jeudi 24 septembre 2020

[INTERVIEW] Alista : "Je voulais juste me faire plaisir en faisant la musique que j'aime"


Le premier ep d'Alista est sorti le 10 juillet dernier, et est passé casi inaperçu pendant cet été caniculaire. Mais par chance, nous sommes tombé par hasard sur le teaser de ce premier ep incroyable, qui va plaire à tous les fans de post grunge des '90s. Cet ep vous fera certainement pensé aux 2 premiers albums des Foo Fighters, et comme Dave Grohl, Julien était batteur dans 2 groupes avant de se lancer dans ce projet solo. Donc, on ne pouvait pas garder pour nous cette terrible découverte, qui nous a emballée dès les premières secondes d'écoute. Voici l'interview de Julien alias Alista, multiinstrumentaliste et quelques titres de son ep à écouter dans l'interview avant de vous diriger sur sa page Bandcamp.

RAN : Salut Julien comment tu vas ?

Julien : Impeccable merci et toi ?!

Ça roule de mon côté. J'ai découvert ton projet par hasard sur instagram le mois dernier avec une vidéo, et j'ai été scotché dès les premières secondes d'écoute ...

Merci mec ! Apparemment ce teaser est efficace, ça m'a ramené quelques abonnés sur Instagram, c'est cool!

Donc, tu es multi-instrumentaliste et tu joues de tous les instruments sur ton 1er ep 7 titres ?

Affirmatif ! 

Avant de faire ton album solo, tu étais batteur dans dans 2 groupes ?

Exactement, j'ai été batteur dans un duo rock appelé Cherry Bloom avec qui nous avons enregistré deux albums (Secret sounds, et Open & Die), puis dans un groupe qui s'appelait Captain Americano avec qui nous avons fait un EP et un album.

Qu'est ce qui t'as donné envie de faire un album solo ?

Quand nous avons arrêté avec Captain Americano, j'ai tenté de faire quelques recherches pour jouer dans un autre groupe, mais je n'ai pas trouvé chaussure à mon pied. Le truc c'est que je suis assez difficile... J'ai besoin d'un réel coup de coeur ! Tu vois ce que je veux dire ?
J'avais quelques idées de morceaux dans un coin, alors je me suis dit ok, plutôt que de chercher un groupe qui me botte pendant des plombes, je vais faire mes chansons à moi. Je vais faire uniquement ce qui me plaît avec personne pour me dire "tiens j'aurais bien mis un solo ici" ou "tiens on devrait rajouter un break là"...
Je voulais juste me faire plaisir en faisant la musique que j'aime.

Quel est l'instrument dont tu a appris a joué en premier ?

J'ai commencé à apprendre la guitare vers l'âge de 7 ans. Puis je me suis intéressé d'avantage à la batterie vers l'âge de 10 ans. Je suis un autodidacte donc j'ai vraiment bossé à mon rythme, c'est à dire assez tranquillement !


Quand as-tu enregistré ton ep ?

Entre l'année dernière et cette année. À l'origine j'avais enregistré le double de chansons, mais l'autre moitié n'était pas assez potable à mes yeux.

Pour un premier ep, tu as enregistrer au Batcave Studio à Paris, mais tu l'as fais mixer et masterisé par Octave Zangs à Portland aux États-Unis ...

Tout à fait ! Octave est un ami de longue date, c'est avec lui que nous avons monté Cherry Bloom. C'est non seulement un excellent musicien mais c'est aussi un As en matière de son. C'est lui qui s'occupait des enregistrements, du mixage et du mastering de nos albums. C'est un mec ultra polyvalent ! 
Il vit aux US depuis quelques années, il a gentiment proposé de me filer un coup de main. Je ne pouvais pas refuser! Nous nous connaissons très bien musicalement, je savais que le rendu serait impeccable. Il connaît mes goûts mieux que personne d'autre !


Vas tu trouver des zikos pour te produire en live ?

J'y réfléchis. Avec ce qu'il se passe en ce moment de toute façon, la question du live n'est pas ma priorité... malheureusement !

On sent une petite influence des Foo Fighters. Est ce un groupe majeur pour toi ?

Oui mais essentiellement les deux premiers albums du groupe. J'ai lâché un peu après... Ça sonnait pas assez 90's rock pour moi! 

Tu écoutes quoi en ce moment ?

En ce moment je me tape un délire old school! J'écoute beaucoup les Kinks, les Youngbloods ou Jefferson Airplane.


Quelle a été ta dernière grosse découverte ou ton dernier coup de coeur ?

Un groupe qui s'appelle Violet Soda, ils sont Brésiliens je crois. C'est Matt Bigland qui m'a fait découvrir ça ! Il avait partagé une de leur chanson sur Instagram en même temps qu'une des miennes ! Trop la classe !


On peut retrouver ton ep sur Bandcamp, mais aussi sur toutes les autres plateformes de streaming. Qu'elle avantage il y a pour un artiste indé d'être sur ces plateformes de streaming ?

Ça offre une certaine visibilité qui n'est pas négligeable. Pouvoir partager sa musique gratuitement et partout reste le meilleur moyen de se faire connaitre un peu aujourd'hui. Enfin je pense. 

Peut-on espérer avoir l'EP en physique dans un futur plus ou moins proche ?

Rien ne me ferait plus plaisir que de tenir mon bébé dans les mains ! Malheureusement, c'est inutile pour l'instant... mais je ne suis pas contre y réfléchir prochainement !

Y aura t'il une suite à Home Alone ?

J'ai quelques nouvelles idées que j'ai maquetté à l'arrache. Je vais voir ce que je peux en faire...


Merci Julien d'avoir répondu à nos questions 



Venez découvrir l'ep 7 titres d'Alista sur Bandcamp, ici


Gian, septembre 2020

jeudi 10 septembre 2020

[Interview] Baptizein, musicien et intermittent du spectacle : "dès l’annonce prise par le gouvernement, j’ai pris ça comme un coup de massue"


16 mars 2020, la France se confine face au Covid 19 qui s'abat sur le monde. Les gens doivent rester chez eux pour leur sécurité, et celles de leurs aînés. Tous les rassemblements, quels qu'ils soient, sont interdits jusqu'à nouvel ordre. L'activité musicale est frappée en plein coeur, car pour vivre, elle doit se produire live, devant un public. Nous avons donc, posé quelques questions à Baptiste Béthune alias Baptizein, artiste ardennais, mais aussi intermittent du spectacle, comme beaucoup d'autres dans ce milieu. 


RAN : Salut Baptiste, comment tu vas depuis la dernière fois que l'on c'est vu, sur L'Ardenn' Rock Festival* l'année dernière ?

Baptizein : Ça va, on fait aller…j’essaye de rester positif...

Si on t'as contacté, c'est pour parler de la situation actuelle dû à la pandémie depuis le mois de mars. Toi, comme beaucoup d'autres dans le secteur de la musique, tu es musicien et intermittent du spectacle. Quelle a été ta réaction lorsque le gouvernement a interdit, jusqu'à nouvel ordre, toutes les représentations qu'elle qu'elle soit depuis début mars ?

Pour tout te dire, dès l’annonce prise par le gouvernement, j’ai pris ça comme un coup de massue. en espérant que ce ne soit pas trop long. Mais là, ça commence à faire long.

Quand tu as entendu parler pour la première fois de l'épidémie, comme nous tous en début d'année en Chine, pensais tu aux répercussions mondiales que ça allait causer ?

Dès le début de l’épidémie en Chine, je ne pensais pas que cela aurait pu arriver jusqu’à nous aussi vite. Le 1er pays Européen fort impacté fut l’Italie et là je me suis dit « On ne va pas y échapper malheureusement."

Baptizein sur scène lors de l'Ardenn'Rock Festival en 2019. Photo : Dark Room

En tant qu'artiste, tu peux en profiter pour composer ou prendre un peu de recul, si tu n'as pas de concerts ou d'enregistrements au programme. Mais en tant qu'intermittent, comment tu as pût faire face à cette interruption d'activité ?

Depuis cette situation, je me suis fait un petit studio chez moi, il me manque des choses mais je peux bricoler…
Je touche heureusement des indemnités chômage grâce au statut intermittent.

Est-ce que l'état a vite réagit pour le secteur du spectacle ?

Ils ont réagit bien sûr, mais les annonces restent confuses. Nous attendons avec les textes officiels le prolongement de nos indemnités.

Le nouveau premier ministre a repoussé à fin octobre, toutes les représentations de plus de 5000 personnes, peut-être que les petites salles indépendantes vont pouvoir tirer leur épingle du jeu grâce à de petits concerts. Mais est-ce que ces concerts seront rentables ?

Déjà que le secteur tire la sonnette d’alarme, en plus des annonces gouvernementales peu claires, je ne vois pas pour l’instant des concerts rentables...

Donc les représentations de plus de 5000 personnes ne peuvent pas reprendre, mais on voit au Puy du Fou, 9 000 spectateurs amassés sur les tribunes, et ils vont monter jusqu'à 12 000. Foutâge de gueule, ou est-ce que les équipes du Puy du Fou arrivent à gérer les spectateurs et bien évidemment leur sécurité ?

Je trouve que le gouvernement n’est pas logique en plus d’une situation très complexe. Pour tout t’avouer je ne comprends pas l’histoire du Puy du Fou...

On t'as vu participer à la "réouverture" de la Cartonnerie de Reims pour un DJ set, avec également Chester Remington au programme, le 19 juin dernier. Comment c'est passée cette soirée ?

Ça m’a fait super plaisir que la Cartonnerie me propose de faire un DJ set. Ce n’était pas évident pour eux d’organiser tout cela. Ils ont su relever la tâche en mettant des tables et des chaises (personne debout bien sûr) devant la scène, tout le monde masqué, geste de distanciation…
C’était cool mais court, 23h terminé!

Photo prise lors du DJ set de La Cartonnerie. Photo : Insta Baptizein

Est-ce que les gestes barrière n'ont pas été trop compliqués à appliquer pour le public lors de cette soirée ?

En général, tout le monde a respecté. Mais j’ai des gens qui sont venus me voir de très près pour réagir sur mon Set...

On va parler un peu de toi en tant que musicien, tu nous prépare des choses pour les semaines ou mois à venir ?

Je suis en composition de nouveaux titres que je bricole dans mon petit Home Studio

Comment vont les membres de ton groupe ?

Alors je ne suis plus en groupe actuellement. J’ai déjà essayé une formule solo avec une boîte à rythme, petit clavier et guitare. Ai fait 2 concerts en fin d’année dernière à la Plaque Tournante, aux Rockeurs ont du Coeur. En début d’année ai joué à Lille. Voilà j’essaye un nouveau truc…on verra bien.

Merci Baptiste d'avoir répondu à nos questions pour RAN. 


Découvrez son dernier clip solo, ci-dessous.



Retrouvez le avec ses Secret Yolk sur Bandcamp, ici.

Ecoutez le dans le podcast de l'émission Totalement Rock, 
du mois de mars 2018, là.


Baptiste et moi, lors de l'émission Totalement Rock de mars 2018. Ma première émission enregistrée.




*On rend hommage à Benjamin Camus, bénévole sur le festival Ardenn'Rock depuis plusieurs années, qui nous a quitté le mois dernier, nos pensées vont à sa famille et ses proches. RIP BEN

Ben lors de l'éditon 2019 de l'Ardenn'Rock Festival. 
 



Gian, septembre 2020.

dimanche 6 septembre 2020

Live Report : Bandit Bandit et Cheap Teen live au Trabendo le 20.08.20

 

Le temps a suspendu son vol le 7 mars 2020. En tout cas pour moi. C’est le dernier concert, au 1999 à Paris, les Anglais de King Nun. Après les Américains d’Algiers le 5 mars. Ensuite, eh bien une succession d’annulations avant que tout ne soit figé en ce funeste 17 mars. Enfin, figé si on peut dire. Le virus balaye tout sur son passage, en tout cas dans le monde du spectacle et donc des concerts. Inexorablement les reports et les annulations se succèdent. On commence à en savoir un peu plus, enfin on apprend en marchant je dirais, sur ce satané virus présenté au départ comme un petite grippette. Et on commence à comprendre que le printemps et l’été qui auraient dû être riches de beaux concerts et festivals vont se transformer en une désespérante et déprimante disette ! 

Dans ce contexte morose, l’annonce du Supersonic associé au Trabendo, pour un concert de Bandit Bandit en extérieur sur la terrasse du Trabendo nous a fait chaud au cœur. Souvenez-vous, le concert prévu au Point Ephémère le 24 mars avait été reporté au 16 juin pour finalement être annulé. Cela faisait donc chaud au cœur de se dire qu’on allait finalement les retrouver en 2020, qu’on n’avait pas à attendre 2021 pour ça, merci le Supersonic et le Trabendo ! Il faut dire que leur prestation en première partie de Last Train au Trianon le 6 novembre 2019 nous avait totalement convaincu de continuer de suivre le groupe. Bandit Bandit, c’est tout d’abord un duo composé de Maëva et Hugo (par ailleurs membre de l’excellent groupe Kursed), aussi en couple à la ville, qui ont été rejoints par Ari et Anthony.

La première partie est assurée par Cheap Teen un groupe tendance punk de Maison Alfort en région parisienne. Et c’est la bonne surprise de la soirée. Nous avions un peu écouté ce qu’ils avaient fait précédemment, du punk énergique, efficace et agréable, mais rien de révolutionnaire en fait. Le bassiste arbore un T-shirt des Idles, ce qui est plutôt de bon augure. Et nous découvrons en effet des compositions beaucoup plus sophistiquées que les titres comme « Mainstream Music » ou « No ! Of Course » de leur premier EP. L’énergie est toujours là, l’influence punk aussi, mais les titres sont plus construits avec des changements de rythmes intéressants, les sonorités des guitares sont plus recherchées. Une évolution bienvenue qui situe maintenant les Cheap Teen dans le paysage des groupes hexagonaux intéressants à suivre.


Après cette excellente entrée en matière, les 3 musiciens de Bandit Bandit arrivent sur scène sans Maeva et entament l’intro du titre « Néant » avec ses basses bien lourdes qui prennent aux tripes. Au bout presque 2 minutes Maeva arrive enfin sur scène et nous envoute tout de go avec sa voix suave. Comme d’habitude Maeva ne fait pas que chanter, elle exprime sa musique par son corps tout entier. C’est une véritable transe qui nous transporte dès ces premières minutes de concert. Il faut dire que le rythme martelé par Anthony y est aussi pour beaucoup. C’est presque tribal, une sorte de rituel venu du fin fond des âges. Nous sommes entrés dans une autre dimension il nous semble. C’est d’ailleurs le titre de la chanson qui suit. Tout est programmé pour nous emmener dans ce voyage musical ! La température continue de monter. Est-ce la chaleur de ce début de soirée ? Est le virus qui nous a rattrapés ? Mais non suis-je bête, c’est le titre « Fever », qui porte bien son nom, issu de l’EP sorti il y quelques mois, qui est responsable de cette montée en température. Décidemment cette alchimie entre le stoner rock, incontestablement présent au niveau des guitares, et quelque chose de plus « chanson française », au sens noble, comme le faisait Serge Gainsbourg, fonctionne à merveille. Le groupe aussi fonctionne parfaitement ensemble sur scène. Bien sûr le couple, à la ville et sur scène, formé par Maeva et Hugo, est quasi fusionnel sur scène, mais l’alchimie est elle aussi évidente avec Ari le bassiste/guitariste et acolyte d’Hugo dans le groupe Kursed, et Anthony le batteur, ancien élève d’Hugo à la guitare. Maeva est déchaînée sur scène, on dirait un félin surexcité, comme un chat qui se serait pris la patte dans une prise électrique. C’est animal, sensuel, sexy aussi, mais jamais vulgaire malgré la tenue plutôt courte qu’elle porte ce soir. Après « Siamese Love », viennent ce qu’on pourrait appeler les deux hits du groupe avec tout d’abord « Maux » qui décrit si bien le couple formé par Maeva et Hugo, et son rythme lancinant toujours aussi fascinant, suivi de « Pixel » toujours aussi pêchu. 

Changement de style et d’atmosphère avec une nouvelle chanson « La Marée », duo de Maeva et Hugo, avec juste la guitare d’Hugo, qui s’inscrit plus dans la chanson française. Le set se conclut avec « Désorganisé » et « Nyctalope » avec ses changements de rythme et son crescendo qui se termine dans le fracas et les convulsions libératrices. C’est « Tachycardie » qui est joué en rappel, et nous terminons donc le concert dans les spasmes et les soubresauts, en totale communion avec les musiciens totalement habités par leur musique. 

Un excellent concert qui nous aura fait un bien fou. Merci encore au Supersonic et au Trabendo de nous avoir offert ce très beau cadeau. Et merci aux deux groupes de ce soir, Cheap Teen et Bandit Bandit de nous avoir livré de si belles prestations. On en a totalement oublié l’obligation d’être masqués. Obligation que nous aurions d’ailleurs souhaité voir respectée avec plus de rigueur par le public ….



Setlist :

Néant

Dimension

Fever

Siamese Love

Maux

Pixel

La Marée

Désorganisé

Nyctalope


Rappel:

Tachycardie


Jean O de R.A.N.