jeudi 28 janvier 2021

Album Review : "Spare Ribs" de Sleaford Mods (Sortie le 15.01.2021)

Credits Photo : © Allasdair McLellan

Certain(e)s pourraient dire que dans les moments les plus sombres de notre histoire, nous avons toutes & tous envie d’un peu d'évasion. Mais ce n’est manifestement pas le cas du duo anglais Sleaford Mods. Et peut-être a-t-il raison… Ainsi, à grands coups de paroles scabreuses, d’invités triés sur le volet et d’une production très riche, le duo de Nottingham nous invite à réfléchir sur la situation mondiale actuelle dans son 6ème album, intitulé “Spare Ribs”.

Depuis “Austerity Dogs” en 2013, Sleaford Mods a construit son auditoire et fait son chemin sans se soucier des conventions ou des tendances. Sa musique est relativement simple, voire carrément simpliste pour certains de ses détracteurs : une ligne instrumentale discrète d’Andrew Fearn sur laquelle Jason Williamson vient poser son phrasé aussi marqué qu’énervé, soutenu par des textes toujours vindicatifs et riches.

Credits Photo : © The Guardian

Ce nouvel album “Spare Ribs”, sorti le 15 janvier dernier, a été enregistré en 3 semaines l’année dernière, entre les confinements successifs. « Nous sommes tous si fatigués… », chante Jason Williamson sur la piste d’ouverture expérimentale “The New Brick”, résumant ainsi le sentiment général dans la pandémie actuelle, qui occupe - bien évidemment - une place centrale dans ce disque. D’ailleurs, il semblerait que le titre de l’album ait été inspiré à Jason Williamson par le nombre important de décès lors de la première vague de coronavirus, celui-ci considérant les vies humaines comme - littéralement - « des côtes de rechange », « spare ribs » en anglais.

Credits Photo : © NME

UN DISQUE LUMINEUX & VARIE

Ceci dit, on pourrait s’imaginer que cet album va sombrer dans la morosité, mais il n’en est rien. Bien qu’enraciné dans la fureur et la monotonie du quotidien, “Spare Ribs” se révèle être le disque le plus lumineux et le plus varié de la carrière de Sleaford Mods. Le travail du beatmaker Andrew Fearn est souvent décrit à tort comme « minimaliste ». En réalité, celui-ci est largement sous-estimé car il crée des grooves complexes et immersifs que la plupart des sections rythmiques lui envieraient. Si vous souhaitez en avoir l’illustration, n’allez pas plus loin que le flux cyclique et gorgé de basse du single “Shortcummings”, sur lequel Jason Williamson prédit la chute du 1er Ministre britannique Boris Johnson, qu’il ne semble guère porter dans son coeur.


Certain(e)s vous diront que le style du duo de Nottingham est épuré - c’est en partie vrai - mais il est néanmoins d’une richesse désarmante dans ce disque. On retrouve une sorte de danse noueuse dans la piste titre, qui n’est pas sans rappeler le 1er album de LCD Soundsystem, tandis que “Nudge It” est un brûlot sévère dotés de riffs post-punk déchiquetés et de boucles hip-hop rebondissantes, le tout porté par le chant vrombissant et la grâce de la vocaliste Amy Taylor, par ailleurs chanteuse du superbe groupe punk australien Amyl & The Sniffers. Cette dernière insuffle une nouvelle vie dans le monde de Sleaford Mods, à l’instar de leur compatriote Billy Nomates, qui prête son parlé-chanté frondeur à l'électro gothique de “Mork N Mindy”, sorte de conte traitant de l’ennui et l’aliénation provoqués par une vie triste en banlieue.


Le stress provoqué par la perspective de nouveaux confinements se ressent dans l’anxieux et claustrophobe “Top Room”, mais aussi dans ce qui est probablement la pièce maîtresse de cet album étrange : “Out There”. Ce dernier est une peinture tragi-comique de la situation actuelle où nous sommes pris en étau entre la pandémie d’une part et les théories conspirationnistes d’autre part.

Credits Photo : © Simon Parfrement

DES DIATRIBES VIRULENTES CONTRE BORIS JOHNSON

A travers les diatribes plus ou moins ironiques de titres comme “Shortcummings”, “All Day Ticket”, “Out There” ou “Elocution”, les élites sont violemment clouées au pilori du fait des conséquences dévastatrices de leur politique auto-centrée : Brexit, immigration, élitisme économique et culturel... La pandémie n'ayant fait qu'exacerber ces positions, les titres en sont d'autant plus furieux. Puis, comme un havre de paix, “Fishcakes” clôture cet effort avec tendresse, le vocaliste se raccrochant à l’innocence de l’enfance comme bouée de sauvetage dans le naufrage actuel de la Grande-Bretagne, entre Brexit et COVID. Bref, vous l’aurez compris, l’humour de Jason Williamson est au top de sa forme tout au long de ce disque, ce qui nous donne une oeuvre empreinte de réalité avec toutefois une saveur enivrante.


La relégation de la culture au rang de pièce non essentielle de nos sociétés a également accentué la fougue, la défiance et la colère du duo envers le système en place, ce qui les amène musicalement à revenir à un minimalisme qui sied magnifiquement aux textes ciselés de Jason Williamson, ainsi qu’aux beats punk vénéneux d’Andrew Fearn. Les fans convaincus comme les convertis récents trouveront leur plaisir dans ce disque, car “Spare Ribs” est l’un des premiers albums vraiment géniaux de cette année 2021, avec le “Drunk Tank Pink” de Shame... et sans doute le meilleur disque de la carrière de Sleaford Mods. En réalité, la colère leur va si bien...


La Note de Manu : 9/10

Pochette de l'album "Spare Ribs" de Sleaford Mods (sortie le 15.01.2021)

“Spare Ribs” de Sleaford Mods, LP 13 titres sorti le 15 janvier 2021 chez Rough Trade Records

Tracklist :

1. The New Brick (0:44)

2. Shortcummings (3:35)

3. Nudge It (3:44)

4. Elocution (2:58)

5. Out There (3:57)

6. Glimpses (2:43)

7. Top Room (3:50)

8. Mork N Mindy (3:24)

9. Spare Ribs (3:53)

10. All Day Ticket (3:45)

11. Thick Ear (3:05)

12. I Don’t Rate You (4:04)

13. Fishcakes (3:09)



Credits Photo : © Metro News UK


*NDLR : Chronique de “Drunk Tank Pink” de Shame disponible ici => "Drunk Tank Pink" par Manu de RAN


Manu de RAN

mercredi 27 janvier 2021

[Interview] Seeds Of Mary : "Nous avons le sentiment que Serendipity est le meilleur album que nous ayons sorti"


Les Seeds Of Mary viennent d'enfoncer un peu plus le clou dans le paysage du métal alternatif français avec leur dernier album Serendipity,  sorti le 25 septembre dernier chez Klonosphère. Si on devrait donner un nom à la frontière qui sépare Velvet Revolver, Marilyn Manson et Alice In Chains, elle s'appellerait bien évidemment Seeds Of Mary. Mais le groupe  se peaufine comme du bon vin avec le temps, et se détache de l'image qu'il s'est forgée au début de sa carrière, et nous en a appris un peu plus ce très bon nouvel opus, qui s'avère être le plus aboutis du groupe, mais aussi le meilleur.

RAN : Salut les gars, j'arrive un peu à la bourre, mais votre dernier album "Serendipity" est sorti le 25 septembre dernier. Comment a t'il été accueilli par la presse et par vos fans ?

Jérem : Nous n’avons malheureusement pas encore eu l’occasion de le jouer en live bien-sûr, ce qui tu t’en doutes est une très grande source de frustration pour nous ! Mais nous avons la chance de travailler avec la Klonosphere qui a fait un super boulot, et l’album a beaucoup circulé malgré tout, et a pu être découvert aussi bien par le public que par la presse. Globalement, les retours sont très positifs, et les gens adhèrent à la progression du groupe, nous en sommes ravis ! Nous avons le sentiment que Serendipity est le meilleur album que nous ayons sorti pour l’instant, et il semblerait qu’une bonne partie du public soit également de cet avis.

Comment s'est déroulée la création de cet album, par rapport à vos albums et ep's précédents ?

Jérem : A peu près de la même façon que pour nos précédentes sorties. A savoir que Julien (guitare / composition / visuels) nous envoie une fournée de nouveaux morceaux déjà bien construits et arrangés, sur lesquels nous commençons à travailler pour y apporter chacun notre touche, et on se met tous d’accords sur les différents arrangements. Nous travaillons ensuite toutes les lignes vocales et harmonies, et c’est généralement ce qui détermine si on garde le morceau ou non. La seule différence notable dans le processus, c’est que pour cet album Raph (guitare / 2ème voix) a également proposé 2 compositions, parfaitement cohérentes avec le style de Julien, mais qui ont tout de même amené une autre sensibilité.


Combien de temps ça vous a pris de faire cet album ? Est-ce que ça été un album facile à sortir, ou êtes vous passez par des phases compliqués avec des zones de doutes ?

Eliott : Pas tant de temps que ça finalement et on a eu énormément de chance car on a terminé l’enregistrement juste avant le confinement, ce qui nous a permis de nous focaliser sur le mix chacun dans son canapé étant confinés.

Jérem : Oui en effet au niveau de l’enregistrement nous avons eu beaucoup de chance. Nous avons commencé le travail de composition alors que nous étions encore en train de tourner sur notre précédent album, donc cela s’est fait doucement pendant plusieurs mois, et nous avons vraiment activé la machine les derniers mois de 2019. Globalement, cela s’est fait de façon assez naturelle, et tout le monde a été efficace sur les prises.

Comment se passe la composition d'un titre chez Seeds Of Mary ? Est ce qu'il y a un membre qui ramène sa compo et le reste du groupe suit, ou est-ce que vous bossez tous ensemble autour de plusieurs riffs ou idées et vous montez vos compos ensemble ?

Eliott : C’est principalement Julien qui compose les morceaux, il nous envoie une pré prod qui est souvent déjà bien remplie, et nous on fait notre tambouille avec ça.

Jérem : En effet, chacun apporte ses idées à partir des pré-prod de Julien, on en discute quand il y a des divergences, on fait parfois des compromis… Mais aujourd’hui nous sommes souvent assez d’accords sur la direction que nous voulons prendre, et les choses se font de façon très instinctive car nous nous connaissons bien et nous savons vers quoi nous voulons aller. 


David Thiers a participé à la production de tous vos albums, peut-on le considérer comme le 6ème membre du groupe ?

Raph : Complètement! On le dit toujours, c'est notre 6ème homme et on est ravis de l'avoir! Il enregistre et mixe nos albums, nous fait (faisait?) le son en live quand il n'est pas déjà en tournée avec Gorod, mais au delà de cet aspect purement technique, il participe aux arrangements des morceaux, il nous apporte un regard extérieur et a son mot à dire pour la plupart des décisions concernant le groupe. Sa présence est vraiment bénéfique pour nous.

Qu'apporte t'il a votre son ? A t'il une façon de travailler bien spécifique ?

Eliott : Il apporte le son « David Thiers » ! Il commence par dessiner une étoile de David (parce qu’il s’appelle David) avec du sang de lapin au sol, il tape 5 fois avec son pied il fait 2 tours sur lui même et c’est seulement à ce moment là qu’il allume ces machines magique. Le reste n’est qu’alchimie entre ses doigts et son attirail.

Jérem : (rire) Au-delà de ces pratiques religieuses qui n’engagent que lui, il fonctionne de façon assez classique. Mais avec les années, il travaille de façon de plus en plus pointue, et son secret est finalement de ne jamais se reposer sur ses acquis, comme nous il cherche toujours à aller plus loin dans la maîtrise de ses outils, et chaque nouvel album est une occasion de se surpasser. Et en plus de ça, c’est aussi toujours un vrai plaisir humain de travailler avec lui, il fait vraiment partie de la famille.


Comment a évolué le groupe depuis sa formation en 2011 ?

Jérem : Déjà, il y a la direction artistique qui s’est vraiment précisée. Nous savons d’avantage à chaque album vers quoi nous voulons allez, quelles nouvelles couleurs ou sujets nous avons envie d’aborder. Et au niveau du fonctionnement interne, nous essayons également de voir toujours plus loin, nous cherchons à jouer le plus possible avec des groupes professionnels et dans des lieux qui permettent au maximum de rendre justice au travail que nous avons effectué en studio. Bref, nous voulons amener le groupe le plus loin possible et nous nous en donnons les moyens, même si à l’heure actuelle, nous sommes condamnés à l’inertie...mais finalement, ce qui est beau dans l’histoire, c’est que malgré cette période pénible et incertaine, nous restons très soudés, nous communiquons quotidiennement, et le groupe continue à vivre et à croire en l’avenir. C’est pas un virus et des technocrates incapables qui nous feront baisser les bras ! 

Si je devais vous situer pour quelqu'un qui ne vous connaîtrait pas, je vous mettrais entre Velvet Revolver, Alice In Chains et Marilyn Manson.
Est-ce des références majeures pour vous ?

Jérem : Oui bien-sûr nous adorons ces groupes, et ce sont des références qui reviennent très fréquemment. Nous avons malgré tout la sensation de nous en détacher avec le temps, et même si je suis très heureux de tout ce que nous avons produit jusqu’à maintenant, j’éprouve personnellement l’envie d’explorer d’autres horizons. Nous verrons bien vers quoi nous irons à l’avenir, mais je n’aime pas l’idée de stagner. En tant qu’auditeur, les groupes que j’aime le plus sont ceux qui ont pris des risques, quitte à se planter parfois. Disons que si le groupe existe encore dans 10 ans, je n’aimerais pas que l’étiquette « Alice in Chains » nous colle encore à la peau, je préférerais que cela sonne « Seeds of Mary », tout simplement ! 

D'ailleurs vous nous avez fait une reprise incroyable du titre "Them Bones" d'Alice in chains il y a 5 ans lors des sessions de votre deuxième album. Bravo à Jérémy, car reprendre du Layne Stanley n'est pas une chose facile ? Layne avait 8 octaves, et les membres du groupe arrivaient même à entendre sa voix par dessus des retours en live.

Jérem: (rire) Je te remercie! Je t'avoue que je n'étais pas au courant de telles capacités chez ce cher Layne, pour ma part c'est très loin d'être le cas! (rire) Il y a beaucoup de morceaux d'AIC que je serais bien incapable de reprendre, justement parce qu'il avait une légèreté assez incroyable dans la voix, tout en restant toujours très puissant. Je serais bien embêté si les gars voulaient reprendre "Man in the Box"! (rire) Mais ça va, pour l'instant ils ont été sympas! 


C'est pas parceque je suis entrain de vous interviewer, mais votre cover est vraiment réussie. Il y a Korn qui a repris "Would" récemment, mais aussi un line up d'exception avec Corey Taylor, Dave Navarro, Taylor Hawkins et Chris Chaney qui viennent également de nous reprendre "Man In The Box". Ce sont tous des monuments de la scène mondiale, mais pour moi la votre reste quand-même un cran au-dessus. Avez vous vu ces deux reprises d'Alice In Chains ?

Raph : (rires) Merci, ça fait plaisir que cette vieille reprise soit rangée à côté de celles de Korn et Corey Taylor & Friends. Je les ai vu et les trouve personnellement très bonnes, avec une petite préférence pour celle de Korn, mais j'ai été quand même hyper impressionné par la voix de Corey Taylor sur les refrains de Man In The Box! Par contre, je crois que je préfère quand même celle de Metallica sur Would, c'était audacieux de la reprendre en acoustique, et de la réarranger!

Jérem : Oui merci, je suis moi aussi ravis à l’idée d’avoir mis une fessée à Korn et Metallica ! (rire). Si tu ne l’as pas entendue, je te recommande également notre reprise de Pink Floyd qui a fait l’objet d’un clip dont nous sommes très fiers. J’en profite pour saluer notre réalisateur Thomas Duphil, qui va m’engueuler s’il ne figure pas quelque part sur ces pages ! 

Même si Alice In Chains est une influence majeure pour vous, est ce que ça ne vous fatigue pas que l'on vous compare à ce groupe majeure des années '90s ?

Raph : Si, il faut bien l'avouer. Disons qu'à une certaine période du groupe, je pense qu'on était assez fiers d'être comparés aussi positivement à Alice In Chains. On est tous très fans de ce groupe et ils méritent tout le respect du monde pour leur immense carrière et leur talent. Aujourd'hui, on a tout de même l'impression de s'être pas mal détachés de cette influence, d'avoir réussi à façonner une musique assez personnelle et de lier nos inspirations assez subtilement.. Pour être franc, je ne vois pas grand chose de très AIC dans notre nouvel album. On sait que cette étiquette risque de nous suivre un moment (et franchement, il y a largement pire) mais on va bien finir par réussir à s'en défaire encore un peu plus avec le temps. (rires)

Jérem : Oui j’ai moi aussi le sentiment qu’on s’en détache. Dans certaines chroniques du dernier album, je trouvais parfois fou que les gens entendent du AIC sur tel ou tel morceau ! Mais on y peut rien, on nous a même comparé à Dillinger Escape Plan une fois, c’est pour te dire (rire). Mais oui je pense moi aussi que nous allons partir dans des directions de plus en plus personnelles, en tout cas j’en ai vraiment l’ambition personnellement. Cela peut vouloir dire perdre ou dérouter une partie des gens qui aiment ce que l’on fait aujourd’hui, mais encore une fois, ce qui m’intéresse le plus c’est l’évolution artistique, la prise de risques et la personnalité.


Si vous devriez vous décrire en quelques mots, qu'est ce que Seeds Of Mary ?

Eliott : Une bande de joyeux lurons passionnés et toujours prêts à en découdre quand ils ont un pied sur une scène !

Jérem : Pas mieux !

Jérem : Nous avons commencé à travailler avec eux sur notre précédent album, « The Blackbird and the Dying Sun », et ils offrent une très belle couverture médiatique. Je les trouve encore plus efficace aujourd’hui, ils ont vraiment permis à l’album d’exister dans cette période de calme plat. Je pense que si nous n’avions pas travaillé avec eux, l’album aurait eu beaucoup moins de suivi ! Et ils sont également très disponibles, ils offrent une vraie collaboration et sont très fiables, c’est un vrai confort pour nous. Et puis nous apprécions beaucoup les autres groupes avec lesquels ils travaillent, ils ont une vraie exigence de qualité dans le choix de leur artistes.

Avec la crise sanitaire que l'on connaît depuis presque 1 an maintenant, votre album n'a malheureusement pas encore été défendu sur scène ? Êtes vous frustré d'avoir un nouvel album sans concerts ?

Eliott : Eh non, comme beaucoup de groupe ce fut une année bien triste musicalement parlant…OUI !!! C’est vraiment dommage et c’est une grande frustration de ne pas encore pouvoir faire notre release party… Mais malgré tout ça on se rassure en se disant que quand ce sera la reprise on sera là et on compte bien jouer cet album sur scène !


En quelques années, vous êtes devenu un groupe phare de la scène bordelaise. Comment ça se passe à Bordeaux pour la scène rock ?

Jérem : Il y a d’excellents groupes et de très belles ambitions. A la volée je peux te citer Datcha Mandala, Qlay, Altesia, Matrass, Smogs and Tacos... Le hic, c’est que les endroits qui offrent de bonnes conditions de concert sont assez rares dans le centre, et cette saloperie de Covid ne va rien arranger puisque certains lieux ont déjà mis la clé sous la porte… Comme dans beaucoup de villes, il y a de très belles propositions artistiques, mais qui ne peuvent pas toujours exister dans les meilleurs conditions, la faute à une politique de la ville qui ne se soucie pas vraiment de la culture, ou de la culture alternative tout du moins. C’est très frustrant, et en même temps c’est le propre du rock d’être ce sale gosse dont personne ne veut et qui doit se battre pour s’imposer, à grands coups de santiags dans la porte s’il le faut ! Donc espérons que la crise sanitaire se calmera bientôt, et que nous pourrons retourner écumer les routes et enfoncer les portes de France et de Navarre !

Merci les gars d'avoir répondu à l'interview.

Merci à toi pour le temps que tu nous as consacré et pour la pertinence de tes questions.

A bientôt ! 


Le dernier album Serendipity est sorti chez Klonosphère le 25 septembre 2020.


Écoutez Serendipity ici.


Gian, janvier 2021.

vendredi 22 janvier 2021

Album Review : "Drunk Tank Pink" de Shame (Sortie le 15.01.2021)

Credits Photo : © Mowno

De retour 3 ans - quasiment jour pour jour - après “Songs of Praise”, un très bon 1er album en guise de coup de pied dans la fourmilière punk britannique, les Londoniens de Shame ont, après plusieurs reports, enfin publié leur 2ème disque le 15 janvier dernier. Un opus intitulé “Drunk Tank Pink” et publié chez Dead Oceans.

Le moins que l’on puisse dire c’est que les confinements successifs, l’arrêt des concerts et l’ajournement de leur tournée n’ont en aucun cas calmé les ardeurs du groupe mené par Charlie Steen, que l’on retrouve en pleine forme, toujours aussi talentueux et véhément mais bien plus mature. Profitant de cette année 2020 quasi blanche, les Londoniens ont expérimenté, travaillé et trituré le son de leur déjà très prometteur “Songs of Praise” pour en tirer la substantifique moelle. Ici, Shame explore ses différentes identités en diffusant une sorte de chaos claustrophobe. Et malgré sa sortie retardée, le timing de ce “Drunk Tank Pink” est idéal…

Credits Photo : © Evening Standard

Écrit à la fin de la tournée qui a suivi la publication de “Songs Of Praise”, cet opus met en lumière les soucis existentiels du leader Charlie Steen lorsqu’il s’est retrouvé seul chez lui, après une tournée durant laquelle plusieurs centaines de milliers de personnes ont croisé la route du groupe. Prévu initialement pour l’année dernière, ce disque évoque donc frontalement les thématiques anxiogènes actuelles, tout en permettant à Charlie de faire son examen de conscience, et dépeint avec empathie une humanité en crise.

Credits Photo : © GQ

UNE OEUVRE INTROSPECTIVE & DYNAMIQUE

« Tout seul chez moi… je ne parviens toujours pas à m'endormir », chante Charlie Steen sur les riffs anguleux et fragmentés de “March Day”. Et alors que la chanson atteint son apogée, ses guitares tournent en spirale, comme une sorte de cycle de pensées négatives, ressassées et chaotiques, presque débilitantes. Sur le groove palpitant de “Nigel Hitter”, qui évoque une sorte de mariage illégitime de la new wave de Talking Heads avec le post-punk de The Rapture, le chanteur dépeint un ennui, un besoin de changement, où même la tâche la plus insignifiante n’est guère une sinécure.


Dans une interview récente à Rolling Stone Magazine, Charlie Steen évoquait ses difficultés face à l’isolement et l’introspection. A la lecture de celle-ci, il devient clair que ses peurs et ses angoisses ont alimenté les textes de ce disque. Le chant mi-parlé, mi-hurlé de “Snow Day” vous emmène dans un monde très sombre, alimenté par le mur de guitares brutes et les roulements de tambour urgents de Charlie Forbes en arrière plan.


La voix parfois presque suffocante de Charlie Steen sur certains titres parvient à nous coller des frissons et à diffuser une impression de claustrophobie étrangement réconfortante. De même, les riffs de guitare urgents d’Eddie Green et Sean Coyle-Smith semblent parfois se battre de manière discordante et alimentent cette impression inconfortable, mais ô combien plaisante, notamment sur des titres comme la très punk et frénétique “Great Dog” ou “Harsh Degrees”. Pour autant, “Drunk Tank Pink” propose également des moments vraiment inventifs alimentant une sorte de chaos perpétuel. Là où “Born To Luton” passe d’un riff insistant à des mélodies dérivantes mid-tempo, “Water in The Well” propose un groove à la B-52’s et “Station Wagon” - quant à elle - rappelle “Angie”, la piste de clôture de “Songs of Praise”. Une chanson lente, parfois spectrale, qui évoque le futur.

Credits Photo : © Joyce Lee

En 2018, les débuts de Shame avaient été marqués par un bel humour noir, qui formait la colonne vertébrale de leur 1er LP. Cet aspect est toujours présent sur “Drunk Tank Pink”, même s’il est moins central. En 3 ans, Shame n’a rien perdu de sa nervosité et de sa vigueur. Porté par des titres comme “Alphabet” ou “Great Dog”, le groupe nous prouve que l’énergie qui l’animait à la sortie de “Songs of Praise” en 2018 est toujours intacte, à la différence près qu’ici, Shame parvient à la canaliser et à la retranscrire à travers des riffs exaltants et des rythmes saccadés.


A l’instar de ce que l’on retrouvait dans le 2nd opus de Fontaines D.C.*, la soudaine notoriété des membres de Shame semble avoir engendré chez eux quelques crises identitaires. Pourtant, malgré son aspect introspectif, un réel dynamisme se dégage de ce disque. Avec “Drunk Tank Pink”, Shame a su capitaliser sur son énergie pour nous proposer une œuvre plus spontanée, plus aboutie, plus profonde, plus ambitieuse et plus mature. Un joli bond en avant par rapport au déjà solide “Songs Of Praise” et surtout, un disque qui nous confirme qu’il faudra plus que jamais compter avec Shame à l’avenir. Probablement déjà l’un des musts de cette année 2021 !


La Note de Manu : 9/10

Pochette de l'album "Drunk Tank Pink" de Shame (sortie le 15.01.2021)

“Drunk Tank Pink” de Shame, LP 11 titres sorti le 15 janvier 2021 chez Dead Oceans Records

Tracklist :

1. Alphabet (2:53)

2. Nigel Hitter (3:24)

3. Born in Lutton (4:49)

4. March Day (3:12)

5. Water in The Well (3:07)

6. Snow Day (5:20)

7. Human, For a Minute (4:34)

8. Great Dog (2:00)

9. 6/1 (2:39)

10. Harsh Degrees (3:09)

11. Station Wagon (6:35)



Credits Photo : © Readdork

Credits Photo : © When The Horn Blues

Credits Photo : © When The Horn Blues


*NDLR : La chronique du 2nd album de Fontaines D.C. - “A Hero’s Death” - est consultable ici => "A Hero's Death" de Fontaines D.C. par Manu de RAN


Manu de RAN

mercredi 20 janvier 2021

Album Review : "Welfare Jazz" des Viagra Boys (Sortie le 08.01.2021)

Credits Photo : © Mowno

Depuis sa création en 2015, le groupe américano-suédois Viagra Boys a développé sa propre marque de fabrique, un post-punk déjanté infusé de jazz enfouissant les « vrais » sentiments sous une épaisse couche de faux machisme, de protestations néo-dadaïstes et d’une bonne dose de satire musicale. De leur EP “Consistency of Energy” en 2016 à leur 1er album fulgurant “Street Worms” sorti fin 2018, sans compter le cinglant “Call of The Wild” en 2017 ainsi qu’une bonne flopée de lives déjantés, la musique des Viagra Boys nous est toujours apparue fracassante et en même temps terriblement dérisoire.

Et leur 2nd album - « Sophomore Album » comme disent les Ricains - “Welfare Jazz” poursuit dans cette même veine. Plus que jamais, il met en lumière la préoccupation croissante du groupe pour les travers de notre société contemporaine : le racisme, le classisme, la toute-puissance masculine et la misogynie entre autres…

Credits Photo : © Consequence of Sound

Si les débuts du groupe mené par Sebastian Murphy en 2018 vous avait incité(e) à faire la fête, comme pourrait le faire un petit frère insouciant, “Welfare Jazz” se rapproche plus du cousin amateur de country prêt à vous emmener à l’aventure sur un coup de tête sans jamais regarder en arrière. Comme pour les disques précédents du groupe, « satire » est le maître mot ici. « If you don’t like it, then babe, I’ll see you later » - « Si tu ne l’aimes pas, eh bien bébé - je te verrai plus tard », se moque le chanteur de Viagra Boys, Sebastian Murphy, de sa voix rauque dans la percutante “Ain’t Nice”, le morceau d'ouverture de l’album. Plutôt que reprendre leurs personnages imaginés pour leur 1er opus, “Welfare Jazz” voit les Viagra Boys contourner l’écueil du 2ème album, et ainsi éviter toute perte de contrôle.


Ce nouveau disque ne propose certes pas de réinvention énorme du son du groupe originaire de Stockhölm, à l’exception toutefois de l’ajout de sonorités country, comme sur la plus que recommandable “In Spite Of Ourselves”', un titre punk hypnotique réalisé en collaboration avec Amy Taylor du magnifique groupe australien Amyl & The Sniffers. Malgré le mince filet d’espoir qui traverse chaque piste du disque grâce à des sonorités optimistes nouvelles, des morceaux comme “Creatures” s’enfoncent dans les affres de la douleur humaine et évoquent l’apocalypse avec de forts relents de Mark E. Smith. Les images sombres d’un monde souterrain où « nous n’avons pas besoin de dormir » sont dépeintes avec une telle conviction qu’elles offrent un contraste saisissant avec les synthés brillants contenus dans ce titre.


Alors que “Girls & Boys” nous emmène dans une virée surréaliste éclaboussée par un saxophone des plus plaisants, qui fait un peu penser à du Nick Cave période The Birthday Party, “I Feel Alive” est probablement la chanson idéale pour un réveil du bon pied, une ode à la sobriété, doublée d'un hymne à la positivité.


Pour autant, Sebastian Murphy n’en oublie pas de dénoncer les travers de ses contemporains grâce à des pistes comme la brutale & borderline “Toad” - aux accents Elvis-esques - ou l’interlude “This Old Dog”, qui établit un parallèle entre les comportements canins et les humains, le tout infusé de notes de saxo aux accents funk. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en passant du mépris aux effluves funk, sans compter leur post-punk vénéneux, les Viagra Boys parviennent à surprendre et à affiner leur identité singulière.

Credits Photo : © Rock Alternative News

En travaillant sur la sobriété, les relations humaines et, étrangement, un amour des chiens en plus de son punk rock absurde, le groupe américano-suédois lance 2021 de la meilleure des façons et nous laisse espérer que la folie sera le mot d’ordre de l’année discographique qui s’ouvre. Pas un chef d'œuvre, mais une œuvre rafraîchissante, une sorte de rédemption punk qui fera date dans la carrière originale de l’un des groupes les plus surprenants de la scène rock actuelle. Merci et à très vite !


La Note de Manu : 7.5/10
Pochette de l'album "Welfare Jazz" des Viagra Boys (sortie le 08.01.2021)

“Welfare Jazz” de Viagra Boys, LP 13 titres sorti le 08 janvier 2021 chez YEAR0001 Records

Tracklist :

1. Ain’t Nice (3:33)

2. Cold Play (0:32)

3. Toad (3:35)

4. This Old Dog (0:37)

5. Into The Sun (3:58)

6. Creatures (3:33)

7. 6 Shooter (4:51)

8. Best in Show Ii (0:47)

9. Secret Canine Agent (1:45)

10. I Feel Alive (4:29)

11. Girls & Boys (4:40)

12. To The Country (2:58)

13. In Spite of Ourselves (5:04)



Ecouter l'album "Welfare Jazz" gratuitement sur YouTube


Credits Photo : © Paul Grace


Manu de RAN

mercredi 13 janvier 2021

Review : "Questioning One's Balance" des Cheap Teen.

 

Le nouvel ep des Cheap Teen vient de nous arriver la semaine dernière, et le groupe originaire de Maison Alfort nous envoie 4 nouveaux titres tel un coup de pied dans le derrière pour nous réveiller après avoir passé des fêtes de fin d'année un peu particulières. Ce deuxième ep gorgé de punk rock n'a absolument rien à envier au punk britannique, et vient d'imposer les Cheap Teen dans le paysage de notre belle scène française, et s'aligne au même rang que des groupes comme Structures ou Lysistrata. Leur premier ep "Dumb Kids Try To Make Punk Music", sorti en novembre 2018 était déjà très prometteur, et le groupe a eu les services de leur pote Oliv' des P3C pour mixer et masteriser ce deuxième ep, sorti chez NRV Promotion ce 8 janvier. La prod est vraiment bonne, et les titres vous donnent une pêche d'enfer en cette période assez compliquée. L'ep est seulement disponible en digital pour l'instant, et nous espérons avoir des news pour une sortie en physique dans les jours ou semaines à venir, car cet ep mérite d'avoir sa place dans n'importe quelle collection de disques de tous fans de rock ou de punk. Alors, mettez un casque audio sur la tête, prenez vos skates et sortez bouffer du bitume en écoutant "Questioning One's Balance" des Cheap Teen, mais rentrez avant 18H.

Regardez le clip 4 Boys In A Lake.

Les Cheap Teen en concert au Klub en 2018. Photo : Météo Rock 

Écoutez l'ep des Cheap Teen sur les plateformes de streaming habituelles, ici.

Retrouvez les Cheap Teen sur Bandcamp, ici.


Gian, janvier 2021.

samedi 9 janvier 2021

Album Review : "Idiot Prayer : Nick Cave Alone At Alexandra Palace" de Nick Cave (Sortie le 20.11.2020)

Credits Photo : © FIP

2020 devait être synonyme de tournée mondiale pour Nick Cave : en début d’année, une série de concerts en tête-à-tête avec son fidèle public - un concept baptisé “Conversations with Nick Cave” - puis en compagnie des Bad Seeds au printemps, pour défendre “Ghosteen”, leur sublime opus sorti en octobre 2019. Mais l’épidémie de Covid est passée par là et le songwriter écorché a dû changer son fusil d’épaule.

Et l’isolement induit par le confinement a amené l’australien à lancer un projet inédit : assurer un concert seul en mode piano-voix sans public, le tout filmé et enregistré en one shot dans l’intimité de l’Alexandra Palace de Londres. Un disque & un film - intitulés “Idiot Prayer : Nick Cave Alone At Alexandra Palace” - furent tirés de cette prestation. En revanche, si la version 2xLP a été publiée le 20 novembre dernier, il nous faudra patienter un peu pour découvrir la version intégrale dans les salles de cinéma du monde entier.

Source : © Site Officiel Nick Cave

Si - comme moi - vous avez passé votre soirée du jeudi 23 juillet dernier à regarder cette prestation en direct sur votre ordinateur ou votre TV connectée, alors vous comprendrez lorsque je dis à quel point ce concert fut spécial et irremplaçable dans le contexte actuel. Vétu de noir comme à l’accoutumée, le poète maudit ouvre les hostilités par une version récitée - presque hantée - de “Spinning Song”, extrait de son dernier album réalisé avec les Bad Seeds, “Ghosteen” en 2019. Ce genre d’ouverture dramatique n’est guère une surprise, mais voir une salle de près de 11.000 places comme l’Alexandra Palace totalement vide - et donc silencieuse - est si déconcertant que cela parvient à élever l’impression d’isolement et que cela renforce la sensation de recueillement quasi-monacal qui se dégage de ce récital.


Sans le bruit induit par les milliers de fans qui se heurtent et échangent en temps normal, il est possible à l’auditeur de se concentrer uniquement sur le lyrisme dévastateur de Nick Cave. Dans ce contexte, la plus grande révélation est peut-être l’interprétation discrète de la chanson d’amour surréaliste de Grinderman “Palaces of Montezuma”, qui offre l’un des moments les plus réjouissants de cette heure et demie très sombre.

Credits Photo : © FIP

Le piano à queue noir installé au milieu du hall sonne puissant et permet aux doigts de Nick Cave de virevolter sur le clavier, ce dernier n’oubliant pas faire plaisir à son public en interprétant certains de ses tubes intemporels comme “The Mercy Seat”, “Jubilee Street”, “Brompton Oratory”, “Into My Arms” ou encore “The Ship Song”. La mélancolie et la simplicité ont remplacé la noirceur et la tristesse de “Skeleton Tree” & “Ghosteen”, 2 disques écrits en réaction à la mort accidentelle de son fils Arthur en 2015. C’est d’ailleurs là que réside mon seul regret sur ce disque : ces derniers ne sont représentés que par 4 petits titres, tandis que l’album de 1997 “The Boatman’s Call” se taille une nouvelle fois la part du lion.


Pourtant, au milieu de cet enchaînement de titres mythiques, la chanson inédite “Euthanasia” s’insère gracieusement, chantée par un Nick Cave accablé de chagrin. La performance se poursuit sans la moindre fausse note, l’absence de public et les longs silences intensifiant l’émotion ambiante, qui atteint probablement son apogée sur “Papa Won’t Leave You, Henry”. Puis Nick Cave conclut comme il a commencé, en interprétant un morceau issu de son dernier album “Ghosteen”. Un “Galleon Ship”austère mais charmant, qui marque la fin d’un voyage d’1h30.


Il convient de saluer comme il se doit cette performance car contrairement au concert enregistré par Jarv Is - le nouveau projet de Jarvis Cocker - dans une grotte du Derbyshire, ici Nick Cave était vraiment seul et ne pouvait compter ni sur des effets visuels, des choristes ou sur la beauté de la nature environnante. Et plutôt que de livrer des intros parlées et des bavardages désarmants, Nick Cave a choisi de ne prononcer aucun mot tout au long de cette prestation, ce qui alimente l’impression de solennité, de mélancolie et d’intimité qui se dégage de ce disque.

Credits Photo : © Joel Ryan

Cette prestation vient alimenter l’histoire riche et tumultueuse entre Nick Cave et le 7ème Art. Dans le vide étrange de l’Alexandra Palace, les frontières entre le passé et le présent s’estompent et les compositions prennent une dimension supplémentaire. Le résultat est une performance et un album incroyablement intimes qui scintillent avec l'étrange irréalité d'un rêve. Dans l’époustouflant “Idiot Prayer”, Nick Cave exorcise la mort tragique de son fils, se met à nu et nous propose un concentré d’émotions, qui ne laissera personne insensible. Une performance qui conforte une nouvelle fois la place du poète australien au panthéon des songwriters anglo-saxons.


La Note de Manu : 9.5/10
Pochette de l'album "Idiot Prayer" de Nick Cave (sortie le 20.11.2020)

“Idiot Prayer : Nick Cave Alone At Alexandra Palace” de Nick Cave, LP 22 titres sorti le 20 novembre 2020 chez Bad Seed Ltd.

Tracklist :

1. Spinning Song (1:48)

2. Idiot Prayer (3:09)

3. Sad Waters (3:44)

4. Brompton Oratory (3:21)

5. Palaces of Montezuma (3:45)

6. Girl in Amber (4:31)

7. Man in The Moon (3:03)

8. Nobody’s Baby Now (3:58)

9. (Are You) The One I’ve Been Waiting For ? (4:29)

10. Waiting For You (3:02)

11. The Mercy Seat (4:55)

12. Euthanasia (2:58)

13. Jubilee Street (4:31)

14. Far From Me (4:13)

15. He Wants You (2:52)

16. Higgs Boson Blues (6:59)

17. Stranger Than Kindness (3:34)

18. Into My Arms (4:53)

19. The Ship Song (3:09)

20. Papa Won’t Leave You, Henry (4:31)

21. Black Hair (3:02)

22. Galleon Ship (3:31)



Credits Photo : © Financial Times


*NDLR : Retrouvez la chronique de l’album “Ghosteen” de Nick Cave & The Bad Seeds par RAN ici => "Ghosteen" de Nick Cave & The Bad Seeds par RAN


Manu de RAN