mardi 5 janvier 2021

Album Review : "K.G." de King Gizzard & The Lizard Wizard (Sortie le 20.11.2020)

Credits Photo : © Financial Times

Dix ans après leur formation et plus d’1 an après leur dernier album studio “Infest The Rats’ Nest”* (délai inhabituel pour eux), les australiens de King Gizzard & The Lizard Wizard sont de retour avec un nouveau disque à marquer d’une pierre blanche au sein d’une discographie pléthorique mais toujours remarquable. Ainsi, ce 16ème album studio - baptisé “K.G.” & sous-titré “Explorations Into Microtonal Tuning, Volume 2” - trouvera une place intéressante au sein de l’œuvre du sextet de Melbourne.

Le groupe mené par Stu MacKenzie a toujours extraordinairement bien maîtrisé l’art de l’expérimentation et cela se confirme une nouvelle fois, puisque “K.G.” nous propose une plongée profonde dans un mélange de musique microtonale, de brefs flirts avec la pop expérimentale, de musique alternative des années 90 et même d’un soupçon d’électro-dance. Mais comme souvent chez les Australiens, la vraie star de ce disque est le groove psychédélique pour lequel King Gizzard est connu et reconnu.

Credits Photo : © L.A. Record

LE “SGT. PEPPER” DE KING GIZZARD ?

En effet, “K.G.” est une sorte de patchwork psychédélique fait de sons rappelant certaines icônes des années 60 - comme Donovan, The Lemon Pipers ou The 13th Floor Elevators - qui se mélangent et se mêlent de manière fascinante sur ce disque. Dans une certaine mesure, “K.G.” est l'équivalent moderne du “Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band” des Beatles, illustrant pourquoi King Gizzard & The Lizard Wizard est le collectif musical le plus intéressant actuellement sur la planète Terre.


L’ouverture instrumentale, bruyante et courte “K.G.L.W.” introduit joyeusement la suite des hostilités et martèle vraiment l'idée que cet album sera basé sur ces musiques microtonales qui influencent tant Stu MacKenzie. Arrive ensuite “Automation”, qui voit le groupe oeuvrer au complet et permet à l’album de prendre son envol. Porté par ses percus flottantes en arrière-plan et son groove ensorcelant - mais quoi de plus normal pour un « Wizard » (« sorcier » en VF) ? - le sextet trempe ses influences dans son magnifique rock psychédélique gorgé de fuzz et nous livre une décoction capiteuse et enivrante.

Credits Photo : © DIY Mag

Créant un monde immersif dans lequel l’auditeur voyage, les chansons se fondent les unes dans les autres grâce à des transitions percutantes. Qu'il s'agisse du dépouillement de “Straws In The Wind” - qui rappelle le rock alternatif des années 90 -, de la saillie psychédélique “Ontology”, de l’infusé de pop “Intrasport” ou d’un titre comme “Honey”, que l’on croirait tout droit sorti du mariage illégitime de Donovan & de The Jesus And Mary Chain, le groupe fait parler son savoir-faire pour créer un album vraiment spécial. L’innovation, comme toujours, est à l'ordre du jour et, tandis que le groupe s'appuie sur sa science de l’instrumentation, la variété de rythmes et de grooves qu'il produit est vertigineuse.


King Gizzard & The Lizard Wizard alterne morceaux doux et titres plus musclés, ce qui nous amène dans un tourbillon psychédélique des plus surprenants. La piste de clôture “The Hungry Wolf Of Fate” résume tout cela à merveille en à peine plus de 5mn. Ce qui est frappant à l’écoute de ce disque, c'est qu'il semblerait que Stu MacKenzie et ses compères aient pris l’aspect microtonal & psychédélique de leur musique et l’ont disséminé tout au long des 10 pistes, c'est-à-dire qu’il est présent à chaque titre mais sous une forme et un son différents.


L’ALBUM DE LA MATURITÉ MUSICALE ?

“K.G.” est probablement l’album le plus proche d’une oeuvre où King Gizzard & The Lizard Wizard condenserait ses plus belles recettes : rythmes syncopés, instruments microtonaux, influences arabes et turques, flûtes, harmonica, textes profonds et - surtout - une forte appétence pour ce rock psychédélique furieux. Les fans de The Claypool Lennon Delirium et de M. Bison seront sûrement séduit(e)s par ce “K.G.”. Et ils seront loin d’être les seul(e)s… Car avec cet opus, on n’est pas loin de l’apogée de la musique dans sa forme la plus pure, celle qui surpasse les genres pour en faire presque de l’art.

Credits Photo : © NME

Les fans de longue date du groupe australien reconnaîtront probablement certaines similitudes avec leur excellent album de 2017, “Flying Microtonal Banana”. Mais là où le travail passé du groupe diffère de celui de “K.G.”, c’est que la prise de risque est bien supérieure cette fois-ci. Car “K.G.” ne se contente pas de reprendre là où “Flying Microtonal Banana” s’était arrêté... Au lieu de cela, King Gizzard continue d’explorer et de revisiter les genres - disco, funk, house, B.O. de films… - tout en parvenant à apporter de la densité à ses textes.


Avec ses sons orientaux et son expérimentation de la microtonalité, qui pourrait sembler fausse à nos oreilles occidentales, le nouvel album de King Gizzard & The Lizard Wizard s’avère donc être une oeuvre de tout 1er plan. Si - comme j’ai failli le faire - vous êtes passé(e) à côté de ce petit bijou mélodique et diversifié, n’hésitez plus une seconde car ce disque est tout simplement magnifique ! L'album de la maturité musicale ?


La Note de Manu : 8.5/10

Pochette de l'album "K.G." de King Gizzard & The Lizard Wizard (sortie le 20.11.2020)

“K.G.” de King Gizzard & The Lizard Wizard, LP 10 titres sorti le 20 novembre 2020 chez Flightless Records

Tracklist :

1. K.G.L.W. (1:36)

2. Automation (3:30)

3. Minimum Brain Size (4:20)

4. Straws In The Wind (5:42)

5. Some Of Us (3:53)

6. Ontology (3:58)

7. Intrasport (4:13)

8. Oddlife (4:58)

9. Honey (4:34)

10. The Hungry Wolf Of Fate (5:08)


Ecouter l'album "K.G." gratuitement sur YouTube


Credits Photo : © La Pieuvre.ca

Credits Photo : © Oregon Music News


*NDLR : Chronique de l’album “Infest The Rats’ Nest” à retrouver ici => Review de l'album "Infest The Rats' Nest" de King Gizzard & The Lizard Wizard par RAN


Manu de RAN

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