vendredi 15 octobre 2021

Album Review : "The Sublime Sculpture of Being Alive" de Media Jeweler (Sortie le 13.08.2021)

Credits Photo : © Fire Talk

Si vous êtes amateur / amatrice de bon vieux rock indépendant étrange, décalé et accrocheur, alors le 3ème LP des californiens - originaires de Los Angeles - de Media Jeweler, “The Sublime Sculpture Of Being Alive”, est fait pour vous.

Ce disque arrive 3 ans après le 2ème chapitre de l’histoire du groupe - “1-800-SUCCEED” - et repousse toutes les limites de son identité sonore non conventionnelle, qui n'était étrangement pas axée sur la voix. C’est notamment à cet égard que ce nouvel album se révèle passionnant car, même si certaines parties du disque semblent encore « expérimentales » - et donc perfectibles -, la réalité nous montre que Media Jeweler dégage la même sensation qu’un pilote de Formule 1 appuyant sur la pédale d’accélérateur en pleine ligne droite et découvrant qu’il est désormais en capacité de lutter pour la victoire finale. A ceci près que dans ce 3ème opus, un gros travail a été effectué sur la voix du chanteur Sam Farzin, désormais davantage mise en valeur.

Credits Photo : © Ruby Hofman

UN DISQUE PORTE PAR DES TEXTES AMBITIEUX, UN GROS TRAVAIL VOcal ET L'IMMEDIATETE PROPRE AU ROCK

S'il s'agit de votre première expérience avec Media Jeweler, vous n'apprécierez probablement pas immédiatement sa nouvelle identité, mais l’écoute de ses disques précédents vous éclairera à coup sûr, même si cela ne constitue pas une étape indispensable pour apprécier la progression du quatuor. La voix de Sam Farzin a un son qui rappelle à la fois Nick Cave et Matt Berninger de The National et son registre de baryton nous guide tout au long de ce disque. Le fait d’avancer « à l’aveugle » procure un peu le même sentiment que si Willy Wonka - le personnage du roman de Roald Dahl, “Charlie et la Chocolaterie” - nous faisait faire le tour du propriétaire, sans que l’on connaisse réellement la destination finale. Pour autant, cette incertitude rend la découverte de cet album terriblement excitante.


Si la musique est très anguleuse, la voix de Sam Farzin est - elle - rythmée. Le titre d’ouverture “Brushstrokes” est un excellent exemple du nouveau style de Media Jeweler. En effet, tandis que le groupe peint une grande toile musicale pavée d’une multitude de bruitages, d’un tonnerre de percussions et de riffs qui se déclenchent de façon anarchique, le chant reste étonnamment constant. L’ensemble du disque fonctionne sous ce régime binaire unique et comprend également plusieurs chants harmonisés, tels que celui déclamé dans les derniers instants de “3D Printer”.

Credits Photo : © Fire Talk

Sur “Tightrope”, les répétitions presque incantatoires de Sam Frazin séduisent et s’avèrent complètement addictives. Quant au single “Stuck”, du long de ses 4 minutes, il est constitue probablement l’un des moments forts de cet album avec son rythme fluide sublimé par des choeurs féminins, les textes rapides du vocaliste, et même quelques improvisations qui font penser à une version moderne de Talking Heads.


Quoi que l’on pense des travaux précédents du quatuor californien, “The Sublime Sculpture Of Being Alive” change complètement la donne pour Media Jeweler. De “Smile”, ballade épique de plus de 7 minutes à la conclusion jazzy du plus bel effet où Sam Frazin répète « Souriez, vous êtes filmés », à “Heaven”, interlude d’à peine plus d’1mn30 présentant un saxo hurlant amplifié et un travail intéressant sur les cuivres, avec ce disque, Media Jeweler n’aura de cesse de vous surprendre. Et vous n’aurez d’autre choix que de déposer les armes devant une oeuvre d’une telle sincérité.


LA MARQUE D'UN GRAND DISQUE ?

Puisqu’il est de coutume par chez nous de vouloir tout classifier, la question mérite d’être posée : où classer Media Jeweler ? Avec ses claviers discordants et ses guitares martiales, on serait tenté de parler de post-punk. S’il est vrai que le quatuor californien lorgne parfois du côté de Wire ou de Talking Heads, il me fait plutôt penser à des groupes actuels tels que Black Midi ou Squid. Des groupes qui ne s’interdisent aucune fantaisie, à commencer par se lancer dans des divagations abstraites, jazzy ou franchement expérimentales, comme en témoignent des titres comme le bruyant “Middle Ages” ou “Helicopter”.

Credits Photo : © Jim and Kate

Enregistré de manière quasi-live dans un studio du Nebraska avant que la pandémie ne paralyse durablement le globe, “The Sublime Sculpture of Being Alive” se révèle être le disque idéal en ces temps de reprise pour le monde de la Culture : un album certes déroutant, mais une oeuvre vivante, majeure pour un groupe qui ne l’est pas encore.

Les textes ambitieux, presque philosophiques, et le traitement de la voix de Sam Ferzin sont autant d’ingrédients qui nous confirment que Media Jeweler est en recherche perpétuelle et devrait pousser encore plus loin ses explorations car si le groupe prend ainsi le risque de se planter, il parvient toujours à garder cette immédiateté propre au rock et rend l’écoute de “The Sublime Sculpture Of Being Alive” meilleure à chaque fois. Ne serait-ce pas cela la marque d’un grand disque...


La Note de Manu : 9/10

Pochette de l'album "The Sublime Sculpture of Being Alive" de Media Jeweler

“The Sublime Sculpture of Being Alive” de Media Jeweler, LP 11 titres sorti le 13 août 2021 chez Fire Talk

Tracklist :

1. Brushstrokes (2:28)

2. 3D Printer (2:14)

3. Tightrope (2:21)

4. Middle Ages (2:42)

5. Helicopter (1:35)

6. Stuck (4:07)

7. Heaven (1:31)

8. Limbo (0:58)

9. Hell (5:26)

10. Lightbulb (5:06)

11. Smile (7:21)



Credits Photo : © Leah Rom


Manu de RAN

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