jeudi 29 août 2019

Album Review : "First Taste" de Ty Segall (Sortie le 02.08.2019)

Credits Photo : © Slant Magazine

Ty Segall semble courir après les idées comme s’il craignait qu’elles disparaissent aussi vite qu’elles sont arrivées. Les disques s'accumulent et pourtant, il semble toujours aussi pertinent. En 2018, il a élargi sa vaste discographie de 4 albums supplémentaires et il a également publié un album live - “Deforming Lobes” - en début d’année 2019. Passé d’un garage West Coast à une sorte de disco rock sur “Freedom’s Goblin”, Segall a effectué de nombreuses expérimentations sonores et est devenu au fil du temps l’un des musiciens les plus prolifiques du rock indépendant. Il est donc agréable de constater qu’il trouve toujours de nouveaux territoires à explorer.


Credits Photo : © Paste Magazine


Abandonnant temporairement son instrument de prédilection, le guitariste stakhanoviste canalise cette fois ses énergies et revient avec “First Taste”, un album inhabituellement concentré. Un album qui élargit le son du californien tout en conservant la tendance maximaliste qui rend son oeuvre si plaisante.


Enregistré sans une seule guitare, cet opus s’appuie entièrement sur claviers, percussions et instruments à cordes, et tire sa puissance d’un synthétiseur massif et d’une section rythmique au diapason. La voix de Ty Segall, passionnée et expressive, est sans doute l’instrument prépondérant de l’architecture sonore de “First Taste”, la musique et les paroles réalisant une puissante synergie.

Credits Photo : © Les InRocks

Renonçant à son allégeance au garage, le songwriter élargit sa conception du psychédélisme en infusant des nuances de rock progressif, un peu de folk fracturé, des harmonies vocales en cascade et des synthés fantasmagoriques. S’il crée toujours un son en forme de mélange subtil de Led Zeppelin et de T. Rex, ne vous avisez pas de croire que “First Taste” est entièrement baigné par la nostalgie.


L’ajout de nouveaux instruments - comme un bouzouki grec ou un koto japonais - confère à cet album un éclat intense et audacieux. D’une chanson à l'autre, Ty Segall virevolte entre le stoner rock effronté - comme dans “Taste” ou “The Fall” - et des chansons plus méditatives, voire torturées. Cela crée certes un certain manque de fluidité, mais permet au chanteur de déployer son énergie indisciplinée - comme dans “I Sing Them” - mais aussi de proposer la farce malveillante et lente de “I Worship The Dog”, immédiatement suivie du beaucoup plus doux “The Arms” et de l’instrumentale “When I Met My Parents (Part 1)”, qui associe une ligne de basse faisant penser au post-punk de Gang of Four à un compteur polyrythmique.


Credits Photo : © Les InRocks


Si un parfum d’expérimentation mal maîtrisée peut apparaître par moments, la 1ère écoute donne une impression tout aussi frénétique que les albums précédents, montre le brio et l’inventivité du multi-instrumentiste et rythme cet opus pour obtenir un impact maximal. Peu d’artistes sont aussi déterminés à repousser sans cesse leurs limites, et ce disque prouve à quel point Ty Segall est divertissant quand il se lâche complètement. Après plus d’une décennie de carrière, qui l’a vu effleurer tant de styles musicaux, “First Taste” est avant tout un témoignage de la liberté que le Californien revendique pour alimenter ses délires créatifs.


La Note de Manu : 8/10



“First Taste” de Ty Segall, LP 12 titres sorti le 2 août 2019 chez Drag City Records.

Tracklist :
1. Taste (3:36)
2. Whatever (4:25)
3. Ice Plant (3:33)
4. The Fall (2:58)
5. I Worship The Dog (3:35)
6. The Arms (3:30)
7. When I Met My Parents Pt. 1 (1:03)
8. I Sing Them (2:39)
9. When I Met My Parents Pt. 3 (2:16)
10. Radio (3:51)
11. Self Esteem (5:03)
12. Lone Cowboys (4:33)




Credits Photo : © Consequence Of Sound

Manu de RAN

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