dimanche 25 septembre 2022

Live Report : Pearl Jam live Lollapallooza Paris 2022



Après de longues années d’absence sur le sol français, Pearl Jam avait annoncé son retour pour le Lollapalooza Paris 2020… une édition bien évidemment reportée par 2 fois à cause de la pandémie. La dernière apparition du groupe de Seattle sur une scène française date de 2012 pour le Main Square Festival. La tournée de 2018 avait scrupuleusement évité la France, ce qui conduit une bande d’hurluberlus, dont les membres de Rock Alternative News, à lancer une pétition relayée par quelques médias musicaux. Mais en vain, aucune date française ne fut ajoutée lors de cette tournée. C’était donc avec une impatience exacerbée que les fans français attendaient l’occasion de faire entendre leur voix et leur amour pour ce groupe. Et le jour J arrive enfin, en ce 17 juillet 2022, au Lollapalooza Paris, choix un peu étrange tant la programmation des dernières éditions étaient éloignées du rock. Mais les fans ne pouvaient pas bouder leur plaisir d’un nouveau concert en France, même si beaucoup d’entre eux avaient assisté aux précédents concerts européens.



C’est donc après les très bons sets de White Reaper et Highly Suspect, puis ceux de Phoebe Bridges et Maneskin, que nous retrouvons enfin Pearl Jam. Et c’est avec « Why Go » un des titres de l’album « Ten », le premier du groupe, que le concert débute. Cet album aura d’ailleurs la primeur ce soir puisque c’est 6 titres de cet album de 1991 qui seront joués. L’album « Yield » sera lui aussi à l’honneur avec 5 titres joués. Seules deux chansons représenteront le dernier album en date « Gigaton », « Dance of The Clairvoyants » et « Who Ever Said » qui seront jouées l’une à la suite de l’autre au milieu du set. 




Les titres les plus emblématiques font partie de la setlist, l’objectif est probablement de plaire au plus grand nombre lors d’un festival. Mais ce qu’il y a à retenir d’un concert de Pearl Jam, ce n’est pas la setlist, mais l’énergie et l’enthousiasme du groupe à monter sur scène. Et l’enthousiasme et l’énergie, il y en a eu à revendre. Pearl Jam a littéralement tout donné, comme à son habitude pourrait-on dire, mais cette énergie, cette envie, ont une saveur particulière pour le public français. Pearl Jam n’est pas venu faire de la figuration mais est bel et bien venu faire plaisir à ses fans français, et ça, ça vaut de l’or car on aurait pu douter de leur attachement au pays du fromage et du vin. Pour ceux qui nourrissaient quelques doutes, Pearl Jam les a balayés tout de « Go ».




Mike est survolté, bondissant, virevoltant, en pointant et semblant s’adresser régulièrement une personne du public, ça fait toujours plaisir à celui qui en est destinataire. Il nous fait aussi un peu de Jimi Hendrix en jouant avec la bouche, et nous assène ses solos bien sentis comme autant de preuves d’amour. Eddie donne aussi tout ce qu’il a, ce qui lui vaudra malheureusement de perdre sa voix, ce qui l’empêchera d’assurer quelques concerts suivants. Le set progressivement monte en puissance et en émotion. Eddie devient de plus en plus bavard, pour les bonnes causes. Pour l’Ukraine tout d’abord avec une petite diatribe contre Trump et Poutine, pour l’environnement ensuite, après avoir arrêté la chanson « Given To Fly » pour que la sécurité s’occupe d’une personne qui ne se sentait pas bien. Et c’est aussi pour ça que le public aime Pearl Jam, bien que la musique soit probablement la raison principale. Le concert est passé à un nouveau niveau d’intensité, les musiciens, Mike en tête, mais aussi le public de plus en plus pris par l’émotion avec des chansons comme « Jeremy », une des plus belles du groupe de Seattle. Pour le rappel, Eddie, toujours à l’écoute et bienveillant, rend hommage à Thierry Macaire un fan de la première heure et membre de la Pearl Jamily France, et qui, étant hospitalisé, n’a malheureusement pas pu venir au Lollapalooza. Encore un beau geste, avant d’entamer un des hymnes du groupe « Alive ».



Le concert se terminera finalement sur « Baba O’Riley » une reprise des Who. Le public est aux anges après ce merveilleux concert, surtout qu’Eddie avant de quitter la scène, lui a donné rendez-vous à l’année prochaine. Cette promesse n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, et c’est donc le cœur léger et rassasié que nous quittons l’enceinte du Lollapalooza.


Regardez le concert du Lollapalooza dans son intégralité ici (montage vidéo réalisé par Meg Alex de la Pearl Jamily France)




Setlist :

1. Why Go

2. Mind Your Manners

3. Interstellar Overdrive (Pink Floyd)

4. Corduroy

5. Daughter

6. Satan's Bed

7. Even Flow

8. Dance of the Clairvoyants

9. Who Ever Said

10. Wishlist 

11. Not for You

12. Given to Fly 

13. Untitled

14. MFC

15. Amongst the Waves

16. Jeremy

17. Do the Evolution

18. Black

19. Go

20. Porch

Rappel:

21. Alive

22. Baba O'Riley (The Who)



Jean O de R.A.N.

dimanche 18 septembre 2022

Nick Cave & The Bad Seeds, le sorcier Australien a encore réussi à nous envoûter à Rock en Seine.


Un concert de Nick Cave est une expérience unique qui se renouvelle à chaque fois. On le vit de l’intérieur tout comme de l’extérieur. Car Nick Cave s’adresse à chacun de nous, aux choses enfouies en nous, qu’il va chercher grâce à ses chansons et qui ressortent à l’occasion du concert. Nick Cave n’est pas seulement un chanteur, c’est un artiste qui sait parler à votre âme. C’est parce qu’il a été capable de fusionner ses talents de prêcheur avec une sensibilité à fleur de peau qu’il est capable de vous transmettre. Il s’adresse à chacun de nous, nous envoie des vibrations pleines d’amour afin de recevoir en retour celles du public. C’est cathartique pour lui, surtout depuis la disparition de ses deux fils dans des circonstances tragiques. Et le miracle s’est de nouveau produit en ce soir de ce vendredi 26 août sur la Grande Scène de Rock en Seine. On a toujours un peu peur que la magie des concerts précédents ne se reproduisent pas. Mais c’est sans compter sur l’abnégation, le don de soi, dont fait preuve Nick Cave à chacun de ses concerts, sans jamais décevoir.



Le concert commence donc sur les chapeaux de roue avec « Get Ready For Love », un message on ne peut plus clair sur les intentions du chanteur. Et dès ce premier titre, Nick Cave nous annonce à quelle sauce nous allons être accommodés, avec un mélange de fureur, de sensibilité et d’élégance. Fureur avec une version rageuse de « From Her To Eternity », un crescendo apocalyptique de « Jubilee Street », ou la tempête de « Tupelo ». Pendant ces chansons, Nick Cave est déchaîné, jetant son micro à terre, renversant les pieds de micro ou les chevalets. Mais après ces moments d’une rare incandescence, Nick Cave se fait poignant sur des titres comme « Waiting for You » ou surtout « I Need You » issu de l’album , composé au moment du (premier) décès de son fils, où l’intensité émotionnelle est à son paroxysme. Cette bouffée d’émotion du chanteur est communiquée sans filtre au public qui en ressort lui-même tout retourné. C’est la magie de Nick Cave de pouvoir passer dans ces différents registres émotionnels en embarquant toujours avec lui son public. La rage, la fureur, la tristesse, la ferveur, comme un seul homme, le public suit. Mais Nick Cave n’est pas seul, les Bad Seeds sont là aussi, solides comme des rocks, suivant, avec leurs instruments, l’imprécateur dans tout son cheminement sur scène. Warren Ellis en tête bien sûr, notamment sur les titres de l’album « Carnage » composés avec Nick Cave, mais aussi les fidèles Thomas Wydler, Martin P. Casey, et Jim Sclavunos, ainsi que le guitariste George Viejstica, assurent le show de leur côté aussi.



Nick Cave a sa façon de personnaliser son concert pour le public présent, en dédiant la magnifique chanson « O’ Children » à un des jeunes présents ce soir-là, ou après avoir demandé le prénom à une spectatrice, lui dédit la chanson suivante. Il aime choisir des personnes du public et s’adresser à elles personnellement, autant dire que chacun espère que ça tombe sur lui, car la décharge de bonnes vibrations qu’émet Nick Cave toute la soirée est alors décuplée pour l’heureux sélectionné. Mais le reste du public n’est pas oublié, les premiers rangs notamment, lorsqu’il s’abandonne à eux, agrippant les mains et basculant dans le public, le corps bandé comme un arc (pour avoir soutenu Nick Cave pendant certains de ces moments, je peux vous dire que les muscles sont bandés afin de tenir penché mais bien droit tout en tenant le micro).




Le chanteur est redevable au public, il n’a de cesse de le répéter, mais aussi aux musiciens de qualité qui l’accompagnent dans son show. Ses compères des Bad Seeds bien sûr, mais aussi des autres musiciens qui sont présents le temps de la tournée ou même d’un concert. Ce soir il rend hommage au trio de choristes qui, depuis le début de la soirée, donnent le meilleur d’eux-mêmes, en les ramenant sur le devant de la scène et en s’agenouillant devant eux le temps d’une chanson.



C’est pour tout cela qu’on adore Nick Cave, son talent, son respect, son élégance, ses contradictions, et surtout sa capacité sur scène de vous transmettre tous ces sentiments, sans qu’on sache vraiment expliquer comment cette alchimie opère, tant elle s’adresse au plus profond de notre âme, ou peut-être à chacune de nos cellules. Nick Cave est probablement un sorcier en fait…




Après un rappel de seulement 2 titres, les organisateurs n’en autorisant pas plus, le public sort de son envoûtement, conscient d’avoir vécu une expérience unique.

Setlist:

  1. Get Ready for Love
  2. There She Goes, My Beautiful World
  3. From Her to Eternity
  4. Children
  5. Jubilee Street
  6. Bright Horses
  7. I Need You
  8. Waiting for You
  9. Tupelo
  10. Red Right Hand
  11. The Mercy Seat
  12. The Ship Song
  13. Higgs Boson Blues
  14. City of Refuge
  15. White Elephant

Rappel:

  1. Into My Arms.   
  2. Vortex


Jean-O de R.A.N 

jeudi 8 septembre 2022

[INTERVIEW] Ytso & Wayne : "on adore mettre notre musique en image"



"It's Nothing, Is It?". Non, le premier ep de Ytso & Wayne n'est pas rien et il est même carrément sublime pour un premier essai de ces deux jeunes parisiennes bourrées de talent et inspirées par des groupes comme Radiohead et consor. Elles viennent de nous envoyer un ovni de 6 titres le 5 juillet dernier en total autoprod' dans le paysage musical et qui s'aligne parfaitement aux côtés de géants tels Massive Attack ou Archive dans votre discothèque. Entretien exclusif avec Ytso pour en savoir un peu plus sur ce projet.


Salut comment allez vous ? 

On s'apprête à sortir un nouveau clip donc ça va plutôt bien.

Vous venez de sortir votre magnifique premier ep 6 titres "It’s Nothing, Is It" le 5 juillet dernier alors que votre premier single  "The Night Of Nights" est sorti en 2020. Que s'est-il passé pendant ces 2 années qui séparent le single de l'ep ?

Après la sortie de The Night of Nights, on a décidé de prendre le temps de réfléchir au projet, de faire le tri dans toutes les démos qu'on avait enregistrées pendant le confinement, on a aussi travaillé sur de nouveaux morceaux. Mais c'est surtout qu'on a fait le choix d'un projet 100% DIY, et qu'on est que deux, donc inéluctablement tout prend davantage de temps. Au final ce temps a été bénéfique, car cet Ep ressemble exactement à l'idée qu'on s'en faisait.



Comment est né ce projet alors ?
 

Nous nous connaissons depuis 15 ans, nous jouions à l'époque dans deux groupes de rock différents, et nous avons alors partagé de nombreuses scènes ensemble. Il y a une dizaine d'années, j'ai (Anne-Claire/Ytso) envoyé à Vanessa (Wayne) une démo d'un morceau en anglais que j'avais composée, sur laquelle elle a fait quelques arrangements, le résultat était vraiment super mais la vie a fait qu'on a continué nos chemins musicaux séparément. Pendant le confinement de mars 2020, j'ai réécouté cette démo qui m'a à nouveau beaucoup enthousiasmée, et j'ai immédiatement demandé à Van si elle voulait qu'on finisse enfin ce morceau. Bien sûr elle était partante. C'était Life for Sale. On était tellement heureuses du résultat qu'on s'est dit "pourquoi s'arrêter à un titre" ? et au final on s'est lancé dans la composition d'un EP entier, et l'aventure Ytso & Wayne a commencé !

Musicalement vos titres sont très forts et vos vidéos sont magnifiques, mêlées avec des fonds de paysages urbains et quelques effets stroboscopiques avec un grain d'image de caméra en super 8. Serait-ce une photographie de notre époque que l'on voit dans vos clips ?

C'est drôle parce que le premier clip, de The Night of Nights, a également été monté pendant le confinement, à un moment où on ne pouvait pas filmer grand chose. Le clip est donc composé de plein de rush qu'on avait dans nos téléphones, ou que nos amis nous ont gentiment envoyés, ce qui donne cet effet vintage, image d'archives qu'on aime beaucoup.



C'est vous qui réalisez vos clips ?

Oui, car ça correspond à notre éthique DIY, et puis on adore mettre en image notre musique.

De quoi parlent vos textes ? Quels sujets abordez-vous dans vos chansons ?

Il n'y a pas de thématiques particulières, par exemple Life for Sale est une chanson anti-capitaliste, alors que My Young Ghost parle de la nostalgie d'une jeunesse qui s'éloigne, et The Night of Nights est une déambulation nocturne dans une ville qu'on s'apprête à quitter...

Votre ep mélange des titres acoustiques et des titres plus rock indie. Comment se passe la composition des titres chez Ytso & Wayne vu que vous êtes un duo ? Utilisez vous des machines ou des ordinateurs pour vous accompagner ? 

La réalité de ce projet fait qu'on a été obligées dès le début de composer à distance, donc souvent le processus est le même, je compose une démo que j'envoie à Van qui fait un premier arrangement et ensuite on fait quelques aller-retours mais en général le morceau est rapidement terminé parce qu'on est toujours musicalement sur la même longueur d'onde. Hormis les guitares et la basse qu'on enregistre sur de vrais instruments et qui servent aussi à créer des textures, le reste est numérique.




Quelles sont vos influences musicales ? Avez vous des groupes phares ? Quand on vous écoute, on pense tout de suite à des groupes comme Massive Attack ou Archive par exemple.

Ce qui est bien c'est que nous avons les mêmes influences musicales, Radiohead et Oasis étant nos deux groupes phares. Après, nous écoutons surtout du rock alternatif, du post-punk, de la folk. Des artistes comme Julian Baker, BRMC, Fontaines DC, Chelsea Wolf ou Foals font partie de nos influences.

Qu'est ce que vous écoutez en ce moment ? 

En ce moment Van écoute des vieux tubes des années 90, et moi j'écoute du post-punk allemand...On peut vous donner des reco si vous voulez !




Êtes vous plus supports physiques ou digital pour l'écoute de la musique ? 

On préfère les supports physiques qui ont plus d'âme et de charme, mais l'époque fait qu'on est toujours branchées sur Spotify ou Deezer...

On peut trouver votre ep sur toutes les plateformes de streaming habituelles mais aussi sur Bandcamp où on peut se le procurer pour le télécharger en toute légalité et surtout vous soutenir financièrement. Est-ce qu'une sortie physique est au programme ?

Malheureusement pas au programme pour l'instant...

Quel sera la suite de l'aventure alors ? 

Le clip de Strange Bird doit sortir prochainement, suivra le clip de My Young Ghost... nous avons prévu de cliper tous les titres de l'EP ! Nous sommes également déjà en train de travailler sur notre prochain EP qui avance bien !

Merci à vous d'avoir répondu à cette interview.

Avec plaisir ! 






Suivez Ytso & Wayne sur InstagramFacebook et Bandcamp.



Gian, septembre 2022.