samedi 8 mai 2021

Album Review : "The Battle At Garden's Gate" de Greta Van Fleet (Sortie le 16.04.2021)

Credits Photo : © Rock & Folk

Il y a 4 ans, le monde du rock découvrait pour la 1ère fois le blues rock habité de Greta Van Fleet, le groupe créé par les frères Josh, Jake & Sam Kiszka à Frankenmuth, dans le Michigan.

Sortis en 2017, les EP “Black Smoke Rising” et “From The Fires” ont ouvert la voie pour leur sublime 1er album “Anthem Of The Peaceful Army”, fin 2018. Une courte discographie qui a néanmoins vu le quatuor émerger de nulle part avec sa musique bluesy et intemporelle inspirée des années 70 et qui a attiré l'intérêt des passionné(e)s autant qu’elle a suscité les rancoeurs et les critiques de certains puristes autoproclamés, qui ne voyaient dans le rock de Greta Van Fleet que duplicité, inauthenticité voire carrément plagiat pur et simple.

Credits Photo : © We Are Cult

Deux ans et demi - et une pandémie mondiale - plus tard, on peut légitimement se demander si la magie électrique et fulgurante de Greta Van Fleet opère toujours. Et leur 2ème album “The Battle At Garden’s Gate” nous permet de retrouver ce rock brumeux et instantané, qui a forgé la légende des années 70 et a fait la renommée de Greta Van Fleet.

UN MÉLANGE SUBTIL DE DYLAN, HENDRIX & LED ZEPPELIN

Dès l’ouverture avec “Heat Above”, le ton est donné. Un clavier solennel, une rythmique quasi-tribale, un riff de guitare Dylanien sur lequel Josh Kiszka vient greffer sa voix haute et forte, avant de lancer un crescendo dynamique rappelant Genesis ou Yes. Le but ultime étant d’étoffer l’identité sonore du groupe. On a coutume de comparer Greta Van Fleet à une sorte de Led Zeppelin enfantin, mais ici, la puissance vocale relève plus de l’héritage d’un Geddy Lee - vocaliste du groupe de hard rock canadien Rush - que de Robert Plant.

Credits Photo : © Guitar World

Après cette entrée en matière assez inattendue, mais néanmoins remarquable, les guitares percutantes de “My Way, Soon” subliment l’esthétique rétro de Greta Van Fleet grâce à l’urgence juvénile et l’enthousiasme de ses musiciens. Il faut reconnaître que le côté 60's très vintage - façon Beatles - de ce titre, mais aussi du très baroque “Stardust Chords”, est réellement plaisant. On revient ensuite très vite dans des territoires sonores connus - ou du moins, attendus - avec l’épique et subtile “Broken Bells” qui, du haut de ses 6mn de cordes langoureuses, ses mélodies Dylaniennes & Hendrixiennes et son solo de guitare Zeppelinien presque érotique, lorgne du côté du cultissime “Stairway To Heaven”.


On se régalera également de l’excellent et beaucoup plus heavy “Built By Nations”, avec son riff digne de Jimmy Page, ainsi que de la jouissive “Age Of Machine” - avec ses ambiances rappelant le “No Quarter” de Led Zep - ou encore de “Caravel”, avec son univers ramenant également aux Beatles. On appréciera l’apaisement proposé par la ballade très mélodique “Light My Love”, portée par des sonorités mêlant subtilement les années 70 à une touche de modernité et par son refrain fédérateur. Et dans la même veine, on saluera aussi la très aérienne “Trip The Light Fantastic” et ses choeurs majestueux.

Credits Photo : © DIY Mag

UNE VÉRITABLE ODE A LA LIBERTÉ

On basculera ensuite dans le versant progressif des frères Kiszka avec la très lyrique “The Barbarians”, baignée d'une atmosphère et d’une mélodie Hispanisante, avant de clôturer sur un petit bijou : “The Weight Of Dreams”, un titre doté d'un souffle épique impressionnant rappelant Black Country Communion. La mise en abyme offerte par ce titre évoque un peu “Angie” des Rolling Stones et nous laisse sans voix, voire nous subjugue. La guitare de Jake Kiszka et la batterie de Danny Wagner agissent en métronomes et semblent donner vie à quelque chose de nouveau, comme un acte fondateur pour le groupe.


L’expérience supplémentaire acquise lors des milliers de kilomètres de tournée a été vraiment salutaire pour Greta Van Fleet et permet de leur découvrir une profondeur philosophique exacerbée - à l’instar de titres comme “Built By Nations” - mais aussi d’aborder des thématiques plus diversifiées. Le déménagement du groupe à Nashville a permis aux frères Kiszka de se tisser une identité sonore plus proche des textures du rock du désert, incorporant des éléments de country et d’Americana… et c’est une vraie réussite ! En fin de compte, entre son titre et ses visuels Tolkienesques et ses titres évoquant la grande Histoire de l’Humanité, “The Battle At Garden’s Gate” se révèle être un retour aux affaires magistral pour nos jeunes virtuoses.


En s’inscrivant dans la continuité de ce qui a été amorcé avec “Anthem of the Peaceful Army” il y a 2 ans et demi, ce 2nd disque sonne comme un doigt d’honneur à certaines critiques injustes auxquelles le groupe a dû faire face depuis ses débuts. Bien sûr, Greta Van Fleet ne réinventera pas le rock, mais ce n’est pas ce qui lui est demandé. S’écoutant d’une traite, cet album riche et varié permet au quatuor de tracer sa propre route et de consolider son univers musical unique. Ici, le groupe originaire du Michigan nous parle de paix, d’espoir et de spiritualité… et ça fait vraiment du bien en ces temps où l’actualité alterne entre pandémie mondiale et violences gratuites.

Credits Photo : © DIY Mag

“The Battle at Garden’s Gate” est une véritable ode à la liberté, autant une explosion musicale qu’une explosion d’émotions, et nous rappelle que la musique est aussi un art majeur, contrairement à ce que prétendait en son temps Serge Gainsbourg. Plongez-vous dans les 9mn insondables d’un titre comme “The Weight Of Dreams”, et vous en aurez la preuve éclatante, peut-être l’une des plus belles expériences que vous serez amené(e)s à vivre cette année. C’est tout le mal que je peux vous souhaiter !


La Note de Manu : 9/10

Pochette de l'album "The Battle At Garden's Gate" de Greta Van Fleet (sortie le 16.04.2021)

“The Battle At Garden’s Gate” de Greta Van Fleet, LP 12 titres sorti le 16 avril 2021 chez Republic Records

Tracklist :

1. Heat Above (5:41)

2. My Way, Soon (4:15)

3. Broken Bells (5:50)

4. Built By Nations (3:58)

5. Age of Machine (6:53)

6. Tears of Rain (3:50)

7. Stardust Chords (4:57)

8. Light My Love (4:30)

9. Caravel (4:55)

10. The Barbarians (5:20)

11. Trip the Light Fantastic (4:33)

12. The Weight of Dreams (8:51)



Credits Photo : © NME

Credits Photo : © NY Times


Manu de RAN

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