jeudi 20 février 2020

Live Report : The Murder Capital au Café de la Danse le 10.02.20


Après des concerts à La Boule Noire, à Rock en Seine et au Nouveau Casino en 2019, le groupe dublinois The Murder Capital donnaient un nouveau rendez-vous au public parisien au Café de la Danse.
Une première partie surprenante mais hyper sympathique avec l’original Junior Brother. On s’amuse d’abord des dissonances puis on en vient à les apprécier finalement. Junior passe son temps à accorder(désaccorder) sa guitare. Sa façon de chanter aussi est particulière. Une prestation pas banale par un personnage pas banal et attachant. En tout cas elle a suscité l’intérêt et l’approbation d’une partie du public, l’autre s’employant à discuter bruyamment sans respect pour l’artiste et les autres membres de l’auditoire. Petit message à ceux qui discutent en parlant fort pendant une prestation : si ça ne vous plaît pas, dégagez et n’emmerdez pas les autres, c’est un tel manque de respect que vous méritez des coups de pied au cul ! Bon c’est dit et ça fait du bien !


Après la traditionnelle pause et sa bande son très éclectique, les roadies terminent la mise en place de la scène par la mise sous tension des instruments qui, judicieusement placés devant les amplis, génèrent des effets larsen visiblement, ou plutôt auditivement, bien étudiés. Cela augure du meilleur. Sur cette harmonieuse cacophonie, les musiciens de The Murder Capital déboulent sur scène et, sans plus de procès, empoignent leurs instruments et commencent une curieuse danse avec ceux-ci avant d’entamer les premières notes de « More Is Less ».


James, en dernier comme à son habitude, débarque alors sur scène. Les musiciens sont en constant mouvement, tournoyant sur scène. James McGovern nous jette les paroles de la chanson à la figure comme il sait si bien le faire. C’est puissant, fort, sans concession. Et ça fait mouche. Le regard de James, intense, ferait presque peur, tout comme la façon dont Gabriel Paschak Blake, le bassiste, vient se planter devant le public. Tout cela est probablement un peu joué, mais c’est aussi ce qui fait le charme et l’intérêt du groupe. Nous avons affaire à des personnes adorables qui, sur scène, ressembleraient presque à des psychopathes. James finira la chanson parmi le public. C’est ensuite Diarmuid Brennan qui débute à la batterie un de mes titres préféré du seul album sorti par The Murder Capital, « Green And Blue ».


C’est incontestablement Diarmuid le centre d’intérêt sur ce titre très post punk pour le coup, avec ce riff de batterie sublime, qui n’est pas sans rappeler Joy Division. C’est d’ailleurs lui qui clôture le titre comme il l’avait commencé, presque seul. Le rythme ralenti un peu, mais tout devient atmosphère assez fascinante sur les deux titres qui s’enchaînent et n’en font qu’un en fait, « Slow Dance 1 » et « Slow Dance 2 », pendant lesquels on passe de l’ombre à la lumière dans un crescendo musical qui prend aux tripes. On se laisse porter par cette musique envoûtante. James et Gabriel sont tête contre tête. La connivence entre ces deux musiciens est flagrante. James prend alors la parole pour introduire la chanson suivante « On Twisted Ground ». Cette superbe chanson, pleine d’émotion, n’est en effet interprétée quasiment qu’à la basse. Elle a été composée par James en souvenir d’un de ses amis qui s’est suicidé. James y met donc toute son âme et on le ressent. On n’ose pas perturber, faire de bruit, on retiendrait presque son souffle là où je suis, quasiment au pied de James. Le public reste silencieux au point qu’on entend parfaitement le souffle de James dans le micro qui ponctue la chanson. Le public est sous le coup de l’émotion qu’ont transmis les musiciens. Mais on n'a pas le temps de redescendre car le groupe enchaîne avec « Love Love Love ».


On est dans l’expérimentation sonore, presqu’à la Blixa Bargeld, les deux guitaristes sont parfois plus affairés sur leurs pédales d’effet que sur les cordes de leurs guitares. Indéniablement, tout cela est vraiment travaillé et fait l’originalité incontestable de ce groupe. Même s’il peut faire penser au post punk, et notamment à Joy Division par moment, le son est finalement très personnel au groupe, et ne ressemble pas forcément à des choses déjà entendues.  Après ce moment d’accalmie, place à nouveau aux chansons qui pulsent bien. Et ça commence avec « For Everything » qui remet le public en mouvement, suivie de « Don’t Kling To Life » qui le fait s’agiter plus sérieusement. Le final du set sera « Feeling Fade ».


Au début de la chanson, James fait s’accroupir tout le monde, écarte les bras pour que nous restions ainsi jusqu’au moment libérateur ou tout le monde saute. Et c’est la folie dans la fosse. Le premier crowd surfing fait son apparition, Gabriel fait mine de jeter sa basse, tous les musiciens semblent rentrer en transe. Le public aussi du coup. Et finalement James se jette dans le public et se laisse porter jusqu’à la fin de la chanson. C’est là que réside l’intérêt de The Murder Capital, de mélanger une musique atmosphérique avec des soubresauts de violence à la limite du punk. Mais rappelons-le, The Murder Capital n’est pas un groupe punk, il a son indéniable originalité qui le rend difficile à classer. Ce qu’on peut affirmer par contre, c’est que les sets sont d’une puissance, d’une force émotionnelle incomparables. Il n’y aura bien évidemment pas de rappel. Et l’ensemble de l’auditoire prend un peu de temps pour redescendre et se remettre de cette expérience d’un peu moins de cinquante minutes. Court mais intense ! Nous avions déjà été impressionnés lors de leur prestation à Rock en Seine, mais rien à voir avec ce set dans une salle qui se prête bien mieux à leur musique et l’ambiance qu’ils créent. Nous serons là pour leur prochain concert, c’est une certitude!


Setlist :

1. More Is Less
2. Green And Blue
3. Slow Dance 1
4. Slow Dance 2
5. On Twisted Ground
6. Love Love Love
7. For Everything
8. Don’t Cling To Life
9. Feeling Fades


Jean-O

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