dimanche 1 septembre 2019

Album Review : "Face Stabber" d'Oh Sees (Sortie le 16.08.2019)

Credits Photo : © Rolling Stone

En 2 décennies d'existence, et quelle que soit la dénomination choisie - Oh Sees, Orange County Detroit, OCS, Ohsees, The Oh Sees ou Thee Oh Sees - les disques de John Dwyer se révèlent souvent être des oeuvres déconcertantes et le guitariste s’est imposé comme l’un des artistes les plus prolifiques de la musique indépendante contemporaine. Se plonger dans la discographie tentaculaire du Californien est incontestablement une des expériences les plus enrichissantes et les plus immersives qui soit pour tout amateur de rock.

Credits Photo : © Noise Mag

En effet, John Dwyer a sorti 21 albums - et autant de singles et d’EPs - sous 6 ou 7 noms de groupes différents depuis 2003. Musicalement, il englobe garage, rock psychédélique, punk et rock expérimental. Cela s’avère souvent une expérience agréable, mais la nature frénétique des chansons peut parfois déconcerter l’auditeur. Heureusement, sur son nouvel album “Face Stabber”, le prolifique guitariste et son groupe ressortent de leur chapeau leur formule gagnante.
Credits Photo : © KCRW
Si le groupe de rock californien a changé de nom presque aussi souvent qu’il a changé de son - comme en témoigne la nature plus expérimentale et progressive des 2 derniers albums, “Smote Reverser” et “Orc” - le 22ème album studio d’Oh Sees “Face Stabber” pousse ces tendances expérimentales encore plus loin, du fait du vaste éventail d’influences qui s’imbriquent à merveille. En effet, cette fois-ci, les chansons rappellent l’ambiance des compilations Nuggets des années 60, avec toutefois une touche de rock progressif. Les riffs sont brûlants et implacables, les orgues sont énormes et disgracieux, et la batterie est sublime. On sent que - peut-être pour la première fois depuis longtemps - John Dwyer rigole et sait précisément où il veut amener l’auditeur.
Credits Photo : © Mowno


Les chansons qui lient vraiment l’album sont “S.S. Luker’s Mom”, bref instrumental fait d’une mélodie accrocheuse, de lourds riffs et de solos incendiaires, ainsi que “Henchlock”, monstre de 21 minutes doté d’une mélodie accrocheuse et de détours soniques. “Face Stabber” adhère aux sons de Can et Kraftwerk, mais réinvente ces influences. Certains riffs reprennent le style de Television - sur la piste titre - et de Thin Lizzy sur “Together Tomorrow”, tandis que “Henchlock” met l'accent sur le jazz et sera sans doute la piste qui suscitera le plus de débats. Quant à “Poisoned Stones”, elle montre une fusion réussie entre disco, funk et new-wave. Le guitariste John Dwyer est également incroyablement polyvalent dans ses performances vocales. Sur “Snickersnee”, il chante une mélodie pop à la manière de Paul McCartney dans “Revolver”.
Credits Photo : © Indie For Bunnies


Avec cet album, John Dwyer a composé 14 chansons qui lui permettent - à lui et à son groupe - de laisser la part belle à l’improvisation et aux solos, dont ils sont coutumiers en live. “Face Stabber” est peut-être l'album le plus expérimental que le guitariste californien ait publié depuis un certain temps, mais cela pourrait également amorcer sa chute. En effet, si l’album comprend 14 chansons et dure 80 minutes, un petit tiers de celui-ci aurait pu être coupé sans endommager profondément l’expérience d’écoute. “Face Stabber” se révèle un album amusant, dont la perception s’améliore à chaque écoute, mais qui semble parfois un tantinet laborieux lorsque John Dwyer insiste trop sur certains instrumentaux.
Credits Photo : © Rock Alternative News
Cet opus porte bien son nom : À partir du moment où John Dwyer se lâche complètement, “Face Stabber” est un album implacable et viscéral. Dans le passé, Dwyer a utilisé la musique et les textes pour véhiculer son message. Sur “Face Stabber”, il utilise plutôt des mélodies accrocheuses et des riffs. Si vous ne vous retrouvez pas dans cet opus, ne vous inquiétez pas car le prochain ne devrait pas tarder à arriver dans les bacs. En effet, le guitariste stakhanoviste l’a semble-t-il déjà enregistré et est en train de le finaliser. Néanmoins, “Face Stabber” reste son œuvre la plus mature et la plus nuancée à ce jour, mais aussi l’un des albums les plus marquants de la carrière d’Oh Sees, qui suit une trajectoire ascendante depuis le début de sa carrière. Vivement le prochain !

La Note de Manu : 8/10
Pochette de l'album "Face Stabber" d'Oh Sees (Sortie le 16.08.2019)
“Face Stabber” d’Oh Sees, LP 14 titres sorti le 16 août 2019 chez Castle Face Records.

Tracklist :
1. The Daily Heavy (7:50)
2. The Experimenter (5:22)
3. Face Stabber (2:45)
4. Snickersnee (3:46)
5. Fu Xi (5:19)
6. Scutum & Scorpius (14:24)
7. Gholü (1:51)
8. Poisoned Stones (3:55)
9. Psy-Ops Dispatch (4:04)
10. S.S. Luker’s Mom (2:08)
11. Heartworm (1:57)
12. Together Tomorrow (1:34)
13. Captain Loosley (4:25)
14. Henchlock (21:02)

Credits Photo : © Amped Distribution




Manu de RAN

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