mercredi 11 mars 2020

Album Review : "Dixie Blur" de Jonathan Wilson (Sortie le 06.03.2020)

Credits Photo : © Les InRockuptibles
Réjouissez-vous… le rockeur à l’allure christique Jonathan Wilson revient prêcher la bonne parole folk & country ! Et ce qui est certain, c’est que nous pouvons remercier Steve Earle - figure de la musique country américaine - d’avoir soufflé au multi-instrumentiste l’idée de produire son nouvel album “Dixie Blur” à Nashville... Après une nuit de réflexion, le musicien originaire d’une petite ville de Caroline du Nord s’est décidé, excité à l’idée de réaliser un nouveau disque dans la Mecque de la musique américaine. Bénéficiant de l’aide de Pat Sansone - multi-instrumentiste du groupe Wilco - en tant que co-producteur, cet album a été enregistré en 6 jours au Sound Emporium de Cowboy Jack Clement. Jonathan Wilson y a même amené le violoniste Mark O’Connor, sorti de sa retraite studio pour la 1ère fois depuis 1990 ! Accompagné de musiciens tels que Kenny Vaughn à la guitare, Dennis Crouch à la basse, l’harmoniciste Jim Hoke, le batteur Jon Radford, le claviériste Drew Erickson ou encore Russ Pahl, Jonathan Wilson a choisi d’enregistrer ce disque en direct en studio.
Credits Photo : © Guitar.com
Jonathan Wilson - dont le curriculum vitae est particulièrement touffu, entre ses albums solo inspirés des années 70, son job de producteur et ses tournées avec Roger Waters - revisite ses racines sudistes sur “Dixie Blur”, un album gorgé de chansons efficaces comme autant de réflexions sur la jeunesse, les relations amoureuses et la perte.
Credits Photo : © NME
“So Alive” est une méditation profonde sur l’amour porté par la voix de Wilson, chantant admirablement sur un violon du plus bel effet. Quant à “69 Corvette”, elle fait référence à ses débuts, lorsqu’il arpentait les routes de Caroline du Nord au volant de ce petit bolide. En compagnie de son oncle, qui a joué dans une autre vie avec Bill Monroe, et de son père qui pourrait « éclairer le banjo et la mandoline au clair de lune et créer des harmonies gospel qui vous assommeraient… », Jonathan Wilson chante avec nostalgie ce dont il se souvient de cette réalité sans doute un peu fantasmée.
Credits Photo : © Variety
Regarder en arrière et aller de l’avant vont souvent de pair. Le songwriter nous en donne une nouvelle illustration dans “Oh Girl”, sur laquelle Jonathan Wilson et ses musiciens déclinent un texte sur les expériences amoureuses passées, dans un son dominé par un piano plaintif. Au milieu de cette tristesse dépeinte avec brio, vous trouverez un bref répit avec un tempo qui rappelle le groupe canadien The Band, avant de revenir, de construire sur un solo de guitare incendiaire, et de conclure quasiment a capella, la voix de Wilson étant simplement accompagnée du piano.
Credits Photo : © Musik Please
Si “Riding The Blinds” se jouent des codes du blues, l’album se termine par “Golden Apples”, qui s’enroule d’une mélodie exquise, puis enfin sur une refonte de “Korean Tea”, une chanson qu'il a enregistrée avec son groupe Muscadine dans les années 90. Wilson prétend à ce propos qu’il s’agit « d’un cadeau musical brillant à partager sans modération ». Pourtant, c'est aussi une chanson remplie de tristesse que le groupe exploite pleinement.
Credits Photo : © Vacarm.net
Jonathan Wilson est un homme aux multiples talents et ceux-ci brillent vraiment sur cet album. Les chansons y sont belles et sincères, mais ce qui élève “Dixie Blur” à un niveau supérieur, ce sont les pistes sous-jacentes, bien que souvent délicates, avec une immense densité sonore. Si cette musique du Sud des USA possède une atmosphère et une âme, “Oh Girl” et “Enemies” les retranscriront à merveille. Cette dernière triomphe d’ailleurs sur cet hymne anthémique, qui rappelle un peu Willy DeVille. Cependant, “Dixie Blur” délivre un son en constante évolution, notamment sur les sensations optimistes qui infusent “El Camino Red” - qui ressemble à une sorte d’extravagance bluegrass jouée à la frontière mexicaine - et “In Heaven Making Love”. Le son country de ces pistes est également agrémenté de touches de psychédélisme, ce qui ne gâche rien et ajoute même de la profondeur à ce disque qui n’en avait déjà guère besoin. Vous l’avez compris : “Dixie Blur” recèle une multitude de facettes et nous présente une fois encore Jonathan Wilson à son meilleur.
Credits Photo : © Guitar.com
Certes, il a toujours été capable de faire de la musique délivrant un impact émotionnel fort, mais ce qui rend “Dixie Blur” si spécial, c'est sa capacité à fédérer cette équipe de musiciens All Stars autour d’un projet cohérent, qui n’aura de cesse de vous embarquer dans des montagnes russes émotionnelles. En effet, cet opus bénéficie d'une touche légère et du savoir-faire d’un groupe qui laisse admirablement respirer les sonorités acoustiques et folk des chansons. Ensemble, ils nous ont révélé une nouvelle facette de l’héritage porté par le songwriter américain et ont développé un son rock-country organique, qui illustre une fois encore - si tant est qu’il le faille - l’immense talent qui anime Jonathan Wilson. “Dixie Blur” est donc - à bien des titres - un excellent effort, qu’il vous faudra absolument posséder au sein de votre discographie.


La Note de Manu : 8.5/10
Pochette de l'album "Dixie Blur" de Jonathan Wilson
“Dixie Blur” de Jonathan Wilson, LP 14 titres sorti le 06 mars 2020 chez Bella Union Records / BMG Records

Tracklist :
1. Just For Love (3:16)
2. 69 Corvette (4:22)
3. New Home (3:46)
4. So Alive (4:50)
5. In Heaven Making Love (2:52)
6. Oh Girl (4:57)
7. Pirate (3:22)
8. Enemies (3:48)
9. Fun For The Masses (3:06)
10. Platform (3:35)
11. Riding The Blinds (4:48)
12. El Camino Real (3:06)
13. Golden Apples (3:20)
14. Korean Tea (6:04)


Credits Photo : © Un Disco Al Dia


Manu de RAN

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