lundi 27 février 2023

[INTERVIEW] Klone : "'On ne voulait pas reproduire un "Grand Voyage" bis."


Klone, groupe incontournable de la scène métal et rock progressif français vient de sortir son nouveau chef-d'œuvre "Meanwhile" ce 10 février, nou avons eu la chance de rencontrer Yann et Guillaume du groupe pour leur poser quelques questions avant la sortie de ce nouvel opus.


Salut les gars comment allez-vous ? 

Yann : Bonjour Gian, tout va bien merci !

Guillaume : Tout roule pour moi aussi , impatient de defendre notre nouvel album sur scène !


Votre nouvel album Meanwhile sort le 10 février. Pouvez nous dire comment se sont déroulées les phases de création et de compositions de l'album ? 

Yann : Guillaume a composé la majorité des morceaux. Aldrick a également apporté sa pierre à l'édifice et a composé le morceau 'Apnea' . Au début du processus, on s'envoie des maquettes. Par la suite, je vois comment la voix va occuper l'espace, afin d'avoir une vue d'ensemble. On échange alors sur les structures et les longueurs instrumentales à définir. Puis j'entame la composition de mes lignes de chant, avec dans un premier temps les notes et le rythme, avec une sorte de yaourt. Puis les paroles viennent se greffer à la fin.

Guillaume : J'accumule toujours pas mal d'idées que je met de coté , que je laisse reposer , ça s'étale pas mal dans le temps . Je maquette pas mal de choses que j'envoie aux restes du groupe , puis on se met à travailler dessus à distance , mais aussi en repetant !

Il faut dire aussi qu'avec le confinement on a eu le temps de prendre notre temps:)


Quels sont les sujets abordés sur ce nouvel album ?

Yann : « Meanwhile » parle d'évènements qui se déroulent au même moment, mais dans des lieux différents. Les textes évoquent notamment les choix que l'on fait ou que l'on subit, et qui peuvent changer le court de nos histoires. L'écriture découle toujours de ce que m'inspire la musique, la pochette et le titre de l'album. C'est la dernière étape de composition. Mais j'aime bien l'idée de ne pas trop les expliquer et de laisser le choix à l'auditeur / lecteur de se les approprier.




Vous avez déjà donné plusieurs concerts depuis plusieurs mois. Avez-vous testé les titres du nouvel album en live? Et comment a réagit le public ?

Yann : Oui, on a travaillé 3 nouveaux morceaux en résidence qu'on a pu joué sur les derniers concerts de l'année dernière. Même si les gens decouvraient plus ou moins 2 de ces morceaux ( 'Within Reach' et 'Bystander' sont sorti fin 2022), ils ont très bien été acceuilli.

Guillaume : Il faut toujours un ptit temps d'adaptation pour qu'on les interprète bien en live et c'est pareil pour le public , il faut aussi leur laisser le temps de digerer l'album . Il faut parfois du temps pour bien entrer dans notre musique . Je pense que les morceaux du nouvel album sont vraiment bien taillé pour le live !


Depuis votre album Here Come The Sun de 2015, vous nous aviez habitué à un rock progressif aérien, voir stratosphérique avec Le Grand Voyage accompagné de sa magnifique artwork. En regardant la pochette de Meanwhile, j'ai l'impression que l'on regarde toujours vers le ciel mais avec les pieds sur terre et qu'une tempête est sur le point d'arriver ?

Yann : Il n'y a pas forcément de réponse toute faite mais ton 'explication' me va très bien ! Effectivement, musicalement on revient vers des sonorités plus 'métal ' avec une production plus massive que sur « Here Comes The Sun » et « Le Grand Voyage ». Mais concernant la pochette, libre cours à l'imagination de chacun de voir ce qu'il a envie de voir.




Que s'est-il passé depuis la sortie de votre dernier album studio de 2019 ? 

Yann : Beaucoup de choses ! On a pas mal touné à la sortie du « Le Grand Voyage », notamment une tournée en Europe avec Leprous. Puis le confinement est arrivé quelques jours après. Alors comme tout le monde, on a passé quelques semaines chez nous. Puis on a repris tranquillement le travail une fois le confinement levé et on a enchainé la composition et l'enregistrement de «'Meanwhile'. A cela s'est ajouté quleques mois plus tard une tournée aux Etats-Unis avec Pain of Salvation, la croisière« Cruise to the Edge » et le « Prog Power Fest » à Atlanta.


Peut-on dire que Meanwhile est une suite logique et naturelle de votre album studio Le Grand Voyage ?

Yann : Ce que je peux dire c'est qu'on ne voulait pas reproduire un 'Grand Voyage' bis. On a donc bosser pour proposer quelque chose de différent. D'ailleurs on revient un peu aux sources avec des compositions plus directes et un son massif signé Chris Edrich. Finalement, je pense que 'Meanwhile' est un condensé de notre côté metal qui peut se retrouver sur 'Black Days' ou 'The Dreamer's Hideaway' et le côté plus éthéré de 'Here Comes The Sun' et 'Le Grand Voyage'.


Êtes vous autant impliqué et engagé à la cause écologique que vos amis de Gojira par exemple ?

Yann : Non, pas directement. Nous proposons une musique et des paroles plutôt oniriques, sans délivrer de message précis sur l'écologie, même si nous nous sentons évidement tous concerné. Nous ne sommes pas des consommateurs frénétiques, nous avons besoin de peu de choses finalement. Notre engagement se situe peut être ici, dans notre quotidien et nos vies privées. Pour revenir à Klone, il y a des métaphores dans les textes qui peuvent se raccrocher à cette thématique, mais j'essaye toujours de laisser une porte ouverte pour que chacun puisse s'approprier son interprétation.


La sensibilisation à l'écologie peut aussi passer par la musique ?

Yann : Oui, si l'artiste est sincère, qu'il assume pleinement son engagement et le message qu'il veut faire passer. Tu parlais de Gojira, c'est un très bon exemple, notamment par les actions qu'ils mènent comme leur opération Amazonia.



Comment avez vous vécu le confinement avec l'arrêt des tournées et de tout ce qui allait avec ?

Yann : De mon côté, je l'ai plutôt bien vécu. J'ai pu passer du temps avec ma famille, profiter du calme de la campagne, prendre le temps de ne rien faire.. c'était comme un moment suspendu, un peu intemporel, ça nous a beaucoup plu, malgré le contexte sanitaire.

Etant intermittent du spectacle, on a pu également bénéficier de l'année blanche mise en place par le gouvernement. Ca nous a clairement aider financièrement à surmonter cette période. 

Guillaume : Pareil je l'ai super bien vécu , c'était un peu comme des vacances forcées et j'ai pu me concentrer sur d'autres choses . J'ai pris le temps de prendre mon temps , faire des choses simple , ralentir le rythme de vie aussi … Après l'impacte sur la tournée du Grand voyage , c'était quand même chiant … Mais on final nous nous en sommes bien sorti car on a pu le defendre pas mal en live , que ce soit avant ou apres cette periode etrange . Ce qui est cool aujourd'hui c'est que nous sommes bien reparti pour jouer à fond sur cette année 2023 et ça fait bien plaisir !


En 2021, vous avez sorti votre premier album live Alive. Est-ce que sa sortie était prévu avant l'arrivée de la pandémie ?

Guillaume : Non pas dutout , on avait de coté les enregistrements de quelques concerts … A vrai dire on avait pas envie de rester là sans rien faire et cette periode était une bonne occasion pour sortir un album live alors qu'on était privé de pouvoir en faire . C'est notre 1er album live et il est bien représentatif de notre discographie . Nous sommes content du travail de Chris Edrich sur le mixe et on a eu de super retours dessus !


Était-ce un besoin ou une envie de sortir cet album live ?

Yann : C'est une idée que nous avions en tête depuis un moment. On avait réussi à enregistrer 2 concerts en multi pistes, à Barloo (NE) et Audincourt (FR). L'opportunité de sortir un album live s'est alors présentée et nous avons pu la concrétiser.



Le 11 septembre 2001 a été marqué par les attentats aux États-Unis, la sortie du dernier album Des Visages Des Figures de Noir Désir, mais aussi du lancement de votre label La Klonosphère. Comment va-t-il depuis toutes ses années ?

Guillaume : Ecoute tout se passe très bien , c'est toujours un plaisir de pouvoir découvrir des nouveaux projets en zic , et ça me permet de continuer à être au courant de ce qui se passe sur notre scene française qui est plus productives et qualitatives que jamais ! Je ne pensais pas que cette histoire durerait aussi longtemps quand j'ai commençé à l'époque ! Personnellement ça me fait toujours autant plaisir de pouvoir aider des groupes à avançer , donner des conseils aussi par rapport à mes experiences .


Merci à vous d'avoir répondu à cette interview.




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Gian, février 2023.


dimanche 26 février 2023

Live Report : KLONE, THE OLD DEAD TREE et PATRON au Trabendo le 11 Février 2023


Klone, qui vient de sortir son nouvel album « Meanwhile », avait donné rendez-vous à son public parisien au Tradendo le samedi 11 février 2023. Le groupe avait eu la bonne idée de demander de les accompagner à deux excellents groupes français The Old Dead Tree et Patrón. Nous ne pouvions donc pas rater ce rendez-vous.


C’est Patrón qui ouvre le bal. On ne vous les présente plus car ils ont déjà fait l’objet d’articles sur Rock Alternative News, car c’est un groupe que nous apprécions particulièrement. Bon, pour ceux qui n’auraient pas été assidus à la lecture de R.A.N. (ce n’est pas bien ça !), on reprend depuis le début. Patrón donc, avec un accent sur le o et qu’il faut prononcer à l’espagnole, est un groupe français (oui, oui !) fondé par Lo, le frontman de Loading Data que certains connaissent peut-être. En tout cas, ce nouveau projet de Lo a été une vraie réussite avec la sortie en 2020, en pleine pandémie, du premier album éponyme, produit, excusez du peu, par Alain Johannes (Queens of the Stone Age, Them Crooked Vultures, Chris Cornell or Mark Lanegan). L’album distille un stoner rock de première classe. Nous avions vu Patrón en mars 2022 au Backstage By The Mill qui nous avait alors confirmé tout le bien qu’on pensait d’eux. 


C’est donc Lo, accompagné de Aurélien Barbolosi à la guitare, Guillaume Theoden à la basse et Simon Lemonnier à la batterie qui arrivent sur scène pour nous balancer en pleine poire le riff bien stoner de « Room With A view », le titre qui ouvre d’ailleurs aussi l’album. Et Lo, qui arbore une magnifique chemise noire constellée d’icônes de la Sainte Vierge, nous fait le grand jeu avec sa voix de velours, à la tonalité grave si particulière. Ceux qui le connaissent déjà jubilent, les autres se font séduire et en redemandent. Lo est impérial, et enchaîne donc quatre titres de l’album, jusqu’à « Very Bad Boy », le titre qui fait se pâmer le public, avec son riff imparable et sa voix magnifiquement caverneuse. Le frontman annonce ensuite, la fin du set avec les deux derniers morceaux « Next Stop », un titre de 2021, et « Vega$ » un des derniers morceaux en date que nous connaissions pour l’avoir déjà écouté lors du concert au Backstage BTM. C’est déjà terminé, et le public totalement conquis, n’arrive pas à cacher sa déception, la prestation ayant été vraiment trop courte. Pas grave, on est sûrs que des concerts de Patrón il y en aura d’autres ! Et nous y serons bien évidemment, car incontestablement nous savons qui est le patron !




C’est ensuite The Old Dead Tree qui prend le relais. Le groupe a l’air de s’être définitivement reformé, après une existence un peu chaotique qui ne nous laissera depuis 2007 qu’un EP sorti en 2019. Ils sont maintenant annoncés au prochain Hellfest. Des micros bardés de branches d’arbres sont disposés sur la scène qui donnent une petite ambiance metal gothique. Les compositions sont de bonnes factures, avec ce qu’il faut de mélancolie pour les titres issus du dernier EP « The End », et des titres plus énervés. Le chant est agréable, avec des alternances de chant clair mélancolique et de growl désespéré. La prestation du groupe est appréciée par l’audience, qui comporte d’ailleurs probablement des fans de la première heure venus pour assister à la consolidation de la reformation du groupe. En tout cas le set est convaincant et TODT aura toute sa place au Hellfest.




Après ces deux excellents sets, c’est au tour de Klone d’investir les lieux. Le public est venu en nombre pour eux ce soir. Le titre qui ouvre le set des poitevins est « Elusive » tiré du dernier album « Meanwhile ». Les riffs sont lourds, mais le chant clair, presque aérien, de Yann Ligner rend le tout d’une légèreté bienvenue. Le ton se durcit avec la second titre « Rocket Smoke », il faut dire qu’il a plus de 10 ans ce titre et date de l’époque metal du groupe. Retour au metal plus léger, plus aérien, avec des titres des deux derniers albums « Le Grand Voyage » et « Meanwhile », notamment « Sealed » et son riff qui rappelle Alan Parson Project. Une sorte de communion s’installe entre le groupe et le public, presque en apnée sur ces morceaux qui lorgnent plus sur le rock progressif que le metal. Les titres du dernier album sont néanmoins plus nerveux, les riffs plus lourds, que ceux du précédent opus, faisant ainsi une sorte de synthèse du metal et du rock progressif qui devient la marque de fabrique de Klone. 



Ce retour à quelque chose d’un peu plus rugueux est finalement une bonne chose et rend les prestations live plus vivantes et intéressantes. Klone nous embarque dans son voyage musical, et il est impossible de résister à la montée en puissance de la musique qui vous contraint à headbanger… mais de façon incroyablement légère. Rien à voir avec certaines formations metal bas du front ici. Nous avons affaire à de la dentelle métal, ciselée par des musiciens qui connaissent leur ouvrage, Guillaume Bernard en tête.





Nous aurons bien sûr aussi droit à l’incontournable reprise de Bjork « Army of Me », superbe version de cette excellente chanson. Nous arrivons doucement vers la fin du set, le rappel ne comportera qu’un titre, et Klone nous aura fait voyager dans leur univers mélancolique et puissant à la fois, et aura réussi son retour sur la scène parisienne. Klone s’inscrit définitivement comme un groupe incontournable du rock/metal progressif français.




Setlist

            1. Elusive
            2. Rocket Smoke
            3. Night and Day
            4. Sealed
            5. Keystone
            6. Gone Up In Flames
            7. Within Reach
            8. Bystander
            9. Immersion
            10. Army of Me (Bjork cover)
            11. Nebulous
            12. Silver Gate

                        Rappel :

13. Yonder


Jean-O de R.A.N.

lundi 6 février 2023

[INTERVIEW] Seum : "Depuis nos débuts, on fait tout nous-même, DIY à 100%"


SEUM: synonyme de frustration et de déception. 

Qui veut aussi dire en arabe Venom : venin.



C'est en 2020, année de l'arrivée du Covid et de sa tournée mondiale qui a paralysé la quasi totalité de la planète en 1 mois que le groupe SEUM, lancé par 3 frenchies expatriés à Montréal voit le jour avec un premier EP intitulé “Summer Of Seum”: "On avait juste démarré SEUM et le confinement nous a coupé en plein élan, en tant qu’expats on ne connaissait personne à Montréal et on ne pouvait pas faire de concerts. Mais avec le recul ça a eu un impact positif, on a dû sortir des sentiers battus pour nous faire connaître en faisant des streams vidéos, en sortant les morceaux de notre EP Summer of Seum séparément comme autant de singles et en connectant avec des groupes et illustrateurs du monde entier. Et puis cette période difficile nous a inspiré un nom de groupe marquant, SEUM!", nous explique Piotr dans un premier temps, bassiste du groupe.



Donc, nous voilà tout juste arrivé en 2023, là où la vie aurait presque reprise son rythme normal, que le trio nous livre son deuxième album intitulé Double Double, un nom qui fait une nouvelle fois référence au café (après la pochette de Winterized, le premier album de SEUM) et Piotr continue de nous expliquer: "Le premier album était noir comme la periode et le café qu’on avalait durant son enregistrement. DOUBLE DOUBLE tire son inspiration de la période beaucoup plus positive  qui a suivi: les nombreux concerts en France et au Canada, les rencontres avec les groupes et le public, les excellents retours des médias. On a voulu faire un clin d'œil à ce changement d’ambiance avec le titre de l’album, un double-double au Québec c’est un café avec 2 sucres et 2 crèmes."




Un café super calorique pour un album survitaminé, voici la solution pour faire face aux rudes hivers nord-américains. Avec cette nouvelle galette, le groupe a voulu revenir à un son plus brut avec un groove imposant mené par Piotr à la basse et Fred à la batterie suivis de Gaspard au chant écorché et sauvage qui s'est dépassé sur l'album, et ils ont été accompagnés par John Golden, producteur légendaire des Melvins pour le mastering de l'album, Piotr enchaîne: "Winterized sonnait lourd et étouffant, avec DOUBLE DOUBLE on a voulu un son plus ouvert à l'image des nouvelles compos. Pour que le disque sonne quand même puissant on s’est dit qu’il nous fallait un grand nom au mastering. John Golden semblait une évidence, c’est la légende derrière le son des Melvins - un groupe qui nous inspire beaucoup dans sa démarche, toujours imprévisible - mais aussi Sleep, Weedeater ou encore, dans un registre différent, Soundgarden. En comparaison avec ces noms-la, on est un tout petit groupe mais John nous a super bien traités comme le grand professionnel qu’il est et a donné une vraie identité sonore à l'album."




Double Double est composé de 8 nouvelles bombes avec des titres ravageurs tels que "Dollarama", "Snow Bird" et "Dogs Days" où Gaspard partage le micro avec Noureddine El Ouarite : "Nono est une légende de la scène métal Parisienne, si tu vas à un concert dans le coin, tu peux être sûr de le rencontrer. Il a commencé à chanter dans les années 90's dans des groupes hardcores comme Guilty, Darkdawn ou encore 6-DTC avant de fonder le groupe stoner Mlah!. Nous nous sommes rencontrés au Ventre de la Baleine, dans les studios qu’on partageait avec mon ancien groupe Lord Humungus. Noureddine nous avait entendu répéter de l'extérieur et est rentré dans notre local, le joint aux lèvres, souriant, pour nous écouter et nous encourager. On a ensuite enchaîné les concerts ensemble jusqu’à notre départ pour le Canada. Dog Days est un morceau rétrospectif sur cette époque et c’est tout naturellement que nous avons invité Nono sur ce titre." nous raconte Gaspard, chanteur du groupe.


Nono et Gaspard. Paris, juin 2022.


Avec DOUBLE DOUBLE, le combo de Montréal fait un big middle finger à la fameuse malédiction du 2ème album :"Ça aurait été facile de refaire un album dans la lignée de Winterized mais on a voulu sortir de notre zone de confort. Les réactions qu’on a reçues en concert, notamment lors de notre tournée en France, ont inspiré la composition des morceaux: ceux-ci sont beaucoup plus narratifs, écrits pour être vécus en live. On s’est aussi nourris de notre expérience double d’expats français lâchés en Amérique du Nord pour les thèmes. On est un peu à l'image de Double Boy, la créature de la pochette, paumés en plein centre-ville de Montréal, les yeux écarquillés." nous dit Piotr.


Mais SEUM n'est pas qu'un simple groupe, c'est une équipe voir même une famille qui gravite autour du groupe avec à l'enregistrement depuis ses débuts en 2020 un certain Marteau au son : "Marteau est l’alias ingé-son de Fred. On bosse en petit comité! Mais le boulot de Marteau est de plus en plus apprécié, c’est lui qui a mixé le dernier album de Fátima, Fossil, par exemple." nous dit Piotr avant que Fred, alias Marteau prenne la parole: "Depuis le début, c'était important pour nous de faire un très gros son pour SEUM, tout en gardant l’aspect “do it yourself”. Le challenge étant de bien capturer le son baveux et massif d’une basse et de garder une bonne image stéréo, le tout sans utiliser d’autres instruments… Aucune guitare électrique donc. On a développé pas mal d’astuces, par exemple l’utilisation de plusieurs amplis, plusieurs pédales… et le résultat est au rendez-vous, on arrive à faire un rendu épais mais avec notre propre signature sonore, vraiment différent de la production de Doom typique a deux guitares plus basse. Pour DOUBLE DOUBLE comme pour nos précédentes sorties, on a tout enregistré dans notre studio (la Seum-Cave). J’ai mixé l'album, mais cette fois, on a fait masteriser le tout par John Golden qui a fait un travail monumental. Quelle expertise! John est une légende, et pour lui donner le maximum de liberté, on lui a fourni  un mix très dynamique et peu compressé. Et ça s'entend sur l’album: la batterie est impactante, les instruments sont bien séparés, la voix ressort… ça groove et ça rebondit, parfaitement en accord avec l’esprit de l’album un peu plus “rock”... On est super satisfait! Maintenant, on est assez rodé et on a été capable d’enregistrer l’album en un temps record. On a hâte de se mettre au boulot pour la suite!".


Piotr, Fred et Gaspard.


Gorka alias Cosmogol666 sur Instagram, dessinateur inspiré par la bd des 80's signe une nouvelle collaboration en offrant ses services au groupe en réalisant un autre artwork incroyable après le split avec Fátima, il s'explique en détail: "Le groupe a été très clair dès le début, pour leur nouvel album SEUM ne voulait pas d'un truc à l'esthétique "métal". Zut! Adieu les chateaux maléfiques, perspectives sataniques et autres démons éviscérés, ou éviscérant. Ils m'ont plutôt évoqué les pochettes d'albums comme “Houdini” des Melvins, “Dookie” de Green Day, etc. Le trio voulait quelque chose de dessiné qui pourrait être la pochette d'un groupe de n’importe quel style.




Comme toutes les cartes plus ou moins blanches, c'est à la fois très intéressant et stimulant, mais aussi un peu intimidant. Un "double-double" à Montréal, c'est une façon très classique de commander du café. Je souhaitais m'inspirer de ce titre sans trop non plus rester englué dans sa définition exacte. L'idée du personnage est venue un peu toute seule en gribouillant sans trop y penser, en laissant filer la main. En échangeant sur l'idée, Piotr m'a proposé d'inclure des éléments de la ville de Montréal dans le dessin et ça m'a parlé tout de suite.


Depuis le début, SEUM inscrit son univers dans leur réalité canadienne et je trouve ça super malin. Se servir ainsi d'éléments de la scène et de la ville dont on est issu, dans laquelle on baigne, ça permet à la fois de s'imprégner de son ambiance, de ses spécificités, et de s'y inscrire, d'y graver son nom. Il y a un vrai échange qui se fait entre le groupe et son public local, ça crée des liens grâce à des éléments de référence quotidiens communs, ça rend hommage et à la fois on peut s'y abreuver pour en imprégner sa personnalité. J'ai proposé de non seulement dessiner des buildings réels de Montréal, mais en plus de les déformer... Demandez aux dessinateurs, les décors c'est l'enfer, c'est chiant, ça prend du temps et de la discipline, alors en plus les tordre dans tous les sens? Pfff la galère… Ces satanés immeubles j'aurais pu les dessiner puis les déformer sur GIMP (la version freeware de Photoshop), ça aurait rendu le résultat final plus "propre", plus "exact", mais le défi personnel était de jouer le vrai. Je voulais que le dessin réalisé soit le plus proche possible de la pochette finale. Le groupe était complètement en phase avec cette idée donc le nom du groupe, le tracklisting, la tranche du digipack, etc… ont tous été intégrés dans le concept et dessinés entièrement à la main.




L'album sort aussi en version vinyle (miam!) chez Electric Spark, du coup, histoire de me compliquer encore un petit peu la tâche, j'ai proposé de faire deux versions couleurs différentes qui se répondent, ça colle bien avec le titre de l'album. Ainsi sur la version digipack c'est la pochette de la version vinyle qui apparaît sur le panneau publicitaire qui sert à afficher la liste des chansons au dos de l'album, et inversement. Pour la sortie du single Snow Bird, je me suis amusé à concocter une mini pochette en reprenant des éléments de l'illustration. Ce qui est cool c'est que comme pour la pochette, le résultat final est le fruit d'un échange constant avec le groupe.


Quelque temps après, le label américain Riff Merchant a proposé de sortir l'album en cassette, et bien pourquoi ne pas faire une troisième version de l'artwork nous sommes nous dit? J'ai concocté une nouvelle version, un peu ambiance vieille bande dessinée, avec les lignes un peu décalées, des trames de points pour les couleurs, ça colle bien avec le côté old-school du format cassette.



(Si vous aimez voir l'envers du décor, rendez-vous sur mon Instagram @cosmogol666 sur lequel je vais poster les brouillons et étapes intermédiaires. Ca baignera au milieu de mon projet actuel, ma bédé autobiographique Le Ninja de Place de Clichy que je publie en anglais sur mon instagram au fur et à mesure. La version française est publiée par un journal associatif du 18ème arrondissement de Paris, je pense aussi bientôt l'auto publier avec des bonus. Si vous n'avez pas Instagram, je posterai aussi des news sur mon site www.gorkauztarroz.com. Ha oui, les groupes qui veulent des pochettes bien funky contactez-moi, et les groupes de métal aussi hein, j'ai envie de les dessiner et peindre ces châteaux maléfiques!)".



Sortir un album ne suffisait pas au groupe proche de ses fans car il a réalisé une chasse au pochoir Seum 2X2 dans tout Montréal en offrant un concert privé dans la Seum-Cave à celui qui trouverait le plus de pochoirs, et Fred, batteur du groupe conclu l'interview : "Depuis nos débuts, on fait tout nous-même, DIY à 100%, c’est aussi le cas pour la promo. On s’est demandé comment promouvoir l’album sans budget et on a décidé de lancer un jeu de piste dans Montréal à l’aide de pochoirs. Notre public était invité à reposter chaque pochoir trouvé et les gagnants nous rejoindront pour un concert privé. C’est une manière fun d’inclure le public mais aussi d’inscrire l’album, au sens propre, au sein de la ville qui nous inspire tant."




Depuis ses débuts en 2020 avec 2 EPs, une cover de Prince, un split vinyl avec Fátima, un mini album live enregistré à la Seum-Cave et 2 albums, le groupe nous a toujours surpris et ne s'est jamais reposé sur ses acquis en repoussant toujours ses limites et continue de nous surprendre à chaque nouvelles sorties. Bref, le défi est hautement réussi avec ce 2ème album et le groupe ne finit jamais de nous surprendre.











Seum line-up :

Gaspard : chant
Piotr : basse 
Fred : batterie 

Retrouvez Seum sur :


Gian, février 2023.