme une évidence. J’ai un temps hésité à proposer aux membres de Loading Data et je me suis ravisé en me disant qu’il était temps que je prenne mon courage à deux mains et que je démarre cette nouvelle épopée. Pas facile de tout reprendre à zéro après 20 ans de Loading Data mais je ne regrette pas d’avoir pris cette décision.


Tu as encore collaboré avec le mythique producteur Alain Johannes, qui avait produit les 2 albums de Loading Data, mais là, il fait aussi parti des musiciens. Qu'est-ce qu'il a apporté à l'album en tant que musicien, en plus d'être également le producteur ?

Alain et moi on se connaît depuis 10 ans. On est devenu de bons amis. C’est quelqu’un de sensible, de fin et de très talentueux. Il a su me déchiffrer dès les premiers enregistrements de Loading Data en 2012. Il a tout de suite pigé la direction que je voulais prendre. Il comprenait tout ce que j’entendais et que je n’arrivais pas forcément à formuler ou à retranscrire.  A l’époque il avait donc non seulement produit mais aussi déjà participé en tant que musicien sur l’album Double Disco Animal Style de Loading Data. Quelques guitares, quelques basses, des chœurs etc… Mais en effet cette fois c’est lui qui a géré toutes les basses mis à part sur 3 titres où ces dernières sont assurées par Nick Oliveri. Sans compter, certaines guitares, des claviers, des chœurs  etc etc ...



Les 2 prochaines questions viennent de mon vieux pote Igor, qui est ultra fan de ce que tu fais depuis un bout de temps, j'me suis dis que ça serait dommage de ne pas le faire participer à l'interview. Voici ses questions :

Igor : Alain Johannes a réussi à faire sortir le meilleur de toi en tant que producteur, car il commence à bien te connaître. Est-ce que tu retravailleras avec lui dans un futur proche ? Penses-tu qu'un jour, il t'appellera pour bosser sur l'un des nombreux projets de son pote Josh ?

Haha. Josh n’a pas besoin de moi. Il a bien assez de talent comme ça. Je doute qu’Alain ne m’appelle pour ça. Josh aurait bien trop peur que je lui fasse de l’ombre et que je prenne sa place dans les Queens qui du coup deviendraient les Kings of the Stone Age. Je plaisante bien entendu. Mais bien sûr que je compte travailler de nouveau avec Alain. On en a déjà discuté. Alain n’ayant plus son studio 11AD, j’avais dans l’idée de faire ça au mythique Rancho de la Luna à Joshua Tree mais vu les circonstances actuelles ça devra peut-être attendre le 3eme album. J’ai une autre idée en tête mais il faut encore qu’elle se concrétise.


Sur cet album, tu t'es entouré de grands noms de la scène rock internationale, comme Barrett Martin, Joey Castillo et Nick Oliveri. Et leur point commun, c'est qu'ils ont tous joués avec  Mark Lanegan. Qu'est ce ça te fait de te retrouver entouré par toutes ces pointures? Est-ce qu'un jour, on verra Mark sur l'un de tes albums ?

Nick et Joey je les connais depuis un bon moment. Nick est un vieux pote depuis les débuts de Loading Data. J’étais ravi qu’ils viennent jouer tous les deux sur l’album mais c’était surtout jouer avec Barrett qui m’excitait par-dessus tout. C’est celui que je connaissais le moins bien et dont je suis un grand fan depuis l’album de Mad Season. L’avoir sur le disque était un honneur et un rêve d’adolescent. Si on m’avait dit il y a 22 ans quand j’ai monté Loading Data qu’un jour tous ces mecs joueraient sur mon album et qu’en plus Alain le produirait, je t’aurais ri au nez. En ce qui concerne Mark, j’ai déjà pensé à lui proposer mais les choses ne se sont pas faîtes. Sur Patrón il était aussi question que Flea et Jack Irons apparaissent mais les emplois du temps ont fait que c’est partie remise. Qui sait, peut-être pour le prochain album ? Tout est possible. Je ne prévois rien. J’aime bien quand les choses se font à l’improviste.


"Very Bad Boy", 3ème single sorti le 22 mai 2020.


On sent une grosse influence cinématographique dans cet album, d'ailleurs tu en parle dans la description sur Bandcamp, avec une référence du célèbre réalisateur Roberto Rodrigez. De quel genre de films tu t'es inspiré pour cet album ?

J’aime beaucoup le cinéma indépendant américain, mais te dire que c’est un film qui m’a inspiré cet album serait un mensonge. Ce qui m’inspire c’est le quotidien. Ce sont mes expériences, c’est ce que j’entends autour de moi, ce sont les relations entre les êtres humains, nos travers, les histoires de cul et de cœur, les malheurs et les moments heureux de la vie… le tout bercé par les paysages de mon enfance : l’ouest américain.   


Roberto Rodriguez et Tarantino ont collaborés sur le film "Une Nuit En Enfer". Perso, je verrais bien un titre de l'album dans le prochain film de Tarantino, pas toi ?

J’attends justement son coup de fil ! 


Bon, revenons à l'album. Les 2 premiers singles sont sortis en pleine explosion de la crise sanitaire dû à la covid 19. D'ailleurs le clip "Who Do You Dance For", sorti en mai 2020, a été fait avec des vidéos de vos fans en plein confinement. Penses-tu que l'album a eu un accueil différent avec le covid ?

Au départ j’ai pensé que sortir le disque en pleine pandémie n’était pas l’idée du siècle. Puis l’équipe de Klonosphere, mon label, m’a convaincu du contraire. Ils ont eu raison. Finalement les gens n’avaient rien de mieux à faire que de rester chez eux à écouter de la musique donc je crois que ça a finalement plutôt joué en notre faveur. Certes on n’a pas vendu autant de disques que si on avait pu partir en tournée mais ça finira bien par revenir à la normale.  


"Who Do You Dance For?", 2ème single sorti le 4 mai 2020.


Comment a t'il été accueilli à l'étranger ?

Très bien. Sur les plateformes de streaming ce sont les USA et la Grande-Bretagne qui sont en tête des écoutes depuis la sortie du disque. Et bon nombre de disques sont partis là-bas aussi. On a eu de très bons retours presse en Angleterre en particulier. 


Si tu devais décrire ton album en quelques mots ?

Groovy, sexy, aérien mais dark. 


Peut-on considérer cet album comme l'album de la maturité ?

Non ça me donnerait un coup de vieux. L’album de la maturité ça sera un Best of posthume.  


Comment nous conseilles tu d'écouter l'album pour s'immerger le mieux dans son univers ?

Heureux, au soleil, avec une margarita au mezcal à la bouche.


Et est ce qu'il y aura une suite à Patrón ?

J’y compte bien. L’album est en cours d’écriture. Avec un peu de chance on pourra l’enregistrer cette année. 




Merci Patròn d'avoir répondu à nos questions.

Merci à vous d’avoir pris le temps de m’écouter ! 


Le premier album de Patrón est sorti le 29 mai 2020 chez Klonosphère. 



Retrouvez Patrón sur son site officielBandcampFacebook et Instagram




Gian, mars 2021.

mercredi 3 mars 2021

Album Review : "For The First Time" de Black Country, New Road (Sortie le 05.02.2021)

Credits Photo : © XLR8R

« Rock N’ Roll is dead ». C’est du moins ce qu’affirme le slogan sur le tee-shirt du mec qui est en train de faire pisser son chien sur les platebandes de mon voisin au moment où j’écris ces lignes. « Les groupes ne savent plus ce qu’est le rock n’ roll » me disait mon collègue l’autre jour, lui qui n’écoute que Led Zeppelin, les Clash et Oasis depuis plus de 25 ans. J’en viens à me dire qu’ils ont peut-être raison au fond…

Nous sommes en 2021 et nous sommes toujours en quête du groupe qui saura imposer sa patte sur la décennie et faire sortir la tête de la jeunesse de toutes les merdes prédigérées que les radios de FM nous vendent à grand renfort de pubs pour des diurétiques. Un leader qui donnerait le ton de la décennie et qui influencerait de nombreux groupes émergents. Il n’est pas impossible que cette figure de proue s’appelle IDLES ou Fontaines D.C., mais il est trop tôt pour le dire. Et surtout, ce serait oublier un peu vite que la Grande-Bretagne se révèle être plus que jamais un exceptionnel vivier de talents oeuvrant dans un univers punk / post-punk. On peut citer des groupes comme The Murder Capital, Sorry, The Orielles, Squid ou Black Midi, qui sont en train d’ouvrir la voie à une nouvelle ère pour la musique à guitares.

Credits Photo : © New Sound Mag

Un septet comme Black Country, New Road fait incontestablement partie de ces artistes singuliers, qui ne sont pas uniquement guidés par la nostalgie mais qui lorgnent plutôt vers l’avenir et tentent de faire tomber les frontières, de casser les codes du genre. Et ce n’est pas le passage de leur 1er album “For The First Time” sur ma platine qui sera de taille à me contredire ! A l’écoute de celui-ci, je ne peux m’empêcher de penser que quelque chose se trame du côté de Londres…

Credits Photo : © Reddit

DES INFLUENCES ALLANT DU POST-ROCK AU FREE JAZZ

Pour autant, entendons-nous bien : je ne pense pas que ce disque constitue l’acte fondateur de cette nouvelle ère, même si seul le temps nous le dira. Pour l'instant, cet effort se révèle être une œuvre passionnante, qui pose des bases solides sur lesquelles le septet devra capitaliser et bâtir. Dans ce 1er « court » LP - ou peut-être devrais-je dire ce 1er très long EP -, la musique des londoniens est remarquablement mature, en particulier pour de si jeunes artistes, mais elle est aussi magnifiquement chaotique et merveilleusement dévergondée.


Une grande partie de l’énergie du septet est judicieusement utilisée pour atteindre des sommets qui justifient l’attente interminable des fans. Il semblerait que BNCR n’ait pas encore atteint la dynamique et le même niveau de maîtrise qu’un groupe comme Godspeed You! Black Emperor par exemple, mais il lui reste de nombreuses années pour s’améliorer. Après tout, nos amis de The Inspector Cluzo ne nous disaient-ils pas il y a quelques temps que l’on « ne peut pas sortir son “Harvest” du 1er coup »…

Credits Photo : © Bristol in Stereo

Durant les premiers instants de l’excellente “Science Fair”, la musique semble errer un peu, mais heureusement, les britanniques se ressaisissent très vite et l’ultime partie de la chanson est si brillante que vous oublierez instantanément cette intro légèrement sinueuse. Ce disque frappe par son extrême cohérence, malgré des influences hétéroclites, telles que le post-rock, l’art rock et le free jazz. Ce savant dosage d’inspirations et d’influences diverses nous donne une sorte de fatras bordélique où se côtoient morceaux frénétiques - mais néanmoins très dansants - comme “Instrumental”, décoctions raffinées telles que “Track X”, qui apporte un soulagement bienvenu avec ses chœurs apaisants contrastant avec la diction impassible du conteur Isaac Woods, et pistes labyrinthiques, à l’image de “Opus”, voyage cauchemardesque qui clôture ce disque en apothéose.


Avec ce “For The First Time”, on a l’impression que, pour la première fois, un 1er disque est parvenu à capturer le rock des années 2020. Évidemment, l’ajout de violons et de saxophones pourrait en perturber certain(e)s, mais la façon dont le groupe utilise ces instruments est véritablement exaltante et permet au septet de développer son goût pour l’expérimentation musicale. C’est inspirant et mieux, cela nous suggère que les londoniens sont capables de nous surprendre et d’atteindre des sommets insoupçonnés. Mais même si nous n’en sommes pas encore là, il manque finalement bien peu de choses à Black Country, New Road pour prétendre à rejoindre dans le coeur des fans les Fontaines D.C., Shame et autres IDLES.

Credits Photo : © Wikimedia

BLACK COUNTRY, NEW ROAD RESSUSCITE LE POST-PUNK

Quelque part, nous pouvons remercier Theresa May et Boris Johnson, car sans leur Brexit, nous n’aurions peut-être pas assisté à une telle déferlante post-punk en provenance d’Outre-Manche… Alors, même si j’ignore toujours dans quelle catégorie ranger vraiment Black Country, New Road, cela n’empêche pas le groupe londonien de s’afficher comme l’un des groupes de live les plus furieux des dernières années. Devant autant à Godspeed! You Black Emperor, John Coltrane que The Fall, avec sa vingtaine à peine passée, Black Country, New Road ressuscite le post-punk et s’affirme comme l’un des futurs grands de la scène anglaise.


Combinant un sens torturé de la composition, une instrumentation lugubre et anxiogène, des paroles cryptiques et un chanté-parlé captivant, Black Country, New Road m’a touché en plein coeur. Si jamais mon palpitant venait à s’arrêter, soyez-en sûrs : “For The First Time” sera la dose d’adrénaline dont il aura besoin pour repartir. Mais ce 1er opus sonne avant tout comme un immense majeur levé à celles & ceux qui affirment que pour faire une bonne chanson rock, il faut faire court. Car avec Black Country, New Road, plus c’est long, plus c’est bon. Je regarde par la fenêtre : le clébard a disparu et son maître aussi. Non décidément, le rock n’est pas mort. Il s’est même rarement si bien porté...


La Note de Manu : 8.5/10

Pochette de l'album "For The First Time" de Black Country, New Road (sortie le 05.02.2021)

“For The First Time” de Black Country, New Road ; LP 6 titres sorti le 05 février 2021 chez Ninja Tune Records

Tracklist :

1. Instrumental (5:27)

2. Athens, France (6:23)

3. Science Fair (6:20)

4. Sunglasses (9:51)

5. Track X (4:44)

6. Opus (8:01)



Credits Photo : © Maxwell Grainger

Credits Photo : © Wikimedia


Manu de RAN

mardi 2 mars 2021

[INTERVIEW] 5 Questions à... Silmarils : « Ce concert au Bataclan, ce sera le feu... on est chaud comme la braise ! »

© Courtesy of Warner Music France

Il y a un peu plus de 25 ans (26 pour être précis), une jeunesse française avide de rock et en mal d'idoles depuis la disparition brutale de Kurt Cobain l’année précédente s’ouvrait au hip-hop et voyait poindre l’aube d’une nouvelle ère avec l’arrivée dans le « game » d’un groupe de potes originaires d’Evry-Courcouronnes : Silmarils, « éclats de pure lumière » en quenya.

Leur 1er album éponyme “Silmarils” marqua son époque - et bien au-delà ! - et propulsa le groupe francilien au firmament de ce rap-metal, véritable phénomène de société porté par des légendes comme Limp Bizkit ou Rage Against The Machine, entre autres. Pour toute une génération, ce disque fut une véritable claque, une révélation, et préfigurera une carrière menée tambour battant, durant laquelle le septet évryen - 6 musiciens + 1 DJ - collectionnera les albums et - surtout - les lives frénétiques. Car plus que pour tout autre groupe, un concert de Silmarils est une expérience extrême, comparable à celle d’être embarqué(e) dans le cratère d’un volcan en fusion.

Son long silence discographique - plus de 10 ans - fut vite oublié lorsque Silmarils annonça son retour sur scène en 2020 pour célébrer les 25 ans de son 1er album éponyme. Un retour malheureusement différé à cause du COVID et de sa « gestion assez pourrie » par l’exécutif, et désormais programmé pour le 05 novembre prochain dans la « fournaise » du mythique Bataclan. Et pour couronner le tout, la fine équipe guidée par son chanteur David Salsedo a réédité ce 1er LP le 23 octobre dernier, dans une splendide édition limitée avec vinyle orange 180 grammes. Un objet de toute beauté, histoire de graver dans les microsillons du vinyle cet album culte du rock français et de célébrer ces 25 années passées à saper l’autorité et à combattre cette injustice évoquée dans nombre de leurs titres, et qui n’a jamais semblé autant d’actualité.

© Longueur d'Ondes

Une superbe réédition & un live au Bataclan qui s’annonce dantesque… Chez Rock Alternative News, Manu s’est dit que cela valait 5 petites questions à l’un des groupes cultes de son adolescence… Rencontre.


Rock Alternative News : Salut les gars, ça fait plaisir de vous retrouver ! Le public vous a découvert il y a 25 ans avec votre album éponyme, “Silmarils”. Quel regard portez-vous sur les 2 décennies et demi qui viennent de s’écouler, tant au niveau musical que global ?

Silmarils : Alors, en 25 ans, il y a eu à la fois énormément de mutations, notamment en terme de technologies et de circulation de l’information, et dans le même temps, une permanence, voire une amplification des problématiques qui commençaient à émerger à la fin des années 90, et dont nous parlions déjà à l’époque : primauté de l’économie sur l’humain (se référer à “Tant Que Parle l’Economie”), démantèlement des services publics, accroissement des inégalités riches-pauvres (cf “Cours Vite”), politique spectacle (“Communication”)... etc.


Donc pour résumer, en 1995, toutes ces problématiques étaient déjà amorcées, mais elles se sont aggravées, pour finir en 2021 avec l’explosion du discours populo démago de tous bords, sans parler du fait qu’aujourd’hui, la société dans son ensemble est « baguée » (comme le dit Alain Damasio), « tracée », et qu’on assiste à un rétrécissement de la sphère privée et à une certaine forme de « flicage », pas uniquement de la part de l’Etat, mais de sociétés privées !!! Pour ceux qui connaissent la série culte des années 60 « Le Prisonnier », ben on n’en est pas loin. En un mot, ce dont nous parlions en 1995 aurait pu relever de la dystopie. Sauf qu’en 2021, nous vivons dans cette dystopie. C’est “Black Mirror” quoi ! ;-))

En ce qui concerne l’évolution musicale, l’industrie a été totalement transformée avec l’arrivée de la dématérialisation des contenus, notamment le streaming, la « disparition » quasi-totale du rock et des vrais batteries ;-)) dans les médias généralistes, et la déferlante de la musique urbaine, dans laquelle le pire côtoie le meilleur. Donc oui... le « game » s’est transformé. Si l’on rajoute qu’au moment où nous répondons à ces questions, il n’y a plus une seule salle de spectacles ouverte, alors oui, les choses ont changé… Et pas forcément en mieux.

© DR

RAN : Ce 1er opus est (ré)édité pour la 1ère fois en vinyle depuis le 23 octobre 2020. Pouvez-vous nous expliquer comment et quand vous est venue cette envie de graver ces chansons dans le vinyle ? Ca vous titillait depuis longtemps ?

S : L’idée de faire des vinyles, nous l’avons toujours eue. Mais il est vrai qu’à nos débuts, les labels ne se bousculaient pas pour sortir les albums en vinyle. Aujourd’hui, il y a un vrai intérêt du public pour l’objet vinyle, ce qui est une excellente chose ! Nous sommes ravis avec Silmarils d’avoir enfin pu sortir notre 1er LP sous cette forme. Et en plus, à l’occasion des 25 ans de ce premier album, mais aussi de la reformation du groupe. Le succès rencontré par la réédition vinyle prouve que c’était une bonne idée, d’autant que l’objet est vraiment joli, que nous avons travaillé pour ça : Nouveau mastering spécifique au vinyle, choix du graveur, artwork… etc. Ce n’est pas juste un « décalco » du CD, il y a la volonté de proposer un objet qualitatif au public. On était comme des fous quand on a reçu nos exemplaires ! ;-)) On avait 12 ans ! ;-))

© Rock Alternative News

RAN : Sans vous mentir, cet album a été l’une des vraies grosses claques de mon adolescence. Comment expliquez-vous que certaines des chansons, comme “Cours Vite”, “Love Your Mum”, “L’Agresse” ou “Mackina”, soient devenues - et restées - des classiques du répertoire rock français ?

S : Je pense que les textes et les thèmes évoqués dans ces chansons trouvent un écho incroyable en ces temps pour le moins incertains. Au hasard des thèmes abordés : déconnexion entre les élites et le peuple (“Cours Vite”), explosion de la question religieuse (“Victimes de la Croix” & “Love Your Mum”), question de la justice pour tous (“No Justice, No Peace”). Ils étaient déjà au coeur des préoccupations à l’époque !!! Pas mal, hein pour un album qui a un quart de siècle ? ;-))


Mais comme on l’a déjà dit, tout - ou presque - était déjà là. Sur ce 1er album, en ce qui concerne l’écriture, on se rapprochait d’une forme « journalistique », et d’une analyse sans concession, mais avec aussi des partis pris, parfois un peu « provoc », sur le monde tel que nous le voyions et les dangers que l’on voyait se profiler à l’horizon. C’est particulièrement visible sur un titre comme “Killing Da Movement”. Mais en réalité, on espérait se tromper. En fait, c’est le « worst case scénario » qui l’a emporté (« le pire scénario » en VF). Ça peut nous donner raison a posteriori, mais ce n’est pas une victoire. On aurait préféré se gourer sur toute la ligne. Après, si cet album est maintenant considéré - c’est toi qui le dis, pas nous ! ;-)) - comme un classique du Rock Français, c’est le plus beau compliment que l’on puisse nous faire !


© Jeff Cabella

RAN : Vous deviez fêter le 25ème anniversaire de “Silmarils” par un concert événement le 5 mars 2020 au Bataclan, show finalement reporté au 5 novembre prochain. Que pouvez-vous nous en dire ? Doit-on s’attendre à des surprises ? Cette volonté de retrouver la scène et votre public est-elle la seule raison de votre retour ?

S : Ce concert du Bataclan le 05 Novembre 2021 est un rendez-vous extrêmement important pour nous. Déjà, et avant tout, on est tellement heureux de se retrouver. Il faut remettre les choses dans leur contexte : nous ne sommes pas un groupe comme les autres !!! ;-)) Nous sommes un groupe de potes d’enfance, un groupe de lycée qui a gravi toutes les marches ensemble, avec toujours le même line up, un groupe de « frangins ». Comme dans “Hélène et les Garçons” (pour les gens nés avant 2000 ! ;-)) )... Mais en mode Punk !

C’est pour ça que cette « reformation » - qui n’en n’est pas vraiment une, car nous ne nous étions jamais « déformés » mais juste interrompus - est un vrai bonheur pour nous. Même si les contretemps liés à la crise sanitaire, et surtout sa gestion assez pourrie en réalité, diffèrent un peu ce plaisir de remonter sur scène ensemble. Mais le concert aura lieu… quoi qu’il arrive… Nous avons pris des options sur les salles jusqu’en 2028 !!! ;-)) Ça va être incroyable. Il faut que les gens se rendent compte : on n’en peut plus d’attendre, on est chaud comme la braise !! On veut y aller, on veut retrouver le public qui a tout de suite été au rendez-vous quand nous avons annoncé notre retour. Il ne reste que quelques places pour le Bataclan, malgré le contexte, le vinyle est un succès…

Bref, honnêtement, nous ne nous attendions pas à ça. On en profite d’ailleurs pour remercier tous les gens qui nous suivent et nous soutiennent. Ils sont là… Et nous aussi ! Ce qui est incroyable aussi, c’est que nous avons tenu à réunir de nouveau l’équipe de nos débuts. Warner, notre label d’origine, a accepté immédiatement notre idée de ressortir le 1er album en vinyle. Respect ! Peter Murray, celui qui nous a découverts en 1995, a aussi accepté de reprendre du service à nos côtés, ainsi qu’Alias, notre tourneur / agent de toujours. C’est marrant, ça va à l’encontre de certains clichés que nous avions sur le « show biz ». Il peut y avoir des sentiments. La preuve ! La famille au grand complet est réunie. C’est juste mortel. Tous les acteurs de l’époque sont là !!! On est fin prêt, on peut y aller. C’est ça, l’esprit Silmarils : une famille, pas un truc de mercenaires. En ce qui concerne le concert du Bataclan lui-même, oui il y aura des surprises, mais on ne peut pas trop en dire plus pour le moment.

© Facebook Officiel Silmarils

RAN : Soyons honnêtes… Pour les fans, il est impensable que ce concert au Bataclan soit juste un « one shot »… En vrai, ça ne vous titille pas un peu de repartir en studio ensemble pour un nouvel album ?

S : La question de savoir si ce concert sera un « One Shot » ou pas est encore en suspens. Mais bien évidemment, la tournée et les festivals… On y pense… On l’envisage… Mais aujourd’hui, c’est un peu difficile de se projeter. Mais nous en parlons, bien sûr. Pour un nouvel album… On verra… Mais on en parle aussi ! ;-)) Pour l’instant, on se concentre sur le Bataclan, le 05 Novembre. On veut vraiment que ce soit le feu, un concert mémorable, pour nous comme pour le public. Et ça le sera… !


RAN : Merci beaucoup d’avoir accepté de nous répondre… et on se voit le 5 novembre au Bataclan !

S : Merci à toi !


© Alias Production

Nous souhaitons remercier sincèrement les membres de Silmarils pour leur gentillesse, leur bienveillance et leur confiance. Recueillir la parole de certaines de mes idoles d’adolescence fut non seulement un plaisir mais avant tout un rêve qui se réalise. Et ça pour le petit garçon qui sommeille en moi, c’est précieux ! Alors, merci infiniment les gars… You Rock !

De plus, je souhaite le meilleur aux membres de Silmarils dans l'optique d'un hypothétique nouvel album et espère avoir le plaisir de les retrouver sur scène le 05 novembre prochain au Bataclan. Et évidemment, si ce concert événement peut enfin avoir lieu, je vous raconterai tout.


Propos recueillis par Manu de RAN le 1er mars 2021