Rock Alternative News : Album Review : "Perdida" de Stone Temple Pilots (Sortie le 07.02.2020)

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Difficile de croire que presque 30 ans - 28 précisément - se sont écoulés depuis les premiers pas discographiques des Stone Temple Pilots avec leur 1er album brillant, “Core” en 1992… Catalogués à leur avènement comme des “opportunistes du grunge”, les membres du groupe originaire de San Diego se gaussaient de cette étiquette et se sont focalisés uniquement sur la musique, livrant à la suite un “Purple” de toute beauté en 1994.

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28 ans, et 7 albums plus tard, dont les derniers parfois un peu inégaux, Stone Temple Pilots a survécu à la disparition de son chanteur d’origine Scott Weiland - ainsi que de Chester Bennington, qui a également brièvement chanté pour le groupe - et est de retour depuis le 07 février dernier avec un nouvel opus, intitulé “Perdida”. A la 1ère écoute, ce disque vous surprendra à coup sûr, et décevra peut-être même certains fans hardcore du groupe. En effet, sur “Perdida”, on retrouve beaucoup d’accords inédits pour le groupe californien, malgré une signature mélodique identifiable sur certains morceaux, comme “Three Wishes” ou la magnifique “I Didn’t Know The Time”, qui se termine par un merveilleux solo de flûte.

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S’ouvrant sur la douloureuse “Fare Tee Well”, Stone Temple Pilots a donné une tonalité folk et ambiant, qui immerge l'auditeur dans les tréfonds de sa profondeur artistique. La piste suivante “Three Wishes” approfondit l’approche folklorique et nostalgique, tout en conservant des accords classiques de Dean DeLeo, qui vous rappelleront “Pretty Penny”. Infusant une ambiance nostalgique et mélancolique - tant musicalement qu’au niveau des textes - mais sans pour autant sonner sombre, “Perdida” est un disque concentré sur le recul par rapport au passé, comme une sorte de bilan en somme. C’est un album fait d’amours perdus, de vieux amis, d’erreurs commises, d’opportunités manquées, de promesses non tenues, le tout livré dans des tempos lents et souvent imprégné d'une atmosphère espagnole. Ce goût de l'Espagne est à son sommet sur la piste-titre, chef-d'œuvre austère et obsédant porté par la prestation émotionnelle de Jeff Gutt, véritablement hanté par son propre côté mystique.

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Quant à “Years”, il s’agit d’une chanson d'amour perdu légère et lumineuse. “She’s My Queen”, avec un autre solo de flûte élévatrice, est tout aussi sobre, avec une instrumentation faite de guitares acoustiques et de percussions légères. Avec son violon tzigane, “Miles Away” fait penser à une chanson folklorique d’Europe de l'Est, tandis que la voix de Jeff Gutt fait parfois penser à celle de Scott Weiland, tant en termes de timbre que de phrasé.

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Si chaque piste a de beaux arguments à faire valoir, il est probable que la 1ère écoute de cet album surprendra certains fans de Stone Temple Pilots et en décevra d’autres. À ce stade, je suis convaincu que “Perdida” permet aux Stone Temple Pilots de sortir revigoré de cette nouvelle direction artistique où leurs paysages sonores peuvent se révéler luxuriants, comme dans “She's My Queen” et “Sunburst”. Si certain(e)s n’y trouveront sans doute pas leur compte, nier la simplicité et la beauté de “Perdida” revient tout simplement à piétiner et méconnaître le talent d’écriture des membres de Stone Temple Pilots. Canalisant la beauté et la mélancolie qui forment l'héritage du combo, “Perdida” se révèle être une bouffée d'oxygène pour un groupe qui continue d'avancer malgré les innombrables drames qui ont jalonné sa carrière, inaugure un nouveau chapitre passionnant annonçant le retour au 1er plan de l’un des mastodontes du rock alternatif des années 90 et - avec le temps - pourrait bien être considéré comme l’un des meilleurs du groupe.

La Note de Manu : 8/10