jeudi 25 février 2021

Album Review : "Program & Control" de Fuzzy Vox (Sortie le 22.01.2021)

Credits Photo : © Yann Buisson

Dans une période où la sinistrose nous guette à chaque instant au gré des confinements / déconfinements / couvre-feu, nous restons à l'affût de la moindre bonne nouvelle qui viendrait poindre à l’horizon. Et quand celle-ci prend la forme d’un nouvel album des franciliens de Fuzzy Vox, on en viendrait presque à sabler le Champagne... bien qu’ils nous aient quand même fait une sacrée frayeur les petits coquins

Vous connaissez probablement l’expression « il y a des claques qui se perdent »… Voilà qui s’applique merveilleusement au trio originaire de Joinville-le-Pont. En effet, 10 ans après sa création, le trio a souhaité clôturer « en beauté » cette belle année 2020 de merde en annonçant à ses fans sa séparation, les plongeant de facto dans une détresse complète. Heureusement, avec l’arrivée de 2021, on a vite compris qu’il s’agissait en réalité d’un remarquable coup de comm’ pour annoncer la sortie de leur nouvel album “Program & Control”, publié le 22 janvier dernier.

Credits Photo : © Indie Music

A la vue de la pochette aux couleurs fluos & flashy ornée d’une borne d’arcade - identique à celles sur lesquelles beaucoup d’entre nous ont claqué l’essentiel de leur argent de poche étant ados - et à la consultation de la tracklist, qui contient en son sein un titre sublime nommé “Mario Kart”, on comprend immédiatement que Fuzzy Vox est prêt à tout pour nous faire perdre le contrôle en teintant son rock n’ roll vintage d’une pincée de synthés propres à l’univers du rétro gaming. Au passage, si vous cherchez un volontaire pour le tournage d’un éventuel clip se rapportant au mythique jeu de course automobile, je suis votre homme !

Credits Photo : © Steve Treguier & Théophile Neuville

UNE ÉNERGIE INTACTE

Voguant entre garage, âge d’or du rock indé, inflexions Bowie-esques période Ziggy Stardust et sonorités 60’s, ce 3ème LP du trio marque par son extrême cohérence et la richesse de ses héritages. Car même si les joinvillais restent profondément les mêmes, on sent que l’année et demi passée à façonner ce disque leur a permis d’apporter une épaisseur supplémentaire à leur rock n’ roll déjà dopé aux bonnes ondes. Et il faut reconnaître que nous en avons bien besoin par les temps qui courent !


Ainsi, on retrouve dans ce disque tout ce qui fait que l’on aime tant Fuzzy Vox : la basse ronde de Grégoire, la guitare percutante d’Hugo et la frappe tantôt subtile, tantôt homérique de Jérémy... mais cette fois, il y a ce petit truc en plus qui fait toute la différence. Si les 3 copains n’ont rien perdu de l’énergie communicative qui caractérise le son et les concerts de Fuzzy Vox, ils parviennent à la sublimer par l’ajout de synthés et de cuivres. A l’écoute de titres aux influences très riches tels que “Starkiller”, “Stay Here”, “Free” ou “Clowns”, on se prend à rêver à la B.O. d’un prochain Tarantino, qui ferait la part belle au combo joinvillais.


Pour autant, Fuzzy Vox ne s’interdit pas un petit passage au stand, histoire de ralentir le tempo sur des mélopées planantes comme “Spaceship” ou “Charm”, qui ne dénotent en rien au sein de l’univers survitaminé du trio. Il en va de même avec les vagues électro qui déferlent sur ses riffs trapus : loin de choquer, elles apportent un côté ensoleillé et dansant hyper plaisant à l’ensemble, des mélodies qui prendront leur vraie dimension à l’épreuve du live. Et lorsque l’on constate la nouvelle obsession du groupe pour le rétro gaming, on se dit que cela collerait à merveille à la programmation d’une prochaine Magnifique Society… Je dis ça, je dis rien ! Cédric Cheminaud*, si tu me lis…

Credits Photo : © Julien Dupeyron

DU ROCK N' ROLL VINTAGE AU MONDE DU RETRO GAMING

La conclusion de ce disque par 2 titres aux antipodes - la très Hivesque “Reggaeton” et la douce “Let You Go” - illustre à merveille le paradoxe magnifique qui habite ce disque : un rock délicieusement vintage combiné à l’univers du rétro gaming qui, pourtant, sonne furieusement actuel. Et le plus grand tour de force de cet album joyeux et nostalgique en même temps réside probablement dans le fait de réussir à faire cohabiter le “First Impressions of Earth” des Strokes et la new wave des années 70 avec le “Ziggy Stardust” de David Bowie.


Vous êtes en manque de concerts et plus globalement, de Culture ? Alors, suivez donc la prescription du Docteur Manu : plutôt que d’aller chez votre généraliste vous faire injecter un improbable vaccin, courrez écouter - et acheter - ce nouveau disque de Fuzzy Vox car il mériterait d’être remboursé par la Sécu !

Promis, je ne vous sortirai pas le couplet convenu sur le fameux « album de la maturité »… mais il n’en demeure pas moins que ce “Program & Control” blindé de références britpop et cartoonesques s’annonce comme une oeuvre fondatrice, luxuriante et follement enivrante. Un pavé dans la mare pop culture qui - plus que jamais - va devoir apprendre à prononcer le nom de Fuzzy Vox.


La Note de Manu : 8.5/10

Pochette de l'album "Program & Control" de Fuzzy Vox (sortie le 22.01.2021)

“Program & Control” de Fuzzy Vox, LP 11 titres sorti le 22 janvier 2021 en Auto-Production

Tracklist :

1. Free (3:42)

2. Clowns (3:36)

3. Stay Here (4:00)

4. Starkiller (3:56)

5. Spaceship (3:26)

6. Charm (4:15)

7. Endless Conversations (3:01)

8. Mario Kart (3:09)

9. Alone in The Summer (3:20)

10. Reggaeton (3:31)

11. Let You Go (6:40)



Credits Photo : © Steve Treguier & Théophile Neuville

Credits Photo : © Muddy

Source : © Facebook Officiel Fuzzy Vox

*NDLR : Cédric Cheminaud, en plus d’être le Directeur Général & Artistique de la Cartonnerie de Reims, est également en charge de la programmation du festival La Magnifique Society.


Manu de RAN

jeudi 18 février 2021

Album Review : "Cooler Returns" de Kiwi Jr. (Sortie le 22.01.2021)

Credits Photo : © Les InRocks

Plombé par une actualité des plus sombres, mon moral revient au beau fixe lorsque j’apprends que Kiwi Jr est de retour pour un nouveau tour de piste, intitulé “Cooler Returns” et sorti le 22 janvier dernier. Ainsi qu’ils le soulignent dans la piste titre, les membres de Kiwi Jr. ne sont ni américains, ni - malgré leur nom - néo-zélandais. Ce 2nd disque des Canadiens - le 1er sous le label mythique Sub Pop Records - fait suite à “Football Money”, sorti l’an passé. Et comme le suggère son titre, c'est vraiment le plus cool des retours.

Nous sommes en plein hiver, il fait moche dehors... Et pour être tout à fait franc, ce n’est pas vraiment la joie non plus chez nous, à cause de l’incertitude qui plane du fait de la crise sanitaire. Rouvrira ? Rouvrira pas ? Chaque jour, nous guettons le moindre signe qui nous inciterait à penser que le monde de la culture - et particulièrement, le spectacle vivant - va retrouver un semblant d’activité. Mais peine perdue pour l’instant… C'est pourquoi le retour de Kiwi Jr. se révèle être un réconfort bienvenu, qui risque de vous inciter à vous enfermer chez vous, à bouger les meubles et à pousser le volume pour transformer votre salon en dancefloor géant.

Credits Photo : © Warren Calbeck

UNE ODE AU PLAISIR

Le temps de cette écoute, vous allez considérablement augmenter votre taux de sérotonine, laisser tous vos problèmes de côté et baigner dans l’univers métaphorique créé par les mélodies joyeuses ensoleillées, ainsi que les textes amusés - et amusants - plein d’esprit du groupe originaire de Toronto. Vous vous délecterez des paroles ironiques et humoristiques, qui infusent certains titres comme “Nashville Wedding”, des allusions astucieuses de “Undecided Voters”, ainsi que d’une pincée d'absurdité délivrées avec une exubérance incomparable dans autant de mélodies flottantes, de riffs de guitares effervescents et de pop songs entraînantes.


En réalité, ce disque donne un peu l’impression d’un condensé de pop US qui se serait marié au post-punk et à l’indie britanniques, le tout saupoudré d’une poignée d’influences folkloriques américaines. Un peu comme si Pavement et Sebadoh s’étaient accouplés avec Orange Juice et The Cribs. Les titres “Guilty Party” & “Domino” en sont d’ailleurs d’excellents exemples.


A ce stade, il semble important de préciser que de nombreux petits détails apportent une texture veloutée à ces pop songs presque parfaites, à commencer par les harmonies vocales douces, l’harmonica de “Maid Marian's Toast” & “Only Here For a Haircut”, sans oublier le piano Honky Tonk-esque de “Dodger” et “Waiting in Line”.

Sources : © Facebook Officiel Kiwi Jr.

UNE THÉRAPIE À BASE DE POP SONGS

De nombreux tableaux et des visions étranges vous viendront à l’esprit durant l’écoute de ce “Cooler Returns” et cela tient en grande partie aux textes sarcastiques de Jeremy Gaudet, qui évoquent le paysage politique actuel aux États-Unis avec humour et dérision. Certes, le songwriter n’évoque pas directement cette thématique, rien d’ouvertement politique, ni aucun côté prêcheur… mais cette évocation de la crise de confiance aux USA est diffuse tout au long du disque, entre allusions détournées et situations grotesques. D’ailleurs, il est intéressant de noter que le ridicule de certaines situations se combine parfaitement au style d’écriture de Jeremy Gaudet, aux confins du bizarre.


Des premières harmonies vocales de “Tyler” aux dernières notes de “Waiting in Line”, cet album se révèlera être une fête pour vos oreilles, une ode au plaisir immédiat. Vivre, même pour un très court laps de temps - seulement 36mn ! -, dans le monde de Kiwi Jr. est probablement l’alternative idéale à la réalité anxiogène du monde en 2021… On peut regretter que le groupe canadien ne se hasarde pas davantage à épaissir le son - comme dans le rollercoaster pop-punk “Cooler Returns” - mais on mettra vite de côté ce petit bémol car ce disque rayonnant nous rappelle surtout que la Culture n’est pas uniquement vitale. Elle peut aussi être source d’un plaisir communicatif et devenir la meilleure des thérapies.

Credits Photo : © Snaz Music

J’irai même plus loin : l’écoute de ce 2ème album est une fresque, un véritable voyage avec ses hymnes énergiques et imparables d’une spontanéité remarquable. Et vous en ressortirez bien plus cool, décontracté et joyeux qu’auparavant. Finalement, c’est peut-être pas si mal le « monde d’après »...


La Note de Manu : 8/10

Pochette de l'album "Cooler Returns" de Kiwi Jr. (sortie le 22.01.2021)

“Cooler Returns” de Kiwi Jr, LP 13 titres sorti le 22 janvier 2021 chez Sub Pop Records

Tracklist :

1. Tyler (2:05)

2. Undecided Voters (2:29)

3. Maid Marian’s Toast (2:23)

4. Highlights of 100 (2:38)

5. Only Here For a Haircut (3:08)

6. Cooler Returns (3:53)

7. Guilty Party (2:17)

8. Omaha (2:34)

9. Domino  (2:11)

10. Nashville Wedding (3:14)

11. Dodger (2:36)

12. Norma Jean’s Jacket (3:10)

13. Waiting In Line (3:29)



Credits Photo : © We Are Cult


Manu de RAN

mercredi 10 février 2021

Album Review : "Medicine at Midnight" des Foo Fighters (Sortie le 05.02.2021)

Credits Photo : © FIP

La nouvelle de la sortie d’un nouvel album des Foo Fighters amène généralement des réactions diamétralement opposées : d’un côté, celles & ceux qui sont ravi(e)s du retour de leur groupe favori et de l’autre, les grincheux qui s’offusquent de voir à nouveau Dave Grohl faire la Une de la presse spécialisée. Mais quelle que soit votre position sur cette question, il faut toutefois reconnaître que durant les 25 dernières années, les Foo Fighters sont passés d’un statut d’outsiders à l’énergie débordante à celui de véritable phénomène mondial, étendard de ce que certains appellent parfois péjorativement « le rock de stade ».

Cependant, l’ascension du groupe de Dave Grohl a de quoi stupéfier… Car 26 ans, 8 albums et plus de 30 millions de disques vendus après l’album éponyme de 1995, les Foo Fighters sont désormais érigés au rang de dieux du rock moderne, grâce à une carrière remarquable alimentée par des hymnes cultes, tels que “Everlong”, “Monkey Wrench”,  “Generator”, “All My Life”, “The Best of You” ou encore “The Pretender”. Pourtant, il est légitime de se demander si les américains ne seraient pas un peu sur le déclin, leur dernière production digne de ce nom datant de 2011, avec “Wasting Light”. Dans ces circonstances, 2021 serait-il propice à un retour au 1er plan du combo originaire de Seattle ? Inutile de vous dire que j’étais circonspect…

Credits Photo : © Journalnow.com

S’il ne me fera pas hurler au génie, le 10ème album des Foo Fighters, intitulé “Medicine at Midnight”, nous propose un rock hybride infusé de pop et porté par des percussions palpitantes, des harmonies disco & gospel et des rythmes qui boostent. Enregistré avant la pandémie et très inspiré par le “Let’s Dance” de David Bowie, “Medicine at Midnight” propose un groove inédit et apporte une touche de jeunesse, d’énergie et de vie à un groupe qui semblait en manquer cruellement sur ses derniers opus. Et c’est bien évidemment la production la plus optimiste, innovante et agréable du groupe de Dave Grohl & Pat Smear depuis “Wasting Light”.

Credits Photo : © Pitchfork

Dès la très Kravitz-ienne  “Making a Fire”, il est évident que ce disque sera plus lumineux et plus optimiste que tout ce que les Foo Fighters ont jamais fait. Alors que Dave Grohl exécute un gros riff de rock alternatif digne des années 90, un chœur féminin sublime un refrain gospel ensoleillé. Et c’est à cet instant qu’intervient l’invitée majeure de ce LP : Violet, la fille de Dave Grohl. Qu’il s’agisse de fierté paternelle ou de détermination pure, Dave semble revigoré sur ce titre, et cet enthousiasme sera le fil conducteur du disque.


Bien que Dave Grohl ait passé une grande partie de sa carrière post-Nirvana à rendre hommage à ses idoles issues du rock des années 70, “Medicine at Midnight” témoigne d’inflexions pop inédites. Si, comme pour l’album précédent, “Concrete And Gold” en 2017, les américains ont fait équipe avec le producteur Greg Kurstin, ce n’est pas anodin car ce dernier les a aidés à affiner leur sensibilité mélodique. J’en veux pour preuves les boucles disco / funk, les couplets gorgés de soul et la guitare acoustique de la piste titre, qui séduisent sans perdre leur tranchant, et la ballade nostalgique “Chasing Birds”, avec sa mélodie qui persiste bien après l’accord final. Un titre qui sonne comme la rencontre impromptue de David Bowie avec les Flaming Lips.

Credits Photo : © NME

Même les chansons les plus puissantes débordent de petites douceurs pour les oreilles. Ainsi, le groupe expérimente sur “Cloudspotter”, tente des inflexions vocales à la Freddie Mercury sur “Holding Poison” et incorpore des images issues de jeux vidéo sur l’implacable hymne punk anti-guerre “No Son of Mine”. Avec ses riffs énormes, sa batterie frénétique et la voix de Dave Grohl franchement dérangée, on tient ici l’hommage parfait à Lemmy Kilmister.


Tandis que “Waiting on a War”, peut-être le titre le plus catchy de l'album, sonne comme un hymne de stade qui monte en puissance, dans la plus pure tradition des Foo Fighters, l’ode à la joie “Love Dies Young” clôture le disque en beauté et deviendra probablement un classique des radios rock avec ses guitares chatoyantes, ses harmonies pop-rock et sa production cinématographique. Ce morceau nous rappelle surtout que les Foo Fighters n’ont pas leur pareil pour créer des titres aussi diablement efficaces et que Dave Grohl n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se détache et se déchaîne.


L’ambiance optimiste de “Medicine at Midnight” s’explique en partie par le fait que le groupe avait terminé ce disque avant l’arrivée de la pandémie de Covid-19. Seul le 1er single ne semble pas à sa place, car là où “Making a Fire” est solaire et débordant de vie, “Shame Shame” adopte une approche plus sinistre. Heureusement, il y a suffisamment de bons moments dans ce disque pour compenser ce léger écart. Même si on est loin des sommets de leur discographie, il est bon de retrouver ces Foo Fighters débordant d’énergie et de constater qu’ils sont encore capables de nous surprendre. Car à travers ce “Medicine at Midnight”, Dave Grohl et ses acolytes réinventent leur son signature, (re)prennent date pour l’avenir et nous proposent un bel antidote à la morosité ambiante actuelle.


La Note de Manu : 8/10

Pochette de l'album "Medicine at Midnight" des Foo Fighters (sortie le 05.02.2021)

“Medicine at Midnight” des Foo Fighters, LP 9 titres sorti le 05 février 2021 chez RCA Records

Tracklist :

1. Making a Fire (4:15)

2. Shame Shame (4:17)

3. Cloudspotter (3:53)

4. Waiting on a War (4:13)

5. Medicine At Midnight (3:30)

6. No Son Of Mine (3:28)

7. Holding Poison (4:24)

8. Chasing Birds (4:12)

9. Love Dies Young (4:20)



Credits Photo : © Rock & Folk

Credits Photo : © New York Times

Credits Photo : © Forbes


Manu de RAN

jeudi 4 février 2021

Album Review : "Look Alive" de Black Pistol Fire (Sortie le 29.01.2021)

Credits Photo : © Tinnitist

Quatre ans après “Deadbeat Graffiti”, le duo de hard blues rock canado-américain Black Pistol Fire est de retour et rugit puissamment sur son 6ème album “Look Alive”, publié le 29 janvier 2021 chez Black Hill Records. Ce disque montre le groupe originaire de Toronto - mais basé à Austin - en pleine évolution, son punk aux accents bluesy habituel - ou peut-être devrais-je dire son blues rock aux accents punk - se transformant en quelque chose de plus atmosphérique et de bien plus dramatique. Un son qui embrasse la grandeur et la force épique cinématographique, ainsi que les codes du garage rock. Un mélange qui s’annonce détonnant !

UN DUO A LA SOLIDE REPUTATION SCENIQUE

Mais rien de bien surprenant car Black Pistol Fire, composé du chanteur & guitariste Kevin McKeown et du batteur Eric Owen, a progressivement acquis une sérieuse réputation depuis sa création en 2011. En effet, en 10 ans, le duo a tourné dans le monde entier, a livré des prestations scéniques robustes et a charmé le public très exigeant de scènes comme le Festival Lollapalooza, le Bonnaroo Festival, le Voodoo Music & Arts Festival, le Riot Fest ou Governor's Ball. Ils ont partagé des scènes avec de grands talents tels que Gary Clark Jr, Weezer, The Struts, Black Rebel Motorcycle Club, ZZ Ward et Wolfmother. Ainsi, Black Pistol Fire est devenu un duo puissant qui propose un groove très marqué, écrit des chansons incroyables et assurent des lives à faire passer les Hives pour de gentils ringards. Qui plus est, le duo a également passé 14 semaines consécutives au sommet des charts canadiens et a vu sa musique alimenter les génériques d’émissions de TV, mais aussi des B.O. de films et de publicités.

Credits Photo : © Scream & Yell

Souhaitant capturer son style sauvage à l’état brut et le faire davantage progresser, Black Pistol Fire a choisi de collaborer avec le producteur et ingénieur du son Jacob Sciba, qui a officié précédemment - entre autres - pour Gary Clark Jr, Gov't Mule ou Warren Haynes, ainsi que le mixeur Vance Powell, connu dans son rôle producteur / ingénieur du son de génie pour Jack White, les Raconteurs, Chris Stapleton, Tinariwen ou The Inspector Cluzo. Une entreprise - force est de le constater - magnifiquement réussie.

Credits Photo : © Eric Brisson

Ce nouveau disque démarre avec la piste-titre “Look Alive”, une chanson obsédante et palpitante à l’ambiance un tantinet morose portée par la performance vocale de Kevin McKeown. Le groove est joué de manière serrée et est parfaitement dosé, un peu à la Arctic Monkeys ou à la Queens Of The Stone Age. Ce titre permet surtout d’assurer une transition propre avec leur album précédent et ainsi, de ne perdre aucun fan en route… Ce n’est pas un reproche, loin de là ! C’est véritablement une excellente chanson, qui trouverait aisément sa place dans la B.O. d’un film hollywoodien à la “Las Vegas Parano”.


Suit “Pick Your Poison”, gros morceau de garage passionné, qui capitalise sur les ingrédients essentiels de tout bon rock n’ roll et parvient à en faire un titre inoubliable, un titre granuleux qui « a du chien ». Les sonorités de guitare et les inflexions vocales de Kevin McKeown sont francs, tumultueux, rebelles et évoquent la façon merveilleuse dont Jack White parvient à captiver son auditoire à travers des crochets vocaux qui subjuguent le public. A noter la contribution intéressante du batteur Eric Owen sur ce titre, où il martèle ses fûts avec une foi décuplée et où il délivre cette dose d’électricité qui fait le charme du rock.

Credits Photo : © Pancakes And Whiskey

UN DISQUE QUI SE JOUE DES MARQUEURS TRADITIONNELS DU ROCK

On poursuit avec “Never Enough”, qui a vraiment tout pour devenir un tube en puissance, de par son identité singulière, combinant des sonorités uniques, des rythmes cinétiques et un rythme cinématographique, quasi épique. A ce stade de l’écoute, ce qui frappe avant tout, c’est la capacité du duo à créer une musique réellement originale et fraîche, sans servir du réchauffé, et de parvenir à régaler l’auditeur par de belles explosions sonores à plusieurs reprises. Et ceci, en sachant que les membres de Black Pistol Fire sont loin d’être des lapins de 6 semaines et possèdent une solide expérience et une discographie déjà bien fournie…


“Black Halo” régalera par sa batterie puissante et ses riffs de guitare dissonants typiques de l’identité musicale de Black Pistol Fire, tandis que “Always On My Mind” se révèle être un titre accrocheur et dynamique, dans la droite lignée des gloires passées du rock n’ roll. Le refrain, seul, pousserait n’importe quel public à l’hystérie collective et lui laisserait un souvenir impérissable. Certain(e)s d’entre vous pourraient se dire que j’exagère mais c’est réellement une mélodie féroce qui impressionnera tous ceux qui l’entendent.


Parmi les autres chansons incontournables de “Look Alive”, on peut citer la rafraîchissante “Hope in Hell”, qui mélange habilement rock alternatif et blues, mais aussi “Temper Temper”, ainsi que la frénétique “Holdin Up”. Mais j’aurais aussi bien pu citer la quasi totalité des morceaux car ce qui frappe avant tout dans ce disque, c’est avant tout sa qualité, sa cohérence et son niveau d’exigence très important. Avec “Look Alive”, Black Pistol Fire forge un style robuste, intelligent et parfaitement exécuté. L’ensemble se joue des marqueurs traditionnels du rock et incorpore des pédales d’effet et une batterie électronique, mais plus encore les albums précédents, “Look Alive” est un véritable plaidoyer pour les instruments traditionnels du rock : la guitare et la batterie. C’est un disque dynamique, intense et sophistiqué qui nous montre que désormais, Black Pistol Fire tourne à plein régime et est prêt à nous éparpiller façon puzzle.

Credits Photo : © Pancakes And Whiskey

Celles & ceux qui découvriraient ce groupe seront étonné(e)s, charmé(e)s et deviendront vite accros, tandis que les fans de la 1ère heure souligneront que cet effort est au diapason du reste de la discographie du groupe américano-canadien. “Look Alive” est bien évidemment l’une des meilleures sorties de ce début 2021 et je ne serais guère surpris si on le trouvait en bonne place dans le classement des meilleurs albums de 2021 en fin d’année. Incontestablement, un Must Have ! Une question me vient toutefois : après une telle dithyrambe, qu’attends-tu pour l’écouter et l’acheter ?


La Note de Manu : 9/10

Pochette de l'album "Look Alive" de Black Pistol Fire (sortie le 29.01.2021)

“Look Alive” de Black Pistol Fire, LP 11 titres sorti le 29 janvier 2021 chez Black Hill Records

Tracklist :

1. Look Alive (3:12)

2. Pick Your Poison (3:45)

3. Holdin Up (3:06)

4. Never Enough (4:03)

5. Wildfire (3:30)

6. Hope in Hell (4:27)

7. Black Halo (3:26)

8. Temper Temper (3:21)

9. Level (3:23)

10. Always On My Mind (3:57)

11. Beyond The Blue (3:56)




Credits Photo : © NME

Credits Photo : © Pancakes And Whiskey

Credits Photo : © Ladygunn


Manu de RAN