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| Credits Photo : © Mowno |
Si je vous dis que “Twelve Nudes” est peut-être l'album le plus intime d'Ezra Furman à ce jour, cela pourrait vous surprendre car si ce disque est un opus punk, ce n’est pas nouveau dans la carrière de l'auteur-compositeur-interprète américain. Tous ses disques précédents - avec ses divers groupes de soutien - pouvaient être catalogués comme punk, tant en matière de son que dans l’attitude. Le meilleur exemple étant au 1er chef son opus précédent “Transangelic Exodus”, un album presque parfait en forme d'opéra rock. Imaginez “Les Ailes du Désir” de Wim Wenders qui aurait été croisé avec le “Sailor et Lula” de David Lynch, le tout agrémenté d'une bande originale composée par Lou Reed & Bruce Springsteen, et vous obtiendrez une oeuvre à peu près aussi punk que cela.
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| Credits Photo : © Bella Union |
“Twelve Nudes” est le 9ème album du poète, essayiste et iconoclaste juif Ezra Furman. Il se revendique androgyne et s’attache néanmoins assidûment au respect des coutumes juives - il ne joue par exemple jamais le samedi, jour de “Shabbat” (repos) chez les juifs - ainsi qu'au rock n’ roll. Il est également l'un des rares membres du microcosme du punk à prendre position ouvertement sur de nombreux sujets de société comme l’identité sexuelle, les discriminations envers la communauté LGBT ou la religion. Depuis son dernier album, il a même écrit un livre indispensable sur l’album “Transformer” de Lou Reed et a également fait une apparition dans la série “Sex Education”, produite par Netflix. Ce rythme effrénée se retrouve sur “Twelve Nudes”, un album débordant d'énergie et d’idées.
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| Credits Photo : © Rolling Stone |
L’album s’ouvre sur “Calm Down aka I Should Not Be Alone”, qui donne un ton unique à l’enregistrement. Ezra Furman utilise des choeurs qui ressemble à ceux des Rolling Stones dans “Sympathy For The Devil” et les densifie avec 2 minutes de rock agressif et déchaîné, ainsi que des touches de punk fougueux. Souhaitant développer une musique qui permette à chacun de ressentir que l'on vit dans un monde déchiré à l’instar du punk rock, on retrouve à travers l'album une belle alternance de moments de fureur tempérés par des moments de quiétude et de beauté. “Evening Prayer aka Justice” - qui suit - atténue quelque peu la tonalité, même si la voix de Furman reste toujours aussi éraflée, sa gorge étant un chaudron de colère. “Transition From Nowhere To Nowhere” permet à Ezra Furman de se draper dans des oripeaux pop chics et entêtants dignes des années 60. Ce morceau ne détonnerait pas au sein de la bande originale de “Cry-Baby” de John Waters.
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| Credits Photo : © DIY Mag |
Ensuite, vous avez “Rated R Crusaders”, qui canalise le son des Dead Kennedys et de Black Flag, avec des paroles inhabituellement politiques sur les villes en feu et la chute de Jérusalem. Quant à “In America”, il s’agit d’un brûlot de 2mn de vénération totale de Dinosaur Jr. Ce n’est pas du punk rugueux, mais de la pop usée et bien utilisée, tandis que “My Teeth Hurt” va dans le sens opposé, avec un univers rock pavé de riffs de guitare rappelant Neil Young. “Thermometer” semble canaliser le fantôme de Jay Reatard dans une agression sonore sincère et simple. Tout au long de l’écoute de l’album, il ne fait aucun doute que Jay Reatard a été l’une des influences majeures d’Ezra Furman, tant son esprit transpire de chaque accord explosif, de chaque riff de guitare.
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| Credits Photo : © NME |
“I Wanna Be Your Girlfriend” est sans aucun doute la pièce maîtresse de ce disque et peut-être même la meilleure chose que Furman ait jamais écrite. Elle contient tous les éléments qu’Ezra fait mieux que quiconque, du romantisme nocturne au rock à la Lou Reed. Elle est sûrement la quintessence de ce que peut produire Ezra Furman, de la même manière que “Walk On The Wild Side” est le summum de la carrière de Lou Reed.
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| Credits Photo : © Live in Limbo |
Bien sûr, ce “Twelve Nudes” n’est pas parfait, loin de là. Sur le plan esthétique, la pochette de l’album est absolument hideuse, ce qui gâche toute une série de jolis artworks que Furman a gravés sur ses disques depuis “Day Of The Dog” en 2013, qui reste définitivement l’album de prédilection des fans de Furman. Malheureusement, le plus gros problème de cet album est également l’une des considérations les plus importantes : le mixage. Le mélange audacieux du super-producteur John Congleton est extrêmement épuisant. Heureusement, “Twelve Nudes” est suffisamment abouti pour passer cet écueil.
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| Credits Photo : © The Fader |
Malgré cela, cette oeuvre comporte de très bonnes chansons, jouées avec suffisamment de courage et d’humanité brute pour vous donner envie de vous y plonger. Les paroles, plus mordantes et directes que jamais, sont chantées avec tout le cœur et l’âme du rockeur originaire de Chicago. “Twelve Nudes” n’est peut-être pas le meilleur album d'Ezra Furman, mais c’est sans doute le plus sincère, le plus intime, le plus intense. Cela suffit amplement pour convaincre, ravir et charmer l'auditeur. Et c'est bien la seule chose qui importe...
La Note de Manu : 8/10
“Twelve Nudes” d'Ezra Furman, LP 11 titres sorti le 30 août 2019 chez Bella Union.
Tracklist :
1. Calm Down aka I Should Not Be Alone (2:22)
2. Evening Prayer aka Justice (2:56)
3. Transition From Nowhere To Nowhere (3:11)
4. Rated R Crusaders (2:17)
5. Trauma (3:07)
6. Thermometer (2:06)
7. I Wanna Be Your Girlfriend (3:29)
8. Blown (0:56)
9. My Teeth Hurt (2:31)
10. In America (2:11)
11. What Can You Do But Rock N’ Roll (2:32)
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| Credits Photo : © DIY Mag |
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| Credits Photo : © Live4Ever |
Manu de RAN
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