jeudi 11 mars 2021

Album Review : "Sand" de Balthazar (Sortie le 26.02.2021)

Credits Photo : © FIP

Je vous en avais parlé lors de la publication de “Fever” en 2019 : la sortie d'un nouvel album des belges de Balthazar est toujours marquée pour moi par un mélange d’impatience et d'allégresse… Il faut dire que le quintet avait frappé fort il y a 2 ans… en marquant son retour par un album qui dicte la fièvre pour tous les soirs de la semaine.

Deux ans plus tard, les flamands nous montrent avec l’arrivée de leur nouvel opus “Sand” qu'ils n’ont en rien perdu leur sens aiguisé de la mélodie et du contre-pied. Les 11 titres groovy, élégants et sexy de ce disque sont - certes - loin des guitares indie-rock de leurs débuts mais dans la parfaite lignée des 11 chapitres précédents.

Credits Photo : © Lorient le Jour

Avec “Sand”, le 5ème album des dandys belges, les alchimistes Maarten Devoldere et Jinte Deprez aiguisent à nouveau leur sens de la chanson contagieuse, juxtaposant leurs voix de manière éminemment séduisante tout en approfondissant leurs paysages sonores rythmés - entre indie-rock & dance-rock - explorés tout au long de leur discographie, à commencer par leur opus précédent, “Fever” sorti en 2019.

UN ALBUM PORTE PAR LES ALCHIMISTES MAARTEN DEVOLDEERE & JINTE DEPREZ

Ce LP s’ouvre sur “Moment” et ses percussions, dont les battements et les textes nous plongent directement dans le thème principal de l’album : le temps. Ce temps dont paradoxalement nous semblons cruellement manquer ou que nous peinons à savourer dans le contexte sanitaire actuel. Mais pour autant, Balthazar continue de nous inonder des bonnes vibrations dont il est coutumier, souvent portées par des choeurs enivrants et une ligne de basse incisive.

Credits Photo : © Tim Van Kleunen

Ouvrant sur ce 1er temps fort, “Sand” poursuit sur la même lancée avec le single “Losers”, où Maarten Devoldere s’inspire de sa discographie en solo sous l’alias Warhaus, offrant une voix sulfureuse et prophétique, qui n’est pas sans rappeler Leonard Cohen. Le refrain tendu est irrésistiblement porté par le fausset contrasté de Jinte Deprez, soutenu par une ligne de basse tourbillonnante et des rythmes largement inspirés du jazz. Le titre suivant “On a Roll” vous séduira immédiatement, avec son chant à la Alex Turner - le chanteur des Arctic Monkeys - et un refrain aigu et surtout ultra-accrocheur, aux accents pop dansants, qui vous conduira tout droit au Nirvana.


Avec sa basse synthétique, ses rythmes soutenant une ambiance très dance et la voix légèrement sinistre de Maarten, “I Want You” évoque le Arcade Fire de l’album “Reflektor”. C’est délicieusement mélancolique et cela nous donne une impression d’apesanteur. Tandis qu’avec “You Won't Come Around”, le groupe originaire de Courtrai explore plus profondément ses accointances dance-rock, et parvient à créer une alchimie entre la disco pop des Bee Gees, le “Oracular Spectacular” de MGMT et les récentes incursions psychédéliques de Kevin Parker avec Tame  Impala, “Hourglass” pourrait rappeler à certains auditeurs les derniers travaux de Cage The Elephant, le couplet maussade cédant la place à un refrain propulsé par un contre-ténor, bouillonnant et instantanément séduisant.

Credits Photo : © Rock N' Fool

Avec “Passing Through”, Balthazar ralentit le rythme et nous offre une piste plus spacieuse et texturée, imprégnée d’une belle énergie dramatique grâce - notamment - à l’ajout de cordes tremblantes dans les ultimes instants de la piste. Ensuite, une chose frappe à la (re)découverte du refrain de “Halfway” : celui-ci sonne comme une réinterprétation de la mélodie de l’immense tube des Rolling Stones “Miss You”, la voix aux accents R&B de Jinte Deprez en plus. Ce R&B si typique de son album solo “Running Days”, publié en 2017 sous le pseudonyme de J. Bernardt. Puis l’album se termine avec “Powerless” et son piano qui ne détonerait guère dans l’ambiance enfumée d’un bar lounge en fin de soirée. D’ailleurs, les rythmes EDM rétros de ce morceau donnent sûrement le titre le plus atmosphérique de l’album.


Difficile de ne pas apprécier ce disque dès lors que vous l’avez ouvert, puisque vous aurez fait le plus dur, c’est-à-dire passer la pochette hideuse : une photographie d’une sculpture de l’artiste hollandais Magriet Van Breevort, “The Man Who Waits”, censée illustrer la gêne que l’on peut ressentir dans une salle d’attente. Chez nous, la gêne est plutôt provoquée par ce visuel car - soyons honnêtes - on peut difficilement faire plus moche !

Credits Photo : © RTS

UN DISQUE GROOVY & SOPHISTIQUE

Mais revenons à l’essentiel… Avec “Sand”, les 2 chanteurs nous proposent des performances vocales très captivantes. Développant encore davantage le style dynamique de Balthazar, savant mélange de pop, d’indie-rock et de dance-rock, “Sand” capitalise sur le potentiel évident du quintet originaire de Courtrai et nous montre que Maarten Devoldere & Jinte Deprez constituent probablement l’un des duos créatifs les plus talentueux du rock contemporain.


Digne successeur du très bon “Fever” et porté par ses influences éclectiques et sensuelles, ce 5ème album nous emmène dans un rock indé encore plus groovy et sophistiqué - avec cette fois une touche jazzy -, nous confirme tout le bien que l’on pense de nos dandys flamands et souligne la vitalité de la scène rock belge. Habitué à nous chanter l’amour et la solitude, Balthazar nous parle cette fois du temps et de l’incapacité à jouir de l’instant présent - comme une fenêtre sur nos vies depuis 1 an - et parvient néanmoins à nous charmer avec ce disque élégant, sexy et prophétique.


La Note de Manu : 8.5/10

Pochette de l'album "Sand" de Balthazar (sortie le 26.02.2021)

“Sand” de Balthazar, LP 11 titres sorti le 26 février 2021 chez Play It Again Sam / PIAS Records

Tracklist : 

1. Moment (3:28)

2. Losers (3:26)

3. On a Roll (3:59)

4. I Want You (4:17)

5. You Won’t Come Around (5:20)

6. Linger On (4:21)

7. Hourglass (3:56)

8. Passing Through (3:32)

9. Leaving Antwerp (4:01)

10. Halfway (2:48)

11. Powerless (4:10)




Credits Photo : © David Tabary

Credits Photo : © Ferdy Damman


Manu de RAN

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