jeudi 23 janvier 2020

Album Review : "Sing In a World That's Falling Apart" de The Black Lips (Sortie le 24.01.2020)

Credits Photo : © FIP
Au cours des 2 dernières décennies, les américains de The Black Lips - parfois accompagnés par le producteur Mark Ronson - ont attiré l'attention du microcosme musical grâce à un garage rock direct et se sont taillés une solide réputation à travers des prestations live de haut vol. Ils sont aujourd'hui de retour avec leur 9ème album “Sing In A World That’s Falling Apart”, qui poursuit leur mue country. S'agit-il d'une parenthèse, d'un pastiche, d'un hommage à la musique de leur Géorgie natale, ou d'une nouvelle direction artistique ? Impossible de le dire avec certitude, mais les amateurs y trouveront leur compte. En effet, même si cela en désarçonnera certain(e)s, avec cet opus, la bande de Cole Alexander produit l'un de ses meilleurs albums à ce jour.
Credits Photo : © Marion Ruszniewski
Conçu depuis leur bastion de Géorgie, ce nouveau disque des enfants terribles d’Atlanta leur permet de revenir aux racines country de leur rock-garage sudiste. Dès le début, “Sing In A World That's Falling Apart” est imprégné de rythmes et de thèmes country traditionnels, un genre que le groupe explore par petites touches depuis “Sweet Kin”, extrait de leur 1er album éponyme en 2003. Le titre d’ouverture “Hooker Jon” entame l'album sur des thématiques déroutantes, du voyage initiatique sur la route 66 aux expériences sexuelles et la prise de drogues. La guitare vibre derrière un rythme acoustique, une mélodie mélancolique typique du rock sudiste, et se propage par-delà des sonorités psychédéliques curieuses, qui évoquent les maîtres du genre, The 13th Floor Elevators. Difficile de savoir à la 1ère écoute si le groupe originaire d'Atlanta amorce un virage stylistique durable ou s'il s'agit simplement d'un clin d'œil à la musique dans laquelle ils ont baigné depuis leur enfance... On ne se pose plus cette question à l'écoute de “Chainsaw”, qui nous plonge dans une ode country plaintive avec une belle guitare slide, ainsi que de magnifiques pauses et changements de chœur, qui s'imbriquent naturellement les uns dans les autres.
Credits Photo : © Marion Ruszniewski
Certaines chansons - comme “Gentleman” - sont typiques de la nouvelle identité des Black Lips, avec des paroles et des sonorités qui rappellent l'oeuvre de l'icône country-folk John Prine. Cette chanson “Gentleman” a toujours un intérêt excentrique et surprend, avec son piano scintillant, ses lignes de sax et son chœur qui monte pour ensuite revenir à une sorte de slam. Mais ce qui ressort de cela avant tout, ce sont les univers que les protagonistes ont imaginés, qui leur permettent de réinterpréter le récit country classique avec brio. Chaque chanson sonne comme un conte, une pièce singulière qui, une fois rassemblée, crée un ensemble hétéroclite mais néanmoins intéressant. Et c'est sans doute là que réside le véritable charme de ce disque. Quant à “Rumbler”, elle est l'une des chansons qui s’éloigne le plus du son habituel des Black Lips. Elle nous narre l’incroyable histoire d’un renégat de retour de la guerre, qui rencontre une troupe de justiciers. Une histoire vraie puisqu’elle n’est ni plus ni moins que celle de l'oncle du bassiste Jared Swilley.
Credits Photo : © Yana Yatsuk
Si le single “Odelia” nous renvoie à des riffs de guitare fermes, “Get It On Time” est - quant à elle - probablement l’une des chansons les plus plaintives du répertoire des Black Lips, tandis que “Angola Rodeo” propose un rock honky tonk qui rappelle les Rolling Stones. L’intro taquine la version de T. Rex de “Bang A Gong (Get It On)”, tandis que “Locust” se rapproche davantage du garage psychédélique ensoleillé d’Allah-Las. Quant à “Georgia”, elle commence comme un hommage sympathique au Tennessee Three de Johnny Cash, mais lorsque les instruments lui impriment un teinte disco et soul, cela sonne étrangement cool et excitant.  La dernière piste “Live Fast Die Slow”, dotée d’effets vocaux éclatants et de belles distorsions, clôture de fort belle manière le chaos maîtrisé créé par le combo américain.
Credits Photo : © Michela Cuccagna
Sur “Sing In A World That’s Falling Apart”, les Black Lips reviennent à leurs racines musicales et ont écrit un magnifique disque de rock country, moderne et vivant. Bien que l’esthétique de l'album - et la country en général - ne soit pas le registre dans lequel je préfère le groupe mené par Cole Alexander, il convient de saluer la prise de risques et de reconnaître que l’énergie sauvage des Black Lips sublime les rythmes et les sonorités du genre pour les rendre bien plus abrasifs. Même si - au moment de la sortie de leur album précédent “Satan's Graffiti Or God’s Art” - Cole Alexander avait évoqué en interview l'hypothétique sortie d'un disque de country qui surprendraient les fans, il est difficile de croire que les membres du groupe avaient déjà cet effort en tête. Pour un groupe qui a longtemps été bombardé “sauveur du garage rock”, les Black Lips réussissent leur mue et parviennent à régaler - presque - autant avec leur country que lorsqu'ils délivrent leurs riffs garage ravageurs. Une belle parenthèse ! Du moins, je l’espère...


La Note de Manu : 8/10
Pochette de l'album "Sing In a World That's Falling Apart" des Black Lips
“Sing in a World That’s Falling Apart” des Black Lips, LP 12 titres sorti le 24 janvier 2020 chez Fire Records

Tracklist :
1. Hooker Jon (3:53)
2. Chainsaw (3:17)
3. Rumbler (3:22)
4. Holding Me Holding You (2:31)
5. Gentleman (5:18)
6. Get It On Time (3:07)
7. Angola Rodeo (2:43)
8. Georgia (3:34)
9. Odelia (2:22)
10. Dishonest Men (3:23)
11. Locust (2:39)
12. Live Fast Die Slow (4:19)

Credits Photo : © Lords of Rock
Credits Photo : © Dani Pujalte
Credits Photo : © Casbah Records


Manu de RAN

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire