samedi 28 mars 2020

Live Report :ALGIERS met La Maroquinerie en transe le 5 mars 2020


En ce jeudi 5 mars pluvieux, retour à La Maroquinerie qui décidément continue de nous abreuver d’artistes intéressants. Ce soir il s’agit d’Algiers, le groupe américain politiquement engagé qui vient de sortir son troisième album « There Is No Year ». Nous avions vu pour la première fois le combo d’Atlanta en première partie de Depeche Mode au Stade de France en juillet 2017, et avouons-le noue n’avions pas été convaincus par la prestation dont nous ne gardions d’ailleurs pas un souvenir précis. C’est finalement l’écoute du dernier album qui nous a conduit à venir les voir dans une autre ambiance que celle d’un stade. La Maroquinerie nous semblait en effet plus appropriée à cette musique pour laquelle la proximité avec les musiciens peut réellement faire la différence. Et bien nous en a pris comme la suite de la soirée nous le montrera. Du coup nous savions que quelques jours avant la date, le concert n’était pas sold out. Cela se confirmait au moment de l’ouverture des portes par la présence d’un public un peu clairsemé. Bon la salle finira par se remplir correctement avec, c’est ce qu’on peut se dire, un public de fins connaisseurs de musique non conventionnelle et non commerciale, ce n’est finalement pas plus mal parfois.





C'est à un peu plus de 20h que la chanteuse Esya fait son apparition sur scène de façon très discrète. Elle est entourée de claviers et machines électroniques et vient armée d’une basse. Il s’agit en fait de Ayse Hassan la bassiste des Savages. Elle concocte une musique électronique sur laquelle elle chante, plutôt bien, certains titres pouvant faire un peu penser à Bjork. Mais c’est lorsqu’elle s’empare de sa basse que sa musique est la plus intéressante, dommage qu’elle ne l’ait pas fait plus souvent.


Vers 21h ce sont Ryan Mahan, le bassiste/claviers, et Lee Tesche, le guitariste qui s’est pour le moment emparé d’un saxophone, qui investissent la scène pour une longue intro de musique electro/industrielle je dirais, avant d’être rejoints par leur deux compères, le batteur Matt Tong et par le frontman Franklin James Fischer, chanteur multi-instrumentiste. Et le set commence par une version quasi méconnaissable, si ce n’est la rythmique, de la chanson « There Is No Year », suivie de « Black Eunuch » une chanson de leur premier album. Le concert commence doucement, mais ira crescendo tout au long de la soirée. Et la tension monte d’un cran avec « Walk Like A Panther », cette fois issue du second album. Franklin s’adresse au public dans un français impeccable, sans accent, et utilise les phrases qu’il vient de prononcer en tant que samples avant d’entamer la chanson suivante « The Underside of Power ». Vient ensuite la fabuleuse soul électronique de « Dispossession », une de mes chansons préférées du groupe, qui ne nous déçoit pas en live où elle garde tout son pouvoir évocateur. On aurait aimé que les chœurs gospels soient présents. Le groove de cette chanson est incroyable et le plaisir à ce moment est intense dans le public, on peut le sentir.


Et le plaisir continue puisque c’est le tour de l’autre titre des plus prenants, toujours issu du dernier album, « The Hour Of The Furnaces » qui tient lui aussi toutes ses promesses en nous embarquant complètement avec toutes ses boucles fabuleuses enregistrées en live par Franklin. Après un « Hymn For An Average Man’ loin d’être moyen, Algiers nous assène son presque punk, teinté de gospel, « Void », titre rageur hyper efficace qui soulève l’enthousiasme du public. Le groupe enchaîne ensuite avec une reprise bien sentie des The Make Up « Born On The Floor ». Le petit détail qui tue c’est que, comme Ftanklin n’a pas écrit les paroles, il n’arrive pas à s’en souvenir et devra s’aider d’un smartphone pour les chanter. Bon nous ne comprenons pas vraiment parce que l’essentiel des paroles est ‘Born on the floor’ … Retour au dernier album avec « We Can’t Be Found », chanson rock, simple, dans laquelle la tension mais aussi l’âme sont palpables, qui passe très bien en live. Franklin enregistre ensuite quelques samples avant d’entonner la chanson aux fabuleux accents soul « Cleveland », qui nous prend vraiment aux tripes.

 


Le concert depuis le début ne fait que monter en puissance et le public est de plus en plus transporté par cette musique qui ne ressemble à aucune autre, quelque peu inclassable, mais qui, dans la salle de la Maroquinerie, a un impact dingue, on se prend toutes les good vibes dans la figure. Et ça continue avec un « Wait For The Sound » plus électronique et bruitiste, mais tout aussi soul, que la version de l’album. On écoute religieusement tout d’abord, puis la puissance de la fin de la chanson nous fait chavirer. Quelle force évocatrice !




Le set se termine par « Cry Of The Martyrs » au groove impeccable, puis “Death March » pendant laquelle Franklin descendra dans la fosse pour y interpréter une bonne partie de la chanson, non sans avoir lancé quelques petits messages à caractère politique bien placés. La fin du set est parfaite avec des musiciens qui maîtrisent totalement leur art. Je suis complètement conquis comme le reste du public d’ailleurs. Franklin quitte alors la scène, laissant les autres musiciens terminer la prestation.


Les applaudissements sont nourris et les musiciens ne tarderont pas à revenir pour le rappel. Celui commence avec « Unoccupied » titre à la dynamique parfaite pour nous remettre en selle. Changement de style avec le titre très punk ‘One Chord » interprété avec le concours d’Esya pour l’occasion. Le rappel se termine avec « Old Girl » sur laquelle Franklin finira allongé sur le sol pour mieux en scander les paroles. Le public applaudit avec chaleur et reste en place. Bien lui en prend car Algiers nous octroie un second rappel inattendu, les titres ne figure d’ailleurs pas sur la setlist. 

  



C’est la dernière date de la tournée européenne et les musiciens ont visiblement envie de terminer en beauté. Et c’est le cas, tout d’abord avec l’incroyable chanson «The Cycle/The Spiral: Time to Go Down Slowly » et son groove imparable, et enfin pour terminer « But She Was Not Flying ». Après plus de 1h50 d’excellente musique, de merveilleuses vibrations, d’intelligence artistique, le groupe tire sa révérence, nous laissant comblés et certains d’avoir assisté à une des meilleures prestations live de ce début 2020. Algiers parvient à nous envoyer une musique électronique totalement organique, pleine d’âme, loin de la froideur ou l’absence de feeling que ce style de musique peut parfois revêtir. Une sacrée fusion des genres, de la soul, du rock, du punk, du jazz progressif, de l’electro, …, dans une alchimie parfaite qui vous prend aux tripes et vous transporte pendant tout le set.


Vous l’avez compris cette 2ieme expérience avec Algiers n’aura rien eu à voir avec la première au Stade de France. Peut être que le groupe d’Atlanta devra se cantonner aux salles modestes et oublier les stades, ou peut être que le groupe a tellement progressé qu’il est maintenant en mesure de vraiment vous embarquer dans son voyage musical. Toujours est-il que nous renouvellerons l’expérience c’est certain !


Setlist :
There Is No Year
Black Eunuch
Walk Like A Panther
The Underside Of Power
Dispossession
Hour Of The Furnaces
Hymn For An Average Man
Void
Born On The Floor (Make Up Cover)
We Can't Be Found
Cleveland
Wait For The Sound
Cry Of The Martyrs
Death March

Unoccupied
One Chord (avec Esya)
Old Girl

The Cycle/The Spiral
But She Was Not Flying


jeudi 12 mars 2020

[Interview] : Léonel Houssam, auteur de "Post Mortem", la biographie la plus complète sur Noir Désir à ce jour.


Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule. Les fans de Noir Désir ont eu le bonheur de voir un album live acoustique arriver le 24 janvier, intitulé Débranché. Et quelques semaines auparavant, le 29 novembre -pour être précis-, est sortie la biographie la plus complète à ce jour sur le groupe de Bordeaux. Mais l'histoire ne s'arrête pas à la fin du groupe, et continue bien au delà, en vous expliquant les différents chemins pris par les 4 membres de Noir Des depuis le milieu des années 2000. Léonel Houssam, auteur et biographe, ex-Andy Vérol de '93 à 2013. Nous a accordé un peu de son temps pour en savoir un peu plus sur cette biographie si particulière d'un, voire, le plus grand groupe de rock que la France ait connu.

Noir Désir "Débranché" sortie le 24 janvier 2020, et "Post Mortem" sortie le 29 novembre 2019

RAN : Bonjour Léonel, le titre Post Mortem est vraiment bien trouvé, et annonce la couleur à propos du livre. As-tu eu peur de la réaction des fans avec ce titre? 

Léonel : Je suis d'accord avec toi. J'ai choisi ce titre à dessein, mon éditeur Camion Blanc ayant validé celui-ci, j'avais plusieurs raisons d'ajouter ce "post-mortem" au titre. Il ne s'agissait pas pour moi de provoquer même si j'ai un esprit taquin. Cette biographie est effectivement celle qui vient après les événements de Vilnius mais aussi après le split du groupe. Je voulais appuyer sur ce point, que l'on sache qu'un groupe est composé de plusieurs membres, et pas simplement d'un chanteur-star. Quatre membres qui, après leur séparation, ont continué à créer, à jouer, à se produire. Quant à la réaction des fans, soyons clair, quoi que j’aie pu utiliser comme titre, une partie d'entre eux m'aurait sauté à la gorge. Tu parles des fans, mais il y a aussi des détracteurs. Nous vivons une époque marquée par les réseaux sociaux, surtout depuis 2008 alors que le groupe était encore officiellement prêt à retourner sur scène et à composer un album. Les réseaux sociaux agrègent des groupes d'intérêts communs. Parfois ces groupes sont composés de personnes cohérentes, d'autres fois, on est face à des sortes de cafés du commerce puissance dix-mille. Je ne me suis donc pas soucié de ça. Si nous devons craindre le fanatisme, la bêtise et l'esprit de horde de certains internautes, nous ne pouvons plus rien dire, écrire, publier. 


RAN : Ta biographie est sortie à l'origine en 2008, dans quelles conditions, et comment s'est faite l'écriture ? 

Léonel : En mars 2008, Patrick Eudeline, chroniqueur, journaliste et musicien m’a contacté via Myspace. A l’époque, mon premier roman allait sortir en avril et je publiais pas mal de textes sur internet. Il a repéré que j’avais Noir Désir dans mes playlists et que, je présume, j’avais un style qui correspondait à son projet. Il était directeur de collection aux Editions Scali qui avaient le vent en poupe. Je n’avais encore jamais écrit de bio de ma vie mais durant les années 90-2000, j’avais été chroniqueur musical pour divers fanzines et magazines. Je me suis lancé sur le projet à corps perdu. En fait, Scali avait déjà fait appel à deux auteurs avant moi qui avaient rendu des manuscrits catastrophiques, plus mauvais que jamais. Ils m’ont donné cinq semaines pour écrire cette bio ! Sans à-valoir. Mais j’étais assez fou pour le faire. J’y ai bossé nuit et jour, sept jour sur sept et j’ai rendu cette première version dans les délais pour une publication en juin 2008. Etant donné les conditions, ça n’était pas si mal que ça. 

RAN : Pourquoi y avait-il une telle urgence à l'époque?

Léonel : Il s’agissait de la biographie qui sortait après la libération de Bertrand Cantat. Scali y a vu l’opportunité d’en faire un événement autant commercial qu’artistique. Noir Désir était toujours « vivant » et la perspective d’un nouvel album en faisait un groupe dont il fallait parler. En ce qui me concernait, je venais de sortir mon premier roman et l’idée de sortir une biographie majeure me faisait plutôt triper. 


RAN : Malheureusement ton premier éditeur a mis la clé sous la porte, et cette première bio n’a plus été distribuée et tu la mise de côté. Pensais-tu à l’époque l'a ressortir un jour? 

Léonel : En fait j’ai récupéré les droits en 2009. Elle a donc été rééditée par mon éditeur historique après quelques remises à jour. Seulement d’autres biographies sont arrivées dans les librairies et les ventes ont été moins bonnes, même si elles étaient très très correctes. En 2011-12, les invendus sont partis au pilon. Pour moi, cette histoire était derrière moi. J’avais d’autres livres qui paraissaient, d’autres en cours d’écriture. Il faut d’ailleurs prendre conscience qu’à cette époque-là, les « haters » étaient beaucoup plus rares qu’aujourd’hui. J’ai bénéficié d’une belle exposition médiatique (télés, radios, journaux, webzines) plus qu’enviable et très peu de propos infects de la part d’internautes. Il y en a pourtant bien eu : « Tu te fais du fric sur la mort de quelqu’un », « Tu n’es qu’un collabo », « soutien d’assassin », et j’en passe. Je ne vais pas dire que ça m’a usé, mais j’ai parfois été affecté par ces maboules. Pour les moins fanatiques, j’ai tenté d’expliquer que j’étais le biographe d’un groupe, que j’écrivais l’histoire de types qui avaient marqué la scène rock française, que l’on aime ou pas. J’ai vite cessé. J’ai un parcours universitaire initial qui s’inscrit dans l’étude de l’Histoire : antiquité, moderne, contemporaine, etc. Ecrire un livre sur la vie d’Hitler fait-il de l’historien un hitlérien ? Ian Kershaw appréciera. 
Ma démarche a toujours été d’éviter de racoler. Cette biographie ne remue pas la merde, depuis sa première version en 2008. Elle ne contourne pas non plus la réalité de l’histoire de chacun de ses membres et particulièrement Bertrand Cantat. Les fans ou détracteurs m’ont souvent balancé qu’il ne fallait pas qu’un livre soit publié sur Cantat. Ce n’est pas un livre sur lui ! C’est une biographie d’un groupe dont il a fait partie. Mais alors, à chaque fois que quelqu’un est banni médiatiquement, condamné ou moralement incorrect, il faudrait s’interdire d’écrire ? Nous ne serions donc plus dans un monde libre ? Quelle police de la pensée, qu’elle soit étatique ou « populaire », est en droit d’interdire, de faire interdire ou de saboter la sortie d’un livre ? Cette biographie, dès le départ, a toujours respecté les lois et je me prévaux d’avoir une approche équilibrée sur le sujet. 


Camion Blanc, l'éditeur qui véhicule le rock.

RAN : Pour cette nouvelle édition, tu as eu la chance d'être chez Camion Blanc, "l'éditeur qui véhicule le rock", aux côtés de très bons ouvrages sur énormément de groupes (comme le "Pearl Jam Pulsions Vitales" (que vous pouvez retrouver ici) de notre ami Cyril Jégou, également chanteur/guitariste du groupe Rennais Reagann). Comment es-tu arrivé chez Camion Blanc? 

Léonel : Entre 2017 et 2019, j’ai organisé des soirées dites « Acharnistes » dans des bars parisiens. C’était des événements mêlant lectures d’auteurs underground, de musiciens, et de photographes. C’est là qu’une spectatrice m’a accosté. Nous avons parlé un bon moment et elle m’a appris qu’elle était directrice de collection chez Camion Blanc. C’est Faustine Sappa. Ça a tilté dans ma tête. Pour moi cet éditeur est culte. J’ai acheté le premier livre qu’ils ont publié au début des années 90. Faustine avait lu ma première version de la bio et elle avait beaucoup aimé. Je lui ai dit que j’avais récupéré les droits et qu’on pourrait en faire quelque chose à condition de tout remettre à jour. Le contrat était signé quelques semaines plus tard. 



RAN : Tu as co-écrit cette nouvelle partie en collaboration avec les membres du groupe et plus particulièrement avec Serge Teyssot-Gay. Cela a dû être un moment privilégié pour toi, non? 

Léonel : Quand j’ai commencé à réactualiser la bio, je me suis dit qu’elle n’avait plus beaucoup d’intérêt. J’avais déjà en tête une seconde partie, la première étant une mise à jour de la bio de 2008. Pour moi, ça ne prendrait que trois-quatre mois de travail. Ça m’a pris deux ans ! J’ai osé contacter Serge qui n’avait absolument plus envie de s’exprimer sur le sujet. J’ai exposé le projet, lui expliquant que je souhaitais parler de la vie artistique de chacun des anciens membres « post-mortem ». Nous avons beaucoup parlé au téléphone au préalable. Il a été rassuré par mes intentions et par ma façon de travailler. Il a pris la peine de lire l’un de mes livres, Datacenter, qu’il a adoré. La première interview, j’étais forcément un peu stressé, mais au bout d’une heure d’échange, c’est devenu naturel, un moment agréable entre deux personnes qui avaient des atomes crochus et un respect mutuel. Nous avons ensuite été très souvent au téléphone ensemble mais aussi des rencontres ont eu lieu après certains de ses concerts. C’est un type formidable. Mais je ne souffre pas d’un syndrome de Stockholm ! J’ai écrit librement, sans être consensuel. Je tiens à le préciser. 

RAN : Dans quel état d'esprit est-il actuellement par rapport à Noir Désir? 

Léonel : Serge a lu la bio et l’a vraiment appréciée. Je n’étais pas peu fier. Il m’a dit que le livre restituait bien la vérité de l’histoire du groupe et mettait en valeur, dans le chapitre qui lui est consacré, l’ensemble de ses projets actuels. Ce mec regarde devant. Ce sont les projets à venir qui l’intéresse si bien que Noir Désir, c’est pour lui une grande partie de son histoire, mais il regarde devant. 



RAN : Peu ou personne n'ose écrire de livre ou de bio sur ce groupe à la fin si tragique, il faut une sacrée paire de c******* pour écrire et publier une bio de cette qualité avec toutes les polémiques qui gravitent, malheureusement, autour de Bertrand Cantat et le groupe. Ecrire aujourd’hui un livre sur Noir Désir ne reviendrait-il pas à se coller une cible dans le dos? 

Léonel : A ceux qui me prennent pour leur cible, qu’ils ajustent bien leurs flèches et m’éliminent pour voir… Sérieusement, je pense qu’à l’heure d’une rétraction de la liberté de créer, de la liberté de s’exprimer, d’écrire et d’aller visiter les zones d’ombre, les fêlures, les tiraillements, les souterrains de l’Humanité, il ne faut pas lâcher. Camion Blanc est garant de cette liberté, et c’est pourquoi j’ai signé avec eux. Le problème n’est pas tant cette masse informe de moralistes et de petits juges sans titres, c’est une forme de soumission de certains circuits de diffusion des livres. Même si beaucoup jouent le jeu, des libraires ont refusé de mettre cette bio dans les rayonnages. Je peux comprendre la libération de la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles, mais quel rapport avec un livre consacré à un groupe ? Je le répète, il ne devrait pas y avoir de listes noires des livres édités. Un ouvrage qui ne respecte pas la vie privée, qui calomnie, qui incite à la haine, qui pousse au crime, c’est un ouvrage qui tombe sous le coup de la loi. Ce n’est absolument pas le cas de mon livre. Il contient, entre autres, un chapitre sur l’œuvre de Serge Teyssot-Gay, une œuvre colossale qu’il a réalisé en solo ou avec une multitude d’autres artistes. Est-il condamnable lui ? N’a-t-il pas le droit qu’on lise un livre qui le met en exergue. De même pour tous les autres membres. Sans exception. Je n’évite aucun sujet. 



RAN : As-tu été contacté ou remercié par Bertrand Cantat? Est-il au courant pour cette bio? 

Léonel : La bio lui a été envoyée par mon éditeur. Je n’ai pas eu de retour. 

RAN : On parle un peu musique? A quelle époque as-tu découvert Noir Désir ? Et comment ? 

Léonel : Honte à moi, mais j’étais très jeune, un ado boutonneux, j’ai entendu Noir Désir à la radio : « Aux sombres héros de l'amer ». Par la suite pourtant, bien que j’étais punk puis raver, j’étais attentif à leurs sorties d’album. Je les ai vus en 1991 en concert. Cantat était à fond, énergique, bondissant. J’ai toujours gardé ce concert en souvenir. Par la suite, c’est avec Tostaky que j’y suis revenu avant de m’en désintéresser jusqu’à leur dernier album que j’ai adoré (du moins une bonne moitié des morceaux). Si j’ai écrit une bio équilibrée, c’est aussi parce que je n’ai jamais été un fan pur et dur de ce groupe. J’aimais certains morceaux et ça s’arrêtait ça. J’avais tout de même trois de leurs albums dans ma discothèque perso. 

RAN : Quelle est ta période préférée du groupe, s’il y en a une bien sûr ?

Léonel : Comme je l’ai dit plus haut, c’est l’époque de Tostaky puis le dernier album qui sont pour moi les deux périodes-phare du groupe. Mais en écrivant la bio, je me suis  plongé dans des albums que j’avais zappés. Il y a des pépites tout au long de leur carrière en fait. 



RAN : Cantat a lancé Détroit, et s'est aussi lancé en solo avec son album « Amor Fati ». Comment trouves-tu son retour artistique? 

Léonel : Le projet Détroit est d’un très bon niveau mais Amor Fati est sans doute au-dessus. Il y a de la maturité, un lissage de ses paroles qui tend à les rendre plus profondes. J’ai trouvé cet album très bon même si pour moi, ça n’est pas ce que j’écoute tous les jours. 

RAN : Après avoir parlé de Post Mortem, on va parler un peu de toi. Tu vas lancer cette année ta propre maison d'édition, Burn Out. Peux-tu nous en parler ?

Léonel : Les éditions Burn-Out seront une structure associative. L’objective est de publier des auteurs plutôt underground et qui portent en eux et dans leurs textes cette sensation étrange que nous vivons une époque qui a des airs de fin des temps. Nous limiterons les publications à deux-trois livres par an et j’espère pouvoir porter cet état d’esprit lors de soirée Burn-Out organisées à Paris dans un premier temps. C’est Pascal Dandois, un écrivain et un dessinateur exceptionnel qui sera à l’honneur pour commencer. Concernant mes projets personnels, je suis à l’écriture d’un gros livre sur la musique, encore une fois, mais je n’en dirai pas plus pour l’instant. J’ai deux romans en cours d’écriture et un recueil de nouvelles à paraître. Et d’autres projets à gogo ! 


Léonel Houssam 


Merci Léonel d'avoir répondu à nos questions.




Retrouvez "Post Mortem" de Léonel Houssam, aux éditions du Camion Blanc, ici, au prix de 32€, pour 458 pages de bonheur.



Gian, mars 2020.

dimanche 8 mars 2020

Live Report : Nova Twins live à la Cartonnerie de Reims le 05.03.20


Moins d'une semaine après la sortie de leur premier album intitulé "Who Are The Girls?", les anglaises de Nova Twins sont parties à la conquête de l'Europe, et ont commencées cette tournée en nous offrant 11 dates en France, dont une à la Cartonnerie de Reims le 05 mars dernier. 


Formé à Londres en 2014, par Amy Love au chant/guitare et Georgia South à la basse, les Nova Twins n'ont pas peur de mélanger différents styles comme le punk, le rap, le ragga, et nous balacent des sons synthétiques, qui feraient penser à de la drum and bass ou même à du dubstep. Si vous êtes fan de gros sons fracassants, vous allez adorer les Nova Twins et leur premier album, et nous vous conseillons vivement d'aller les voir sur scène si elles passent près de chez vous. 

             

Le début de soirée a été ouvert par les Hermectic Delight, le concert était sympa, et ils nous ont offert une belle cover de Mark Lanegan en fin de set. Mais, c'est belle et bien les Nova Twins qui étaient attendues ce soir, et il aura fallu attendre le dernier single en date, Taxi, pour que le public rémois s'embrasse. Les gros sons de basse envoyés par Georgia tout au long du concert, nous ont vraiment régalés en nous scotchant littéralement avec un jeu de basse fluide mais puissant à la fois, avec des effets de ouf contrôlés avec une batterie de pédales montées les unes sur les autres.

          

Le concert a vraiment été énergique et a passé à une vitesse folle, tellement l'énergie était positive entre les anglaises et le public. Les Nova Twins nous ont offerent tout leur répertoire en intégralité ce jeudi 05 mars 2020 à la Cartonnerie de Reims. Rythmique en béton, guitare acérée, chant rap agressif et un son de basse vraiment énorme, font de ce duo un groupe explosif de punk afro urbain ultra moderne, qu'il faut voir absolument en concert. Et ce qui est sympa avec ces concerts là, c'est que vous pouvez vous retrouver au merchandising à discuter avec le groupe après le concert.


L'after show a été assuré par Dj Bad Apache, avec un bon très bon dj set passant des Clash avec Guns Of Brixton, aux Breeders avec leur méga hit Canon Ball, et nous a même passé le Toxic de Britney Spears qui s'est très bien mélangé au set. Bref, une bonne soirée comme on les aime. 


Setlist : 

Devil's Face 
Hitlist
Thelma And Louise
Play Fair
Taxi
Loosing Sleep
Not My Day
Drums
Athena
Bullet
Ivory Tower
Wave
Vortex

Bassline Bitch 
Undertaker







Gian, mars 2020.