mercredi 10 février 2021

Album Review : "Medicine at Midnight" des Foo Fighters (Sortie le 05.02.2021)

Credits Photo : © FIP

La nouvelle de la sortie d’un nouvel album des Foo Fighters amène généralement des réactions diamétralement opposées : d’un côté, celles & ceux qui sont ravi(e)s du retour de leur groupe favori et de l’autre, les grincheux qui s’offusquent de voir à nouveau Dave Grohl faire la Une de la presse spécialisée. Mais quelle que soit votre position sur cette question, il faut toutefois reconnaître que durant les 25 dernières années, les Foo Fighters sont passés d’un statut d’outsiders à l’énergie débordante à celui de véritable phénomène mondial, étendard de ce que certains appellent parfois péjorativement « le rock de stade ».

Cependant, l’ascension du groupe de Dave Grohl a de quoi stupéfier… Car 26 ans, 8 albums et plus de 30 millions de disques vendus après l’album éponyme de 1995, les Foo Fighters sont désormais érigés au rang de dieux du rock moderne, grâce à une carrière remarquable alimentée par des hymnes cultes, tels que “Everlong”, “Monkey Wrench”,  “Generator”, “All My Life”, “The Best of You” ou encore “The Pretender”. Pourtant, il est légitime de se demander si les américains ne seraient pas un peu sur le déclin, leur dernière production digne de ce nom datant de 2011, avec “Wasting Light”. Dans ces circonstances, 2021 serait-il propice à un retour au 1er plan du combo originaire de Seattle ? Inutile de vous dire que j’étais circonspect…

Credits Photo : © Journalnow.com

S’il ne me fera pas hurler au génie, le 10ème album des Foo Fighters, intitulé “Medicine at Midnight”, nous propose un rock hybride infusé de pop et porté par des percussions palpitantes, des harmonies disco & gospel et des rythmes qui boostent. Enregistré avant la pandémie et très inspiré par le “Let’s Dance” de David Bowie, “Medicine at Midnight” propose un groove inédit et apporte une touche de jeunesse, d’énergie et de vie à un groupe qui semblait en manquer cruellement sur ses derniers opus. Et c’est bien évidemment la production la plus optimiste, innovante et agréable du groupe de Dave Grohl & Pat Smear depuis “Wasting Light”.

Credits Photo : © Pitchfork

Dès la très Kravitz-ienne  “Making a Fire”, il est évident que ce disque sera plus lumineux et plus optimiste que tout ce que les Foo Fighters ont jamais fait. Alors que Dave Grohl exécute un gros riff de rock alternatif digne des années 90, un chœur féminin sublime un refrain gospel ensoleillé. Et c’est à cet instant qu’intervient l’invitée majeure de ce LP : Violet, la fille de Dave Grohl. Qu’il s’agisse de fierté paternelle ou de détermination pure, Dave semble revigoré sur ce titre, et cet enthousiasme sera le fil conducteur du disque.


Bien que Dave Grohl ait passé une grande partie de sa carrière post-Nirvana à rendre hommage à ses idoles issues du rock des années 70, “Medicine at Midnight” témoigne d’inflexions pop inédites. Si, comme pour l’album précédent, “Concrete And Gold” en 2017, les américains ont fait équipe avec le producteur Greg Kurstin, ce n’est pas anodin car ce dernier les a aidés à affiner leur sensibilité mélodique. J’en veux pour preuves les boucles disco / funk, les couplets gorgés de soul et la guitare acoustique de la piste titre, qui séduisent sans perdre leur tranchant, et la ballade nostalgique “Chasing Birds”, avec sa mélodie qui persiste bien après l’accord final. Un titre qui sonne comme la rencontre impromptue de David Bowie avec les Flaming Lips.

Credits Photo : © NME

Même les chansons les plus puissantes débordent de petites douceurs pour les oreilles. Ainsi, le groupe expérimente sur “Cloudspotter”, tente des inflexions vocales à la Freddie Mercury sur “Holding Poison” et incorpore des images issues de jeux vidéo sur l’implacable hymne punk anti-guerre “No Son of Mine”. Avec ses riffs énormes, sa batterie frénétique et la voix de Dave Grohl franchement dérangée, on tient ici l’hommage parfait à Lemmy Kilmister.


Tandis que “Waiting on a War”, peut-être le titre le plus catchy de l'album, sonne comme un hymne de stade qui monte en puissance, dans la plus pure tradition des Foo Fighters, l’ode à la joie “Love Dies Young” clôture le disque en beauté et deviendra probablement un classique des radios rock avec ses guitares chatoyantes, ses harmonies pop-rock et sa production cinématographique. Ce morceau nous rappelle surtout que les Foo Fighters n’ont pas leur pareil pour créer des titres aussi diablement efficaces et que Dave Grohl n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se détache et se déchaîne.


L’ambiance optimiste de “Medicine at Midnight” s’explique en partie par le fait que le groupe avait terminé ce disque avant l’arrivée de la pandémie de Covid-19. Seul le 1er single ne semble pas à sa place, car là où “Making a Fire” est solaire et débordant de vie, “Shame Shame” adopte une approche plus sinistre. Heureusement, il y a suffisamment de bons moments dans ce disque pour compenser ce léger écart. Même si on est loin des sommets de leur discographie, il est bon de retrouver ces Foo Fighters débordant d’énergie et de constater qu’ils sont encore capables de nous surprendre. Car à travers ce “Medicine at Midnight”, Dave Grohl et ses acolytes réinventent leur son signature, (re)prennent date pour l’avenir et nous proposent un bel antidote à la morosité ambiante actuelle.


La Note de Manu : 8/10

Pochette de l'album "Medicine at Midnight" des Foo Fighters (sortie le 05.02.2021)

“Medicine at Midnight” des Foo Fighters, LP 9 titres sorti le 05 février 2021 chez RCA Records

Tracklist :

1. Making a Fire (4:15)

2. Shame Shame (4:17)

3. Cloudspotter (3:53)

4. Waiting on a War (4:13)

5. Medicine At Midnight (3:30)

6. No Son Of Mine (3:28)

7. Holding Poison (4:24)

8. Chasing Birds (4:12)

9. Love Dies Young (4:20)



Credits Photo : © Rock & Folk

Credits Photo : © New York Times

Credits Photo : © Forbes


Manu de RAN

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