vendredi 25 octobre 2019

[Interview] Penny Was Right : "Notre souhait le plus cher... Rester cons !"

Penny Was Right avec (de gauche à droite) Cara, Dimitri, Dalia (au 1er plan), Clément & Loïc - Source : © Dossier de Presse Penny Was Right
Fondé dans la lignée du projet musical précédent de sa chanteuse Dalia Al-Shahawi, le groupe de punk rock francilien Penny Was Right - composé donc de Dalia au chant, Cara & Loïc à la guitare, Clément à la basse & Dimitri à la batterie - s'est présenté au microcosme du rock par un EP très réussi “We Were Kids” en 2016 et - surtout - un 1er album jouissif intitulé “Dumb & Wild”, sorti le 30 mars 2018.
Pochette de l'EP "We Were Kids" de Penny Was Right (2016)
Héritier de The Offspring et Blink-182, le quintet français délivre un punk moins revendicatif mais bien plus subversif que ses influenceurs, une musique aux riffs percutants et à l'univers parfois désinvolte mais toujours drôle, fun et déjanté, qui mélange l'énergie du punk rock avec une culture pop directement inspirée de l'univers skateboard.

En réalité, Penny Was Right livre des morceaux dans le plus pur esprit de ce que fût le mouvement punk originel. Après avoir adoré leur 1er album, Manu de RAN a souhaité les rencontrer pour leur parler d'avenir, alors même que le groupe est en phase d'écriture du nouvel album. Au menu, sex, beer, punk & cet éternel débat : Team Monster ou Team Redbull… ;)
Credits Photo : © Rock Alternative News
RAN : Salut Dalia, salut Cara, salut Clément… bref, salut Penny Was Right. Comment présenteriez-vous Penny Was Right à quelqu’un qui ne connaîtrait pas ce projet ?
Dalia : Excellente question ! Je dirais que c'est un groupe de potes qui fait de la musique d'adolescents, en ayant la maturité approximative de trentenaires. En gros, on fait du punk rock façon Green Day, The Offspring et Blink-182.

Cara : C'est ce qu'on écoutait quand on était ado, et on est toujours resté plus ou moins ado en fait. On continue à faire cette musique parce qu'on n'a pas envie de vieillir !

RAN : Dans de nombreuses bios ou descriptions, on vous associe au punk à roulettes d’Offspring et Blink-182. Du coup, on peut vraiment dire que c'est une filiation qui vous convient ?
Penny Was Right : (ensemble) Ah oui, complètement !

Ca : C'est totalement assumé et c'est la continuité de ces groupes-là, même si après 2010, c'est devenu davantage du pop-punk surproduit, hyper pop. Sauf que nous, on a zappé un peu cette partie-là et on est resté bloqué dans les années 90-2000.

D : On essaie de ne pas surproduire et d'être le plus nature et le plus brut possible. On n'a pas de samples, on n'a pas une production léchée avec mille effets sur les instrus. On essaie vraiment de ne pas rajouter des synthés à tout va ou d'intégrer 10.000 choeurs qu'on n'arrivera pas à reproduire en live. L'idée c'est d'avoir des morceaux qui sont à la fois propres, carrés et natures en même temps.

Clément : Un peu dans l'esprit de ce que propose Danko Jones. Je suis vraiment impressionné par le son de Danko Jones, qui est vraiment axé sur les instruments (guitare, basse, batterie) et rien d'autre.

D : On ne va pas être dans du surproduit comme Paramore (éclat de rire général). Je le dis parce que souvent, les gens nous disent qu'on leur fait penser à Paramore. Je ne le prends pas mal mais un peu...

Cl : Ca c'est le côté chanteuse...

D : Ouais, je le prends un peu mal quand même, parce que je n'ai pas l'impression de chanter de la même façon, aussi girly. J'ai l'impression que je dégage un truc un peu plus naturel. Après, si Penny Was Right plaît aux fans de Paramore, pourquoi pas... mais je préfère qu'on nous associe à Blink-182 & Offspring plutôt qu'à Paramore.
RAN : Je comprends... Avez-vous eu d’autres projets musicaux - ensemble ou séparément - avant Penny Was Right ?
Ca : Ensemble, non. Parce qu'on s'est rencontré grâce à Penny Was Right. Donc, on n'a pas eu l'occasion de faire de musique ensemble avant, ou en parallèle. Dalia a eu d'autres groupes avant, et Penny Was Right est vraiment plus ou moins la continuité de ses groupes précédents. Moi (Cara) personnellement, j'étais en Bretagne et j'avais un groupe avec des potes. On a fusionné avec un autre groupe, avec qui je suis resté 7 ans. Et d'ailleurs, au début de ce groupe-là, il y avait aussi Loïc, qui est l'autre guitariste de Penny Was Right (je le connais depuis le lycée). J'ai collaboré pendant 7 ans avec ce groupe et pendant 2-3 ans, c'était un peu en parallèle de Penny Was Right. Et comme ça devenait compliqué de faire les allers-retours Bretagne / Paris, j'ai lâché l'affaire.

RAN : Ca a duré 7 ans ? Normal, puisqu'il paraît que l'amour dure 7 ans...
Ca : Ouais (rires). Ce groupe existe toujours mais on a divorcé à l'amiable (rires).
Credits Photo : © Rock Alternative News
RAN : A la base, qu'est-ce qui t'a amené en région parisienne ? C'est pour te consacrer pleinement à Penny Was Right ?
Ca : Je suis venu à Paris pour le boulot en fait. J'ai fait mes études de cinéma (axées sur la partie technique) à Nantes, et le boulot se trouve essentiellement à Paris dans ce domaine. Donc, comme la plupart des gens de ma promo, je suis monté à Paris. Et maintenant, je reste essentiellement pour le groupe. C'est ce qui me retient sur Paris, car beaucoup repartent en régions.

RAN : C'est intéressant ce que tu dis sur l'afflux massif d'artistes en régions, car beaucoup prétendent que c'est en province que tout se joue maintenant. Il paraîtrait même que Lyon serait "le nouveau Berlin"...
Cl : Ah... On s'est fait envahir, encore ? (rires)

Ca : Ben du coup, il faut s'attendre à voir débarquer les nouveaux Bowie et Iggy Pop...

RAN : Comment s'est créé le groupe ? Comment 2 Bretons (Loïc & Cara) se sont retrouvé à jouer avec une Parisienne (Dalia) et un Lorrain (Clément) ?
Cl : A la base, j'étais sur Nancy. Je suis monté sur Paris pour trouver du boulot. J'ai cherché des groupes et je suis tombé sur Black Cab Society, avec qui j'ai joué pendant 2-3 ans et qui faisait du rock n' roll très... pop, très parisien (rires). Et après, comme je m'ennuyais, j'ai regardé les annonces, et je suis tombé sur Penny Was Right. Après un dur travail de sélection...

Ca : (il coupe Clément) En fait, Clément c'est l'avant-dernier qui est arrivé dans la formation actuelle du groupe.

D : J'ai créé le groupe il y a 6-7 ans, dans la continuité de mon groupe précédent avec qui j'ai officié pendant 7 ans. Et l'idée, c'était de recruter des gens en phase avec ce que je voulais proposer musicalement. Cara et moi, on s'est rencontré dans Roller Derby - on était tous les deux arbitre - et à la base, je lui ai proposé d'intégrer le groupe en tant que bassiste et finalement, il est resté comme guitariste et on a recruté Dimitri comme batteur, genre 1 semaine après, puis Clément et enfin, le petit dernier, Loïc.

Ca : Donc, ça fait à peu près 1 an et demi qu'on est dans cette configuration-là...
Source : © Dossier de Presse Penny Was Right
RAN : Juste après la sortie de l'album si je ne m'abuse...
PWR : C'est ça !

Ca : A ce moment-là, on s'est séparé de notre guitariste - à l'amiable, toujours ! - et j'ai présenté Loïc au reste du groupe.

Cl : Ils ont été bourrés très rapidement...

Ca : (rires) Ouais, la soirée d'intégration a été très alcoolisée... Et du coup, une fois le test passé (rires), c'était parti...

RAN : On en a déjà un peu parlé mais quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?
Cl : Moi, c'est Mr. Bungle*. Tout ce que fait Mike Patton en général, mais c'est vraiment Mr. Bungle qui m'a marqué, avec son délire complètement dingue. Ca m'a donné envie de continuer, d'aller plus loin, d'arrêter d'écouter Rammstein et d'enchaîner. J'ai plus un profil metalleux, j'en écoute beaucoup. Je participe à Penny Was Right parce que je suis sympa, pour rendre service, presque par charité... (éclats de rire). On a tous une attirance pour le punk à roulettes au sein du groupe mais on a tous une culture un peu différente en parallèle. Moi j'aime bien tout ce qui va du jazz au metal.
D : Moi j'ai commencé avec les boys bands et je suis passé sans transition des Worlds Apart à Marilyn Manson. Il y a vraiment eu zéro transition. Je pense que c'est pour cela que je ne fais pas dans la demi-mesure...
Ca : En même temps, moi je suis passé de MC Solaar & Daddy DJ à The Offspring... est-ce que c'est mieux ? Avant mon entrée en 4ème, j'étais une sorte de fourre-tout, j'écoutais tout ce qui passait et je n'avais pas vraiment d'identité musicale. Et j'ai vécu la sortie de "Splinter" de The Offspring comme une révélation. C'est le 1er album que j'ai acheté et je l'ai "saigné", tellement que je ne peux plus lire le CD maintenant. Après, je me suis penché sur leurs influences et j'ai écouté des trucs plus anciens comme les Ramones, The Clash. J'ai eu ma phase néo-metal aussi avec Körn, Slipknot. Avec l'entrée au lycée, je me suis diversifié et j'ai découvert le blues rock avec The Black Keys, The Black Box Revelation... Ces 2 groupes m'ont vraiment marqué. Et je suis parti aussi pas mal dans le garage. Je suis un gros fan de garage.
D : C’est ça qui est bien dans le groupe, c’est qu’outre notre culture punk rock commune, on se croise beaucoup musicalement. Si Cara va avoir une attirance pour le garage, Dimitri et moi on va être plus axé sur le hardcore, Dim et Clément sur l’extreme metal, Loïc sur le grunge. On a quand même des influences très différentes les uns des autres mais on arrive à se retrouver sur certaines choses. Et s’il y a une artiste sur laquelle on se rejoint, c’est Bonnie Tyler.
RAN : Tiens donc ? Bonnie Tyler ? OK… A l’écoute de votre album, on remarque que les titres sont souvent un peu provoc’. Quels sont les sujets qui vous inspirent dans l'écriture de vos morceaux ?
D : Le sexe, les potes et les histoires de coeur.

Ca : En fait, c’est surtout Dalia qui écrit. Nous on ne sait pas trop écrire des paroles…

D : (elle intervient) Vous ne savez pas écrire tout court ! (rires)

Ca : On délègue beaucoup cette partie-là à Dalia. Et c’est drôle, on nous demande souvent si on se considère comme un groupe engagé. Autant nous sommes engagés dans nos vies personnelles à différents niveaux (écologie, féminisme…), autant on n’est pas du tout un groupe engagé. On a péniblement un morceau un peu engagé sur l’écologie, “Crystal Clear”.

D : Mais c’est une démarche pleinement assumée car moi par exemple, je n’ai pas envie de produire une musique engagée. On veut vraiment proposer un moment festif, où chacun va oublier ses tracas. Tant que j’écrirais les paroles, on ne sera pas un groupe engagé. On veut proposer un truc léger, qui ne donne pas envie de pleurer quand on le joue / chante.

Ca : L’image que je me fais de la musique de Penny Was Right, c’est : tu mets un pack de bières dans le coffre de ta bagnole, tu pars à la plage avec tes potes et tu n’as pas envie de te prendre la tête avec des sujets de société. La musique de Penny Was Right c’est avant tout du lâcher-prise ! En plus, prendre position sur ces sujets, il y a plein de groupes qui le font bien mieux que nous. Le fait de bénéficier d’une couverture médiatique importante ne t’oblige en aucun cas à être exemplaire dans tes paroles ou ta musique. Tu peux plutôt le faire dans tes rapports avec les gens et à travers des actions ciblées. C’est à mon sens bien plus cohérent ainsi.

D : Ca se ressent dans notre musique. On est festif et dynamique, on n’a pas une musique super vénère sur laquelle poser des textes archi-engagés. On est dans une démarche qui nous convient et dans laquelle quand tu viens à nos concerts, tu passes 1h30 à faire le con. C’est ça qu’il faut retenir je pense.
Credits Photo : © Rock Alternative News
RAN : Comment se passe la composition des morceaux ? Est-ce un travail collégial ?
Cl : En général, quelqu’un vient avec une idée, un riff ou quelque chose et on va se mettre à travailler, essayer de trouver des choses qui s’enchaînent bien. En plus, on est en période de composition en ce moment. On se retrouve souvent à réutiliser des choses qu’on a faites la semaine précédente… et quand Dalia daigne venir en répét’, elle nous dit que c’est nul. Mais petit à petit, on avance… on fait ça sur tous les morceaux. Et comme on a la chance d’avoir des univers musicaux différents, ça crée pas mal de débats et on arrive à faire des morceaux un peu malins, même si on fait de la musique franchement débile. On se démerde pour faire les choses bien quoi…

RAN : Si j’ai bien compris, on est vraiment dans le cliché du chanteur ou de la chanteuse autoritaire ?
D : Complètement ! Penny Was Right est une dictature. C’est pour cela que j’ai la mèche rouge, d’ailleurs. (rires)
Credits Photo : © Rock Alternative News
RAN : Votre 1er album est sorti il y a 1 an et demi, le 30 mars 2018. Pouvez-vous nous en dire quelques mots pour les abonné(e)s qui ne l’auraient pas encore écouté ?
D : Alors déjà, c’est mal de ne pas l’avoir écouté ! Vous serez puni(e)s sévèrement ! On règlera ça plus tard... Ce disque est sans doute l’album de la maturité par rapport à ce qu’on a fait auparavant. Sur les 2 EP précédents, on avait vraiment 15 ans et sur celui-ci, on vient de fêter nos 17 ans (rires). Et ça se ressent parce que la musicalité est plus complexe. Les arrangements sont plus subtils, les morceaux plus construits, et il y a des chouettes passages, même si on reste sur des textes relativement “basiques”. Perso, je suis très contente de cet album et j’ai vraiment hâte de voir ce qu’on va donner sur le prochain…
Pochette de l'album "Dumb & Wild" de Penny Was Right (2018)
Ca : La différence par rapport à avant, c’est que pour cet album, on a été démarché par un label - Too Loud Records - qui est venu nous voir au moment où l’album était composé. Donc ça tombait hyper bien. Avec le recul, je pense qu’on ferait le même choix parce que c’était une bonne expérience d’enregistrer en studio, qui plus est en Italie où le contexte est assez sympa, même s’il y avait beaucoup de moustiques (rires). C’était une manière de travailler très différente de ce qu’on avait l’habitude mais c’était très enrichissant. Maintenant, je pense qu’on fera sûrement d’autres choix pour la suite, question label en tout cas. On a certes eu des désaccords avec le label mais c’était quand même une bonne expérience.

D : C’était une bonne expérience. Il y a des choses agréables, des déceptions mais c’était une belle opportunité. On a pris tout ce qu’on avait à prendre de cette collaboration. En revanche, pour le nouvel album, on cherchera sans doute quelque chose qui nous ressemble davantage. Quelque chose qui est moins dans la surproduction, quelque chose de plus brut.

Cl : Quelque soit ce que l’on fait, l’important c’est que ce soit de bonnes expériences. C’est une aventure humaine avant tout.

D : En revanche, ce qui est chiant, c’est qu’à chaque fois qu’on fait un truc comme ça, un enregistrement ou une tournée, on en ressort toujours avec un membre en moins… (éclats de rire) Nous, on aimerait bien rester au complet (rires).
Source : © Dossier de Presse Penny Was Right
RAN : Alors justement, le prochain album c’est pour quand ?
D : Actuellement, on est au début de la phase de composition. L’idée c’est de passer plusieurs mois là-dessus… donc ce ne sera pas avant la rentrée prochaine je pense.

Ca : En tout cas, on essaiera d’avoir un album composé d’ici l’été 2020 pour démarcher les labels. En comptant le temps d’enregistrement, je pense qu’on est sur ce timing-là à peu près.

D : C’est vraiment quelque chose qui nous tient à coeur. Ca fait maintenant 1 an et demi qu’on est tous ensemble et j’ai vraiment hâte de voir ce que ça peut donner quand on est tous les 5 à composer. Et les premières bribes de morceaux sont vraiment cohérentes - et proches - avec notre identité.

RAN : Chanter en anglais, était-ce une évidence vu le style de musique que vous développez ? Peut-on envisager d’entendre Dalia chanter en français un jour ?
D : Oui c’est possible mais dans un side project ! En revanche, pour Penny Was Right, ce n’est clairement pas une option. Il y a des groupes qui le font mais je trouve que ça marche moins bien. Et je ne me vois pas traduire “Animal Behaviour” en français… (rires). Il y a des choses que je n’assumerais pas en français, que j’assume totalement en anglais. Dans mon ancien groupe, j’avais déjà fait une chanson en français mais je trouve que ce n’est pas la même approche, la même façon d’écrire. Pour Penny Was Right, mieux vaut rester en anglais.
Ca : J’ai l’impression que c’est quand même plus difficile pour un groupe punk-rock d’écrire en français… Moi j’en suis certains, comme Guerilla Poubelle. Ils se débrouillent bien mais ça a l’air d’être beaucoup plus compliqué.

D : Ce n’est pas facile et en plus, leurs textes sont plus engagés que les nôtres. Quand tu veux produire des textes engagés, écrire en français c’est LA bonne solution à mon sens. En revanche, quand tu parles de cul, il vaut mieux le faire en anglais que d’être censuré… Mais ça tient aussi au fait que les français sont nuls en anglais (rires).

RAN : Votre 1er album sorti en 2018 s’appelle “Dumb & Wild” (“Stupide & Sauvage” en VF) ? Entre nous, qui est le plus sauvage de vous 5 ?
Ca : Je pense que ce soit sauvage ou stupide, Dalia est dans le haut du panier (rires).

D : Ouais je pense qu’en terme de “Dumb”, on est tous à peu près au même niveau. Dimitri est peut-être un peu moins débile que nous, et encore…

Cl : Ca c’est parce qu’il faut lui laisser le temps de se lâcher ! Dimitri et Loïc sont un peu plus effacés, moins excentriques que nous 3, mais on est tous cons à notre manière.

D : On est tous cons, mais certains plus que d’autres… Nous 3 - Dalia, Cara & Clément - on est la belle brochette. Et côté sauvage, j’avoue que je suis pas trop mal placée...
Source : © Facebook Officiel Penny Was Right
RAN : Quel est votre titre préféré de Penny Was Right ?
D : Pour moi, sans la moindre hésitation, “Memories”.

Cl : Moi, c’est “How Long Will It Last”.

D : Oui, “Memories” et “How Long Will It Last”, ce sont les 2 titres qui me touchent le plus. Donc, je suis Clément sur ce point. (s’adressant à Cara) Toi c’est laquelle ?
Ca : En fait, je suis partagé entre “Stupid Addiction” et “How Long Will It Last”... “Stupid Addiction” c’est le morceau le plus direct, le plus rentre-dedans de l’album je trouve.

Cl : Et c’est le seul morceau de l’album que l’on a entièrement composé en répétitions, à 5. Et hyper rapidement en plus.
RAN : Si on fouillait dans la playlist actuelle de Penny Was Right, que trouverait-on ?
D : Bring Me The Horizon ! Voilà, je l’ai placé… (rires). Avec Dimitri, on est très fan et surtout ils ont une évolution intéressante. Ils sont passés du metalcore à une sorte d’hybride de rock et d’électro dont je suis particulièrement fan.

Ca : Moi je vais rester dans le délire garage… J’adore les groupes australiens, qui font une percée monumentale dans le monde du garage. Violent Soho, Dune Rats & Skegss sont à mon sens 3 groupes qui sont le summum du rock garage australien.
 RAN : Et peux-tu nous donner ton sentiment sur Pond ?
Ca : Pond ? Je t’avoue que je connais beaucoup moins mais le garage australien est tellement riche actuellement… Mais j’ai une bande de potes hyper fans de garage, on est “abonné” au Binic Festival, qui est très branché garage. Mes potes sont hyper calés en la matière et du coup, je découvre plein de groupes grâce à eux. Alors évidemment, des Californiens comme FIDLAR sont excellents, mais l’Australie est vraiment la place forte du garage actuel.
 RAN : Et toi Clément, qu’écoutes-tu en ce moment ?
Cl : En ce moment, je suis à fond sur le dernier Tool…

RAN : Et qu’en penses-tu ? Car cet album divise chez nous…
Cl : A vrai dire, je n’arrive pas à l’écouter d’une seule traite mais, entre celui-ci et “10.000 Days”, mon coeur balance… Ce sont 2 saveurs différentes mais en même temps, pas si éloignées. Un peu comme le caramel beurre salé et le caramel traditionnel. Mais ça reste du Tool. Quoi qu’ils fassent, ce sera ultra bien. Après, l’attente est énorme mais il faut garder à l’esprit que si les fans attendent depuis 13 ans, ça fait au final assez peu de temps que le groupe a écrit l’album.
Ca : Concernant la playlist actuelle, je viens de repenser à un truc. J’ai lu ta chronique du dernier Last Train* et après l’avoir écouté, je pense que je vais aussi le faire saigner cet album car il est excellent !
RAN : Ca fait un bout de temps qu’on les suit et c’est vrai que l’album est énorme. On a même quelques anecdotes de concerts assez sympas avec eux… Et vous, avez-vous une anecdote de tournée qui vous a marqués et que vous voudriez partager avec nous ?
Ca : (rires complices) Oh, il y en a tellement… Mais sur la dernière tournée, il y en a une paire.

D : Oui la dernière tournée était merveilleuse et on a vécu des trucs assez improbables quand même.

Ca : On a fait une tournée en Europe de l’Est. On a fait l’Allemagne, Pologne, Slovaquie et on a terminé par la République Tchèque. Ca montait crescendo, les 2 dernières dates resteront mémorables.

D : A un moment donné, on a eu une forme de déclic pour le jeu de scène. On a enlevé le balai qu’on avait dans le cul. On s’est dit qu’on jouait trop intimiste et qu’il fallait qu’on s’amuse et se lâche avant tout. Et à partir du moment où on s’est lâché, on est tombé sur des dates de plus en plus incohérentes et surprenantes, dans des endroits de plus en plus perchés. On a fait notre dernière date à Ostrava dans un bar faisant penser à un PMU.
Source : © Facebook Officiel Penny Was Right
Ca : Quand on est rentré dedans, il n’y avait que des petits vieux mais chacun à une table différente, sans se parler, et avec la patronne qui se tapait des shots de vodka en cachette dans les vestiaires.

D : La soirée a été complètement déjantée, avec une ambiance de malade, et l’ingé-son était tellement bourré qu’il a fini en PLS - NDLR : Position Latérale de Sécurité - devant la table de mix.

Ca : En fait, l’organisateur de la soirée était une espèce de viking tchèque. Il s’est ramené avec un pochon, un arbre de weed. Il a émietté ça devant tout le monde et nous a dit : “Ca c’est pour vous. Quand il n’y en a plus, j’en remets !”. C’était notre dernière date, un dimanche soir, on avait 14h de route le lendemain mais on s’est dit qu’on allait se lâcher. On a fumé quelques pétards avant le concert*, on s’est quand même souvenu qu’on devait jouer et pendant le concert, l’organisateur nous amenait des paniers de shots sur scène. On était complètement arraché !

D : Il y a même une meuf dans le public qui a essayé de m’immoler… Elle a balancé son verre d’alcool autour de moi en cercle, et après, elle jetait des allumettes pour essayer d’y mettre le feu (éclat de rire général). Je n’ai pas bien compris ce qui se passait sur l’instant.

Ca : Clément et cette nana ont repris le chant aussi à un moment donné. C’était improbable ! Comme on dormait sur place, on s’est mis une race monumentale. Dimitri et Dalia sont passés derrière le bar pour servir quand la barmaid s’était absenté. Ils servaient des coups gratos à tout le monde. C’était n’importe quoi. Et à un moment, la patronne nous a virés et nous a forcé à monter vers notre chambre car elle aussi était complètement saoule.

D : L’ingé-son était en PLS et il nous avait montré une vidéo d’un concert de son groupe où il jouait nu comme un ver, totalement à poil… C’était d’autant plus étonnant de la part d’un mec qui a la quarantaine bien tassée, que tu ne connais pas… et lui, il te montre sa bite direct… (rires). C’est improbable mais ça brise la glace et ça crée des liens… (rires)

Ca : En plus, on s’est levé super à la bourre le lendemain, tout le monde s’était cassé discrètement. On n’a même pas vu les organisateurs, qui devaient être en train de cuver dans un caniveau… (rires) Elle était costaud celle-ci !
RAN : Ah oui effectivement, ça restera dans les mémoires… C’était pas un repère de satanistes votre bar ?
D : Je ne sais pas mais cette meuf était clairement dangereuse.

Cl : Ce n’est pas impossible, je crois qu’il y avait un petit mausolée au fond de la salle (rires). Mais on y retournera forcément lors de la prochaine tournée (rires).

RAN : Depuis 2 ans, vous avez enchaîné les festivals et des salles comme le Supersonic. Y a-t-il une scène ou un festival qui vous fait rêver, pour lequel Dalia accepterait de se faire immoler ? (rires)
D : Alors, j’accepte d’être immolée uniquement pour le Hellfest ou le Punk Rock Holiday* (rires). Sinon, pas de feu !
Source : © Metal Zone
Ca : En indoor, toutes les salles parisiennes dans lesquelles on a l’habitude de venir voir des concerts nous feraient kiffer. Le Trabendo ou la Maroquinerie, ce serait cool !

RAN : C’est vrai que je trouve que le Trabendo est une salle qui vous irait bien, qui colle bien à ce que vous êtes et comment vous faites de la musique…
Ca : Eh ben si le programmateur du Trabendo nous lit, on serait ravi de se produire chez lui… Et niveau festival, le Punk Rock Holiday c’est un rêve presque inaccessible car tu ne peux pas démarcher. Pour passer dans ce festival, il faut se déplacer sur place et donner des CD aux organisateurs. Pour nous, c’est en quelque sorte le Saint Graal !

D : Et comme on est fauché, on a très peu de chances de pouvoir y aller pour distribuer des CD… (rires). Mais on va y aller ! Même s’il y a 16h de bus…
Source : © Site Officiel Punk Rock Holiday
RAN : A défaut du Punk Rock Holiday, peut-on envisager de vous voir sur Reims bientôt, à la Magnifique Society par exemple ?
D : Ce serait un plaisir et un honneur ! En plus, tu me disais que les rémois ont la réputation d’être un peu “coincés”. On se ferait un plaisir de les aider à retirer leur balai, et de faire slammer Mémé !
Credits Photo : © Memedroid
Ca : Notre plus grand désir c’est de jouer. N’importe où, si possible sans que ça nous coûte trop d’argent, ce serait un plaisir ! Dans 1 semaine, on joue dans un tout petit festival en Bretagne. On fait l’aller-retour mais c’est un kiff ! Rien que le fait de prendre un mini-van avec mes potes et de partir sur la route, en rigolant et en bouffant dans un Burger King pourri avec des toilettes à l’hygiène douteuse, ça me fait kiffer.

D : Après, soyons lucides. Quand on s’est tapé 17h de route pour rentrer d’Ostrava, on rigolait moins quand même. Sur la fin, il y a eu un petit moment de flottement… (éclat de rire général). Après le 8ème arrêt, on avait hâte de rentrer.

RAN : Que pourriez-vous dire aux abonné(e)s de RAN pour leur donner envie d’aller découvrir votre travail ?
Cl : On n’avait pas parlé de punition tout à l’heure ? (rires)
Source : © Facebook Officiel Penny Was Right
RAN : Justement, on veut en savoir davantage...
D : Non parce que là, on va avoir la censure qui va se mettre en route… (rires). Sinon, si vous voulez passer 1h à sauter partout sans vous prendre la tête, et boire des bières en revivant votre adolescence, il faut absolument venir à un concert de Penny Was Right ! La soirée au Supersonic est symptomatique de cela. Il y avait très peu de gens qui étaient venus pour nous mais au final, pas mal de personnes sont venues nous remercier car ils avaient re-vécu leurs 17 ans. Il y avait des ados, des mecs en costard… et ça faisait plaisir de voir ces gens si différents communier autour d’un son qui nous rappelle tant de choses.

RAN : En 1995, Lenny Kravitz chantait “Rock And Roll Is Dead”. Qu'en pensez-vous ? Le rock est-il vraiment mort de nos jours ?
D : Il a pris une sacrée claque quand même…

Ca : Je ne pense pas qu’il soit mort, même s’il fait moins recette en France. En ce moment, c’est plus le hip-hop & l’électro qui marchent mais pour moi, le rock n’est pas mort tant qu’il existe des groupes qui en font avec talent. Quelque soit le style de rock, on a quand même un vivier énorme actuellement.

D : Le problème ce n’est pas tant que le rock est mort, mais plutôt que sa notoriété est décédée. Ce n’est même plus “hype” d’écouter du rock. Il suffit de voir les programmations des salles de concert. Avant, il y avait principalement du rock. Aujourd’hui, ça me fait flipper quand je vois les affiches…
 Cl : Après, il y a quand même quelques miracles, comme le nouveau Tool qui est n°1 aux USA, Slipknot qui était 1er ou 2ème il y a 15 jours. Je me dis qu’il y a sûrement encore de l’espoir. Peut-être qu’on jouera au Zenith un jour....

D : Mais on est quand même assez lucide. On sait que percer dans le rock en France, c’est encore plus compliqué qu’en Angleterre ou dans d’autres pays. On a vu sur la tournée en Europe de l’Est que le public n’est pas le même.

Ca : Sans penser forcément à en vivre, on espère qu’un jour, ça ne nous coûtera plus d’argent de faire du rock. Ce serait déjà génial ! Médiatiquement, le rock est mort au niveau des médias mainstreams. J’en discutais avec un régisseur l’autre fois, il m’expliquait que Jean-Louis Aubert avait signé son 1er contrat sur le dos d’un mec en boîte de nuit.

D : Ah déjà c’est mort pour nous, parce qu’on ne rentre pas en boîte… (éclat de rire général) En plus, on ne demande même pas la cocaïne dans la chambre d’hôtel, juste un pack de bières, on est heureux (rires) ! Et s’il y a une pizza avec, on est refait.

Ca : Aujourd’hui, quand tu signes avec un label, si tu n’as pas 3 avocats avec toi, tu es déjà mal barré.
Credits Photo : © Rock Alternative News
RAN : Je vais reprendre ce que 2 groupes que j’ai interviewés - Deputies & Sabia Noir - m’ont dit : “On fait du rock à une époque où le rock est redevenu underground, mais c’est l’essence du rock d’échanger ses galettes avec ses potes et de faire découvrir des groupes méconnus”...
D : C’est complètement ça ! Et en plus, les grosses salles ne sont pas forcément des bons plans pour le rock. Je pense souvent à Nirvana. Ca m’aurait fait chier d’aller voir Nirvana à Bercy… Pour moi, le rock est fait pour se jouer dans des salles comme l’Elysée-Montmartre ou le Trabendo. Même si on ne cracherait pas sur une première partie des Foo Fighters au Zenith…

RAN : Vous savez que Gian, le fondateur de RAN, est Président Honoraire du fan club de Dave Grohl…
Ca : Pour moi, Dave Grohl est rien de moins qu’un demi-Dieu. je suis fasciné par la simplicité que ce mec a su garder avec ses fans. Je suis sûr que si tu le croises à Paris et que tu lui proposes d’aller boire une bière avec toi, il te dit OK.
Credits Photo : © Blabbermouth
RAN : Comment se présente l’avenir pour Penny Was Right ? Quels sont les projets ?
D : On aimerait composer un maximum de morceaux du nouvel album et faire pas mal de festivals l’été prochain pour faire connaître le projet.

Ca : C’est vrai qu’on en a marre de faire des tournées en hiver. On veut du soleil ! (rires) On ne pense pas démarcher tout de suite mais néanmoins, s’il y a des opportunités, on les examinera avec attention, même si c’est avec un tribute de Téléphone (rires). D’ailleurs, je balance une info : le guitariste de Pogo Car Crash Control est hyper fan de Téléphone. Je l'ai rencontré et il a fait que des reprises de Téléphone. Il connaît toutes les paroles par coeur.

RAN : Merci de m’avoir répondu pour Rock Alternative News. Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
PWR : D’avoir plein d’opportunités de faire les idiots sur scène, d’amuser les gens…

Cl : Et de rester cons surtout !

Source : © Facebook Officiel Penny Was Right
Credits Photo : Rock Alternative News

Propos recueillis par Manu de RAN le 14 septembre 2019



*NDLR : Mr. Bungle est un groupe de rock expérimental / death metal californien créé en 1985.

*NDLR : Vous pouvez retrouver la review du 2nd album de Last Train - “The Big Picture” - sur notre blog => https://rockalternativenews.blogspot.com/2019/09/album-review-big-picture-de-last-train.html

*NDLR : Nous vous rappelons que la détention de cannabis est une infraction en France, sanctionnée de jusqu’à 1 an de prison et 3.750 € d’amende (oui, on s’en fout mais on était obligé).

*NDLR : Comme son nom l’indique, le Punk Rock Holiday est un festival dédié au punk rock organisé chaque année en Slovénie






A défaut d’avoir véritablement tranché cet épineux débat du “Monster Vs. Redbull”, nous souhaitons remercier Dalia, Cara & Clément pour leur disponibilité, leur simplicité, leur gentillesse et leur confiance. Et nous leur souhaitons tout le succès possible pour l’avenir, particulièrement ce 2nd album qu’ici - à Rock Alternative News - nous attendons impatiemment… En attendant, nous vous conseillons vivement de suivre l’actualité du groupe sur les réseaux sociaux et vous déplacer si le groupe passe près de chez vous…
Ils ont même trouvé le moyen de m'empêcher de boire durant l'interview !!!





Spotify : https://open.spotify.com/artist/7ww1yB4Fs6JEr5enPNgYbd?si=n3UbV8OhR4GN3KMKv1wqiw




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