jeudi 16 avril 2020

Album Review : "The New Abnormal" de The Strokes (Sortie le 10.04.2020)

Crédits Photo : © Mowno
Voilà 19 années que le groupe new-yorkais The Strokes a fait ses grands débuts avec le cultissime “Is This It ?”'. La discographie de The Strokes est - plus que celle de n’importe quel autre groupe de rock - de celle dont on débat aisément entre amis. On en discute, on s’engueule, on tente de se convaincre mutuellement, mais quelle que soit l’issue de la discussion, on ne tombe jamais vraiment d’accord. Car, si iconique qu’il soit, The Strokes est un groupe qui cristallise les passions. Certain(e)s verront en lui un combo surcoté, dont la discographie est somme toute assez faible, d’autres y verront un groupe contemporain majeur, dont l’inspiration semble s’être un peu essoufflée ces dernières années, pour laisser libre court à d’autres projets parallèles.
Crédits Photo : © Rolling Stone
Annoncés comme les sauveurs du rock n’ roll, depuis leurs débuts, les Strokes alternent le très bon - peu de gens sont parvenus à écrire un meilleur riff que celui de “Last Nite” - et parfois le pire, allant bien au-delà de la simple expérimentation, comme dans leurs 2 derniers disques, “Angles” en 2011 et “Comedown Machine” en 2013. Mais quel que soit votre camp, il n’est pas exagéré de dire que cette nouvelle production de Julian Casablancas & Co était autant attendue qu’elle était redoutée par les fans...
Credits Photo : © The Line Of Best Fit
De retour le 10 avril dernier avec son 6ème album “The New Abnormal”, le quintet confirme son statut de fabricant de riffs de 1er plan. Même si les membres de The Strokes - Julian Casablancas au chant, Nick Valensi à la guitare, Albert Hammond Jr. à la guitare & aux choeurs, Nikolai Fraiture à la basse et Fabrizio Moretti à la batterie - ont au fil du temps pris de la bouteille, ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Désormais, ils mettent tout particulièrement l’accent sur le fait de prendre du plaisir à travers leur musique. Prennent-ils encore du plaisir à sortir des disques ? La réponse, à l’écoute de “The New Abnormal”, est “oui” car cet opus explore de nouvelles directions sonores, mais on y retrouve aussi la patte assez reconnaissable des Strokes.
Credits Photo : © France Info
Dans ce “The New Abnormal” comme dans la majorité des disques du groupe, les tubes de style “Room On Fire” - comme “Bad Decisions”, l’un de leurs hymnes les plus entêtants, et “Why Are Sundays So Depressing”, où les guitares d’Albert Hammond Jr. et Nick Valensi dansent l’une autour de l’autre - sont entourés de morceaux plus surprenants. Prenez par exemple “Brooklyn Bridge To Chorus” et “At The Door”. Le premier cité diffuse une ambiance teintée de synthés et de grooves disco futuristes avec un chant vif et des paroles autocentrées, ce qui ne correspond plus à ce que les fans ont envie d’entendre. Certes, cela pourra en émouvoir certain(e)s mais ce morceau ne parlera pas à la majorité. Quant au 2nd cité, il s’agit d’un single magique sans percus, qui annonçait un changement radical pour le groupe. Et il se révèle être sans doute l’un des morceaux les plus forts du disque, en raison - notamment - de ses paroles contemplatives.
Credits Photo : © Metal Zone
Mettant souvent leurs sentiments de côté, “The New Abnormal” témoigne d’une certaine volonté d’introspection de la part du groupe new-yorkais. Il y a une beauté cinématographique saisissante dans les titres “Selfless” et “Not The Same Anymore”, avec des nuances d’Arctic Monkeys période “Suck It And See”. Peut-être faut-il y un clin d’oeil à Alex Turner, qui leur avait rendu hommage dans les paroles de la piste d’ouverture de “Tranquility Base Hotel & Casino”...
Credits Photo : © NME
“Selfless” sonne comme un rêve éveillé, s’ouvrant sur une guitare presque valsante, sublimée par la romance simple mais percutante des paroles de Julian Casablancas. La voix du chanteur est d'une netteté incroyable sur “Not The Same Anymore”, car il capture à merveille le sentiment de vieillissement, de plaisir et de liberté, prouvant ainsi qu'il est bien un parolier de grand talent, n’en déplaise à certain(e)s.
Credits Photo : © Indie Rock Universe
Si les premières secondes de “The Adults Are Talking” pourraient vous effrayer avec ses parties abrasives de batterie électronique, poursuivez néanmoins l’écoute jusqu'à ce que Julian Casablancas arrive avec une voix douce et que les premières rafales de guitare d’Albert Hammond Jr se fassent sentir. Au fur et à mesure du morceau, vous vous apercevrez qu’il s’agit en réalité d’un titre de 1er plan. Les rythmes analogiques de “Ode To The Mets” promettent de refermer l’album de la même manière, avant que la chanson ne devienne une ballade à combustion lente, le riff central sonnant comme s’il passait dans une éolienne.
Credits Photo : © Flickr
Mais, au milieu de tout cela, Julian Casablancas ne peut se tenir à l'écart bien longtemps de ses synthés bien-aimés et relance ses sonorités 80’s. L’une des premières fausses notes est “Eternal Summer”, qui coule à pic avec ses paroles curieuses, son refrain timoré et son falsetto douteux, sonnant comme du The Police au rabais avant de descendre dans un aboiement ska punk. Il convient tout de même de tresser un certain nombre de louanges à ce disque, même si, comme sa couverture - “Bird On Money” - empruntée à l’artiste Jean-Michel Basquiat, il se révèle épineux et assez étonnant. Mais dans le contexte musical actuel, qui se plaindrait d’un retour à “l’Abnormal” ? Certainement pas moi…
Credits Photo : © Nicko Guihal
Malgré ses imperfections, nous avons affaire à un album - très ? - sympa, insouciant, cool et doté de mélodies chatoyantes. Le genre de disque que vous aimerez à contrecœur... Les Strokes semblent enfin nous rappeler par moments à quel point ils peuvent être magiques. Et il était temps… Les fans adoreront “The New Abnormal”, tandis que d’autres y verront l’oeuvre d’un groupe en bout de course. Ce n’est pas vraiment un chef d’oeuvre, mais il se montre tout de même très intéressant par moments et est loin d’être complètement à jeter. Bref, cet album est à l’image de la carrière - et de la discographie - des Strokes : clivant ! Et n'est-ce pas là typiquement l’essence de la musique des Strokes ?


La Note de Manu : 7.5/10
Pochette de l'album "The New Abnormal" de The Strokes
“The New Abnormal” de The Strokes, LP 9 titres sorti le 10 avril 2020 chez RCA Records.


Tracklist :

1. The Adults Are Talking (5:09)
2. Selfless (3:42)
3. Brooklyn Bridge To Chorus (3:55)
4. Bad Decisions (4:53)
5. Eternal Summer (6:15)
6. At The Door (5:10)
7. Why Are Sundays So Depressing (4:35)
8. Not The Same Anymore (5:37)

9. Ode To The Mets (5:51)


https://www.youtube.com/playlist?list=OLAK5uy_mIPgAqJi0-TwDIDkX8x0jvBb9TqXTEdVw
Crédits Photo : © 411 Mania


Manu de RAN

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