jeudi 22 octobre 2020

Album Review : "Atlas Vending" de METZ (Sortie le 09.10.2020)

Source : © Facebook Officiel METZ

Parfois, les recettes les plus simples sont les plus efficaces et les plus goûteuses. Par exemple, si vous mélangez mozzarella, tomate et basilic, vous obtenez une Margherita. Un classique indémodable, fiable, efficace et pourtant on ne peut plus simple. S’il est difficile de dire avec certitude si la musique du groupe noise punk canadien METZ est aussi digeste, le trio originaire d’Ottawa possède de nombreux points communs avec ce classique de la cuisine italienne.


Au cours de la dernière décennie, METZ a nourri sa légende, sortant album après album une flopée de classiques du noise punk, épousant ainsi le passé glorieux de son label Sub Pop - le label historique des fondateurs du mouvement grunge - tout en y ajoutant une pincée de modernité féroce. “Atlas Vending”, le 4ème album bruyant des Canadiens, poursuit dans cette veine et nous offre même bien davantage… Certes, cet opus est une nouvelle fois bruyant, vénère et se dégustera avec quelques bières, mais sur ce 4ème album intense, le trio d’Ottawa évolue et élargit son périmètre sonore.

Credits Photo : © Daily Rock

Dès l’ouverture “Pulse”, qui vous fracassera le crâne comme une sorte de version post-punk gloutonne de Pissed Jeans (autre “sociétaire” de Sub Pop Records), il semble évident que dorénavant, METZ a sombré dans une nouvelle sorte de rage fulgurante. La piste démarre tranquillement, mais ce n’est qu'une question de temps avant que le noise pointe le bout de son museau. Et quand il arrive enfin, les riffs bruyants et les percus monstrueuses se combinent pour vous plonger dans un coma alimenté par un grunge quasi épileptique.


Cette tendance se poursuit tout au long de l'album. Si “The Mirror” et “Hail Taxi” rappellent le son emblématique du trio - où les guitares s'effondrent, les percus implosent et la basse virevolte - d’autres pistes témoignent de cette volonté d’expérimentation légère. En effet, vous trouverez un peu plus loin une pincée de chanson d'amour à la sauce METZ - “No Ceiling” - et peut-être même un soupçon de chœurs sur “Blind Youth Industrial Park”. Pourtant, ces titres parviennent encore à nous mettre groggy. Les notes parasites et les pauses ne font qu’alimenter la tension permanente qui infuse ce disque.

Credits Photo : © Scott Dudelson

Si “Parasite” sonne comme les pistes brèves et brutales des 1ères oeuvres de METZ, “A Boat To Drown In” et ses plus de 7mn font naviguer nos héros en eaux troubles. Ce morceau fascinant est probablement le point final parfait pour ce disque. Il parvient à capturer ce cocktail puissant, rempli de nostalgie, de tristesse et d’euphorie, qui fait immanquablement penser à un univers où My Bloody Valentine rencontrerait A Place To Bury Strangers. Mais c’est surtout la preuve que le voyage stylistique viscéral de METZ est encore plein de possibilités.


Au milieu du chaos incessant de cette année 2020, il serait aisé de considérer “Atlas Vending” comme un album inspiré par cette période trouble. Mais en réalité, les méditations du chanteur & guitariste Alex Edkins sur l’anxiété, l’isolement, la paranoïa, la claustrophobie et les envies insistantes de s’abandonner à un destin capricieux ont toujours fait partie du fonds de commerce de Sub Pop depuis la nuit des temps.

Quand Alex Edkins chante « Je ne parviens pas à trouver un moyen de me libérer » sur le single “Blind Youth Industrial Park”, sa frustration et son désespoir trouvent une résonance particulière vu la période sanitaire dans laquelle nous sommes embourbés. Cela fait de “Atlas Vending” un disque pervers et néanmoins rassurant pour quiconque chercherait du réconfort dans une musique destructurée, féroce et cacophonique.

Credits Photo : © Ebru Yildiz

Des guitares poignantes de l’ouverture “Pulse” aux percus tonitruantes de “Blind Youth Industrial Park”, le disque repousse toujours les limites du noise, mais cette fois, il se veut encore plus tendu, plus dystopique, un peu à l’image du monde extérieur. Mais même au milieu d’un tel chaos frénétique, le trio a quand même réussi à construire et à élargir ses horizons sonores. “No Ceiling” porte les stigmates d’un héritage pop, tandis que les guitares introductives de “Draw Us In” sont presque arrogantes. Le groupe se montre sous un jour nouveau, assez confiant pour continuer à capitaliser sur ses forces, tout en recherchant une certaine diversité sonore. Un disque à la fois brut et raffiné, qui marquera et vous ébranlera profondément.


Cet album ne sera - du point de vue de certain(e)s - pas aussi goûteux que la Margherita citée en préambule, mais - en ce qui me concerne - avec “Atlas Vending”, METZ me régale les papilles avec son noise punk sale, corrosif et cathartique. A défaut de les avoir au Michelin, 3 étoiles au guide Rock Alternative News !


La Note de Manu : 8/10
Pochette de l'album "Atlas Vending" de METZ (sortie le 09.10.2020)

“Atlas Vending” de METZ, LP 10 titres sorti le 09 octobre 2020 chez Sub Pop Records

Tracklist :

1. Pulse (4:20)

2. Blind Youth Industrial Park (3:02)

3. The Mirror (5:03)

4. No Ceiling (1:37)

5. Hail Taxi (4:31)

6. Draw Us In (3:57)

7. Sugar Pill (2:55)

8. Framed By The Comet’s Tail (4:53)

9. Parasite (2:24)

10. A Boat To Drown In (7:37)


https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_kxjPMkza8M6oFRMT_ScNw9L-g816dt0Kk

Credits Photo : © Tiro Al Corazon

Credits Photo : © Paola d'Urso


Manu de RAN

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