lundi 12 juillet 2021

[Interview] : Hugo des Bandit Bandit

photo : Olivier Olland

"La vie est faite de rencontres". Voilà la phrase parfaite qui résume en quelques mots le destin improbable du groupe Bandit Bandit. D'une rencontre pas si banale sur Tinder, et d'un producteur sur la route du Printemps de Bourges, voilà comment tout a démarré pour ce groupe lancé il y a quelques années, et qui vient de sortir son 2ème ep Tachycardie ce 25 juin. Entre glam des '70s, psychédélisme et gros riffs de guitares, la recette et la mécanique bien huilée du groupe lyonnais, font de nos braqueurs préférés l'un des groupes les plus en vue du moment. Après 2 premiers concerts donnés depuis bien longtemps, nous avons rencontré Hugo le 8 juillet, la veille de leur concert donné au Transbordeur de Lyon pour lui poser quelques questions au sujet de l'actu des Bandit Bandit.


Salut Hugo, comment ça va ?

Ça va super, et toi ?

Ça va bien, merci. La dernière fois que l'on s'est vu, c'était en novembre 2019, après le triomphe de cette magnifique soirée passée au Trianon en première partie de Last Train (live report à lire ici). Je pense que cette soirée restera à jamais gravée dans les mémoires de tous ceux qui étaient présents dans le public, mais aussi à ceux qui étaient présents sur scène ?

A fond ouai. On en a un très bon souvenir, même si on a eu une dose énorme de stress et de trac. C'était notre 10ème ou 15ème concert, et jouer devant 1500 personnes, c'était hyper impressionnant. Surtout pour Maeva, elle avait passée son après midi à pleurer. C'était une superbe expérience avec beaucoup d'émotions, tu passes par pleins de phases différentes pendant la journée, et quand tu montes sur scène, et bien c'est parti ... Rock 'n roll.

Bandit Bandit sur la scène du Trianon

Vous venez de sortir votre 2ème ep Tachycardie, le 25 juin dernier. Même si les 5 titres de l'ep datent des débuts du groupe, je trouve que le son est un peu plus "dur" et rentre dedans que le premier ep, et plus psychédélique aussi ?

Ouai, comme tu viens de le dire, c'est des morceaux qui vieillissent et on les joue depuis le début avec Bandit Bandit en concert, et la seule différence c'est que ces morceaux ont put mûrir avec le live contrairement à ceux présents sur le 1er ep. Et Lionel Buzac qui a fait la prod sur ces 2 ep's commence à bien nous connaitre, et on voulait un son plus fat, donc on est allé plus loin dans la démarche et au bout des idées. Et effectivement, il en ressort un son plus psychédélique pour  "Désorganisée" ou néo psychédélique avec de gros riffs. Ce nouvel ep est la suite logique du 1er ep, et avec Maeva on considère ces 2 premiers ep's comme un 1er chapitre à Bandit Bandit. Ceux qui ont aimé le 1er ep, vont aimé le 2ème. On fait que confirmer ce qu'est le son de Bandit Bandit avec ce rock lourd, psychédélique et en français.

En tout cas, cet ep est parfait pour la bamboche ?

(rire) Bah ouai là on est d'accord, quand on écrit des morceaux on pense directement au live et indirectement à la bamboche.


Vous jouez encore plus sur l'image glam des '70s comme avec le clip "désorganisée" par exemple, dirigé une nouvelle fois par votre ami Théo Sauvage à la Villa Benkenoum. Vous n'avez pas peur de devenir le couple le plus beau et le plus talentueux depuis des décennies en France ?

C'est très flatteur merci. Mais non, on ne fait pas ce groupe pour les photos mais pour la musique. Mais oui avec Maeva, pour les photos et les clips, on avait l'idée de s'inspirer de nos duos iconiques qu'on admire, mais sans prétention évidemment. Et on avait envie de quitter ces clichés rock avec la rue humide, les néons ... mais plus se diriger sur ces duos iconiques. Et c'est une façon aussi de s'assumer à 100% et de ne plus avoir peur, et ça nous va bien je trouve.


En peu de temps vous avez énormément gagné en assurance ...

Ouai, tout ça est lié. Ça se ressent aussi sur scène. Même si le covid nous a stoppé en plein vol, on donnait plein de concerts et je voyais Maeva évoluer de date en date, parceque pour elle c'était nouveau tout ça. C'est quand-même elle qui est au centre de l'attention et elle a pris ses repères et elle m'impressionne beaucoup sur scène. Et même pour les séances photos, elle est ultra professionnelle et elle va très vite à tout capter, et elle me bluffe.

En parlant de glam et des '70s, on vous a vu apparaître dans l'émission hommage pour les 30 ans de la disparition de Gainsbourg. Pour cette occasion, vous avez enregistré et clipé votre terrible reprise du titre "Bonnie And Clyde", qui vous va si bien . C'est étonnant que le titre n'a pas été ajouté au 2ème ep ?

C'était un hommage et un cadeau avant la reprise. C'est un single #0, et comme on nous appelait les Bonnie And Clyde du rock français, la boucle était bouclée. On l'avait retiré de notre setlist et on vient de redonner 2 concerts et on nous l'a réclamé, donc je pense qu'on va le rajouter à la setlist.


Lors de notre première interview d'octobre 2019 (à lire ici), avant votre show case au The Message de Troyes, vous m'aviez confié que votre album était prévu pour 2022, mais la crise sanitaire en a malheureusement décidée autrement, et à tout décalée de 1 an. Ce n'est que partie remise ?

On avait balancé une date comme ça à l'époque, mais on ne savait pas en fait (rire). En tout cas, ce que je peux te dire c'est qu'on a beaucoup écrit avec Maeva pendant la crise et qu'on a beaucoup de titres dont on est ultra fier. Et je te parlais du premier chapitre de Bandit Bandit avec les 2 premiers ep's, et là on va ouvrir le nouveau chapitre avec plus d'assurance et on va proposer quelque chose de nouveau, et on va aller plus loin. Que ce soit dans les textes, les propos, la musique dans tout en fait, et on a senti que c'était une période où on était ultra prolifique, et ça fait un bien fou. Et là on bosse dessus et on test déjà quelques titres sur scène, et je pense qu'il y a moyen que l'on sorte l'album fin 2022. Va falloir juste trouver le temps d'aller en studio parceque ce que je déteste et detesterais faire, c'est d'aller 2 3 jours en studio par ci par là pendant la tournée. Je préfère prendre 10 jours et qu'on se concentre que sur ça.

Comment ça se passe lors de l'écriture d'une chanson chez Bandit Bandit ?

J'ai un petit bureau chez moi à Lyon où il y des guitares, des claviers, cartes son, monitoring ... en gros je m'amuse là dedans et Maeva valide ou non. Dès fois elle rentre carrément pour me dire : "ça ca défonce". Donc c'est cool quand c'est comme ça et on en parle ensemble. Ça peut prendre une plombe ou une matinée. Et ensuite ça évolue en répète avec le reste du groupe. Ça dépend des morceaux, j'en ai qui sont ultra aboutis ou non, et des fois je me dis que c'est Ary ou Antho qui trouveront la petite idée qui va bien. Ça part de Maeva et moi, mais il n'y a pas vraiment de formule en fait. On s'est surpris récemment avec Maeva, d'habitude on part de la musique et après les textes, et là on a fait l'inverse et on attache encore plus d'importance aux textes. On parlait d'assurance et bien là c'est pareil, on a des choses à dire et on se sent légitime à les dire. On a beaucoup appris avec les 2 premiers ep's, et on a envie d'aller plus loin et de proposer un rock avec le therme chanson à l'intérieur.

Le 11 juin est sorti une pépite en vinyle avec vos amis de Last Train. Vous avez repris en français le magnifique titre "Fragile" de Last Train, mais aussi votre terrible premier single "Maux" en anglais. Comment vous est venue l'idée de cette collaboration qui a été directement gravée sur vinyle ?

Pour te raconter l'histoire, chaque année Session Unik propose à un artiste de rencontrer un autre artiste, et ils proposaient ce projet à Last Train depuis plusieurs années, et ils refusaient à chaque fois. Et cette année, il y a Jean-No (le chanteur de Last Train) qui nous a proposé ce projet car ils voulaient le faire mais qu'avec nous en fait, et on a été hyper flatté et ce sont de très bons copains, on se voit souvent avec Last Train. Et je trouvais ça cool l'idée de Jean-No de permuter les textes, ça a dû sens avec une vraie démarche derrière. C'était pas évident et chacun s'est chargé de faire sa traduction, parceque faire la traduction mot à mot ça ne fonctionne pas. Donc, j'ai réécris "Maux" en anglais avec Maeva, et Jean-No a fait sa traduction lui-même aussi, parcequ'on avait du mal à toucher aux textes des autres. Et après c'était trop bien de se retrouver en répète avec eux à Lyon. J'en garde un souvenir énorme, on s'est retrouvé dans une salle magnifique où ça a été gravé. C'était hyper excitant parceque t'as pas le droit à l'erreur lors de l'enregistrement, mais entre les prises c'était la colonie de vacances, on rigolait comme des gamins, on était juste des potes qui faisaient du rock 'n roll et j'en garde un souvenir vraiment génial, pareil pour Last Train et c'est pour ça qu'on fait de la musique.


Étant aussi un grand fan de Last Train depuis la sortie de leur premier ep en 2015, je ne m'étais jamais penché sur les textes de Jean-Noël. Et écrire des textes de cette qualité à même pas 20 ans, c'est vraiment fort ?

Pareil, ça fait longtemps que je les suis et quand je les vu arriver j'ai halluciné, que ça soit dans la composition, l'écriture, la prod ... ils ont une grande maturité et on ne peut pas leur enlever ça, ça c'est sûr.

Est ce que cette collaboration vous a donné des idées ? Peut-on espérer voir arriver un ep ou un album Last Train/Bandit Bandit dans un futur plus ou moins proche ?

Ça n'est pas dans l'actualité pour le moment, mais avec Maeva on aimerait bosser avec d'autres artistes en live par exemple. Tu bosses un petit titre pour le concert du soir, c'est le genre de trucs que j'aimerais voir en tant que public et de proposer un événement unique à chaque soir, ça fait un vrai cadeau pour les gens qui sont là. Par exemple, on va jouer avec Mademoiselle K en août, et là on bosse un titre avec elle pour ce soir là. Même si ce n'est pas parfait,  il y a un truc de spontanéité tu vois, c'est ça aussi la musique et j'inspire à fond de faire ça pour le live en tout cas.


Je serais présent sur votre concert à Troyes le 13 novembre prochain avec vos copains de Last Train pour la soirée Nos Rêves Font Du Bruit. Peut être que l'on aura cette version de "Fragile" pour ce soir là alors ?

Ah mais à fond. On avait une date de prévue avec eux qui a été annulée à cause du covid et on avait prévu de le faire. Je ne peux te promettre à 100%, mais il y a moyen oui.

Pour parler une dernière fois de cette collaboration, Maeva a réussit à sublimer "Fragile" qui est déjà un titre magnifique à la base ...

On était tous bluffé, et surtout Jean-Noël. Il ne pensait pas faire sa musique en français un jour et il en était sur le cul. Et je pense que si il nous l'a proposé, il savait que Maeva en était capable, elle a cette voix suave avec de jolis graves et ça a matché direct. Et c'est pour ça que j'en suis tombé amoureux, quand elle prend une guitare et quelle chante, il y a un truc qui se passe, c'est chargé d'émotions.

Même si les conditions sont assez particulières en ce moment, vous venez de redonner vos premiers concerts depuis pas mal de temps. Qu'est ce que ça fait de remonter sur scène et de retrouver son public après tout ce temps ?

Bah à la fois c'est énorme et en même temps on a peur, et on se demande si on va pouvoir faire toutes nos dates. On te donne une liberté et on a l'impression que ça va durer très peu de temps avec le variant delta qui arrive. On voit semaine après semaine en fait, on a joué à Metz et Savigny Le Temple c'était énorme, les gens étaient assis et ils se sont levés, on sent une énergie et on a envie de rester sur scène. Demain on joue à la maison au Transbordeur de Lyon, la semaine prochaine aux Francopholies et on a trop hâte. Quand je suis sur scène je me dis "profite, parceque la semaine prochaine tu seras peut être encore bloqué sur ton canapé". Et pendant le premier confinement, j'étais hyper nostalgique, je regardais des vidéos de live sur mon canapé a essayé de me rappeler des sensations de live, parceque c'est ma raison de vivre. Et quand on te l'enlève comme ça aussi longtemps, c'est hyper dur. Là ça revient et on sent qu'on est pas rouillé et pareil avec le public il se passe ce truc que tu n'as pas en répète et ça défonce.


Finalement cette belle mauvaise idée comme tu la décrivais lors des débuts de Bandit Bandit, tourne à un compte de fée version rock 'n roll 2.0 ?

(rire) Bah ouai, comme quoi il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, j'ai bien fait de changé d'avis. T'as raison ouai, nous sommes dans une période très prolifique artistiquement, et avec Maeva nous sommes les plus amoureux du monde, et ça se passe hyper bien. Même pendant le premier confinement, on ne s'est pas engueulé. Nous sommes bien veillant l'un envers l'autre que ça soit pour nous ou pour le groupe. On s'ecoute, on discute beaucoup, et j'ai extrêmement de chance de faire se projet avec Maeva qui est clairement la femme de ma vie. On verra où tout ça va nous emmener, mais en tout cas on a plein de choses à dire et à faire.

Photo : Bobby Odieux

Je verrais bien votre histoire adaptée au cinéma dans quelques années ?

(rire) Ouai, mais laisse nous sortir quelques disques avant.

Merci Hugo d'avoir répondu une nouvelle fois à mes questions. Pour ma part, je vous dis au 13 novembre à Troyes en compagnie des copains de Last Train et Balcon 76 pour la soirée Nos Rêves Font Du Bruit. A bientôt.

Avec plaisir mec, à bientôt.

Si vous voyez passer les Bandit Bandit près de chez vous, n'hésitez pas une seconde, allez les voir.





Écoutez ou procurez vous le 2ème ep Tachycardie des Bandit Bandit, ici.



Tachycardie tracklist :
"Néant"
"Dimension"
"Désorganisée"
"Siamese Love"
"Tachycardie"


Gian, juillet 2021.

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