mardi 3 novembre 2020

Album Review : "Strange Days" de The Struts (Sortie le 16.10.2020)

Credits Photo : © Sound of Brit

Alors que les confinements successifs génèrent beaucoup de stress, d’inquiétude, d’insécurité et de frustration pour une grosse frange de la population, certains artistes y ont - au contraire - puisé une source d’inspiration inattendue, et cela leur a permis d’alimenter leur oeuvre. Le quatuor britannique originaire de Derby The Struts fait partie de ceux-là.


En effet, ils ont profité du 1er confinement au printemps pour enregistrer en un temps record leur 3ème album “Strange Days”, près de 2 ans après “Young & Dangerous”*. Et on retrouve évidemment cette thématique de l’épidémie - mais aussi d’autres sujets plus classiques, comme la starification ou les relations amoureuses - dans ce disque réalisé en 10 jours dans le studio californien du producteur Jon Levine, qui a officié précédemment aux côtés de nombreuses stars de la pop mainstream.

Credits Photo : © Rock Cellar Magazine


La piste éponyme “Strange Days” - réalisée en collaboration avec le revenant Robbie Williams - ouvre l'album et est marquée par la patte Jon Levine - plus pop - tout en mettant en lumière l’ambivalence de la situation sanitaire actuelle. Ce n’est pas forcément l’orientation que j’aurais souhaité pour The Struts, mais c’est tout de même plaisant et cela illustre bien la volonté du quatuor de nous apporter un peu de légèreté et de faire danser l’auditeur. Un pari ambitieux et complexe par les temps qui courent, mais néanmoins à la portée de ces anglais habitués à convertir les plus réfractaires à leur glam rock énergique et pétillant.


Après cette légère mise en bouche plus pop qu’à l’accoutumée, on retrouve le style caractéristique du groupe de Luke Spiller, quelque part entre Queen, T. Rex & les Rolling Stones, dont ils ont d’ailleurs brillamment assuré la 1ère partie lors d’un show au Stade de France en 2014. Le 2ème morceau “All Dressed Up (With Nowhere To Go)”, porté par des riffs en or massif et sublimé par son refrain accrocheur, se révèle être une petite pépite intemporelle dont le groupe britannique a le secret : bondissante et punchy à souhait.

Credits Photo : © John Hutchings

Pour asseoir sa notoriété grandissante, le quatuor accueille des institutions du rock, les chanteur & guitariste de Def Leppard - Joe Elliot & Phil Collen - sur l’excellente et délicatement jazzy “I Hate How Much I Want You”, ainsi que l’inimitable guitariste de Rage Against The Machine Tom Morello, dont l’implication et l’enthousiasme ont rarement été aussi remarquables depuis la fin d’Audioslave, sur “Wild Child”. Et que dire de “Another Hit Of Showmanship”, 1er single réalisé en collaboration avec le plus que recommandable guitariste des Strokes, Albert Hammond Jr… si ce n’est qu’il s’agit d’une réécriture intelligente de la métaphore de la toxicité de la célébrité sublimée par son instrumentation Strokesienne et par le côté théâtral insufflé par l’héritage de Queen.


Tandis que le charisme & la maîtrise de Luke Spiller font merveille dans “Can’t Sleep” et que “Burn It Down” rappelle un rock sudiste à la Lynyrd Skynyrd, on fond littéralement pour la ligne de basse simple mais efficace de “Cool”, ainsi que pour la douce et enivrante “Do You Love Me ?”, reprise de Kiss à laquelle les Struts parviennent à insuffler une orientation nouvelle, tout en restant fidèle à l'originale. Puis on achève l’album de la même façon qu’on l’a entamé, en étant surpris - cette fois agréablement - par la délicate, suave, funky et délicieusement jazzy “Am I Talking To The Champagne (Or Talking To You)”, qui charme par son sublime solo de saxophone et qui semble établir un dialogue très sensuel - presque sexuel - entre la guitare et la trompette.


Si certains chroniqueurs aigris - avec une bonne dose de mauvaise foi - voient dans ce disque un « rock assez cheap », « une farce faisant étalage de nombreux clichés », je préfère y voir une tentative d’expérimentation et de diversification plutôt réussie. Mais peut-être est-ce mon admiration sans bornes pour le quatuor de Derby qui parle...

Credits Photo : © Dansende Beren

Confirmant son statut de groupe de rock le plus prometteur et le plus imprévisible de la Perfide Albion, The Struts sort sa veste à paillettes pour étrenner un album diversifié et étonnant, qui stimulera nos papilles auditives et nous donnera envie de nous trémouser irrépressiblement. Ce n’est certes pas forcément une approche très conventionnelle du rock. Mais c’est aussi ce qui fait la singularité du groupe mené par Luke Spiller et la raison pour laquelle nous l’aimons tant ! Préparez-vous car The Struts va transformer votre salon en dancefloor… et vous risquez bien d’adorer cela !


La Note de Manu : 8/10
Pochette de l'album "Strange Days" de The Struts (sortie le 16.10.2020)

“Strange Days” de The Struts, LP 10 titres sorti le 16 octobre 2020 chez Interscope Records

Tracklist :

1. Strange Days [Feat. Robbie Williams] (4:54)

2. All Dressed Up [With Nowhere To Go] (3:52)

3. Do You Love Me ? (3:24)

4. I Hate How Much I Want You [ Feat. Phil Collen & Joe Elliott] (3:23)

5. Wild Child [Feat. Tom Morello] (3:43)

6. Cool (6:22)

7. Burn It Down (4:47)

8. Another Hit Of Showmanship [Feat. Albert Hammond Jr] (3:42)

9. Can’t Sleep (3:14)

10. Am I Talking To The Champagne [Or Talking To You] (5:47)



https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_mgud6TzBNIO5pgPmo1uLri3bICvK7YrCE

Credits Photo : © Rock Alternative News

Source : © Facebook Officiel The Struts

Credits Photo : © Rock Alternative News

Credits Photo : © Rock Alternative News


*NDLR : Chroniqué ici => "Young & Dangerous" par RAN



*NDLR : Retrouvez le live report du concert de The Struts au Trianon en 2019 ici => The Struts @ Le Trianon, Paris 2019



Manu de RAN

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