Enfin!
La maroquinerie est ouverte. Quelques jours après la réouverture de la salle de
concert que nous affectionnons particulièrement chez RAN, nous avions
rendez-vous avec le groupe de post punk And Also The Trees. Quel bonheur de
fouler de nouveau la (petite) salle parisienne que nous avions quitté en mars
2020 après le superbe concert d’Algiers. Et qui plus est pour voir le quintette
britannique And Also The Trees que nous attendions de pied ferme depuis le 5
juin 2020, date initiale maintes fois reportée. Mais nous y voilà, nous étions présents,
le public aussi, le concert est sold out, ainsi que le groupe, ce qui n’est pas
si évident à cause de la pandémie et du brexit qui conjuguent leurs efforts
pour faire avorter les tentatives de concerts des groupes britanniques de ces
derniers mois. Nous retrouvons aussi avec bonheur les habitués des concerts que
nous n’avions pas vus depuis un moment pour certains d’entre eux.
Pas de
première partie pour ce concert, ce qui nous permet de papoter gentiment
pendant presque une heure et demie avec ceux qui nous ont accompagnés ou ceux
que nous n’avions pas vus depuis quelque temps. La Maroquinerie a fait peau
neuve, mais il faut avouer que nous ne percevons certainement pas tous les
changements tellement les souvenirs sont maintenant anciens.
Le concert commence avec l’arrivée de Justin Jones, le guitariste, qui commence
à nous emmener sur les chemins un peu austères de la musique du groupe anglais
en bricolant les sons de sa guitare comme il sait si bien le faire. C’est
ensuite Simon Huw Jones, le chanteur et leader de la formation, qui apparaît,
s’avançant lentement sur la scène de manière très théâtrale. Ils sont bientôt
rejoints par Colin Ozanne qui les accompagne au saxophone. Le concert est lancé, le ton est donné, nous
aurons droit à tout ce qui fait la saveur de And Also The Trees, à savoir un
concert conçu comme une vraie pièce de théâtre composée de mélodies
imparablement belles, ponctuées par les textes poétiques écrits par le
chanteur. C’est particulièrement vrai avec le premier titre qui suit l’intro,
« My Face Is Here In The Wild Fire », déclamée plus que chantée, nous
sommes dans la poésie romantique et sombre d’un mois de novembre.
Pendant, donc, que Simon nous joue sa pièce,
toujours aussi habité par son rôle, Justin Jones, lui, nous distille les
multiples sonorités de sa guitare, passant du son de la mandoline à celui plus
aérien obtenu par son ebow. Les autres musiciens ne sont pas en reste, le
bassiste Grant Gordon, aux faux airs de Peter Hook (quelques kilos en moins
cependant), nous assène ses phrasés typiques du post punk et de la new wave,
tandis que le batteur nous abreuve de ses frappes sèches et ses froissements de
cymbales. Colin Ozanne, quand il n’accompagnera pas ses compères à la guitare,
habillera tout cela de ses touches de clarinette envoutantes, qui nous
charmeront comme si nous étions des serpents à sonnettes, ou l’enveloppera de
ses nappes de claviers brumeuses comme les matins d’automne. C’est une pièce
tout en introspection qui se joue devant les spectateurs, une tension
intérieure communiquée par Simon, même si parfois la musique se termine dans le
plus beau des fracas. Le public, majoritairement des fans de la première heure,
est en pleine communion avec les musiciens, accompagnant les changements de
rythmes de leurs encouragements, et ponctuant chaque fin de morceau par un
tonnerre d’applaudissements. Les musiciens seront sensibles à cette ferveur et
Simon remerciera le public à de nombreuses occasions.
Le dernier acte du set sera de toute beauté avec la parfaite
« Dialogue », à la Stranglers, la magnifique et très dark, à la
Bauhaus, « This Is Silence », une des premières chansons du groupe,
et la gothique, à la Sisters of Mercy, « Virus Meadow ». Les
musiciens quittent la scène, le public réclame bien évidemment un rappel à
grand bruit. Après les deux premières chansons du rappel, Simon s’inquiète de
l’heure et vient vérifier celle-ci auprès d’un des spectateurs du premier rang,
et fait signe au reste du groupe de lancer le titre qui clôturera la soirée « Slow
Pulse Boy ». 40 ans après leur formation, les And Also The Trees savent
toujours nous offrir des moments de pure beauté artistique et une émotion
largement partagée par le public. On ne pouvait espérer mieux pour retrouver La
Maroquinerie !
Setlist :
- Intro
- My Face Is Here in the Wild Fire
- Vincent Craine
- Shantell
- Your Guess
- Maps in Her Wrists and Arms
- The Suffering of the Stream
- Wallpaper Dying
- Rive Droite
- Boden
- (in a bed in) Yugoslavia
- Brother Fear
- Missing
- Dialogue
- So This Is Silence
- Virus Meadow
Rappel:
- Prince Rupert
- Bone Carver(s)
- Slow Pulse Boy
Jean O de Rock Alternative News
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