Dimanche 5 décembre 2021, un dimanche froid et humide. Nous
avons rendez-vous avec The Jesus And Mary Chain qui jouent ce soir au Bataclan.
Le temps est de circonstance avec cette tournée qui s’articule autour de
l’album « Darkland », dans lequel Jim Reid clame qu’il est heureux
quand la pluie tombe. Nous arrivons un peu avant l’ouverture des portes et la
file d’attente ne comporte que quelques personnes suffisamment motivées pour se
geler un peu dehors. Heureusement il ne pleut plus. Nous sommes dans les
premiers, nous serons donc au premier rang, c’est une bonne chose.
La
première partie est assurée par un groupe écossais Rev Magnetic. Leur musique
oscillant entre shoegaze et dream pop avec quelques textures R&B est ma foi
intéressante. On apprécie particulièrement les nappes de guitares et
l’incursion du violon. Seul point noir à ce tableau musical, les balances ne
sont pas parfaitement réalisées et ne mettent pas en valeur les subtilités de la
musique proposée par le groupe de Glasgow. Après les quelques minutes
nécessaires pour apprivoiser ce style de musique, le public semble être
convaincu et apprécier. Luke Sutherland s’étant blessé lors d’un précédent
concert, une rupture du tendon d’Achille, il a une jambe dans le plâtre qui
l’oblige à faire son concert assis, ce qui ne l’empêche pas d’assurer ses
parties de guitare et de violon. C’est donc la bassiste, Audrey Bizouerne, une
Française installée à Glasgow, qui assure le show sur scène, le second
guitariste adoptant la posture shoegaze. Petite mention spéciale au batteur,
Sam Leighton, qui lui aussi aura assuré sa partie avec brio. Certains rythmes
nous rappellent d’ailleurs l’âge d’or du post punk, autre influence qu’il faut
ajouter à Rev Magnetic, notamment celui de la nouvelle chanson (dédicacée à
Hélène). Une belle première partie donc, d’un groupe à suivre (en plus ils sont
écossais).
Les
Jesus And Mary Chain pénètrent sur la scène bien évidemment plongée dans une quasi-obscurité
et les nappes de fumée. Jim Reid, maintenant qu’il s’adresse au public, nous
annonce le programme. Le concert est composé de deux sets. Dans le premier,
c’est l’album Darklands, le second album du groupe qui date de 1987, qui sera
joué en intégralité. Le second set sera lui composé de titres de divers albums
qui devraient rappeler des souvenirs aux plus anciens de l’audience. Ce premier
set est sans surprise, mais on redécouvre cet excellent second album du groupe,
un de leurs meilleurs, parfaitement interprété ce soir. Jim et William Reid,
les deux frères, ont changé depuis leurs débuts, mais la musique elle est
toujours aussi intéressante, même s’il n’y a plus la découverte qui
accompagnait celle-ci dans les années 80, les Jesus And Mary Chain ont été les
précurseurs de ce qui sera ensuite le shoegazing. Mais l’attitude a changé.
Fini l’arrogance des débuts, Jim s’adresse au public, certes de manière encore
parcimonieuse, et finalement on préfère ça. Le son est impeccable, ni trop
fort, ni trop faible, on distingue bien tous les instruments. Les riffs et
solos de William sont fidèles à ce qu’on a toujours connus et finalement appréciés
: simples mais terriblement efficaces, on le réalise de nouveau avec
l’intégralité de Darklands.
La
voix de Jim Reid, qui n’a jamais été très puissante, a gardé sa clarté malgré
les années qui ont passé. Bon, Jim garde tout de même certains vieux réflexes
comme celui de tourner régulièrement le dos au public, mais il n’y a plus de
défi dans ce comportement. On s’achemine donc dans une atmosphère tranquille
vers la fin du set, l’album « Darklands » privilégiant les
atmosphères et les mélodies. Après un petit break de cinq minutes les musiciens
reviennent sur scène pour le second set. Nous observons un changement, plus de
rythme dans ce second set. Le groupe a choisi pour cette tournée 2021, des
titres de toutes les époques, mais capables de faire bouger le public.
On
débute avec « Happy Place » que les JAMC n’avaient pas joué depuis
1988, avant d’enchaîner sur le rythmé « Everything’s Alright When You're
Down » datant de 1987 mais pas joué depuis 1992. Sur « Taste of
Cindy », tiré de Psychocandy, ça commence à remuer dans la salle, et tout
le monde reprend en chœur les ho ho ho. Puis nous avons droit à deux titres,
anciens mais jamais joués en live avant cette tournée de 2021,
« Drop » de 1989 et « God Help Me » de 1994. On voit que le
public est moins familier avec ces chansons. Le titre le plus récent est
« Up Too High ». « I Love Rock n’ Roll » remet la pêche, et
le set se termine en apothéose, le public se déchainant de plus en plus sur les
derniers titres comme « Moe Tucker », « Come On » et le
strident « Kill Surf City », des chansons qu’on avait plus entendues
depuis les années 90 en live. On sent les coups dans le dos. Bon, cela reste
tout de même très raisonnable, on a déjà beaucoup plus souffert en fosse. Mais
ça bouge enfin. Et Jim Reid se fend de remerciements au public pour être venu
les voir.
Le
rappel commence par le classique «Just Like Honey» pour lequel Jim est
rejoint au chant par Audrey des Rev Magnetic, et le concert se termine par une
de leur toute premières chansons « Never Understand ».
Rien
de neuf donc dans ce concert en termes de musique, mais une plongée un peu
nostalgique dans cette décade de la fin des années 80 à 90. Un groupe et un
public apaisés, qui ne cherchent plus qu’à se faire plaisir sans excès. Hé
bien, moi j’achète, car on en sort finalement contents, on a passé un très bon
moment, avec de la bonne musique, un excellent light show, et dans une bonne
ambiance. Les excès seront pour l’après pandémie !
Setlist:
- Darklands
- Deep One Perfect
Morning
- Happy When It Rains
- Down on Me
- Nine Million Rainy
Days
- April Skies
- Fall
- Cherry Came Too
- On the Wall
- About You
- Happy Place
- Everything's Alright
When You're Down
- Taste of Cindy
- Drop
- God Help Me
- Up Too High
- I Love Rock 'n' Roll
- Moe Tucker
- Come On
- Kill Surf City
- Just Like Honey (avec Audrey Bizouerne)
- Never Understand
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