Arctic Monkeys à Paris Bercy le 9 mai 2023
Deux shows sold out à Bercy pour les Arctic Monkeys, le
rock attire encore du public et c’est tant mieux. Malgré la semi-déception du
concert à Rock en Seine, où nous n’avions pas été totalement convaincus par la
prestation du groupe britannique, ne nous avait pas empêché de vouloir revenir
les voir même si on aurait préféré un Zénith comme en 2018, plutôt qu’une
grande salle comme Bercy.
Nous tenions de nouveau à voir comment les Britanniques
de Sheffield défendraient leur nouvel album « The Car », dans un
autre contexte que celui d’un festival. Eh bien nous avons eu raison.
Dès le début de l’après-midi, les fans ont investi l’arrière de l’arène de Bercy afin d’attendre pour entrer dans la fosse. La foule est composite, des quadras et quinquas qui ont été séduits par le rock sophistiqué des Britanniques, des trentenaires qui ont découvert le groupe à l’adolescence, et des plus jeunes pour qui c’est le premier concert des Arctic Monkeys. Tout ce beau monde est impatient de voir les portes s’ouvrir afin de s’installer le mieux possible dans la fosse.
La première période d’attente est récompensée, pour un nombre assez important de fans présents ce soir, par la prestation du groupe irlandais Inhaler. Pour rappel, un des membres du groupe n’est autre que le fils de Bono, chanteur de U2. Nous avions eu l’occasion de les voir lors d’un de leurs premiers concerts parisiens à La Maroquinerie en mars 2020 peu de temps avant le 1er confinement Covid19. Nous avions trouvé leur set agréable et sympathique, celle d’un groupe en potentiel devenir. Nous espérions donc constater quelle avait été la progression du groupe depuis cette période. Disons le d’emblée, nous avons été déçus. En effet, cette prestation dans une grande salle comme Bercy fut correcte mais, à aucun moment, totalement convaincante. Les compositions du groupe sont toujours agréables, certes, mais il n’y a rien de vraiment renversant ou même réellement enthousiasmant. Il va falloir que le groupe nous surprenne un peu plus, qu’il soit moins conventionnel dans ses compositions, s’il veut mener une carrière comme celle de leurs aînés !
Après cette entrée en matière un peu mitigée pour nous (mais attention à ne pas s’y tromper, un grand nombre de fans ont paru être comblés), nous attendons donc de pied ferme nos chers Singes de l’Arctique (bel exemple que la traduction de nom propre est une hérésie). Et c’est donc après un titre de Barry White que les Arctic Monkeys investissent la scène de Bercy. Signe de l’orientation de plus en plus crooner d’Alex Turner ? Peut-être. En tout cas c’est avec « Sculpture of Anything Goes » tiré du dernier album The Car que le concert commence.
Une belle entrée en matière en vérité, la chanson tient la route et permet à Alex de prendre possession de la scène et séduire l’audience. Mais on se demande quelle va être la suite du show. A Rock en Seine c’était avec « Do I wanna Know » que le concert avait débuté, et on avait eu pourtant droit à une prestation assez tiède, même si le public avait largement compensé. L’enchaînement est sans surprise puisqu’identique en fait à celui de Rock en Seine, avec « Brianstorm », « Snap Out of It », « Crying Lightning » et « Teddy Pecker ». Mais cette fois le groupe est vraiment présent. Ce n’est pas que le public qui met l’ambiance.
Et il faut bien avouer que cet enchaînement est diablement efficace. Tout ceux qui voulaient se dépenser dans la fosse ont pu le faire, et sur scène les musiciens sont vraiment impliqués cette fois. L’énergie est bien présente et cela se ressent dans l’audience. Après la tempête, les Arctic Monkeys calment un peu le jeu, on ne va pas s’en plaindre finalement car nous ne pourrons pas tenir tout le concert à ce rythme. C’est avec « Four Out of Five » que la température redescend. « Big Ideas” qui suit nous confirme le retour à une phase plus calme du concert.
Puis le concert repart sur un rythme plus soutenu avec des titres comme « Pretty Visitors » ou « Fluorescent Adolescent » qu’on voit revenir avec plaisir sur les setlists du groupe après une disparition de presque 10 ans. La fin du concert se fait de nouveau dans la douceur. Et contrairement à Rock en Seine, tout cela passe bien, on n’a pas cette impression de presqu’absence du groupe qu’on avait pu ressentir. Alex Turner et les autres musiciens sont bien plus impliqués et investis dans leur prestation. Bon, cela reste tout de même un peu léger quant aux interactions avec le public mais on sait que ce n’est pas le point fort du groupe, ni d’Alex, ni des autres musiciens. On se contentera donc, sur ce plan, des quelques paroles de remerciement d’Alex Turner.
Par ailleurs, on aime ce dernier dans la peau d’un
crooner, cela lui va bien en fait, et incontestablement il tient bien ce rôle.
Mais la discographie des Arctic Monkeys lui permettrait de passer, dans le même
show, de crooner à rocker possédé, à l’image d’un Nick Cave, le maître en la
matière, par exemple. Mais ne soyons pas trop gourmands, n’est pas Nick Cave
qui veut, et le concert de ce soir nous aura réconciliés avec ceux qui sont,
sans conteste, un des groupes les plus intéressants des ces quinze dernières
années. Nous avons pris, à l’instar de tout le public présent, un immense
plaisir, et avons pu constater que les derniers titres en date passent
finalement mieux en live que ce que à quoi nous nous attendions. Le rappel est
propre et sans bavure, le show se terminant avec le toujours excellent « R
U Mine ». Nous reviendrons donc les voir les Arctic Monkeys, en espérant
une salle pas trop grande, et pas un stade ou un festival, car c’est finalement
ce qui leur convient le mieux.
Setlist :
- Sculptures of Anything Goes
- Brianstorm
- Snap Out of It
- Crying Lightning
- Teddy Picker
- The View From the Afternoon
- Four Out of Five
- Big Ideas
- Why'd You Only Call Me When You're High?
- Arabella
- Pretty Visitors
- Suck It and See
- Fluorescent Adolescent
- Do I Wanna Know?
- There'd Better Be a Mirrorball
- Star Treatment
- 505
- Body Paint
Rappel:
- I Wanna Be Yours (John Cooper Clarke cover)
- I Bet You Look Good on the Dancefloor
- R U Mine?
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