jeudi 27 février 2020

Album Review : "Sisyphus" de 7 Weeks (Sortie le 31.01.2020)

Credits Photo : © Ardonau pour Guitar Part
Collectionnant les galères de tout type - entre les changements de line-up, les soucis de label et une notoriété indigne de sa valeur réelle - le combo limougeaud 7 Weeks aurait eu toutes les raisons du monde pour se mettre en sommeil. Mais ce serait mal connaître le chanteur/bassiste Julien Bernard et sa bande, Fred Mariolle à la guitare, Jérémy Cantin-Gaucher à la batterie, et PH Marin au clavier, à la guitare et aux choeurs...
Credits Photo : © Ardonau
Après un “Farewell To Dawn” en 2016 qui revenait sur l’adolescence du groupe et marquait en quelque sorte la fin d’une histoire, leur 5ème album “Sisyphus” - sorti le 31 janvier dernier - entame un nouveau chapitre, où 7 Weeks joue plus que jamais de son identité musicale multiple, aux confins du stoner, du blues, du rock alternatif et du metal. Fort de cette promesse ambitieuse, le quatuor limougeaud nous régale tout au long des 9 pistes de ce disque inspiré du mythe grec de Sisyphe, homme qui fut condamné par les dieux de l'Olympe à pousser une pierre au sommet d'une montagne, d'où elle finit toujours par retomber.
Credits Photos : © Tanguy Dupré & Valy Dorie
Et loin d’amorcer la chute de 7 Weeks, ce “Sisyphus” sonne comme un sommet pour le combo français. En effet, les 9 morceaux de cet opus vont amener le groupe mené par Julien Bernard sur une voie royale, afin de crever le plafond de verre de la reconnaissance publique. Du moins, je l’espère... tant ce disque fait figure de référence en ce début d’année 2020. Porté par une clôture en guise d’apothéose avec le titre “667-Off”, qui condense tout ce que l’on aime dans les pistes précédentes, “Sisyphus” se déguste sans fin et marque un tournant dans la carrière de 7 Weeks.
Source : © Facebook Officiel 7 Weeks
Dans votre marche vers l’Elysées - (rien à voir avec le lieu de résidence de l’un de mes homonymes) le Paradis des Héros Grecs - vous passerez par 8 marches toutes aussi jouissives les unes que les autres, à commencer par la 1ère d’entre elles la bien nommée “Gone”, qui explore déjà une nouvelle direction sonore. Pourtant, ne vous avisez pas de croire que 7 Weeks va tout bouleverser, puisque l’on retrouve son rock très américain en référence à l'une de ses principales influences - Soundgarden - dans “Solar Ride”. Si “Breathe” rappelle “No One Knows”, titre culte composé par Josh Homme pour les Queens Of The Stone Age, “The Crying River” - quant à lui - rend hommage au blues rock capiteux auquel 7 Weeks nous avait habitué dans ses 1ères productions. Rarement un album de stoner rock français n’aura compté autant de morceaux addictifs, qui doivent beaucoup à la basse ronde et percutante ainsi qu’à la maîtrise vocale de Julien Bernard, notamment sur la divine “Idols”, la fascinante “Sisyphus” et la superbe “Magnificent Loser”, dotée de couplets efficaces comme des uppercuts au menton.
Source: © Facebook Officiel 7 Weeks
Deux titres parviennent néanmoins à tirer la quintessence de cet album au goût de fruit défendu : la sublime “Idols” - qui est sans doute l’une de mes chansons préférées tout simplement - avec sa rythmique hypnotique - et son magnifique groove de batterie - qui aboutit dans un refrain exubérant comme une mandale en plein visage, et - évidemment - la piste de clôture citée précédemment “667-Off” et ses 6 minutes de béatitude rock progressif, durant lesquelles les instrumentistes donnent dans le riff gras et le refrain efficace avant de libérer leurs énergies dans un final dantesque, en guise d'apothéose.
Credits Photo : © Reginald Tef
Oui, les Limousins de 7 Weeks sont des vestiges de l’ère MySpace et auraient légitimement pu vouloir tout abandonner. Au lieu de cela, ils nous livrent cet hymne à l’abandon, affûtent un langage rock plus complexe et - se servant des innombrables difficultés rencontrées depuis la création du groupe en 2006 - proposent désormais un son plus varié, plus vivant, plus organique, mieux construit et - surtout - bien plus mature. Inutile de vous dire que j’ai hâte de découvrir cela sur scène, lors de la Release Party parisienne le 13 mars au Bus Palladium par exemple, ou bien lors de leur concert à domicile, le 20 mars prochain au Centre Culturel John Lennon de Limoges… Même s’il est difficile de dire s’il doit davantage à la mythologie grecque qu’à l’oeuvre d’Albert Camus, nul doute que cet album racé et abouti comptera parmi les meilleures productions de l’année 2020…


La Note de Manu : 9/10
Pochette de l'album "Sisyphus" de 7 Weeks
“Sisyphus” de 7 Weeks, LP 9 titres sorti le 31 janvier 2020 chez F2M Planet

Tracklist :
1. Gone (3:54)
2. Idols (4:48)
3. Solar Ride (3:57)
4. Sisyphus (3:23)
5. Magnificent Loser (4:16)
6. Breathe (4:05)
7. Insomniac (2:25)
8. The Crying River (3:28)
9. 667-Off (6:00)

Credits Photo : © Ardonau pour Guitar Part


Manu de RAN

jeudi 20 février 2020

Album Review : "The Slow Rush" de Tame Impala (Sortie le 14.02.2020)

Credits Photo : © France Info
Si le 1er disque des australiens de Tame Impala en 5 ans les voit s'éloigner un peu de leur musique pour guitares pour intégrer des éléments électroniques et pop, il faut reconnaître que cela donne un résultat exaltant, intitulé “The Slow Rush” et sorti le 14 février dernier. Alors que les frontières entre les genres musicaux se sont largement fissurées durant la 2nde moitié de la dernière décennie, rock, pop, musique électronique & hip-hop se mélangent parfois allègrement au sein d’un même album. L’un des exemples les plus flagrants en est le dernier album solo de Jack White - “Boarding House Reach”, en 2018 - qui mélange habilement le rock, le blues mais aussi l’électro & le hip-hop sur des titres comme “Ice Station Zebra”. Et en tant que compositeur et songwriter, Kevin Parker a largement contribué à cette évolution.  Après son explosion en 2012 avec l'album “Lonerism”, le 3ème opus de Tame Impala “Currents” a entretenu - malgré un certain manque de cohérence - le statut du combo australien en tant que référence du rock contemporain.
Credits Photo : © Mowno
Depuis la sortie de “Currents”, le frontman Kevin Parker est devenu un producteur adulé des mastodontes du hip-hop - de Kanye West à A$AP Rocky - mais aussi des poids lourds de la pop comme Lady Gaga, pour qui il a co-écrit certains titres de son album “Joanne” en 2016.  Vous l'aurez compris : ses horizons se sont considérablement élargis et il oeuvre maintenant bien au-delà de sa terre natale. Si “The Slow Rush” était initialement attendu pour le passage de Tame Impala au festival Coachella au printemps dernier, il semblerait que ce timing n'ait pu être tenu du fait des conflits artistiques internes qui animaient le groupe. Pourtant, ce délai était difficilement tenable, puisque la composition des morceaux a véritablement commencé fin 2018. Alors au final, “The Slow Rush” valait-il la peine d'attendre ?
Credits Photo : © La Croix
La réponse - pour ma part - est un « oui » franc et massif, malgré quelques nuances. 57 minutes où la part des guitares est moindre que dans les productions précédentes du groupe originaire de Perth, mais où nous nous retrouvons face à une oeuvre bien plus intrigante, un disque aux accents pop & électroniques magistraux. Cette orientation s’établit dès les premiers instrumentaux de la piste d’ouverture “One More Year”, qui est sans doute la chanson la plus intime écrite par Kevin Parker à ce jour.  Alors qu'un rythme régulier et des boucles catchy se diffusent tout au long du morceau, le songwriter réfléchit sur notre société contemporaine, tandis que l’excellent single “Posthumous Forgiveness” se révèle être une réflexion prog cathartique dotée de synthés quasi-baroques & de paroles introspectives sur la relation délicate que le frontman entretient avec son père.
Credits Photo : © Consequence Of Sound
Parker réfléchit au pouvoir de la nostalgie sur “Lost In Yesterday” et à la crainte de perdre ce qu’Austin Powers appellerait son « mojo » sur “It Might Be Time”, tandis que le grondement de “Tomorrow's Dust” agit comme une gifle en plein visage. Les chansons qui composent “The Slow Rush” sont souvent éthérées, denses et cosmiques. Ne cherchez pas, vous n’y trouverez pas de refrain joyeux, comme “Currents” pouvait en receler. Concernant la production, Kevin Parker nous revient en pleine forme, tant l’instrumentation semble créative et très aboutie. Prenez “Is It True”, elle poursuit dans la veine du projet qu’il a lancé récemment avec le rappeur trinidadien Theophilus London (une reprise de “Only You”). Quant à “Breathe Deeper”, elle oscille entre des sonorités de synthés funky et le Fleetwood Mac des années 80, avec - en plus - une touche de “Da Funk” de Daft Punk dans les 90 dernières secondes du morceau.
Credits Photo : © Hype Beast
Cependant, parfois, les chansons ne rendent pas tout à fait justice à la production. En effet, même si le single “Borderline” a été retravaillé et étoffé, cela ne parvient pas à masquer un refrain un peu terne, qui verse dans le pastiche disco. Qu’en est-il de l’autre single “Patience”, sorti en 2019 ? C’est un véritable hymne et une chanson bien meilleure que tous les “Borderline” du monde. Même si l’album perd légèrement en cohérence dans ses 3 ultimes pistes, vous ne pourrez néanmoins vous empêcher d’apprécier cet album parfois simplement agréable, parfois franchement étourdissant et exaltant, notamment sur l’éblouissante “Posthumous Forgiveness”.
Credits Photo : © Pitchfork
Car ce qui frappe avant tout à l’écoute de “The Slow Rush”, c’est l’étendue des références auxquelles cet opus renvoie. Vous trouverez des échos de house et de musique électronique des années 90 sur “One More Year”, un peu de Supertramp sur “Instant Destiny”, du Michael Jackson sur le groove complexe de “Lost In Yesterday”, sublimé par son magnifique riff de basse et son refrain doux porté par le falsetto de Kevin Parker, ainsi que du folk hippie à la Donovan combiné au reggae/ska rock de Sublime sur l’étrange - mais néanmoins très réussie - “Tomorrow’s Dust”. L’album se conclut sur l’épique mais simple “One More Hour”, dont le riff rappelle les grandes heures de Toto ou Foreigner.
Credits Photo : © The Emory Wheel
Bien que “The Slow Rush” ne soit pas le meilleur album de Tame Impala, ce disque marque un retour attendu et réussi dans l’ensemble, et parfois même vraiment exaltant. Si le groupe ne gagnera peut-être pas de nouveaux fans en embrassant les sensibilités pop de Kevin Parker, Tame Impala déploie des mélodies familières et les enveloppe de pop moderne, et il convient quand même de saluer sa volonté de tenter de nouvelles expérimentations. De plus, les batteries électroniques et les claviers synthétiques ne peuvent cacher une sensibilité qui rappelle un peu The War on Drugs. “The Slow Rush” ramène Tame Impala à ses racines, tout en réussissant à lorgner vers l'avenir. C’est le genre d’équilibre - d’alchimie - particulièrement difficile à trouver mais une fois encore, la formation australienne y parvient avec brio, malgré ses nouvelles orientations artistiques.


La Note de Manu : 8/10
Pochette de l'album "The Slow Rush" de Tame Impala
“The Slow Rush” de Tame Impala, LP 12 titres sorti le 14 février 2020 chez Interscope Records.

Tracklist :
1. One More Year (5:24)
2. Instant Destiny (3:15)
3. Borderline (3:58)
4. Posthumous Forgiveness (6:06)
5. Breathe Deeper (6:13)
6. Tomorrow’s Dust (5:27)
7. On Track (5:02)
8. Lost In Yesterday (4:10)
9. Is It True (3:59)
10. It Might Be Time (4:33)
11. Glimmer (2:09)
12. One More Hour (7:13)

Credits Photo : © AP News


Manu de RAN

Album Review : "Razzle Dazzle" des Blackbird Hill (sortie le 21.02.2020)


Tel le premier voilier de Jack London, le premier album des bordelais de Blackbird Hill se nomme "Razzle Dazzle", et vous fera voyager à travers ses 10 titres qui, à la fin de l'écoute, vous amèneront dans un univers unique, celui des Blackbird Hill et de leur blues teinté de rock. Passionnés de littérature, épris de liberté et bien évidemment de blues, Maxime - guitariste / chanteur - et Théo à la batterie sauront vous conter leurs nouvelles en musique.

Photo : Bac Chus

Sorti en avril dernier, le single "On The Rocks" - dont le clip a été filmé sous un ciel bleu comme l'azur dans le cadre exceptionnel des Carrières de Frontenac - ouvre l'album avec un bon blues/rock bien fuzzy comme on les aime.


S'ensuit le magnifique "Watery Eyes" qui vous plonge directement au coeur de l'univers des Blackbird Hill avec ses guitares slydantes, que vous pouvez découvrir en live session ci-dessous.


Le duo enfonce le clou avec "Smoke And Mirrors", qui est peut-être mon titre préféré de l'album, avant de nous envoyer le très épuré "Wreckage", avec Maxime et son banjo. Puis l'album enchaîne sur "Cut The Boards", qui nous fait revenir sur un titre dans la même veine que "Watery Eyes" et "Smoke And Mirrors", avec un très bon blues/rock, et un magnifique solo en fin de piste, qui se termine en fondue, et qui, malheureusement, vous laissera sur votre fin. Pour connaître la fin de "Cut The Boards", il faudra donc, se rendre à l'un de leurs concerts.


Voici pour la première face du vinyle, ou première partie du cd. Cela dépendra du format que vous allez choisir pour votre exemplaire de ce très bon album. Donc, nous vous laissons découvrir cette 2ème partie par vous-même, qui est toute aussi sublime que la première, et le single "To & Fros", sorti l'année dernière, en fait évidemment partie.


"Razzle Dazzle" est un album sensible et sauvage à la fois, dégageant des émotions fortes qui vous prendront aux tripes tout au long de ses 40mn d'écoute magnifiquement orchestrées. Donc, si vous aimez la musique chargée en émotions, "Razzle Dazzle" est un album que vous devez posséder à tout prix dans votre discothèque.

Photo : FB Blackbird Hill 

Les Blackbird Hill étaient en novembre dernier à la Boule Noire de Paris en première partie de Brother Dege, dont vous devez sûrement connaître le titre "Too Old To Die Young", qui figure sur la BO du film de Tarantino, "Dgango Unchained". Ils seront en concert le 7 mars, chez eux au Krakatoa de Mérignac, mais aussi, le 3 avril au Supersonic de Paris, pour leur release party en compagnie de Steve Amber et SBRBS en premières parties.


Après avoir sorti deux EP, le premier "Songs To Keep The Devil Busy" en 2015, et "Midday Moonlight" en 2017, sous une première formation, les Blackbird Hill nous gâtent avec un album 10 titres qui n'est pas prêt de vous lasser. "Razzle Dazzle" est décidément un grand album digne de ce nom illustre. 

Bref, on adore !!!


L'artwork remarquable, est signé par Vincent Hébet, et il vous faudra avoir le précieux sésame entre les mains, pour découvrir toutes les subtilités de la pochette.

"Voici comment se cacher à la vue de tous,
Exister maintenant et disparaître à la fois"


La note de Gian : 9/10

"Razzle Dazzle" des Blackbird Hill sort le 21.02.2020 chez Lagon Noir

Tracklist :

On The Rocks
Watery Eyes
Smoke And Mirrors
Wreckage
Cut The Boards
Wade In Black Water
To & Fros
Two Wolves
The Tide
Breezing Away

Écoutez "Razzle Dazzle" en intégralité sur le Bandcamp des Blackbird Hill :
http://blackbirdhill.bandcamp.com/album/razzle-dazzle



Gian, février 2020.

Live Report : The Murder Capital au Café de la Danse le 10.02.20


Après des concerts à La Boule Noire, à Rock en Seine et au Nouveau Casino en 2019, le groupe dublinois The Murder Capital donnaient un nouveau rendez-vous au public parisien au Café de la Danse.
Une première partie surprenante mais hyper sympathique avec l’original Junior Brother. On s’amuse d’abord des dissonances puis on en vient à les apprécier finalement. Junior passe son temps à accorder(désaccorder) sa guitare. Sa façon de chanter aussi est particulière. Une prestation pas banale par un personnage pas banal et attachant. En tout cas elle a suscité l’intérêt et l’approbation d’une partie du public, l’autre s’employant à discuter bruyamment sans respect pour l’artiste et les autres membres de l’auditoire. Petit message à ceux qui discutent en parlant fort pendant une prestation : si ça ne vous plaît pas, dégagez et n’emmerdez pas les autres, c’est un tel manque de respect que vous méritez des coups de pied au cul ! Bon c’est dit et ça fait du bien !


Après la traditionnelle pause et sa bande son très éclectique, les roadies terminent la mise en place de la scène par la mise sous tension des instruments qui, judicieusement placés devant les amplis, génèrent des effets larsen visiblement, ou plutôt auditivement, bien étudiés. Cela augure du meilleur. Sur cette harmonieuse cacophonie, les musiciens de The Murder Capital déboulent sur scène et, sans plus de procès, empoignent leurs instruments et commencent une curieuse danse avec ceux-ci avant d’entamer les premières notes de « More Is Less ».


James, en dernier comme à son habitude, débarque alors sur scène. Les musiciens sont en constant mouvement, tournoyant sur scène. James McGovern nous jette les paroles de la chanson à la figure comme il sait si bien le faire. C’est puissant, fort, sans concession. Et ça fait mouche. Le regard de James, intense, ferait presque peur, tout comme la façon dont Gabriel Paschak Blake, le bassiste, vient se planter devant le public. Tout cela est probablement un peu joué, mais c’est aussi ce qui fait le charme et l’intérêt du groupe. Nous avons affaire à des personnes adorables qui, sur scène, ressembleraient presque à des psychopathes. James finira la chanson parmi le public. C’est ensuite Diarmuid Brennan qui débute à la batterie un de mes titres préféré du seul album sorti par The Murder Capital, « Green And Blue ».


C’est incontestablement Diarmuid le centre d’intérêt sur ce titre très post punk pour le coup, avec ce riff de batterie sublime, qui n’est pas sans rappeler Joy Division. C’est d’ailleurs lui qui clôture le titre comme il l’avait commencé, presque seul. Le rythme ralenti un peu, mais tout devient atmosphère assez fascinante sur les deux titres qui s’enchaînent et n’en font qu’un en fait, « Slow Dance 1 » et « Slow Dance 2 », pendant lesquels on passe de l’ombre à la lumière dans un crescendo musical qui prend aux tripes. On se laisse porter par cette musique envoûtante. James et Gabriel sont tête contre tête. La connivence entre ces deux musiciens est flagrante. James prend alors la parole pour introduire la chanson suivante « On Twisted Ground ». Cette superbe chanson, pleine d’émotion, n’est en effet interprétée quasiment qu’à la basse. Elle a été composée par James en souvenir d’un de ses amis qui s’est suicidé. James y met donc toute son âme et on le ressent. On n’ose pas perturber, faire de bruit, on retiendrait presque son souffle là où je suis, quasiment au pied de James. Le public reste silencieux au point qu’on entend parfaitement le souffle de James dans le micro qui ponctue la chanson. Le public est sous le coup de l’émotion qu’ont transmis les musiciens. Mais on n'a pas le temps de redescendre car le groupe enchaîne avec « Love Love Love ».


On est dans l’expérimentation sonore, presqu’à la Blixa Bargeld, les deux guitaristes sont parfois plus affairés sur leurs pédales d’effet que sur les cordes de leurs guitares. Indéniablement, tout cela est vraiment travaillé et fait l’originalité incontestable de ce groupe. Même s’il peut faire penser au post punk, et notamment à Joy Division par moment, le son est finalement très personnel au groupe, et ne ressemble pas forcément à des choses déjà entendues.  Après ce moment d’accalmie, place à nouveau aux chansons qui pulsent bien. Et ça commence avec « For Everything » qui remet le public en mouvement, suivie de « Don’t Kling To Life » qui le fait s’agiter plus sérieusement. Le final du set sera « Feeling Fade ».


Au début de la chanson, James fait s’accroupir tout le monde, écarte les bras pour que nous restions ainsi jusqu’au moment libérateur ou tout le monde saute. Et c’est la folie dans la fosse. Le premier crowd surfing fait son apparition, Gabriel fait mine de jeter sa basse, tous les musiciens semblent rentrer en transe. Le public aussi du coup. Et finalement James se jette dans le public et se laisse porter jusqu’à la fin de la chanson. C’est là que réside l’intérêt de The Murder Capital, de mélanger une musique atmosphérique avec des soubresauts de violence à la limite du punk. Mais rappelons-le, The Murder Capital n’est pas un groupe punk, il a son indéniable originalité qui le rend difficile à classer. Ce qu’on peut affirmer par contre, c’est que les sets sont d’une puissance, d’une force émotionnelle incomparables. Il n’y aura bien évidemment pas de rappel. Et l’ensemble de l’auditoire prend un peu de temps pour redescendre et se remettre de cette expérience d’un peu moins de cinquante minutes. Court mais intense ! Nous avions déjà été impressionnés lors de leur prestation à Rock en Seine, mais rien à voir avec ce set dans une salle qui se prête bien mieux à leur musique et l’ambiance qu’ils créent. Nous serons là pour leur prochain concert, c’est une certitude!


Setlist :

1. More Is Less
2. Green And Blue
3. Slow Dance 1
4. Slow Dance 2
5. On Twisted Ground
6. Love Love Love
7. For Everything
8. Don’t Cling To Life
9. Feeling Fades


Jean-O

jeudi 13 février 2020

Album Review : "Father Of All Motherfuckers" de Green Day (Sortie le 07.02.2020)

Credits Photo : © NME
Surfant sur la vague au fil des ans, de “Nimrod” à “Basket Case” ou de “American Idiot” à “Revolution Radio”, Green Day est devenu l'un des plus grands groupes de punk rock au monde. Se revendiquant désormais “Father Of All Motherfuckers” (je ne crois pas utile de vous traduire…), le groupe mené par Billie Joe Armstrong revient au coeur de l’actualité le vendredi 7 février 2020 avec son nouvel album “Father Of All Motherfuckers”, sorti chez Reprise Records.
Credits Photo : © NBC
A moins de vivre dans une grotte depuis plus de 25 ans, vous connaissez forcément le groupe californien Green Day. En effet, le groupe originaire d’East Bay a rencontré le succès dès son 3ème album “Dookie” en 1994. Grâce à leur punk rock sale et direct, Billie Joe Armstrong (guitare & chant), Mike Birnt (basse) & Tré Cool (batterie) ont vendu des millions d’albums à travers le monde, ont remporté 5 Grammy Awards et ont été intronisés au Rock N’ Roll Hall of Fame.
Credits Photo : © Pamela Littky
Pour son 13ème opus intitulé “Father Of All Motherfuckers”, Green Day livre une collection de 10 titres où l'esthétique des années 1950 se mélange avec des effluves de “Dookie”, mais aussi un peu de Joan Jett, ainsi que des accents de My Chemical Romance à ses débuts. Inattendu, ce disque est l'album le plus court du trio à ce jour et a été autoproduit en compagnie de Butch Walker, qui a officié du côté de Fall Out Boy ou Taylor Swift. Il peut également être considéré comme un doigt d’honneur à l’endroit de leur label de longue date, Warner.
Credits Photo : © La Dépêche
Pourquoi “Father Of All Motherfuckers” perturbe-t-il autant ? Cela vous apparaîtra clairement dès la 1ère écoute du titre d’ouverture “Father Of All…”. A l’instar de ce qu’a proposé Weezer sur “Buddy Holly” - rappelant fortement “Last Nite” des Strokes -, la première impression qui se dégage de l’écoute de ce titre, c’est que Green Day a cherché à faire de la musique pour hipsters. Non pas que la piste soit mauvaise, loin de là… mais elle ne correspond pas forcément aux attentes des fans de Green Day. Cette orientation rétro garage / noise rock se poursuit sur “Fire, Ready, Aim”, offrant des licks de guitare vraiment délicieux et qui plus est chargés de groove. Le son de guitare & le tambourin funky et gras de “Oh Yeah!” rappellent les prémices du punk dans les années 1950.
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À ce stade, si vous pensez échapper totalement à la patte Green Day, c’est que vous connaissez bien mal le groupe mené par Billie Joe Armstrong… En effet, vous retrouvez la frénésie qui anime le combo américain sur “Meet Me On The Roof”. Pour définir le morceau suivant, il vous suffit de prendre tous les titres précédents et de les balancer dans un mixeur en compagnie de “Teenagers” de My Chemical Romance, et vous obtenez… “I Was A Teenage Teenager”. Un morceau amusant qui trouve l'équilibre parfait entre les vibrations rétro de ses prédécesseurs et les inspirations classiques de Green Day, comme une sorte de fusion luxuriante du rock old school et du punk rock actuel. Une tendance qui se poursuit avec “Stab You In The Heart”, un morceau infectieux et étrangement cool.
Credits Photo : © NME
Quant à “Sugar Youth”, elle propose de gros riffs de basse et ce punk caractéristique d’une grande partie de la discographie du groupe. Bien que cela puisse sembler léger ou prévisible à certains, ce titre s’avèrera être peut-être l’une des pistes favorites des fans de longue date. Green Day poursuit dans cette sorte de zone de confort avec “Junkies on a High”, qui introduit toutefois quelques effets scintillants pour amplifier la mélodie, avant que “Take The Money And Crawl” ne revienne sur un territoire plus funk. Enfin, “Graffitia” culmine avec un mélange de tous les ingrédients évoqués précédemment.
Credits Photo : © Spin Magazine
Alors certes, “Father Of All Motherfuckers” est susceptible d’en surprendre certain(e)s. Ce n’est certainement pas un chef-d'œuvre, comme pouvait l’être “American Idiot” en 2004, ni un modèle de brutalité comme “Kerplunk” en 1991 ou “Dookie” en 1994. Mais c'est un album qui ne s’encombre pas d’une quelconque barrière des genres. Certain(e)s y verront une sortie de route, d’autres un hommage accrocheur à l'âge d'or du pop punk. En tout cas, c'est un disque qui ne laissera pas insensible, un disque conçu pour “polariser” les auditeurs. Que vous aimiez ou non ce que Green Day a concocté avec “Father Of All Motherfuckers”, on s’entendra sur le fait que cet album n’est pas le meilleur du trio californien... mais il reste néanmoins un album solide, rempli de morceaux agréables qui vous fileront le sourire.


La Note de Manu : 8/10
Pochette de l'album "Father Of All Motherfuckers" de Green Day
“Father Of All Motherfuckers” de Green Day, LP 10 titres sorti le 07 février 2020 chez Reprise Records / Warner Music

Tracklist :
1. Father Of All… (2:31)
2. Fire, Ready, Aim (1:53)
3. Oh Yeah! (2:51)
4. Meet Me On The Roof (2:40)
5. I Was a Teenage Teenager (3:45)
6. Stab You In The Heart (2:10)
7. Sugar Youth (1:54)
8. Junkies On a High (3:06)
9. Take The Money And Crawl (2:09)
10. Graffitia (3:18)

Credits Photo : © Just Jared
Credits Photo : © Radio.com


Manu de RAN