mardi 5 novembre 2019

Album Review : "Mass" de King Nun (Sortie le 04.10.2019)

Credits Photo : © NME
Après avoir fait bruisser le microcosme du rock britannique depuis plus d'1 an, le groupe londonien originaire de Wandsworth King Nun a finalement sorti son 1er album intitulé "Mass" le 04 octobre dernier. Un opus considéré par beaucoup comme un tremplin. L’ascension de King Nun est une longue histoire qui n'est ponctuée que de quelques chapitres, parmi lesquels la sortie d’un EP en 2018. Même si l'attente fut - trop ? - longue, "Mass" se trouve être le magnifique résultat d’un groupe très soudé qui a trouvé sa voie(x) et a mûri. Pour celles & ceux qui étaient habitué(e)s au son brut, non poli et chaotique que le quatuor explorait à ses débuts, ce son plus mature et plus doux peut surprendre, mais ce qui est génial dans "Mass", c’est que nous assistons à des expérimentations de la part de King Nun et à l’élargissement de son catalogue sonore, bien que ses racines musicales ne soient guère reniées par le groupe.
Credits Photo : © Rock N' Load Mag
Les débuts de King Nun sont présentés de telle sorte que chaque chanson semble avoir son propre intérêt, aussi obscure qu’elle puisse paraître. Commençant avec "Chinese Medicine", qui fait suite à l'ouverture "Mascara Runs" et atténue légèrement l'angoisse musicale du chanteur - mais pas son énergie - nous sommes embarqués dans un voyage à travers les vers parlés de "Cowboy" jusqu’aux guitares à cliquetis déconcertantes de "I Saw Blue". Au fur et à mesure que l'album se dévoile, nous sommes jetés au cœur du chaos. Si "Black Tree" nous propose un son sombre et obsédant, "Low Flying Dandelion" change de direction musicale avec ses relents de Talking Heads et ses influences post-berlinoises de David Bowie. Ce titre est particulièrement remarquable, avec sa juxtaposition vertigineuse de basse et de guitare, qui donne l’impression que chaque partie instrumentale convoque des influences différentes, du funk de Chic au noise rock de Sonic Youth.
Credits Photo : © Sarah Louise Bennett
Vient ensuite ce qui ressemble à une chanson anti-amour - "Sharing A Head With Seth" - qui traite de la difficulté de toujours conserver le contrôle de soi et de ses émotions. "Bug" semble s'inscrire dans cette continuité avec des paroles telles que « Mon reflet continue de me regarder... c'est parce qu'il pense que je suis vaniteux... c'est toujours comme ça... une sacrée souffrance... ». Quant à “Intravenous”, elle propose une mélodie immédiatement accrocheuse et innovante doublée de paroles subtiles agrémentées de jeux de mots.
Credits Photo : © Solly Alba
L'album se conclut avec "A Giant Came Down", une chanson qui est l'antithèse des 10 titres précédents. C'est également le morceau le plus mélodique et le plus éloigné des origines punk de King Nun. Trois ans après les véritables débuts du combo, le 1er album de King Nun nous confirme qu'il est parfois pertinent de différer la sortie d'un album pour le peaufiner. Et il nous démontre également qu'il sera délicat de catégoriser King Nun - et c'est tant mieux ! - car on peut entendre ici de nombreuses influences inconscientes, de MGMT à The Raconteurs, en passant par Cajun Dance Party. Un peu à la manière de leurs collègues français MNNQNS en somme...
Credits Photo : © Solly Alba
Le frontman - mais aussi compositeur en chef - Theo Polyzoides est un poète né. Ses relations avec l'amour, la foi et leur absence respective constituent le cadre de cet album. Bien que l’ambiguïté de ses vers évocateurs soit réelle, des phrases telles que « Oui, je t'aime ma chérie / je t'aimerai jusqu’à ma mort » dans "Mascara Runs" confèrent une vraie clarté au récit. Faisant penser à Nick Cave ou Brian Molko, sa voix drôle est plus forte qu’elle n’a jamais été, mais elle donne tout de même l’impression de pouvoir se briser à tout moment, rappelant un peu certains titres de Bloc Party. Et c’est probablement le facteur idéal pour véhiculer un message tantôt romantique, tantôt doux-amer.
Credits Photo : © Clash Magazine
"Mass" voit également les garçons de King Nun chasser sur de nouveaux territoires instrumentaux. "Low Flying Dandelion" cogne très fort avec un riff de basse charnu de Nathan Gane, tandis que le batteur Caius Stockley-Young propulse le mastodonte "Cowboy". Les guitares de James Upton donnent également une résonance presque gothique au disque. A l'écoute de ce 1er long métrage de King Nun, il est clair qu'il faudra compter avec le groupe londonien à l'avenir.
Credits Photo : © Solly Alba
Si "A Giant Came Down" ne conclut pas l'album de la façon dont on pouvait l'attendre, cela confirme mon sentiment que "Mass" n’est que la 1ère partie du parcours musical de King Nun et qu'il ne serait pas surprenant que le groupe londonien amène ses fans dans une direction musicale différente au prochain opus. Si ce disque pourrait sembler chaotique et sauvage à une oreille non avertie, en réalité, les musiciens maîtrisent leur rock - en contrôle absolu - et vous feriez bien de les suivre attentivement. Pour une fois, nos confrères de la presse Outre-Manche avaient peut-être raison... S'il ne s'égare pas en route, King Nun a de fortes chances d'incarner la nouvelle vague déferlante du rock britannique !


La Note de Manu : 9/10
Pochette de l'album "Mass" de King Nun (Sortie le 04.10.2019)
"Mass" de King Nun, LP 11 titres sorti le 04 octobre 2019 chez Dirty Hit Records

Tracklist :
1. Mascara Runs (2:18)
2. Chinese Medicine (2:42)
3. Transfomer (3:58)
4. Cowboy (2:36)
5. I Saw Blue (3:52)
6. Black Tree (3:45)
7. Low Flying Dandelion (3:41)
8. Sharing a Head With Seth (3:21)
9. Intravenous (3:39)
10. Bug (3:01)
11. A Giant Came Down (3:33)


Credits Photo : © Rock At Night
Credits Photo : © Tommy Girard pour BBC Music


Manu de RAN

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