mardi 27 octobre 2020

Album Review : "The Organic Farmers Season : Unplugged Live" de The Inspector Cluzo (Sortie le 16.10.2020)

Credits Photo : © Greg Leruste pour Pozzo Live

Avec la pandémie de COVID-19, les concerts manquent cruellement à la plupart d’entre nous. Par exemple, la dernière fois que j’ai entendu le doux son des instruments en live, c’était au mois de février dernier dans l’antre du Café de la Danse. Il s’agissait de la prestation remarquable en acoustique de l’un des groupes qui ne cesse d’enchanter la France du rock et le monde du blues : The Inspector Cluzo.


Nous étions à peine 500 privilégiés dans la salle parisienne et c’était un moment de grâce inexplicable. Ce soir-là, Laurent Lacrouts & Mathieu Jourdain jouaient - dans la lignée de leur sublime album “Brothers in Ideals”, publié le 17 janvier dernier* - leurs morceaux en acoustique, simplement accompagnés par des cordes et un clavier, Eleonore Denig au violon, Melodie Chase au violoncelle et Eric Montgomery au piano Wurlitzer, que vous retrouverez également sur leur nouveau disque, “The Organic Farmers Season : Unplugged Live”.

Credits Photo : © Le Musicodrome

Cet album sorti le 16 octobre dernier a été capté en début d'année durant leur mini-tournée acoustique, notamment au Théâtre de Gascogne de Mont-de-Marsan, ville si chère au coeur des 2 Cluzo, mais aussi surtout au Casino de Biarritz et au Krakatoa de Mérignac. Mélangeant les morceaux contenus dans leurs 2 derniers albums - “We The People Of The Soil” pour la version électrique & son pendant acoustique “Brothers in Ideals” - à certains de leurs classiques comme “The Run” ou “Lost In Traditions”, ce disque unplugged voit les Cluzo débrancher leurs amplis et déployer leur répertoire dans une ambiance intimiste du plus bel effet pour notre plus grand plaisir.


Si je ne reviendrai pas en détail sur les morceaux puisque déjà chroniqués précédemment, ce disque retranscrit à merveille l’atmosphère unique, le recueillement quasi monacal qui habitait le public durant cette tournée, à l’image de ce que nous avions vécu au Café de la Danse. Éblouissante du début à la fin de cet opus, la prestation de nos rockfarmers est de celles qui vous mettent en lévitation. Modulant son timbre de façon stupéfiante sans pour autant perdre en qualité, Laurent assure une performance vocale intense et passionnée, tandis que Mathieu fait parler sa formation funk derrière une batterie réduite à son plus simple appareil. Avec son énergie habituelle, il nous livre une partition subtile, digne des plus grandes éminences du blues, avec en plus de délicieuses notes jazzy.

Credits Photo : © Manu pour Rock Alternative News

Accentuant le côté mélodique et apportant également de la profondeur à certains titres comme “The Best” - sur laquelle on regrettera tout de même l’absence de l’élégante Marianne Dissard - ou “We The People Of The Soil”, l’ajout du Wurlitzer d’Eric Montgomery et des cordes d’Eleonore Denig & Melodie Chase nous confère une sensation de proximité et de chaleur, la même que celle que nous avions ressentie le 02 février dernier au Café de la Danse.


Produite par le “couteau suisse” Vance Powell, ingénieur du son, mixeur et producteur - entre autres - de Jack White, Seasick Steve, Clutch, Tinariwen ou des Raconteurs, et masterisé par Pete Lyman, qui a officié précédemment pour Chris Stapleton & Tom Waits, cette performance débranchée est aux antipodes de tous les clichés véhiculés sur les Cluzo mais c’est aussi pour cela qu’elle est si remarquable. Porté par des rythmes de guitare obsédants, des percussions jouissives, une énergie jamais démentie et une interprétation solaire du classique de Neil Young “Hey Hey My My”, cet album marque l’aboutissement du travail de The Inspector Cluzo depuis plusieurs années. Il vous suffira de fermer les yeux et de profiter de la version allongée de la piste de clôture “Little Girl & The Whistlin’ Train” pour vous en convaincre.


Credits Photo : © Manu pour Rock Alternative News

Si vous n’étiez pas touché(e) à l’écoute de ce voyage musical unique, cela voudrait dire que la dernière once d’humanité en vous a disparu et qu’il est temps pour vous de retourner à ce monde désespérément sombre en (r)allumant BFM TV. Mais je n’y crois absolument pas, tant “The Organic Farmers Season : Unplugged Live” est un véritable éveil des sens, une oeuvre extraordinaire qui fera date.


La Note de Manu : 9/10
Pochette de l'album "The Organic Farmers Season : Unplugged Live" (sortie le 16.10.2020)

“The Organic Farmers Season : Unplugged Live” de The Inspector Cluzo, LP 15 titre sorti le 16 octobre 2020

Tracklist :

1. A Man Outstanding In His Field (7:40)

2. The Sand Preacher (3:20)

3. Cultural Misunderstanding (3:56)

4. Ideologies (6:16)

5. The Run (6:15)

6. Lost In Traditions (3:35)

7. Lou Casse Theme (3:11)

8. Fishermen (5:22)

9. The Globalisation Blues (6:03)

10. The Best (5:19)

11. We The People Of The Soil (3:27)

12. Hey Hey My My [Neil Young Cover] (3:32)

13. Brothers In Ideals (4:00)

14. No Deal At Crossroads (3:27)

15. Little Girl And The Whistlin’ Train (11:50)



Ecouter l'album sur YouTube

Credits Photo : © Manu pour Rock Alternative News

Credits Photo : © Manu pour Rock Alternative News

Source : © Facebook Officiel The Inspector Cluzo



*NDLR : Chroniqué ici => "Brothers in Ideals" par Rock Alternative News



PS : Nous profitons de l'occasion pour remercier sincèrement Laurent & Mathieu, ainsi que leur attachée de presse, la merveilleuse Sissi, pour leur soutien indéfectible à Rock Alternative News depuis le début... Mercès Hera !



Manu de RAN

jeudi 22 octobre 2020

Album Review : "Atlas Vending" de METZ (Sortie le 09.10.2020)

Source : © Facebook Officiel METZ

Parfois, les recettes les plus simples sont les plus efficaces et les plus goûteuses. Par exemple, si vous mélangez mozzarella, tomate et basilic, vous obtenez une Margherita. Un classique indémodable, fiable, efficace et pourtant on ne peut plus simple. S’il est difficile de dire avec certitude si la musique du groupe noise punk canadien METZ est aussi digeste, le trio originaire d’Ottawa possède de nombreux points communs avec ce classique de la cuisine italienne.


Au cours de la dernière décennie, METZ a nourri sa légende, sortant album après album une flopée de classiques du noise punk, épousant ainsi le passé glorieux de son label Sub Pop - le label historique des fondateurs du mouvement grunge - tout en y ajoutant une pincée de modernité féroce. “Atlas Vending”, le 4ème album bruyant des Canadiens, poursuit dans cette veine et nous offre même bien davantage… Certes, cet opus est une nouvelle fois bruyant, vénère et se dégustera avec quelques bières, mais sur ce 4ème album intense, le trio d’Ottawa évolue et élargit son périmètre sonore.

Credits Photo : © Daily Rock

Dès l’ouverture “Pulse”, qui vous fracassera le crâne comme une sorte de version post-punk gloutonne de Pissed Jeans (autre “sociétaire” de Sub Pop Records), il semble évident que dorénavant, METZ a sombré dans une nouvelle sorte de rage fulgurante. La piste démarre tranquillement, mais ce n’est qu'une question de temps avant que le noise pointe le bout de son museau. Et quand il arrive enfin, les riffs bruyants et les percus monstrueuses se combinent pour vous plonger dans un coma alimenté par un grunge quasi épileptique.


Cette tendance se poursuit tout au long de l'album. Si “The Mirror” et “Hail Taxi” rappellent le son emblématique du trio - où les guitares s'effondrent, les percus implosent et la basse virevolte - d’autres pistes témoignent de cette volonté d’expérimentation légère. En effet, vous trouverez un peu plus loin une pincée de chanson d'amour à la sauce METZ - “No Ceiling” - et peut-être même un soupçon de chœurs sur “Blind Youth Industrial Park”. Pourtant, ces titres parviennent encore à nous mettre groggy. Les notes parasites et les pauses ne font qu’alimenter la tension permanente qui infuse ce disque.

Credits Photo : © Scott Dudelson

Si “Parasite” sonne comme les pistes brèves et brutales des 1ères oeuvres de METZ, “A Boat To Drown In” et ses plus de 7mn font naviguer nos héros en eaux troubles. Ce morceau fascinant est probablement le point final parfait pour ce disque. Il parvient à capturer ce cocktail puissant, rempli de nostalgie, de tristesse et d’euphorie, qui fait immanquablement penser à un univers où My Bloody Valentine rencontrerait A Place To Bury Strangers. Mais c’est surtout la preuve que le voyage stylistique viscéral de METZ est encore plein de possibilités.


Au milieu du chaos incessant de cette année 2020, il serait aisé de considérer “Atlas Vending” comme un album inspiré par cette période trouble. Mais en réalité, les méditations du chanteur & guitariste Alex Edkins sur l’anxiété, l’isolement, la paranoïa, la claustrophobie et les envies insistantes de s’abandonner à un destin capricieux ont toujours fait partie du fonds de commerce de Sub Pop depuis la nuit des temps.

Quand Alex Edkins chante « Je ne parviens pas à trouver un moyen de me libérer » sur le single “Blind Youth Industrial Park”, sa frustration et son désespoir trouvent une résonance particulière vu la période sanitaire dans laquelle nous sommes embourbés. Cela fait de “Atlas Vending” un disque pervers et néanmoins rassurant pour quiconque chercherait du réconfort dans une musique destructurée, féroce et cacophonique.

Credits Photo : © Ebru Yildiz

Des guitares poignantes de l’ouverture “Pulse” aux percus tonitruantes de “Blind Youth Industrial Park”, le disque repousse toujours les limites du noise, mais cette fois, il se veut encore plus tendu, plus dystopique, un peu à l’image du monde extérieur. Mais même au milieu d’un tel chaos frénétique, le trio a quand même réussi à construire et à élargir ses horizons sonores. “No Ceiling” porte les stigmates d’un héritage pop, tandis que les guitares introductives de “Draw Us In” sont presque arrogantes. Le groupe se montre sous un jour nouveau, assez confiant pour continuer à capitaliser sur ses forces, tout en recherchant une certaine diversité sonore. Un disque à la fois brut et raffiné, qui marquera et vous ébranlera profondément.


Cet album ne sera - du point de vue de certain(e)s - pas aussi goûteux que la Margherita citée en préambule, mais - en ce qui me concerne - avec “Atlas Vending”, METZ me régale les papilles avec son noise punk sale, corrosif et cathartique. A défaut de les avoir au Michelin, 3 étoiles au guide Rock Alternative News !


La Note de Manu : 8/10
Pochette de l'album "Atlas Vending" de METZ (sortie le 09.10.2020)

“Atlas Vending” de METZ, LP 10 titres sorti le 09 octobre 2020 chez Sub Pop Records

Tracklist :

1. Pulse (4:20)

2. Blind Youth Industrial Park (3:02)

3. The Mirror (5:03)

4. No Ceiling (1:37)

5. Hail Taxi (4:31)

6. Draw Us In (3:57)

7. Sugar Pill (2:55)

8. Framed By The Comet’s Tail (4:53)

9. Parasite (2:24)

10. A Boat To Drown In (7:37)


https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_kxjPMkza8M6oFRMT_ScNw9L-g816dt0Kk

Credits Photo : © Tiro Al Corazon

Credits Photo : © Paola d'Urso


Manu de RAN

jeudi 15 octobre 2020

Album Review : "Protean Threat" d'Osees (Sortie le 18.09.2020)

Credits Photo : © Titouan Massé

Dans le monde musical actuel, il y a des groupes qui creusent toujours le même microsillon et suivent un parcours linéaire, chaque nouveau disque leur permettant de peaufiner et de perfectionner leur approche. Les exemples ne manquent pas… Et puis il y a celles & ceux qui prennent parfois des chemins de traverse et explorent des territoires sonores inattendus, expérimentent, laissent libre cours à leur folie créatrice et prennent de facto le risque de se planter. Incontestablement, le pape du garage psychédélique californien John Dwyer est de cette 2nde catégorie.

Son 23ème album “Protean Threat”, publié le 18 septembre dernier sous le nom d’Osees, l'une des nombreuses déclinaisons revenues d'outre-tombe de son groupe Thee Oh Sees, confirme cet état de fait. S’il est parfois compliqué - voire épuisant - de suivre la discographie du Californien, puisque chaque changement de style appelle un nouveau nom de groupe, il faut reconnaître que sa cohérence est pratiquement sans faille. Et “Protean Threat” ne déroge pas à la règle.

Credits Photo : © Fuzzy Sun

Pour cette nouvelle sortie, le groupe s’est focalisé sur ce qu’il sait faire de mieux, à savoir un punk puissant et expérimental, avec toutefois quelques changements de style bienvenus. Avant de lancer la lecture du disque, préparez-vous à vivre un tourbillon de sensations fortes car cet opus n’est vraiment pas fait pour les âmes sensibles.


Dès la piste d’ouverture “Scramble Suit II”, l'auditeur est frappé par une introduction vraiment irrésistible portée par une énergie punk / art-rock épileptique qui lui emballera le cœur et dilatera ses pupilles en même temps. Une ambiance qui régalera les fans du maître Dwyer.


Car si le nom du groupe pourrait en perturber certain(e)s, le son est lui particulièrement familier. Ce titre serait la bande son idéale pour une scène de course poursuite dans un film d'action à la “Fast And Furious”. Le single “Dreary Nonsense” mélange certains aspects de funk psychédélique à des percussions effrénées et des choeurs très punk. Certains éléments de l’instrumentation de ce morceau provoquent une sensation à la fois jouissive et sauvage et nous font tourner la tête.

Credits Photo : © Brooklyn Vegan

Un exemple parmi tant d’autres des montagnes russes provoquées par John Dwyer et sa bande, l’enchaînement de “Red Study” - voyage induit par la drogue - avec la piste la plus lente du disque, “Said The Shovel”. Ces 2 chansons parviennent à nous offrir des moments passionnants. Mais parce qu’Osees aime surprendre, avant de pouvoir respirer, le rythme reprend et nous emmène dans une ambiance radicalement différente. Le 1er single de l'album - “If I Had My Way” - délaisse ainsi ce punk thrash et très rapide pour amener l’auditeur vers un funk old school succulent et hyper groovy, porté par une basse émouvante. Avec son rythme rapide et cette atmosphère funk psychédélique, on tient ici la bande-son parfaite pour un prochain volet du “Ocean’s Eleven” de Steven Soderbergh.


Enfin, des morceaux comme “Toadstool” semblent vivre dans un monde parallèle, oscillant entre un funk psychédélique froid, une tonalité blues délicieuse et un style presque art-pop. Après un mélange si savoureux, on pourrait se dire qu’Osees va marquer le pas, mais il parvient encore à surprendre… En effet, le hors du commun “Terminal Jape” n’aura de cesse de vous perturber avec son chant metal psychédélique qui vous déchire le visage, tandis que le rock spatial, instrumental et tourbillonnant de “Wing Run” semble tout droit sorti d’un trip sous acide, et que l’on sent des accointances krautrock dans des chansons comme “Upbeat Ritual”.

Credits Photo : © DarkRoom

“Protean Threat” est vraiment un album à part. Avec son mélange de punk, de garage et de psychédélisme, c’est une oeuvre dense, pas forcément la meilleure de la carrière de John Dwyer, mais que l’on écoutera à nouveau avec plaisir et qui trouvera aisément sa place au sein de toute discographie qui se respecte.

Concluant le disque, “Persuaders Up !” sonne comme une distillation parfaite des vapeurs capiteuses que John Dwyer et ses acolytes ont créées tout au long de leurs 23 albums. Cela ne ressemble en rien à ce qu’ils ont fait précédemment, et en même temps, on a comme l’impression que seul Osees pouvait produire une telle décoction musicale. Ce sont ces divagations oxymoriques qui font d’Osees un groupe à part dans la scène rock / garage actuelle. Un groupe dont on a toujours autant de plaisir à découvrir les nouvelles expérimentations psychédéliques et épileptiques. A la découverte de cet album, la réalité nous rattrape très vite… Non, John Dwyer n’a rien perdu de son talent et de sa folie. Le pape du garage californien en a encore sous la pédale, et ça nous laisse augurer une nouvelle fois de bien jolis moments futurs !


La Note de Manu : 8/10
Pochette de l'album "Protean Threat" d'Osees (sortie le 18.09.2020)

“Protean Threat” d’Osees, LP 13 titres sorti le 18 septembre 2020 chez Castle Face Records

Tracklist :

1. Scramble Suit II (2:28)

2. Dreary Nonsense (1:35)

3. Upbeat Ritual (2:11)

4. Red Study (3:13)

5. Terminal Jape (2:20)

6. Wing Run (2:06)

7. Said The Shovel (4:37)

8. Mizmuth (2:10)

9. If I Had My Way (2:48)

10. Toadstool (4:57)

11. Gong Of Catastrophe (4:43)

12. Canopnr ‘74 (3:01)

13. Persuaders Up! (2:24)



Credits Photo : © Rock & Folk

Credits Photo : © Luis Amella


Manu de RAN

mardi 13 octobre 2020

Live Report: POGO CAR CRASH CONTROL Release Party Trabendo 16 septembre 2020


Les concerts organisés par le Supersonic sur la terrasse du Trabendo dans le cadre des soirées Take Me Out ont décidément rameuté la crème du rock hexagonal. Ce soir du 16 septembre, c’est en effet les Pogo Car Cash Control, ce qui se fait de mieux en termes de grunge-core / hardcore français qui investissent la terrasse du Trabendo en ce 16 septembre 2020 pour la release party de leur nouvel opus «Tête Blême» qui sort dans les bacs et ailleurs le 18 septembre. Ce second album des franciliens nous arrive deux ans après leur premier album, « Déprime Hostile », qui avait secoué le rock hexagonal, ainsi que les têtes de leur public chevronné. Deux années qui ont été mises à profit par le groupe pour se construire une solide réputation en live, avec plus de 200 concerts et autres festivals comme le Hellfest, excusez du peu. C’est donc avec l’écoute du nouvel album que la soirée commence. Et là, on se dit ça va faire mal ce soir ! Si les titres ont certainement gagné en épaisseur, alliage efficace de grunge et de métal, ils n’en sont pas moins percutants et tabassent toujours aussi fort ! Ça va pogoter c’est sûr ! En prévision on s’installe donc sur la gauche de la scène afin d’éviter la zone de turbulence maximale. Les 12 titres de l’album avalés on se prépare à la première partie assurée ce soir par les MSS FRNCE. Pour tout savoir sur le nouvel album des Pogo Car Crash Control, je ne saurais que trop vous conseiller la rubrique de notre chroniqueur Manu sur le blog de Rock Alternative News.
Nous attendons donc le début des hostilités de ce soir avec le groupe MSS FRNCE (prononcez Miss France bien évidemment) qui se fait attendre. Le temps passe mais rien ne se passe, et on se rend compte qu’il manque un des musiciens, le guitariste plus exactement, qui risque en effet de faire cruellement défaut. Probablement que celui-ci aura été retardé sur un plateau de télévision s’il officie toujours en tant qu’ingénieur du son comme c’était le cas il y a quelques années. Quand le musicien arrive enfin, un set endiablé commence. L’énergie est là, celle des musiciens bien sûr mais celle du public également. Les paroles sont hurlées, pas vraiment compréhensibles il faut l’avouer. Le quatuor parisien nous envoie ses compos débitées à la hache dans les gencives. C’est du punk hardcore, c’est agressif, c’est expéditif, les titres font moins de 2 minutes, ça va à 100 à l’heure et ça déménage vraiment, c’est indéniable. Mais ça manque un petit peu de relief tout de même. Le chant gagnerait à être plus nuancé, sans pour autant perdre l’intention et l’impact, pour arriver à nous convaincre totalement. Nul doute qu’ils en sont capables, encore faut-il qu’ils le veuillent...
C’est enfin le temps pour Pogo Car Cash Control de monter sur scène, on s’impatiente car cela fait un bon moment que nous avions investi les lieux. Jolie entrée en matière, afin que les musiciens se mettent en place, avec une reprise du thème du film Halloween de John Carpenter. Cela nous met dans l’ambiance : tremblez, il va y avoir du sang ce soir ! Et en effet, le titre suivant « l’Odeur de la Mort » porte bien son nom, et met toute la terrasse du Trabendo à feu et à sang ! Difficile en effet de contenir le public même en cette période de pandémie. Ça pogote dans tous les sens assez rapidement. Et ce n’est pas le titre suivant qui pourra calmer les choses ! C’est en effet le titre éponyme du premier album du groupe, « Déprime Hostile », qui nous est envoyé comme un direct en pleine face. Le groupe est incontestablement toujours aussi efficace en live, le confinement et les restrictions n’ont en rien émoussé leur rage et leur fureur sur scène.
. Les P3C enchaînent ensuite avec 5 titres du dernier opus, et on peut en apprécier en live l’efficacité. « Le Ciel est Couvert » bénéficie d’un excellent riff de guitare, tandis que « L’Histoire se Répète » s’inscrit comme un vrai titre metal d’excellente facture, et « Miroir » est interprétée à cent à l’heure. Le public ne s’y trompe pas et les barrières, non fixées au sol, subissent les assauts répétés de celui-ci. A plusieurs reprises, elles manquent de se renverser, menaçant d’écraser les photographes qui s’affairent de l’autre côté. On tremble pour eux !
Les musiciens sont à fond. Ils sont heureux d’être là, devant un «vrai» public, pour défendre leur nouvel album. Ils veulent faire un sort au quasi-sevrage de concerts depuis le mois de décembre. Loal tabasse sa basse, Simon défonce ses futs, Louis et Olivier maltraitent violemment les cordes de leurs guitares. Le set défile sans vraiment nous laisser souffler. Et on croit avoir une petite pause avec une des nouvelles chansons « L’intérieur de ton corps » avec son rythme lancinant, dans le plus pur style grunge. Mais à peine les 3 min du titre expédiés qu’on enchaine sur « Qu’est-ce qui va pas ? » plus rageur que jamais. Mais pour nous tout va bien, on profite, on profite… nous aussi on a été sevrés pendant des mois ! « Tête Blême » le titre éponyme du nouvel album qui vient ensuite, est incontestablement une des meilleures chansons, celle de la maturité de ce grunge nouvelle génération, et dont la version live ne déçoit pas. On voit d’ailleurs poindre les premiers crowdsurfings depuis longtemps. Elle deviendra probablement un des hymnes du groupe. « Trop Défoncé » clôture la série de titres du nouvel album, comme elle clôture l’album d’ailleurs. Le set se termine par « Crève » la chanson emblématique des P3C, celle qui vous achève avec son énergie improbable, qui vous martèle les tympans et qui vous impose le pogo par son rythme effréné.
Après quelques instants le groupe revient pour le rappel et nous assène « L’ego dans les chiottes » pour conclure avec « Conseil » visiblement attendus par une partie du public qui la reprend en chœur. Un concert qui aura donc tenu toutes ses promesses et qui, s’il n’aura pas vraiment respecté les consignes sanitaires liées à la pandémie actuelle, aura permis au public de s’éclater joyeusement sur le meilleur grunge core français du moment !

Setlist 
1. Halloween Theme 
2. L'odeur de la mort 
3. Déprime hostile 
4. Seul à tomber 
5. Pourquoi tu pleures 
6. Le ciel est couvert 
7. L'histoire se répète
8. Miroir 
9. Paroles/M'assomment 
10. Comment lui en vouloir 
11. Rancunier 
12. L'intérieur de ton corps 
13. Qu'est-ce qui va pas ? 
14. Tête blême 
15. Trop défoncé 
16. Crève 
Rappel: 
17. L'ego dans les chiottes 
18. Conseil


Jean O de R.A.N.

jeudi 8 octobre 2020

Album Review : "Tête Blême" de Pogo Car Crash Control (Sortie le 18.09.2020)

Credits Photo : © Mowno


Vous vous souvenez peut-être de l’époque où de pseudo-chroniqueurs musicaux avaient érigé des groupes comme La Femme, Calogero ou les BB Brunes au rang de « sauveurs » du rock hexagonal. Cette logorrhée relayée de façon monolithique par des médias spécialisés censés être sérieux - comme Les InRockuptibles - relève davantage de mon point de vue de la diarrhée, voire de la peste musicale, et est à mon sens bien plus dangereuse pour notre santé que le virus qui circule actuellement, car bien plus répandue.


Cette mise au point faite, nous allons pouvoir maintenant aborder l’un des véritables héritiers de ce rock énervé hexagonal : Pogo Car Crash Control et son 2ème album sorti le 18 septembre dernier, “Tête Blême”.

Credits Photo : © Cat Photographie

Découvert en 2017 à l’occasion du festival Teenage Kicks organisé par la Cartonnerie de Reims, Pogo Car Crash Control - surnommé P3C - m’avait littéralement soufflé par sa puissance de frappe et son son massif sans concessions. Leur prestation plus que convaincante au festival du Cabaret Vert à la suite de leur 1er LP “Déprime Hostile” me confirmait qu’il faudrait compter avec le quatuor originaire de Lésigny à l’avenir.

Deux ans et un confinement plus tard, Olivier, Lola, Louis & Simon nous reviennent en pleine bourre et ne déçoivent pas avec leur 2nde livraison intitulée “Tête Blême”, prévue initialement le 1er mai dernier mais retardée à plusieurs reprises suite à cette saloperie de COVID.


Ce disque s’attaque avec l’un des morceaux déjà connus depuis plusieurs mois “L’Odeur de la Mort” et son instru rude, qui envoie déjà un direct au foie à l’auditeur. C’est lourd, frontal et saturé mais toujours aussi plaisant. Et si vous pensez pouvoir souffler avec les pistes suivantes, vous en serez pour vos frais puisque sur des titres comme “Miroir”, “Seul à Tomber”, “Qu’est-ce Qui Va Pas ?” ou “L’Intérieur de ton Corps”, on retrouve la recette qui avait autant étonné que fasciné sur “Déprime Hostile”, à savoir un chant puissant mi-braillé mi-chanté, qui sombre du côté metal de la Force et des guitares en fusion qui confèrent aux morceaux un héritage punk du plus bel effet.

Credits Photo : © United Rock Nations

Il y a dans ce 2ème opus une flopée de titres à casser des épaules lors de pogos endiablés - magne-toi le séant Roselyne, ça commence à faire long 6 mois sans vrai concert ! - qui feront des ravages indélébiles dans la mémoire des fans de rock vénère. Dans ce registre qui sied si bien au quatuor francilien, “Le Ciel Est Couvert” vous balance des uppercuts comme si Muhammad Ali s’était réincarné avec une guitare. « Vole comme le papillon, pique comme l’abeille » ? Ici, ce serait plutôt le riff qui pique, pour notre plus grand plaisir ! Quant à l’éponyme “Tête Blême”, elle nous replonge au temps de la splendeur du grunge, dans nos années 90 chéries. Et ce n’est pas le nouveau look du chanteur Olivier, rappelant fortement Kurt Cobain, qui me contredira…


Les pistes plus “apaisées” - notion toute relative lorsque l’on parle de P3C - nous permettent de vérifier que la beauté de cet album réside également dans ses textes revendicatifs en français, qui rappellent un peu les jeunes années des Bérus. La massive piste de clôture “Trop Défoncé” nous propose une conclusion pied au plancher - ou à la pédale plus exactement - et nous réserve un dernier moment intense qui cogne.

Pour son album de la confirmation, Pogo Car Crash Control a placé la barre aussi haut que son son est lourd. On retrouve le côté désinvolte du punk, le grunge pour l’énergie, le metal pour la vitesse et le hardcore pour une section rythmique musclée comme un body builder. On regrettera simplement la faiblesse du mix par moments, qui rend les paroles chantées difficilement compréhensibles. Mais cela n’altère en rien le plaisir que l’on a de retrouver P3C.

Credits Photo : © Mowno

Avec son irrévérence, son mauvais goût assumé et son besoin urgent de choquer la bourgeoise, mais aussi ses riffs touffus, ses rythmiques trapues, ses solos hallucinants et ses textes coupants comme un rasoir, P3C nous balance un pavé dans la tronche, qui nous rappelle que le metal aussi peut se conjuguer en français. En fait, “Tête Blême” sonne un peu comme si Slayer, Trust et Lofofora avaient allumé un brasier commun, alimenté par un chant hargneux, des guitares en fusion, une rythmique qui claque, une énergie et un verbe sans limite.


A l’heure actuelle, P3C est - avec des groupes comme We Hate You Please Die - l’un des rares remèdes musicaux contre l’uberisation intellectuelle et musicale qui sclérose notre pays. Ce disque agit comme un shoot d’adrénaline. Ce qui est certain, c’est que P3C c’est de la bonne. En ce qui me concerne, je suis déjà accro ! Ou peut-être suis-je “Trop Défoncé”... Ils nous avaient prévenus pourtant… Dès leur 3ème single, on savait que “Le Ciel Etait Couvert”, il fallait donc bien s’attendre à ce que cela pète à un moment donné…


La Note de Manu : 8.5/10
Pochette de l'album "Tête Blême" de Pogo Car Crash Control (sortie le 18.09.2020)

“Tête Blême” de Pogo Car Crash Control , LP 12 titres sorti le 18 septembre 2020 chez Panenka Music

Tracklist :

1. L’Odeur De La Mort (2:00)

2. Miroir (2:19)

3. Seul à Tomber (2:27)

4. Ce Monde Humiliant (2:22)

5. Qu’Est-Ce Qui Va Pas ? (3:15)

6. Le Ciel Est Couvert (2:13)

7. Tête Blême (2:42)

8. L’Histoire Se Répète (2:51)

9. Pourquoi Tu Pleures ? (2:48)

10. L’Intérieur De Ton Corps (3:08)

11. L’Ego Dans Les Chiottes (2:30)

12. Trop Défoncé (5:26)



https://www.youtube.com/playlist?list=PLCk92u03ScKk89dHx5Gry5WBEwN8gDfzI

Credits Photo : © DarkRoom

Credits Photo : © DarkRoom



Manu de RAN