vendredi 14 mai 2021

Album Review : "The Light Below" de Walking Papers (Sortie le 05.02.2021)

Credits Photo : © NME

Avec une actualité musicale très dense en terme de sorties, l’année 2021 se présente sous les meilleurs auspices. La sortie d’un nouvel album du supergroupe américain Walking Papers ne fait que corroborer cette impression que l’on s’oriente peut-être vers une année record... Et pas uniquement du fait de l’arrêt du spectacle vivant depuis plus d’1 an.

Trois ans après l’excellent “WP2”, qui scellait le départ du bassiste Duff McKagan et de l’ex-batteur de Screaming Trees Barrett Martin, Walking Papers a sorti le 05 février dernier “The Light Below”, un 3ème album riche, émotionnel et intemporel.

Credits Photo : © Cristel Brouwer

LA NOUVELLE SECTION RYTHMIQUE AU RENDEZ-VOUS

Si on pouvait légitimement s’interroger sur l’avenir du groupe de Seattle après le départ de sa section rythmique, le génie du frontman Jeff Angell et de son fidèle complice - le claviériste Benjamin Anderson - a parlé et a permis au collectif de trouver une identité sonore plus en adéquation avec le nouveau line up, composé - outre les 2 précités - du guitariste Tristan Hart Pierce, du saxophoniste Gregor Lothian et des nouveaux venus, Dan Spalding à la basse et Will Andrews derrière les fûts.

Credits Photo : © Rock Metal Mag

Dans ce “The Light Below”, la formation délaisse un peu plus encore son classic rock aux accents bluesy pour proposer un son hybride qui picore de ci de là des éléments des 3 dernières décennies de rock. Savoir digérer, incorporer et tirer la quintessence de cet héritage est souvent la marque des grands groupes. Vous ne serez donc guère surpris si je vous dis que ce 3ème effort est immersif, riche, généreux, bourré d’âme, très bien équilibré, et porté par quelques moments de grâce, comme “What Did You Expect ?” ou “Stood Up At The Gates Of Heaven” (entre autres).


“The Light Below” se révèle être profondément mélancolique, apaisant et obscur à la fois. Ouvrant sur le cynique “The Value Of Zero” et sa rythmique rugueuse, on est de suite happé par cette virée aux confins du blues et du rock alternatif magnifiée par la voix de Jeff Angell ainsi que les volutes distillées par les claviers de Benjamin Anderson. La patte Walking Papers est bien présente, en particulier sur un titre comme “What Did You Expect ?” et son irrésistible refrain. Quelque chose d’anachronique infuse dans ce titre, car si le piano de Jeff Angell semble menaçant, ses textes sonnent comme des réflexions poétiques. Mais ne vous y trompez pas, il s’agit d’une chanson entraînante qui confère une certaine magie au travail de Walking Papers.


Tandis que le gémissement primitif de “Divine Intervention” est étonnamment convaincant, on saluera le travail au clavier de Benjamin Anderson et le solo de saxophone de Gregor Lothian sur “Going Nowhere”. Quant à la nouvelle section rythmique, elle est également parfaite. A la fois discrète et efficace, la paire Spalding/Andrews fait le job à merveille. Et la présence de Tristan Hart Pierce apporte une densité supplémentaire à certains morceaux, comme “Divine Intervention” et son solo généreux.

Credits Photo : © Savoia Photography Live

UNE COLLECTION DE COMPOSITIONS SINCÈRES ET DIVERSIFIÉES

Malgré une recette déjà connue et appliquée à la perfection, on se surprend à être subjugué par les 9mn30 hypnotiques, abruptes et sombres de “Creation, Reproduction And Death”, qui est incontestablement l’une des pièces maîtresses de cet effort et rappelle le travail de David Bowie sur son album crépusculaire. A l’opposé, même si l’histoire du groupe nous prépare à l’inattendu, on est quand même sacrément décontenancé par les jeux de batterie et de basse de l’éthérée “Money Isn’t Everything” et ses effluves drum n’ bass.


Heureusement, on change totalement d’ambiance et on est à nouveau pris par le groove intense et terriblement séduisant de “Rich Man’s War”, pour revenir ensuite dans les rues pavées sombres et humides de l'époque victorienne sur la très Nick Cave-iesque “Where Did I Go Wrong ?”. Les 3 derniers titres du disque nous donnent une belle illustration de la diversité qui parcourt cet album, puisque dans le lot, nous avons l’instrumentale “The Other Shoe”, le tempo lent et les errances de “My Thoughts Are Not My Own”, ainsi que la ballade plus conventionnelle - mais néanmoins brillante - “California (One More Phone Call)”, qui clôt l’opus sur une note aérienne et triste.

Credits Photo : © Stephan Birlouez

Ce qui peut surprendre dans ce disque, c’est son côté tentaculaire (12 chansons pour un total de plus d’1h). Mais en même temps, qui viendrait reprocher à Jeff Angell et ses acolytes d’être ambitieux ? Certainement pas moi ! Du haut de son blues rock discret, “The Light Below” nous livre une belle collection de compositions sincères, redoutablement efficaces mais surtout dotées d’émotions à fleur de peau.

Les guitares fluides, les claviers de Benjamin Anderson qui diffusent un mélange séduisant de menace et de tristesse et une grande diversité, allant du “Blackstar” de Bowie au funk impertinent de “Rich Man’s War”... tous ces éléments m’incitent à penser qu’avec “The Light Below”, Walking Papers nous offre une nouvelle oeuvre de 1er plan, qui n’a pas fini de tourner sur nos platines.


La Note de Manu : 8/10

Pochette de l'album "The Light Below" de Walking Papers (sortie le 05.02.2021)

“The Light Below” de Walking Papers, LP 12 titres sorti le 05 février 2021 chez Carry On Music

Tracklist :

1. The Value Of Zero (4:40)

2. What Did You Expect ? (4:46)

3. Divine Intervention (8:05)

4. Stood Up At The Gates Of Heaven (4:23)

5. Going Nowhere (6:03)

6. Creation Reproduction And Death (9:22)

7. Money Isn’t Everything (5:08)

8. Rich Man’s War (3:58)

9. Where Did I Go Wrong ? (4:14)

10. The Other Shoe [Reprise] (2:39)

11. My Thoughts Are Not My Own (7:25)

12. California [One More Phone Call] (3:39)



Credits Photo : © Cryptic Rock

Credits Photo : © Stephan Birlouez


Manu de RAN

1 commentaire:

  1. Y'a aussi comme du Nine Inch Nails sur "Creation Reproduction And Death", non?

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