jeudi 27 mai 2021

Album Review : "New Long Leg" de Dry Cleaning (Sortie le 02.04.2021)

Credits Photo : © Pitchfork

Avec des groupes tels qu’IDLES, Black Midi, Sleaford Mods, Shame ou encore Black Country, New Road (on pourrait continuer quasiment à l’infini), le moins que l’on puisse dire, c’est que la crème de la scène post-punk actuelle nous vient d’Angleterre. Désormais, il conviendra de rajouter à cette liste déjà impressionnante le quatuor londonien Dry Cleaning.

Né il y a 4 ans d’une rencontre fortuite entre 3 amis adeptes du karaoké - le guitariste Tom Dowse, le bassiste Lewis Maynard et le batteur Nick Buxton - et l’artiste / photographe Florence Shaw, Dry Cleaning s’est rapidement construit une solide réputation grâce à l’alchimie évidente entre ses musiciens et le chant étrange de sa vocaliste.

Credits Photo : © La Vague Parallèle

A peine 1 an et demi après ses 1ères productions - “Boundary Road Snacks And Drinks” & “Sweet Princess”, 2 EPs sortis en 2019 - le quatuor londonien a enfin dévoilé son 1er LP “New Long Leg” le 02 avril dernier. Et dire que cet album était très attendu est un doux euphémisme… A titre personnel, rarement ces dernières années, je n’ai autant guetté l’arrivée d’un 1er album. Et force est de reconnaître que l’attente valait largement la peine, tant les londoniens prennent plaisir tout au long des 10 titres de cet effort à semer le trouble et à alimenter l’ambiguïté qui les rend si intrigants.


UN QUATUOR PORTE PAR LE CHARISME INTRIGANT DE FLORENCE SHAW

Le constat qui s'impose est que par rapport à leurs EPs précédents, la production et le mix de l'album sont parfaitement calibrés pour un rendu maximal. Cela s’explique probablement par le fait que pour son 1er vrai chapitre, Dry Cleaning a laissé les clefs du camion à l’emblématique John Parish, connu pour avoir collaboré avec les plus grands, de PJ Harvey à Aldous Harding. Porté par le travail de cette légende - qui a apporté une touche psychédélique et des inspirations brit pop sur certains morceaux - mais aussi par le souffle poétique des textes cyniques et humoristiques de Florence Shaw, “New Long Leg” fait penser à une sorte de photographie sonore saisissante - tout en contraste - de notre monde actuel.


S’ouvrant avec le single “Scratchcard Lanyard” et sa ligne de basse addictive, ce disque saura vous charmer grâce au spoken word rêche de Florence Shaw, qui s’entrelace aux riffs de guitare gorgés de reverb de Tom Dowse. Cette combinaison très réussie apporte de la tension et du suspense à l’ensemble, à l’instar de “Her Hippo” ou “Strong Feelings”, un titre où la lenteur des riffs séduit. Concernant Florence Shaw, une question m’obnubilait à la découverte de Dry Cleaning : comment quelqu'un(e) d’aussi timide a-t-il pu devenir la chanteuse d’un groupe de rock bruyant ? A l’écoute de ce 1er LP, le doute n’est plus permis tant il est difficile de nier le charisme étrange et hypnotique de la vocaliste. Tout au long des 10 pistes, elle livre une sorte de monologue sec dans un style typiquement britannique.

Credits Photo : © Nigel Lupton

Si de prime abord Dry Cleaning semblait vouloir se démarquer par rapport à ses EPs précédents en adoucissant un peu le son, l’intro noisy de “Unsmart Lady” ou le quasi stoner de “John Wick” nous rappellent à quel point les anglais maîtrisent ce rock explosif porté par un riff de guitare lent et dissonant. Puis alors que le quatuor londonien explore son côté groovy sur la ligne de basse de la mélancolique “Leafy”, la seconde moitié de l’album se veut remarquablement trippante, du fait notamment du lâcher-prise étonnant de Florence Shaw, qui abandonne toute velléité « classique ». Son fredonnement sur “More Big Birds” en est un bel exemple, de même que les expérimentations sonores effectuées sur la piste de clôture “Every Day Carry”. Mais il faut le reconnaître : si cette espèce de mantra de synthétiseur peut surprendre à la 1ère écoute, elle est étrangement plaisante et clôture pourtant ce disque en apothéose.


DRY CLEANING INSUFFLE DE LA POESIE A LA BANALITE DU QUOTIDIEN

Construit à partir de monologues intérieurs, d’extraits de conversations, d’obsessions bizarres et d’images surréalistes, ce 1er album de Dry Cleaning a été imaginé comme un patchwork des souvenirs de voyage de Florence Shaw et se distingue par une absence de parti-pris politique bien agréable. A défaut de hurler sa colère comme le faisaient les groupes issus de la 1ère vague post-punk, le quatuor londonien nous propose une virée introspective et méditative.

Credits Photo : © DIY Mag

Rappelant le travail libre et effrayant de groupes comme Black Country, New Road ou Black Midi, on décèlera également dans cet album quelques fulgurances indie-pop bienvenues rappelant les Strokes, voire Wilco. Et c’est délicieux ! Mais ce qui séduit avant tout, c’est la combinaison de l’interprétation flegmatique de Florence Shaw et des riffs maussades et inventifs de Tom Dowse. Portée par les textes magnétiques et - encore une fois ! - le phrasé captivant de sa chanteuse, la formation londonienne nous propose un post punk amorphe et éblouissant, et nous montre l’étendue de sa singularité sur ce disque sombre, aventureux, pétillant et aussi cérébral que fascinant. Sur “New Long Leg”, Dry Cleaning insuffle un peu de poésie à la banalité du quotidien… et ça nous donne l’un des meilleurs - si ce n’est le meilleur - effort de ce 1er semestre 2021.


La Note de Manu : 9.5/10

Pochette de l'album "New Long Leg" de Dry Cleaning (sortie le 02.04.2021)

“New Long Leg” de Dry Cleaning, LP 10 titres sorti le 02 avril 2021 chez 4AD Limited Records

Tracklist :

1. Scratchcard Lanyard (4:06)

2. Unsmart Lady (3:02)

3. Strong Feelings (4:04)

4. Leafy (3:08)

5. Her Hippo (4:38)

6. New Long Leg (4:12)

7. John Wick (3:26)

8. More Big Birds (4:07)

9. A.L.C (3:09)

10. Every Day Carry (7:38)



Credits Photo : © Silent Radio UK

Credits Photo : © DIY Mag

Credits Photo : © DIY Mag

Credits Photo : © Indie Is Not a Genre


Manu de RAN

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