vendredi 29 mai 2020

Album Review : "West Of Eden" de HMLTD (Sortie le 07.02.2020)

Credits Photo : © La Vague Parallèle
Après ce qui nous a semblé être une longue attente depuis la sortie de son EP éponyme et quelques prestations live époustouflantes en 2018, le quintet londonien HMLTD - comprenez Hate Music Last Time Delete - déchaîne sur nous son mélange étrange et merveilleux de punk & de new wave avec son 1er album “West Of Eden”, sorti le 07 février dernier.
Credits Photo : © Libération
Sur celui-ci, le groupe appelé autrefois “Happy Meal Ltd” a épuré sa patte sonore. La première fois que j’ai entendu parler d’eux, c'était lorsqu’ils ont effectué une tournée en soutien de Shame en 2018 et qu’ils ont électrisé le public de la Cartonnerie de Reims avec un show de 1er plan. A l’époque, j’avais eu l’impression que Soft Cell avait rencontré The Prodigy.
Credits Photo : © Michela Cuccagna
Bien que l’album contienne de nombreuses chansons que nous avons déjà pu découvrir sur scène, il nous réserve néanmoins quelques belles surprises avec des titres très ambitieux. Des morceaux comme l’ouverture “The West Is Dead” diffuse des paroles sombres sur l’avenir proche de notre civilisation occidentale - où le dalaï-lama porte du Dolce & Gabbana - à travers une ligne de basse intelligente dopée aux rythmes électro, sublimée par un chant teinté d'érotisme. “LOADED” était déjà un temps fort des sets live et cela se confirme sur disque avec son rythme hip hop porté par la voix sexy de Henry Spychalski.
Credits Photo : © Aaron Corr
Les 2 titres suivants, “The Ballad Of Calamity James” et “To The Door” se fondent dans la pure tradition de la musique occidentale, faisant un clin d’oeil évident à Ennio Morricone, en particulier “To The Door”, qui est l’un des meilleurs titres où le chant de Henry rappelle tantôt Nick Cave, tantôt Marc Almond. Le moins que l’on puisse dire c’est que la façon dont le morceau passe d’une ambiance optimiste à un déchaînement techno et à une folie vocale est absolument géniale. Ensuite, l’architecture Bowie-esque de “Satan, Luella & I” adoucit un peu le rythme, toujours dans cet esprit western spaghetti avec des airs de Soft Cell. Elle dégage un son théâtral, exploitant des thèmes typiques du début des années 80.
Credits Photo : © Indie Music
Quant à “Mikey’s Song”, elle me donne envie de crier au génie, tant elle me régale. Même si je ne suis pas forcément fan a priori, ce titre ressemble à du Depeche Mode à son meilleur avec toutefois des nuances de Roxy Music, Wall Of Voodoo et Sparks… et c’est génial ! “Why ?” est quant à elle une piste étrange qui aurait toute sa place au sein de la discographie des Flaming Lips, avec ses voix distordues sur fond de violon et de claviers. Court mais sympa. Puis “149” nous amène à de la techno industrielle et nous présente la belle partition vocale de Tallulah Eden.
Credits Photo : © Redbrick
Les 2 titres suivants “Joanna” et “Where’s Joanna ?” sont des ballades glaçantes. Car nous savons où se trouve Joanna : Démembrée, en morceaux. Un titre qui sonne comme un vieux morceau de dance hall sous acide chanté par Nick Cave. “Death Drive” est un autre morceau de 1er plan, fusionnant Suicide avec les Cramps. “Nobody Stays In Love” revient lorgner du côté de Depeche Mode. Une vraie piste électro teintée de sonorités années 80. “MMXX A.D.” est quant à lui un petit interlude hip hop futuriste de 49 secondes qui se fond à merveille dans la piste suivante “Blank State”, qui sonne comme un appel à la révolution. Enfin, le dernier morceau - “War Is Looming” - marque la fin de cet album singulier chargé de changer les idées reçues sur la masculinité.
Credits Photo : © Coralie Slota
Malgré une esthétique ancrée dans la tradition androgyne légendaire du glam rock et du nouveau romantisme, ce 1er disque de HMLTD semble moins défini par le passé que par sa volonté de caresser des genres musicaux radicalement différents, de l’art rock à l’électro en passant par le post-punk. Avec cet album, les 5 musiciens nous donnent déjà un 1er aperçu de leur penchant pour la décadence de la Nouvelle Vague. Avec son titre qui détourne “A l’Est d’Eden” de John Steinbeck et des allusions à la mythologie biblique de Caïn et Abel, HMLTD s’engage dans un discours philosophique qui semble pertinent à notre époque de grand trouble. Riche d’un flair avant-gardiste et d’un esprit provocateur, le quintet londonien nous livre un album concept qui flirte avec la postérité culturelle. Une vision libérée, aiguisée et engagée sur le plan esthétique qui justifie largement son statut de nouveau prince du rock britannique.


La Note de Manu : 8.5/10
Pochette de l'album "West Of Eden" de HMLTD (sortie le 07.02.2020)
“West Of Eden” de HMLTD, LP 15 titres sorti le 07 février 2020 chez Lucky Number Music Limited

Tracklist :
1. The West Is Dead (3:03)
2. LOADED (3:16)
3. The Ballad Of Calamity James (1:32)
4. To The Door (3:19)
5. Satan, Luella & I (6:29)
6. Mikey’s Song (3:37)
7. Why ? (2:38)
8. 149 [Feat. Tallulah Eden] (2:58)
9. Joanna (2:22)
10. Where’s Joanna ? (3:51)
11. Death Drive (3:38)
12. Nobody Stays In Love (3:28)
13. MMXX A.D. (0:49)
14. Blank State (3:45)
15. War Is Looming (4:35)


Credits Photo : © Lust4live


Manu de RAN

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire