mardi 28 décembre 2021

Live Report: THE JESUS AND MARY CHAIN au Bataclan Paris le 05/12/2021


 Dimanche 5 décembre 2021, un dimanche froid et humide. Nous avons rendez-vous avec The Jesus And Mary Chain qui jouent ce soir au Bataclan. Le temps est de circonstance avec cette tournée qui s’articule autour de l’album « Darkland », dans lequel Jim Reid clame qu’il est heureux quand la pluie tombe. Nous arrivons un peu avant l’ouverture des portes et la file d’attente ne comporte que quelques personnes suffisamment motivées pour se geler un peu dehors. Heureusement il ne pleut plus. Nous sommes dans les premiers, nous serons donc au premier rang, c’est une bonne chose.




La première partie est assurée par un groupe écossais Rev Magnetic. Leur musique oscillant entre shoegaze et dream pop avec quelques textures R&B est ma foi intéressante. On apprécie particulièrement les nappes de guitares et l’incursion du violon. Seul point noir à ce tableau musical, les balances ne sont pas parfaitement réalisées et ne mettent pas en valeur les subtilités de la musique proposée par le groupe de Glasgow. Après les quelques minutes nécessaires pour apprivoiser ce style de musique, le public semble être convaincu et apprécier. Luke Sutherland s’étant blessé lors d’un précédent concert, une rupture du tendon d’Achille, il a une jambe dans le plâtre qui l’oblige à faire son concert assis, ce qui ne l’empêche pas d’assurer ses parties de guitare et de violon. C’est donc la bassiste, Audrey Bizouerne, une Française installée à Glasgow, qui assure le show sur scène, le second guitariste adoptant la posture shoegaze. Petite mention spéciale au batteur, Sam Leighton, qui lui aussi aura assuré sa partie avec brio. Certains rythmes nous rappellent d’ailleurs l’âge d’or du post punk, autre influence qu’il faut ajouter à Rev Magnetic, notamment celui de la nouvelle chanson (dédicacée à Hélène). Une belle première partie donc, d’un groupe à suivre (en plus ils sont écossais).




Les Jesus And Mary Chain pénètrent sur la scène bien évidemment plongée dans une quasi-obscurité et les nappes de fumée. Jim Reid, maintenant qu’il s’adresse au public, nous annonce le programme. Le concert est composé de deux sets. Dans le premier, c’est l’album Darklands, le second album du groupe qui date de 1987, qui sera joué en intégralité. Le second set sera lui composé de titres de divers albums qui devraient rappeler des souvenirs aux plus anciens de l’audience. Ce premier set est sans surprise, mais on redécouvre cet excellent second album du groupe, un de leurs meilleurs, parfaitement interprété ce soir. Jim et William Reid, les deux frères, ont changé depuis leurs débuts, mais la musique elle est toujours aussi intéressante, même s’il n’y a plus la découverte qui accompagnait celle-ci dans les années 80, les Jesus And Mary Chain ont été les précurseurs de ce qui sera ensuite le shoegazing. Mais l’attitude a changé. Fini l’arrogance des débuts, Jim s’adresse au public, certes de manière encore parcimonieuse, et finalement on préfère ça. Le son est impeccable, ni trop fort, ni trop faible, on distingue bien tous les instruments. Les riffs et solos de William sont fidèles à ce qu’on a toujours connus et finalement appréciés : simples mais terriblement efficaces, on le réalise de nouveau avec l’intégralité de Darklands.




 

La voix de Jim Reid, qui n’a jamais été très puissante, a gardé sa clarté malgré les années qui ont passé. Bon, Jim garde tout de même certains vieux réflexes comme celui de tourner régulièrement le dos au public, mais il n’y a plus de défi dans ce comportement. On s’achemine donc dans une atmosphère tranquille vers la fin du set, l’album « Darklands » privilégiant les atmosphères et les mélodies. Après un petit break de cinq minutes les musiciens reviennent sur scène pour le second set. Nous observons un changement, plus de rythme dans ce second set. Le groupe a choisi pour cette tournée 2021, des titres de toutes les époques, mais capables de faire bouger le public.




 
On débute avec « Happy Place » que les JAMC n’avaient pas joué depuis 1988, avant d’enchaîner sur le rythmé « Everything’s Alright When You're Down » datant de 1987 mais pas joué depuis 1992. Sur « Taste of Cindy », tiré de Psychocandy, ça commence à remuer dans la salle, et tout le monde reprend en chœur les ho ho ho. Puis nous avons droit à deux titres, anciens mais jamais joués en live avant cette tournée de 2021, « Drop » de 1989 et « God Help Me » de 1994. On voit que le public est moins familier avec ces chansons. Le titre le plus récent est « Up Too High ». « I Love Rock n’ Roll » remet la pêche, et le set se termine en apothéose, le public se déchainant de plus en plus sur les derniers titres comme « Moe Tucker », « Come On » et le strident « Kill Surf City », des chansons qu’on avait plus entendues depuis les années 90 en live. On sent les coups dans le dos. Bon, cela reste tout de même très raisonnable, on a déjà beaucoup plus souffert en fosse. Mais ça bouge enfin. Et Jim Reid se fend de remerciements au public pour être venu les voir.





Le rappel commence par le classique «Just Like Honey» pour lequel Jim est rejoint au chant par Audrey des Rev Magnetic, et le concert se termine par une de leur toute premières chansons « Never Understand ».






Rien de neuf donc dans ce concert en termes de musique, mais une plongée un peu nostalgique dans cette décade de la fin des années 80 à 90. Un groupe et un public apaisés, qui ne cherchent plus qu’à se faire plaisir sans excès. Hé bien, moi j’achète, car on en sort finalement contents, on a passé un très bon moment, avec de la bonne musique, un excellent light show, et dans une bonne ambiance. Les excès seront pour l’après pandémie !

Setlist:

  1. Darklands
  2. Deep One Perfect Morning
  3. Happy When It Rains
  4. Down on Me
  5. Nine Million Rainy Days
  6. April Skies
  7. Fall
  8. Cherry Came Too
  9. On the Wall
  10. About You
Second set
  1. Happy Place
  2. Everything's Alright When You're Down
  3. Taste of Cindy
  4. Drop
  5. God Help Me
  6. Up Too High
  7. I Love Rock 'n' Roll
  8. Moe Tucker
  9. Come On
  10. Kill Surf City
Rappel:
  1. Just Like Honey (avec Audrey Bizouerne)
  2. Never Understand

Jean O de Rock Alternative News



Live Report: AND ALSO THE TREES à La Maroquinerie Paris le 29/10/2021



Enfin! La maroquinerie est ouverte. Quelques jours après la réouverture de la salle de concert que nous affectionnons particulièrement chez RAN, nous avions rendez-vous avec le groupe de post punk And Also The Trees. Quel bonheur de fouler de nouveau la (petite) salle parisienne que nous avions quitté en mars 2020 après le superbe concert d’Algiers. Et qui plus est pour voir le quintette britannique And Also The Trees que nous attendions de pied ferme depuis le 5 juin 2020, date initiale maintes fois reportée. Mais nous y voilà, nous étions présents, le public aussi, le concert est sold out, ainsi que le groupe, ce qui n’est pas si évident à cause de la pandémie et du brexit qui conjuguent leurs efforts pour faire avorter les tentatives de concerts des groupes britanniques de ces derniers mois. Nous retrouvons aussi avec bonheur les habitués des concerts que nous n’avions pas vus depuis un moment pour certains d’entre eux.





Pas de première partie pour ce concert, ce qui nous permet de papoter gentiment pendant presque une heure et demie avec ceux qui nous ont accompagnés ou ceux que nous n’avions pas vus depuis quelque temps. La Maroquinerie a fait peau neuve, mais il faut avouer que nous ne percevons certainement pas tous les changements tellement les souvenirs sont maintenant anciens.
Le concert commence avec l’arrivée de Justin Jones, le guitariste, qui commence à nous emmener sur les chemins un peu austères de la musique du groupe anglais en bricolant les sons de sa guitare comme il sait si bien le faire. C’est ensuite Simon Huw Jones, le chanteur et leader de la formation, qui apparaît, s’avançant lentement sur la scène de manière très théâtrale. Ils sont bientôt rejoints par Colin Ozanne qui les accompagne au saxophone.  Le concert est lancé, le ton est donné, nous aurons droit à tout ce qui fait la saveur de And Also The Trees, à savoir un concert conçu comme une vraie pièce de théâtre composée de mélodies imparablement belles, ponctuées par les textes poétiques écrits par le chanteur. C’est particulièrement vrai avec le premier titre qui suit l’intro, « My Face Is Here In The Wild Fire », déclamée plus que chantée, nous sommes dans la poésie romantique et sombre d’un mois de novembre.




Pendant, donc, que Simon nous joue sa pièce, toujours aussi habité par son rôle, Justin Jones, lui, nous distille les multiples sonorités de sa guitare, passant du son de la mandoline à celui plus aérien obtenu par son ebow. Les autres musiciens ne sont pas en reste, le bassiste Grant Gordon, aux faux airs de Peter Hook (quelques kilos en moins cependant), nous assène ses phrasés typiques du post punk et de la new wave, tandis que le batteur nous abreuve de ses frappes sèches et ses froissements de cymbales. Colin Ozanne, quand il n’accompagnera pas ses compères à la guitare, habillera tout cela de ses touches de clarinette envoutantes, qui nous charmeront comme si nous étions des serpents à sonnettes, ou l’enveloppera de ses nappes de claviers brumeuses comme les matins d’automne. C’est une pièce tout en introspection qui se joue devant les spectateurs, une tension intérieure communiquée par Simon, même si parfois la musique se termine dans le plus beau des fracas. Le public, majoritairement des fans de la première heure, est en pleine communion avec les musiciens, accompagnant les changements de rythmes de leurs encouragements, et ponctuant chaque fin de morceau par un tonnerre d’applaudissements. Les musiciens seront sensibles à cette ferveur et Simon remerciera le public à de nombreuses occasions. 



Le dernier acte du set sera de toute beauté avec la parfaite « Dialogue », à la Stranglers, la magnifique et très dark, à la Bauhaus, « This Is Silence », une des premières chansons du groupe, et la gothique, à la Sisters of Mercy, « Virus Meadow ». Les musiciens quittent la scène, le public réclame bien évidemment un rappel à grand bruit. Après les deux premières chansons du rappel, Simon s’inquiète de l’heure et vient vérifier celle-ci auprès d’un des spectateurs du premier rang, et fait signe au reste du groupe de lancer le titre qui clôturera la soirée « Slow Pulse Boy ». 40 ans après leur formation, les And Also The Trees savent toujours nous offrir des moments de pure beauté artistique et une émotion largement partagée par le public. On ne pouvait espérer mieux pour retrouver La Maroquinerie !






Setlist :

  1.   Intro
  2. My Face Is Here in the Wild Fire
  3. Vincent Craine
  4. Shantell
  5. Your Guess
  6. Maps in Her Wrists and Arms
  7. The Suffering of the Stream
  8. Wallpaper Dying
  9. Rive Droite
  10. Boden
  11. (in a bed in) Yugoslavia
  12. Brother Fear
  13. Missing
  14. Dialogue
  15. So This Is Silence
  16. Virus Meadow
Rappel:
  1. Prince Rupert
  2. Bone Carver(s)
  3. Slow Pulse Boy


Jean O de Rock Alternative News