jeudi 23 janvier 2020

Album Review : "Everything Else Has Gone Wrong" du Bombay Bicycle Club (Sortie le 17.01.2020)

Credits Photo : © NME
Après une année 2019 qui a vu plus d'anniversaires de disques mythiques et de retours de groupes cultes - comme les Raconteurs ou les Black Keys - qu'il me serait possible d’en énumérer, l'annonce de la sortie d'un nouvel album du Bombay Bicycle Club m'a particulièrement ravi. En effet, je fus particulièrement surpris et peiné lorsqu'après la publication de leur 4ème excellent opus bien nommé “So Long, See You Tomorrow”, le quatuor londonien annonça se mettre en sommeil. Je vous laisse donc imaginer mon excitation avant de mettre ce 5ème disque sur ma platine...
Credits Photo : © El Pais
Leur approche de la création musicale a toujours été solide, portée par la voix tremblante et le talent de Jack Steadman pour intégrer savamment quelques éléments d'autres styles musicaux comme le hip-hop, sans pour autant édulcorer la patte stylistique du groupe et ainsi, perdre son authenticité et sa pertinence. Grâce à cette démarche créatrice, le Bombay Bicycle Club a montré au fil de sa discographie l'étendue extraordinaire de sa palette sonore. Prenez la vitalité d'anciens morceaux du groupe, tels que “Shuffle” et surtout “Luna”, et dispersez leur fraîcheur sur tout un album et vous obtenez... “Everything Else Has Gone Wrong”. Bien que musicalement très peu de choses aient changé, des indices ont été judicieusement dispersés tout au long du disque quant à l'évolution du combo britannique. La piste d'ouverture “Get Up” marque d’entrée et donne le ton de l’album avec son regard introspectif - sans pour autant tomber dans l’existentialisme - accentué par des cuivres charmeurs.
Credits Photo : © Vanyaland
Alors que les explorations sonores de Jack Steadman avec son projet solo Mr Jukes avaient de quoi laisser circonspect(e), “Everything Else Has Gone Wrong” est - en revanche - un disque incontestable, avec toutes les nuances émotionnelles que nous sommes en droit d'attendre de la part du Bombay Bicycle Club. S'il s'agit certes des mêmes musiciens qu'il y a quelques années, avec le temps, l'énergie du groupe est un peu moins insouciante et les thématiques abordées sont plus sombres, plus complexes. Mais la capacité des britanniques à combiner des paroles pessimistes à des mélodies joyeuses permet de créer des hymnes accrocheurs, antagonistes certes, mais qui font tout de même du bien. Nulle part cela ne sera aussi bien illustré que dans la ballade mélancolique “Good Day'”, qui apporte un peu de douceur et agit en contre-pied du tube “Eat, Sleep, Wake (Nothing But You)” et son refrain diabolique, qui puise sa substantifique moelle dans la capacité du Bombay Bicycle Club à vous briser le cœur puis à panser vos plaies en passant du couplet au refrain. On sent également l'influence du producteur John Congleton - qui a également aidé Wild Beasts à trouver son identité rock - sur ce morceau, qui canalise l'énergie du quatuor dans la lente propagation de ses explorations musicales.
Credits Photo : © Pass The Aux
Tandis que les guitares qui infusent “Is It Real” régalent par leur efficacité, la piste-titre se démarque et capture une énergie nerveuse, racontant comment la musique peut sauver de bien des maux. On poursuit avec le vent de fraîcheur pop du titre “I Can Hardly Speak”, qui dégage une belle alchimie entre des synthés ravageurs, des guitares omniprésentes et une voix qui apporte de la profondeur au morceau. Un bon moment… mais que dire de la faussement calme “I Worry Bout You”, avec laquelle on découvre une pépite réjouissante, qui est sans doute l’une des réussites majeures du projet londonien et risque de hanter longtemps vos playlists...
Credits Photo : © WHRB
Quiconque maîtrisant la carrière du Bombay Bicycle Club pourra s’étonner - et appréhender - de trouver un featuring sur le titre “People People”. Pourtant, la présence de l’artiste pop britannique Liz Lawrence constitue un vrai plus et le morceau est une réussite. Quant à “Do You Feel Loved ?”, ses sonorités tropicales nous permettent d’apprécier toute la belle diversité de la palette sonore du quatuor. Après “Let You Go” qui est sans doute le point faible de cet opus et relève davantage du remplissage, on aboutit au 3ème single publié “Racing Stripes”, qui affiche une maîtrise presque déconcertante et nous propose une clôture apaisée.
Credits Photo : © NME
Même s'il aborde certaines des thématiques les plus troubles de notre société contemporaine, on parvient toujours à dégager un certain optimisme de ce disque du Bombay Bicycle Club. Avec “Everything Else Has Gone Wrong”, nous assistons à une progression très subtile de l'œuvre du combo. Il reste néanmoins à savoir si le BBC de l'ère 2020 parviendra à captiver le cœur et l'esprit de la nouvelle génération. Mais que ceux qui ont toujours cru dans le retour du quatuor londonien se rassurent… ils seront récompensés. Dans l'esprit du titre de l'album, il semble y avoir de l'espoir dans le désespoir, une forme de paix dans l'acceptation de l'inconnu. Certes, le même spleen qu’il y a 10 ans resurgit, mais avec cet album, le Bombay Bicycle Club nous propose une oeuvre allégorique, qui capitalise sur ses travaux précédents, et trouve ainsi un motif de célébration malgré le désarroi sociétal actuel.


La Note de Manu : 8.5/10
Pochette de l'album "Everything Else Has Gone Wrong" du Bombay Bicycle Club
“Everything Else Has Gone Wrong” de Bombay Bicycle Club, LP 11 titres sorti le 17 janvier 2020 chez Mmm… Records & Island Records

Tracklist :
1. Get Up (2:34)
2. Is It Real (3:06)
3. Everything Else Has Gone Wrong (4:10)
4. I Can Hardly Speak (3:59)
5. Good Day (3:52)
6. Eat, Sleep, Wake [Nothing But You] (3:40)
7. I Worry Bout You (3:41)
8. People People [Feat. Liz Lawrence] (3:27)
9. Do You Feel Loved ? (4:23)
10. Let You Go (4:48)
11. Racing Stripes (4:07)

Credits Photo : © NME


Manu de RAN

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