mercredi 25 novembre 2020

Album Review : "III" de Fuzz (Sortie le 23.10.2020)

Credits Photo : © Mowno

À moins d’une surprise de dernière minute, 2020 marquera simplement la 2ème année - depuis ses débuts en 2008 - sans album solo de Ty Segall. Pour autant, le rockeur californien n’est pas resté inactif cette année. En effet, il a sorti un album avec son nouveau projet noise rock Wasted Shirt - réalisé en collaboration avec Brian Chippendale de Lightning Bolt - et a aussi enregistré un EP de reprises de Harry Nilsson. Et cerise sur le gâteau, il était de retour le 23 octobre dernier avec un 3ème album de son trio power rock psychédélique Fuzz, sobrement baptisé “III”.

Après avoir sorti successivement 2 albums en très peu de temps, Fuzz semblait lancé mais ses membres ont éprouvé le besoin de prendre leur temps. Ainsi, après avoir beaucoup expérimenté dans “First Taste”, son album solo de 2019, Ty Segall - et donc Fuzz - marquent leur retour à la musique rock brute alimentée par la guitare de Charles Moothart, la basse de Chad Ubovich et la batterie de Ty Segall.

Credits Photo : © Denee Petracek

Avec “III”, 5 ans après sa dernière production, on a le sentiment que Fuzz a la volonté d’appuyer sur le bouton de réinitialisation et de repartir sur les bases qui ont réuni ses membres à l’origine. En effet, sur leur double album “II” en 2015, Ty Segall, Charles Moothart et Chad Ubovich ont étiré et « bidouillé » leur son proto-métal dans toutes les directions, tandis que sur “III”, tout reprend sa forme d’origine. Contrairement aux dernières productions de Segall, vous ne retrouverez ici aucune fioriture psychédélique orientale, pas d'arrangements de cordes, pas d’incursion vers le space-jazz. Même la voix revient à sa plus simple expression.


Ici, l’accent est mis sur les forces élémentaires du trio : des riffs de la taille d'un brontosaure, un chant acéré et les mélodies acides de Ty Segall, dont aurait très bien pu accoucher John Lennon s’il s’avait collaboré avec Tony Iommi de Black Sabbath et Bobby Liebling de Pentagram au début des années 70. Avec “III”, nous avons à faire à un album de Ty Segall mais avec un fond plus costaud, plus méchant, où le mélange de grunge et de Big Star du titre “Spit” mais aussi la très punk & Thin Lizzy-ienne “Mirror” trouveront aisément leur place au milieu de “Break a Guitar” & “She” au panthéon des chansons les plus teigneuses et les plus rebelles du stakhanoviste californien.


D’ailleurs, “III” ressemble davantage au prolongement de “Deforming Lobes”, le disque live de Ty Segall sorti en 2019, qu’à du Fuzz. Et comme “Deforming Lobes” nous l'a prouvé l’an passé, lorsqu'il s’agit de capter l’énergie d’un groupe dans son style le plus brut et le plus primitif, personne ne vaut le vénérable producteur Steve Albini, qui parvient à merveille à capturer la personnalité, l’essence et la nature insolente du trio.

Credits Photo : © Mix Online

Même si Fuzz se délecte de nous proposer cette forme d’agression amplifiée, l’énergie du trio est finalement plus malicieuse et subtile qu’il n’y paraît. Ainsi, la piste d’ouverture “Returning” est à la fois réconfortante et complexe. Sur “Nothing People”, le trio nous propose un rythme propulsif qui rappelle Can, avant de se confronter à un boogie que Grand Funk Railroad n’aurait guère renié. Et même lorsque Fuzz semble proche de sombrer dans un blues-rock un peu convenu - comme dans l’intro de “Time Collapse” - les musiciens déploient tout leur arsenal pour le bousculer, qu’il s’agisse des exultations vocales de Ty Segall, des rythmes agités de Chad Ubovich ou des riffs extravagants de Charles Moothart.

Credits Photo : © Robot Butt

Le travail du producteur Steve Albini apporte vraiment un punch viscéral à cet effort, permettant aux solos de Charles Moothart d’être valorisés par la section rythmique qui gronde en arrière plan. Et là où “II” voyait sa piste-titre dériver dans l’inconnu pendant plus de 13mn, “III” se conclue sur un morceau de 7mn - “End Returning” - qui capture l’essence même du son de Fuzz, largement influencé par Black Sabbath, mais qui culmine également lors de ses incursions dans le rock progressif et le hardcore, avant de se transformer en un garage punk vicieux pour une fin de disque vénéneuse et fiévreuse.


Sur son 1er album en 5 ans, le trio de Ty Segall revient à ses fondamentaux, un rock stoner familier aux accointances power metal. Mais contrairement à ses 2 sorties précédentes, Fuzz embrasse cette fois pleinement le son simple mais efficace du hard rock de la fin des années 60 et du début des années 70. Porté par les performances vocales féroces de Moothart et Segall, qui portent en elles l’ADN de ce disque, “III” sonne live et organique, et nous propose également une multitude de moments instrumentaux mémorables, de “Spit” à “End Returning”. Cette fois, c’est sûr… Là où auparavant vous ne pouviez que vous hasarder à effectuer des comparaisons, vous pouvez désormais ériger officiellement Fuzz au rang de successeur n°1 de Black Sabbath et Alice Cooper.


La Note de Manu : 8/10

Pochette de l'album "III" de Fuzz (sortie le 23.10.2020)

“III” de Fuzz, LP 8 titres sorti le 23 octobre 2020 chez In The Red Records

Tracklist :

1. Returning (3:02)

2. Nothing People (3:28)

3. Spit (2:45)

4. Time Collapse (6:12)

5. Mirror (2:55)

6. Close Your Eyes (4:41)

7. Blind To Vines (5:12)

8. End Returning (7:45)



Credits Photo : © Chris Rod

Credits Photo : © Pop Press International


Manu de RAN

mardi 17 novembre 2020

Album Review : "Letter To You" de Bruce Springsteen & The E Street Band (Sortie le 23.10.2020)

Credits Photo : © Apple

Le 17 janvier 1975, Bob Dylan sortait son 15ème - et peut-être meilleur - album, “Blood On The Tracks”. A peine 6 mois plus tard, un natif du New Jersey dont les 2 premiers albums étaient passés presque inaperçus sortait son 3ème disque enregistré en 14 mois. Son nom : Bruce Springsteen. Avec cet album intitulé “Born To Run” réalisé en collaboration avec son groupe The E Street Band, Bruce Springsteen publiait ce qui est encore à ce jour son meilleur disque et devenait une superstar, s’affirmant ainsi comme « le nouveau Dylan », à défaut d’être déjà « le Boss ».

Quarante-cinq ans plus tard, en 2020, Bob Dylan a sorti son 39ème album studio, “Rough And Rowdy Ways”. Un disque absolument génial. Incontestablement l'un de ses meilleurs depuis 1975. Et comme une fatalité, 6 mois plus tard, Bruce Springsteen sort à son tour son excellent 20ème album, “Letter To You”. Une fois de plus, cela montre que les légendes ne meurent jamais.

Credits Photo : © The Boston Globe

“Letter To You” est un nouveau disque à classer dans la catégorie des chefs d’oeuvre intemporels. A 71 ans, le Boss marche sur les traces de Bob Dylan, David Bowie ou Leonard Cohen en mettant en musique ses réflexions sur la mort. Car les 12 chansons de cet opus sont autant de ruminations sur l’amour, la perte et le fait de vieillir. Il se dégage de ce “Letter To You” la même énergie et la même urgence que contenait “Born To Run”. Et surtout, c’est si bon. Vraiment.


Dès les premières paroles de la piste d’ouverture “One Minute You’re Here” - « Big black train comin’ down the track » - nous sommes en territoire familier. Sauf que cette fois, le train ne conduit pas un jeune homme plein d’espoirs et de rêves vers un avenir meilleur. Il ramène au bercail un homme au crépuscule de sa vie. Si cela pourrait vous faire penser à “Born To Run”, c'est probablement parce que 3 des chansons de cet opus - parmi lesquelles “Janey Needs A Shooter” - ont été écrites au début des années 70.

Ce qui est de suite évident à l’écoute de ce disque, c'est que l’alchimie entre Bruce Springsteen et le E Street Band n’a jamais été si forte et que leur énergie n’a pas diminué avec le temps. Les percussions de Max Weinberg tonnent et rugissent, portées par la basse de Gary Tallent, tandis que les guitares de Springsteen, Steven Van Zandt et Nils Lofgren régalent dans une forme d’exubérance brûlante. Le piano de Roy Bittan - qui constitue l’essence même du son historique du E Street Band - nous emmène dans des voyages mélodiques et initiatiques au plus profond de notre mémoire. Le saxo de Jake Clemons fournit un écho étrange et obsédant à celui de son oncle Clarence, décédé en 2011. Et inutile - j’imagine - de vous expliquer que le reste du groupe est au diapason…

Credits Photo : © Rolling Stone Magazine

Si vous vous décidez à écouter cet album, je vous conseille de le faire « à l’ancienne », en une seule session, afin de pouvoir déceler les échos du passé qui flottent à chaque instant dans cet effort. La piste d’ouverture “One Minute You’re Here” trouve le Boss fatigué et harassé, pensant aux amis qu'il a perdus, ses acolytes du E Street Band Clarence Clemons & Danny Federici en tête. Ce titre rappelle en quelque sorte les sessions de Johnny Cash avec Rick Rubin dans les années 90. La voix de Springsteen y est plus rugueuse que jamais et superposée aux notes de guitare acoustique et de piano, elle lui permet de méditer sur la condition humaine.

Credits Photo : © La Voix du Nord

Le Boss passe ensuite aux choses sérieuses avec la piste-titre “Letter To You”, où les jeux de batterie, de guitares électriques et d’orgue sonneront familiers, tout en proposant des textes avec un regard introspectif sur la vie qui s’écoule. Puis vient “Janey Needs A Shooter”, la première des anciennes chansons évoquées précédemment. Ce qui frappe à sa découverte, c’est qu’elle aurait pu être une sorte de « piste cachée » de “Born To Run” avec ses guitares triomphantes, ses accords soulignés par les sonorités d'orgue, sa mélodie de piano et son refrain efficace.


A l’instar de toutes ces nouvelles chansons, “Last Man Standing” infuse une bonne dose de nostalgie tout en conservant une note d’espoir grâce au solo de saxophone féroce de Jake Clemons, qui ressuscite l’esprit courageux et le jeu impeccable de son oncle. L’hymne le plus mémorable de cet album est probablement “House Of A Thousand Guitars”, avec sa belle mélodie interprétée au piano et reprise par la voix de Bruce Springsteen, qui déverse sa colère dans le texte de la chanson. L’album atteint ensuite son paroxysme et prend tout son sens avec “Ghosts”, une chanson épique qui rappelle “Born To Run” et qui propose un contraste exaltant avec la nostalgie du thème de ce disque. Le Boss y célèbre la mémoire de ceux qui sont partis à travers une mélodie déchirante et un refrain imposant.


“I’ll See You In My Dreams” clôture le disque et offre une vision spirituelle de l’au-delà portée par des solos de guitare musclés et un E Street Band en pleine forme, Springsteen expliquant que « la mort n’est pas la fin ». Pourtant, la célébration la plus intéressante de la vie et de l’héritage de Springsteen ne vient peut-être pas de ses réflexions modernes sur la mort, mais dans l’inclusion d’un trio de chansons issues de sa jeunesse : “If I Was The Priest”, “Janey Needs a Shooter” et “Song For Orphans”, qui ont été écrites il y a près de 50 ans, avant la sortie de son 1er album “Greetings From Asbury Park, NJ” en 1973.

Credits Photo : © RTL

Après avoir publié son autobiographie “Born To Run” en 2016 et interprété à 236 reprises son one man show “Springsteen on Broadway”, à 71 ans, le Boss écrit donc un nouveau chapitre de sa légende et pense à son héritage. Dans “Letter To You”, il réunit tous ses trésors et souvenirs retrouvés avec la vigueur et la rapidité d’un jeune homme. Du haut des 12 titres de cette oeuvre profondément sincère et personnelle, Bruce Springsteen envoie un message à ses contemporains et nous prouve que malgré ses plus de 40 ans de carrière, il est toujours au sommet de sa forme. Car dans ce disque, chaque chanson est un rêve. Synthèse puissante du passé et du présent, le méditatif et triomphant “Letter To You” nous montre la force que l’on peut trouver dans le chagrin, et se révèle être le meilleur album de Springsteen depuis très longtemps. Le Boss est vivant… Vive le Boss !


La Note de Manu : 9/10

Pochette de l'album "Letter To You" de Bruce Springsteen & The E Street Band (sortie le 23.10.2020)

“Letter To You” de Bruce Springsteen & The E Street Band, LP 12 titres sorti le 23 octobre 2020 chez Columbia Records

Tracklist :

1. One Minute You’re Here (2:58)

2. Letter To You (4:55)

3. Burnin’ Train (4:03)

4. Janey Needs a Shooter (6:49)

5. Last Man Standing (4:06)

6. The Power Of Prayer (3:37)

7. House Of a Thousand Guitars (4:30)

8. Rainmaker (4:57)

9. If I Was The Priest (6:51)

10. Ghosts (5:55)

11. Song For Orphans (6:13)

12. I’ll See You In My Dreams (3:29)



Cliquez pour écouter "Letter To You" de Bruce Springsteen sur YouTube


Credits Photo : © Rock N' Reviews

Credits Photo : © Les Echos



Manu de RAN

dimanche 15 novembre 2020

Album Review: UNDERVOID "Le Noir Se Fait" ... Désir

 


Avis à ceux que la musique des années 90 évoque de bons souvenirs. Des groupes actuels font revivre cette époque qui, en France, a vu l’apogée de Noir Désir et l’apparition de No One Is Innocent, et Rage Against The Machine aux USA. Un de ces groupes du renouveau du rock français revendicatif s’appelle Undervoid. Ils viennent de Strasbourg et après 4 EP qui ne sont pas passés inaperçus, le quatuor, composé d’Arnaud au chant, Marc à la guitare, Mathias à la basse et Alexandre à la batterie, sort son premier album au doux nom de « Le Noir Se Fait ». La galette toute chaude sortie des presses le 23 octobre, comporte dix titres, autant d’uppercuts et de de droites pleines face qui vous cueillent aussi surement que le ferait un Mohamed Ali sur le ring. 

©A.Pfleger

Côté style musical, on navigue entre Noir Désir, plusieurs titres et la façon de chanter y font penser, comme « Addict », « On Va On Vient », « Le Noir Se Fait » ou « Un Regard A Suffi », ou No One Is Innocent avec « Bouffon de Roi » ou « Alea Jacta Est », mais aussi Rage Against The Machine comme sur « Je Suis Né Peuple ». Mais en fait pas seulement. Malgré ces références 90s, l’ensemble reste imprégné de heavy rock plus classique des 70s. Impossible en effet de ne pas penser à Led Zeppelin par exemple. On est donc dans un mélange des genres qui pourrait affirmer une identité propre à ce nouveau groupe. Petite mention spéciale pour le titre un peu moins énervé que les autres, « Un Regard A Suffi », et son rythme lancinant, qui apporte un peu de calme tout en étant puissant. On aime particulièrement la guitare qui sonne juste sur le solo, les notes sont choisies, ce n’est pas la rapidité mais l’intention qui est mise en avant, et ça fait mouche ! 

©A.Pfleger

Pour les paroles Undervoid est un groupe qui ne mâche vraiment pas ses mots, comme savaient si bien le faire Noir Désir ou No One Is Innocent, pour ne garder que des références françaises. Côté musique on apprécie le guitariste qui vous envoie des riffs en veux-tu en voilà, et des petits solos bien sentis qui restent courts et évitent ainsi de nous ennuyer. La basse est bien présente, et c’est elle d’ailleurs qui rythme magnifiquement le dernier titre de l’album « La Machine », en martelant le tempo de la trotteuse du travail à la chaine, sujet de la chanson. On retient d’ailleurs la capacité du groupe d’illustrer musicalement le propos des paroles et c’est peut-être ça qui le rend particulièrement intéressant. Pour parachever cette adéquation parfaite entre le propos et la musique, l’enregistrement est très organique, très proche du live. Pas de fioriture, c’est du brut. Energique sans être brutal. Il faut dire que le quatuor strasbourgeois s’est adjoint les services d’un autre Alsacien de qualité pour la réalisation, en la personne de Rémi Gettliffe qui s’occupe aussi, entre autres, de Last Train et Dirty Deep, belles références pour ceux qui aiment le rock français. Plusieurs titres seront à n’en pas douter repris en chœur par le public lors des sessions live, quand celles-ci auront la bonne idée de reprendre.



©A.Pfleger

La pochette est très réussie aussi, belle comme une pochette des Pixies, avec cet œil qui vous fixe et semble fouiller le fond de votre âme, et une étude anatomique qui, on ne sait pourquoi, vous évoque Metropolis de Fritz Lang.

Avec ce premier album Undervoid s’affirme comme un groupe qui va compter dans le paysage du rock français engagé.


samedi 14 novembre 2020

Album Review : "Power Up" de AC/DC (Sortie le 13.11.2020)

Credits Photo : © Sony Music

Une bouffée de chaleur m’envahit en cette fin septembre 2020 lorsque je reçois sur mon smartphone une alerte lourde de sens pour tous les amoureux de rock : AC/DC rebranche le son… Hautement improbable il y a encore quelques temps, entre les problèmes d’audition de Brian Johnson, les démêlées judiciaires de Phil Rudd, la retraite de Cliff Williams et le décès de Malcolm Young, cette annonce fait naître en moi un fol espoir, vite douché par le souvenir du pas franchement transcendant “Rock Or Bust” en 2014.

Et pourtant… Récemment malmené par les épreuves de la vie, AC/DC est de retour semble-t-il en super forme. Profitant de l’évolution de la science, le chanteur Brian Johnson a recouvré l’essentiel de son audition, tandis que le batteur Phil Rudd mettait enfin de côté ses ennuis judiciaires, que le bassiste Cliff Williams est opportunément revenu sur sa mise à la retraite et que Stevie Young s’est glissé tranquillement dans les oripeaux de son oncle Malcolm. Et que dire d’Angus ? Le seul membre fondateur restant, le maître de la guitare, celui qui amène du liant à l’ensemble... bref, le métronome.

Credits Photo : © Eric Canto

Celles & ceux qui s’imaginent qu’après plus de 45 ans, AC/DC va se renouveler et évoluer en seront une nouvelle fois pour leur argent. Car dans ce disque, le groupe australien reste évidemment dans le même créneau. La patte AC/DC, ce que le groupe fait - avec une constance remarquable - depuis 1973, c’est de nous livrer une musique riche en énergie et en riffs saturés, le tout infusé d’un groove qui ferait danser même un cul-de-jatte. A titre personnel, ça me va très bien et je ne l’envisage pas autrement.


Bien sûr, cela n’aurait plus d'importance si les chansons de ce nouvel album - “Power Up”, sorti le 13 novembre dernier - étaient bas de gamme. Mais fort heureusement, dès que “Realize” démarre dans un rugissement typique d'AC/DC, on sait immédiatement que ce repos leur a fait le plus grand bien et que cet album s’annonce sous les meilleures auspices...


Avec cette piste teintée de blues à l’héritage “Thunderstruck” indéniable, portée par une avalanche de riffs qui répond à un torrent de caisse claire, on a les poils qui se dressent et on sent que l’ouragan va nous emmener avec lui. “Realize”, morceau d'ouverture de ce 17ème album studio est à peine achevé que je décèle en lui tous les ingrédients pour s’imposer comme un classique du groupe. Ah autre chose, sans vouloir manquer de respect à Axl Rose, qui ressemblait plus vocalement à une vieille drag queen lors de la fin de la dernière tournée, sans Brian Johnson, AC/DC ne serait plus le même. Alors, certain(e)s me rétorqueront sûrement que la “vraie” voix historique d’AC/DC c’est Bon Scott mais Brian Johnson a au moins autant sa place que ce dernier au panthéon du rock, et heureusement, l’anglais est véritablement de retour et il assure une prestation vocale de 1er choix. En effet, à peine remis d’un “Rejection” au riff ciselé, à la frappe homérique et aux paroles d’une efficacité glaçante, que Bon Scott n’aurait guère reniées, nous voici plongé(e)s dans le 1er single publié, la très bluesy “Shot In The Dark”, sur laquelle Brian Johnson semble avoir retrouvé sa jeunesse gouailleuse sur des textes aux métaphores très évocatrices.

Credits Photo : © Orange Musique

Au milieu de ce magma sonore jouissif, le groupe s'autorise même quelques fantaisies étonnantes mais réjouissantes, comme la très Helter Skelterienne “Kick You When You're Down” ou la beaucoup plus pop “Through The Mists Of Time”, dont je pressens qu’elle se bonifiera avec le temps comme le grand vin. Mais le son lourd typique du groupe revient ensuite de plus belle avec l’épopée rock jouissive et frénétique de “Demon Fire” et la force tranquille aux accents hyper bluesy de “Wild Reputation”, des titres qui évoquent l’album “Powerage” et pourraient rapidement entrer au Panthéon des pépites blues rock.


Avant de clôturer ce disque d’une brièveté presque frustrante (36mn seulement !), AC/DC nous propose la très efficace et particulièrement sale “No Man’s Land”, qui sonne comme un futur classique, ainsi que l’hyper accrocheuse et implacable “Money Shot” et son riff grondant à faire pâlir d’envie la mécanique la plus sophistiquée. Une fin d’album à écouter en poussant le volume sur l’autoroute pour l’Enfer…


A noter que toutes les chansons de cet album sans réelle fausse note ont été co-écrites par feu Malcolm Young, puisque la majorité d’entre elles date semble-t-il de la période de “Black Ice” en 2008. Pour autant, ne vous avisez pas de croire qu’il s’agit de chansons de seconde zone car ce disque s’avère être une course passionnante, qui évoque les prémices de Brian Johnson aux côtés des frères Young, “For Those About To Rock” ou “Flick Of The Switch” en premier lieu. En plus, l’équipe du producteur Brendan O'Brien et de l'ingé son Mike Fraser a fait un travail propre et sans fioritures certes, mais tout de même admirable en redonnant vie au son emblématique du groupe, vivant et éclatant.

Credits Photo : © La Voix du Nord

Mais au moment où les choses prennent fin avec “Code Red”, une réflexion m’assaille : repens-toi ô détracteur qui avait osé blasphémer en avançant que : « AC/DC était fini depuis longtemps ». Car ce 17ème album réjouissant n’est pas seulement un merveilleux hommage à la mémoire de Malcolm Young, et n’agit pas uniquement comme un shoot d’adrénaline, mais également comme une décharge qui - tour à tour - vous surprendra, vous déridera et vous décrassera les esgourdes. Mais surtout, “Power Up” se révèle être une déflagration furieuse qui signe le retour au premier plan de l’une des 7 merveilles du hard rock. AC/DC rebranche le son… Prenez garde à ne pas mettre les doigts dans la prise à force d’être électrisé(e) !


La Note de Manu : 8.5/10

Pochette de l'album "Power Up" de AC/DC (sortie le 13.11.2020)

“Power Up” d’AC/DC, LP 12 titres sorti le 13 novembre 2020 chez Columbia Records / Sony Music Australia

Tracklist :

1. Realize (3:37)

2. Rejection (4:06)

3. Shot In The Dark (3:06)

4. Through The Mists Of Time (3:32)

5. Kick You When You’re Down (3:10)

6. Witch’s Spell (3:42)

7. Demon Fire (3:30)

8. Wild Reputation (2:54)

9. No Man’s Land (3:39)

10. Systems Down (3:12)

11. Money Shot (3:05)

12. Code Red (3:31)



Cliquez pour écouter "Power Up" de AC/DC sur YouTube


Credits Photo : © Loud Wire

Credits Photo : © RefrainS



Manu de RAN



(Ré)écoutez le Rock Alternative Show du 03 septembre 2020 sur les Racines Blues de AC/DC



jeudi 12 novembre 2020

[INTERVIEW] Nebulizar : Le bon death, c’est des gars sympas qui sont méchants sur scène !


La ville d'Epernay est bien connue pour être la capitale mondiale du champagne, et risque bien d'être connue aussi pour son death métal représentée avec le groupe Nebulizar. Leur nouvel album intitulé "Apprehension", commence par une intro de 47s avec des chants de moines tibétains, et dès les premières notes du groupe sur la 2ème piste "A Distant Area", on sait ce que l'on écoute, du Death ... et du très bon. Avec cet album, Nebulizar vous prend et vous retourne dans tous les sens, et même les personnes qui ne sont pas fans de death métal, pourraient bien être conquises. Les influences et les références sont très vastes chez eux, et le résultat est juste incroyable. Déjà qu'avec leur premier ep très prometteur sortir en 2018 "Near Death Experience", certaines sonorités nous faisaient penser parfois à du Cure ou du Killing joke. Et sur ce nouvel opus certaines parties de chant, tenues par Guillaume (guitare) et Robin (basse), nous font penser à du Serj Tarkian de SOAD ou à du Till Lindemann de Rammstein. Mais il serait bien regrettable de s'arrêter à de si simples comparaisons, car Nebulizar a bel et bien son ADN, et le prouve dans un superbe album de 9 titres, sortie chez Klonosphère aujourd'hui. Avec Apprehension, Nebulizar est tel un char d'assaut, prêt à partir à la conquête du métal en France avec ses 9 titres chargés dans son canon, et ça va faire mal.


RAN : Salut les gars, comment ça va ?

Guillaume : Ça va super, merci beaucoup !
Rodolphe : Impeccable !
Robin : On se fait chier! Mais ouais ça va.

Cette année a été vraiment compliquée pour que les groupes puissent se réunir et enregistrer de nouveaux morceaux. Quand est-ce que votre nouvel album a été enregistré/mixé et masterisé ?

Guillaume : Il a été enregistré fin 2019, courant 2020 et mixé, masterisé courant septembre !
Rodolphe : Les prises de l’album datent d’il y a presque un an, effectivement avec la situation actuelle nous avons pris du retard. Mais l’album va enfin pouvoir sortir, et nous étions impatient !


Il s'est passé 1 an et demi entre la sortie de votre 1er ep, Near Death Experience, et la sortie de votre 1er album, Apprehension. J'imagine que le groupe a grandi et appris pas mal de choses depuis. Quelles sont les évolutions que vous avez remarquées entre les deux? 

Guillaume : Beaucoup de choses, on veut aller plus loin dans les démarches de compositions et d’écriture ! Ce qui nous a demander de travailler d’avantage nos instrus et paroles ! Obtenant ainsi quelque chose de plus technique et plus sincère qu’auparavant!
Robin : Oui et l'on aspire à toujours grandir dans ce sens, apprendre de nouvelles choses, vivre de nouvelles expériences, et déchirer le cul de la scène.
On est capable d'être d'avantage patient, et avoir une meilleure communication.
Rodolphe : Comme tout le monde nous restons bloqués chez nous, et forcément cela laisse plus de temps pour se recentrer sur ses passions. Donc oui, la situation est propice à la création.

Quels sont les sujets abordés dans vos textes ?

Guillaume : Des sujets qui nous questionnent comme la mort, le deuil, le profit, la colère, l’incompréhension, les énergies …....
Robin : Le meilleur des moyens pour ne pas s'emmerder en musique, est de parler de sujet triste, ou violent, la joie et les choses accomplis, c'est ennuyeux pour ma part.
Rodolphe : Tout est basé sur la nature humaine, ses sentiments, sa condition… ce n’est pas forcément voulu, mais forcé que constater que c’est le cas !


Comment se déroulent l'écriture et la composition chez vous ?

Guillaume : Tout le monde apporte sa patte a la chanson, Robin a pas mal de demos dans le placard, moi également ! On s’en sert et on les réadapte à notre niveau, en les modifiants dans le sens évolutif du groupe !
On enregistre chacun des riffs ou démos, dans notre coin a la maison et on se les balance dans Dropbox, chacun apporte son avis et ses idées dessus et hop, au boulot !
Robin : On a usé de plusieurs méthodes, soit en répète, tous ensemble, soit à deux, soit tout seul, des fois, j'écris, des fois c'est l'autre etc... Pas vraiment de rôles pré-définis, car on test tout de tout le monde, même les trucs pourris, c'est une sorte de démocratie.
Rodolphe : Effectivement, Robin et Guillaume apporte en général le squelette de base du morceau. Puis nous retravaillons tout ca en répète, on modifie, on change des riffs, on discute, bref, c’est un travail d’équipe.

Est-ce les zones de chaos, comme on en connait depuis plusieurs mois, sont propices dans la composition et l'écriture pour un groupe ?

Guillaume : Je pense personnellement que ça va jouer, ça été le cas pour nous, le premier confinement est tombé avant nos prises voix ! D’où une énergie plus accentuée que sur l’ep ! Pour ce qui est question d’écriture on a “No Choices” qui est tout indiqué pour ce qui se passe en ce moment ! (Privé de liberté …...) donc oui c’est propice !
Robin : Bof, on savait la plupart des gens complètements aliénés et cons avant tout ça, mais alors la, c'est pire!
J'ai tellement d'histoires ahurissantes à raconter que s'en est pas croyable, pour contre balancer, il y a des gens qu'on aime aussi.
Rodolphe : Comme tout le monde nous restons bloqués chez nous, et forcément cela laisse plus de temps pour se recentrer sur ses passions. Donc oui, la situation est propice à la création.

Sur certains de nouveaux titres, j'ai ressenti des références ou influences à des mecs comme Serj Tarkian de System Of A Down, ou Till Lindemann de Rammstein. Tout comme avec votre premier ep, il y a des passages qui me font penser à The Cure ou Killing Joke. Est-ce des groupes qui comptent pour vous ?

Guillaume : Alors pour Serj Tankian on a de la chance d’avoir Robin qui chante pratiquement comme lui (rires), Till Lindemann de Rammstein est un chanteur qui nous inspire beaucoup tous les trois mais ce n’est pas voulu ! On essaie d’avoir notre propre style sans trop piocher dans nos influences ! Mais merci des comparaisons (rires)
Robin : Vous avez trouvé tout ça?
C'est sans doute inconscient, rien n'ai copié, mais l'inspiration, oui elle est là, forcémment, "créer", c'est partir du néant...
J'adore mes influences, mais pour "the cure", je les connais dans le sketch des inconnus, et "killing joke", seulement de nom, nan vraiment ces deux derniers, je n'y est jamais tendu l'oreille.
Quand à Serj et Till, ouais Serj est un grand influenceur de mon univers musical, Till moins, même si j'aime ce qu'il fait.
Rodolphe : Que du beau monde ! mais comme Guillaume je dirai qu’on ne cherche pas à sonner comme tel ou tel personne, on fait ce qu’on aime, simplement.


Revenons à vos débuts, depuis quand et comment est né Nebulizar ?

Guillaume : Pour faire court, Nebulizar est né vraiment devant le jeu Vidéo “Metal Slug” (rires) ou Robin m’a proposé de monter un projet, c’était en janvier 2014, pour être exact !
On a composé un morceau a deux, derrière son bureau, avec protools, on a fait un clip Home Made, et hop “The Borders of Space” est né, ce qui nous a permis d’embaucher Rodo l’année d’après !
Robin : Ouais pas mieux que Guillaume pour la réponse, putain Metal Slug, try hard à mort!
Rodolphe : Personnellement, j’ai rejoint le groupe en 2015 via une annonce sur internet. Je cherchais à évoluer dans un style un peu plus « chaotique » que les codes du metal que je jouais alors.

Avec seulement 1 ep, vous avez réussis à entrer dans le prestigieux label du groupe Klone, la Klonosphère. Ça doit être quelque chose de dingue d'entrer dans un label de cette renommée ?

Guillaume : Carrément, je connais “Klone” et la “Klonosphere” depuis mes débuts à la gratte (rires) ça fait un peu bizarre d’être contacté par eux, dans le sens de savoir que ma musique sort de ma chambre (rires) ça nous fait super plaisir car on est enfin dans une spirale positive pour le groupe et ça continue de grossir ! On peut en être fier !
Robin : Pour moi c'est un pas en avant, un bon pas même!
C'est ce que l'on souhaite, encore une fois, grandir, évoluer, s'investir.
Rodolphe : C’est vraiment dingue, la klonosphère a toujours su faire connaitre des groupes de qualité, et nous somme fier aujourd’hui d’en faire partie !

Ça doit vous ouvrir des portes et offrir des opportunités qui ne se seraient peut-être jamais présentées ?

Guillaume : Tout à fait, même si la culture niveaux concert est à l’arrêt complet en ce moment, on peut se faire remarquer et peut être programmer quelques futurs live ! On y croit !
Robin : Pour l'instant le pays est un peu à l'arrêt, tâchons de garder la tête froide jusqu'à la reprise, et de toujours être créatif.
Rodolphe : Nous verrons bien, il faut avouer que cette année est compliqué pour le monde du spectacle. Nous espérons simplement pouvoir défendre cet album sur scène le plus tôt possible.

Même si l'album s'appele Appréhension, vous devez être assez confiant pour la suite des événements ?

Guillaume : On n'a pas le choix que de l’être, ce que j’espère c’est reprendre les live et le contact au public le plus rapidement possible ! In wait ….
Robin : C'est vrai qu'il est en lien avec un certain état d'esprit ce titre, on a vue simple et juste devant nos yeux pour ça, c'est comme une énigme ou tu cherche une réponse non-évidente.
Confiant, oui entre nous, on emet une certaine réserve quand à l'appréciation de la culture en France.
Rodolphe : C’est vrai que le nom de l’album fait écho à la situation actuelle, mais ce n’est qu’une coïncidence. Au moins nous somme raccord !


Malgré la période que nous traversons tous, quels sont vos projets pour les semaines et mois à venir ?

Guillaume : Le prochain album, on commence l’écriture et la composition de celui-ci ! Plus un clip mais confinement oblige, on remet ça quand on pourra se réunir à nouveau !
Robin : Des compos, des compos!
Du clip, du playthrough, merde pour moi, se sera aussi du repos de doigt, je me suis ouvert l'index gauche façon boucherie, le muscle le nerf, tout y est passé, donc la pratique, c'est pas simple, mais je me remet vite.
Et peut-être du live en ligne, si on nous à l'opportunité d'offrir quelque chose de propre (niveau son et image).
Rodolphe : Oui, nous avons commencé la composition de nouveaux morceaux. Et un clip est en projet pour un titre d’apprehension. Plus qu’à attendre de pouvoir se réunir de nouveau.

Vous écoutez quoi en ce moment ?

Guillaume : J’écoute Car Bomb, Jesus Piece, Nevermore, Devin Townsend et un groupe pas top et pas connu qui s’appelle NebuliZar (rires)
Robin : Pas grand chose, mais y'a le nouveau Deftones qui cartonne bien mes feuilles, du Daughters, du Cult Leader, l'univers Ipecac records, Leprous, Mastodon, toujours Ten years after, les Creedences, Otis redding, et Slayer bien sûr.
Rodolphe : Hum… j’essaye de me tenir informé des nouvelles sorties. Le dernier album de Kataklysm m’a bien retourné la tête notamment. Sinon un peu de prog, un peu de death, de black… bref selon l’humeur du jour.

Vous êtes originaire de Epernay, la capitale mondiale du champagne qui se trouve dans la Marne. Comment est la scène locale là-bas ? Est ce qu'il y a d'autres groupes de death ?

Guillaume : Heu, niveau local sur Epernay ce n’est pas foufou ! Ça ne bouge pas tellement, ça fait plus vieillir des futs que de taper dessus (rires) soit on ne les connait pas ! 
Robin : Il y avait un truc, je me souviens plus du nom, Rodo le sortira peut-être, mais ouais, pas dingue la scène local dans nos trous.
Rodolphe : Oui, Epernay n’est pas connu pour être la ville des concerts metal. Mais Reims et Châlons en champagne ne sont pas loin, ces villes ont des scènes locales fourni et des lieux cool ou se produire.


On termine avec la question qui tue. Êtes vous un groupe de death ou de métal ?

Guillaume : On est un groupe de metal “progressif” je dirais sans vouloir mettre d’étiquettes, le death metal, même si on est des gros fans surtout Rodolphe et moi, on ne se qualifie pas comme du death !
Robin : Non, on se colle pas d'étiquette, on fait du NebuliZar, sans prétention, mais avec fierté, on mélange des tas de trucs ensemble, donc difficile de catégoriser, je dirais plus "progressif" pour coudre l'étiquette.
Rodolphe : Je ne sais pas ce qu’on est… en vrai on s’en fiche un peu… Il y a du death, oui, mais pas que 

Et une petite dernière pour rigoler, quelle est la différence entre le bon et le mauvais death ?

Guillaume : Le bon death c’est des gars sympas qui sont méchants sur scène ! 
Le mauvais Death c’est Renaud (rires)
Robin : Le mauvais death, le mec il a pas de Spector!
Le bon Death, le mec il a une moustache, il joue vite, fort et bien, et il bois du Vitriol si tu connais.
Rodolphe : Haha regarde les inconnus et adapte tu auras ta réponse !


Merci les gars pour cette interview.

Merci Rock Alternative News ! 



Ecoutez le premier ep Near Death Experience sur Bandcamp
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Ecoutez le premier album Apprehension sur Bandcamp 



Nous remercions Julie et Pat de la Klonosphère de nous avoir branchées sur le groupe, pour réaliser cette interview.





Gian, novembre 2020 ...